En 1962, les autorités françaises de l’époque, au lieu de remettre le pouvoir au FLN et son armée, l’ALN, ont remis insidieusement celui-ci à l’armée des frontières. En contrepartie, cette dernière a effectué leur sale besogne consistant à éliminer des centaines, voire des milliers, de combattants de l’ALN et un certain nombre de leurs chefs historiques que l’armée française n’avait pas pu éliminer durant 7 années de guerre. Vingt ans plus tard, la junte militaire remet au peuple algérien les dépouilles des Colonels Amirouche et Si Lhoues, en prenant soin de les enterrer aux côtés de ceux qui les avaient trahis et séquestrés.
58 ans plus tard, c’est la France qui remet à l’Algérie vingt-quatre crânes de résistants algériens décapités au XIXe siècle. Avec tous mes respects à ces braves hommes morts pour défendre leurs terres, permettez-moi de rappeler cette caricature circulant sur les réseaux sociaux : l’Algérie reçoit des crânes vides tandis que la France récupère tous les cerveaux formés dans les écoles de la République algérienne durant plusieurs années.
Combien de médecins, d’ingénieurs, ont-ils quitté l’Algérie depuis le début de la décennie noire ? Le chiffre donnerait certainement le tournis. L’Algérie d’avant 1962 était un pays cosmopolite, multiculturel et multiconfessionnel. Elle était constituée des autochtones (les Amazighs), les Juifs, les Arabes, les Pieds noirs, etc.).
Après l’indépendance, on a chassé les populations d’origine européennes ainsi que les Juifs qui étaient là à l’époque de Nabuchodonosor, dix siècles avant l’arrivée des Arabes, et l’on a renié la culture millénaire du pays en travestissant cette dernière, la rendant ainsi stérile. La diversité est signe de richesse, mais l’Algérie a sombré dans l’unicité morbide.
Avant 1962, l’Algérie était considérée comme le verger de la métropole. Des bateaux arrivaient vides de France pour se charger de denrées alimentaires diverses produites sur ses terres prolifiques. Maintenant, l’Algérie ne produit presque rien, elle vit de la rente pétrolière. Les bateaux accostant dans ses ports arrivaient pleins et repartaient vides. L’école est sinistrée depuis que le pouvoir a décidé de l’arabiser. Hier, pourtant, elle produisait des prix Nobel, à l’instar d’Albert Camus.
Cinquante-huit ans plus tard, elle forme des intégristes islamistes qui deviendront un danger et un frein à toute émancipation de la société. Pour s’en rendre, il suffit d’examiner deux photographies d’un même quartier d’une ville algérienne, l’une prise dans les années soixante, l’autre d’aujourd’hui, vous remarquerez que notre société a énormément régressé. On est passé d’un monde de lumières à celui des ténèbres. L’Algérie d’aujourd’hui est incontestablement un échec magistral. La tyrannie militaire conjuguée à l’arabo-islamisme en est responsable. Sans la démocratie, sans la laïcité, sans le respect de toutes les composantes ethniques et culturelles constituant ce pays et tant qu’on tourne le dos à la modernité, on n’est pas encore prêt de voir le bout du tunnel. Le mouvement citoyen né au mois de février 2019 pourrait être source d’espoir d’un changement radical du pouvoir en Algérie, à condition d’éviter l’écueil islamiste et démasquer les manipulations du pouvoir dont il est champion. Ce dernier est passé maître dans le détournement des objectifs de toute contestation populaire. Il est également capable de créer des héros qui seront ses futurs serviteurs. À bon entendeur méfiance !
M. AMAGHNAS
https://kabyle.com/algerie-58-ans-plus-tard-un-echec-magistral
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