L'un des objectifs du mouvement nationaliste algérien, repris dans le programme du FLN / ALN, était la restauration de l'histoire du peuple algérien que le système colonial avait vainement tenté d'effacer pendant les cent trente-deux années d'occupation violente de notre pays et de la remplacer par sa propre vision historique justifiant cette occupation et la légitimant.
Mais, hélas ! loin d'encourager la production historique nationale et de veiller à ce que soit préservée la mémoire de ceux, vivants ou décédés, qui ont pris part à cette épopée héroïque, les autorités en place ont simplement décidé de placer un embargo total sur elle et d'interdire toute publication sérieuse sur la guerre de libération nationale, sous quelque forme que ce soit : mémoires individuels, récits historiques ou recherches universitaires. Cette partie cruciale de notre histoire nationale a été transformée en une série de slogans vides, vagues, sans chair ni os, qui ont contribué à effacer cette épopée de la mémoire des Algériens, vision qui était reprise dans les manuels scolaires mis entre les mains des générations montantes.
La sous-traitance de l'histoire du mouvement national algérien par des historiens d'Outre-Mer
Paradoxe de cet effacement de l'histoire de notre lutte libération nationale, on a laissé le monopole de l'écriture de cette lutte aux historiens et narrateurs de l'ex-puissance coloniale, et au lieu de nous libérer intellectuellement d'une vision de l'histoire écrite par des étrangers, nous nous sommes retrouvés, pendant longtemps, prisonniers de publications écrites en français par des Français. Parmi ces écrivains, il y en avait, et il y en a encore, qui éprouvaient une certaine sympathie pour la lutte du peuple algérien, et d'autres qui continuaient, et insistent, à tenter de justifier l'oppression coloniale.
On ne peut, cependant, pas leur reprocher d'avoir exercé ce quasi-monopole de la production historique sur le mouvement national de notre pays.
On doit même, au-delà des divergences de vue qu'on peut avoir avec eux, leur savoir gré de s'être intéressés à notre lutte contre leur Etat, et d'avoir préservé, par écrit, une partie de notre mémoire historique.
La responsabilité de cette situation paradoxale retombe totalement sur nos autorités politiques qui ont été animées par des considérations autres que nationalistes ou même nationales lorsqu'elles ont décrété unilatéralement que l'histoire de l'Algérie, en gros comme en détail, leur appartenait et qu'ils pouvaient donc décider d'en interdire l'accés aux Algériennes et Algériens, même s'ils avaient été des acteurs, petits ou importants, de cette histoire. Il serait probablement utile que nos historiens se penchent sur les raisons de cet embargo, et sur la conception de l'historiographie dans un système politique patrimonial, fondée sur une conception de l'Etat comme propriété privée des gouvernants.
Une libération des mémoires nationales loin d'être complètement achevée
Il a fallu attendre plus de trente années après l'indépendance pour que la plume historique soit libérée et que chacun reprenne finalement son droit d'écrire l'histoire de sa vie sans risquer l'exclusion ou la censure. L'Etat patrimonial se donne même le droit de propriété sur la mémoire du citoyen ; et il n'était pas surprenant que cet embargo ait été maintenu pendant une si longue période.
Ainsi, Abderrahmane Berrouane, auquel cette courte contribution tente de rendre un hommage mérité, a dû attendre l'âge de 85 ans pour enfin mettre par écrit son témoignage non seulement sur l'épopée de la guerre de libération nationale, mais également sur le Ministère de l'Armement et des Liaisons Générales, cette institution qui, sous le leadership de Abdelhafid Boussouf, a joué un rôle central, si ce n'est crucial, dans la victoire finale.
On ne saurait jamais trops insister sur l'ampleur des missions de ce ministère, dont les compétences ont touché des domaines aussi importants que l'intendance, l'armement, les liaisons, les transmissions, le chiffre, les renseignements et les contre-renseignements, domaines créés ex nihilo par des jeunes, en majorité lycéens n'ayant pas obtenu leur baccalauréat et qui, sans entraînement préalable spécialisé profond et complet, comme cela se passe dans des armées régulières, ont réussi à damer le pion, dans leurs différentes spécialités apprises sur le terrain, à des officiers ennemis ayant derrière eux des siècles de tradition militaire et des décennies d'expérience de la guerre sur des terrains s'étendant aux quatre coins du monde.
Le MALG, forteresse de la guerre de libération, institution encore couverte d'opprobre immérité
Or, au lieu que soient chantés les exploits de ces jeunes sous la conduite éclairée de Abdelhadif Boussouf, grâce à l'engagement sans réserve et à la compétence sans faille, à la contribution décisive desquels ce pays a pu connaître la fin de la nuit coloniale, il n'y a pas une institution qui a été plus dénigrée, plus calomniée que le MALG, dont on a même été jusqu'à en rendre les membres qui ont échappé aux tueries de la guerre de libération nationale, responsables de toutes les dérives et turpitudes du sytème politique actuel.
Il est vrai que, de tous les ministères du GPRA, le MALG a été le seul qui ait été géré, au moindre détail, de manière professionnelle, et qui a gardé sa cohésion jusqu'au bout, alors que les autres institutions du GPRA se sont effondrées et ont rapidement disparu lors de la crise grave de l'été de 1962.
Un des objectifs des putschistes qui se sont emparés du pouvoir à cette époque, était d'en briser la cohésion, tout en faisant tout pour récupérer les membres de ce ministère, dont ils savaient qu'ils ne pouvaient pas se passer de leur expertise.
C'est alors que se sont créées et ont été répandues les rumeurs et les légendes qui ont terni la réputation du MALG, dont, pourtant les membres, sur instructions fermes de Boussouf, se sont tenus à l'écart du conflit entre l'état-major général de l'armée et le GPRA. Malheureusement, tout comme le reste des acteurs de la guerre de libération nationale, les membres du MALG ont été frappés de l'interdiction de rectifier l'image sombre donnée de leurs actions au service de la lutte de libération nationale.
Peu à peu, cependant, avec l'ouverture politique limitée que connaît le pays, l'histoire intérieure du MALG commence à être mieux connue, grâce aux mémoires détaillés écrits par certains de ses membres les plus éminents. Connaîtra-t-on jamais l'ampleur de la contribution des membres de cette institution ? Certes non, d'autant plus que peu à peu le temps fait son œuvre destructrice et les membres de cette génération glorieuse sont de plus en plus nombreux à rejoindre leur Créateur.
Berrouane, dit Saphar, une des figures de prou du MALG, et pourtant l'un des moins connus
On ne peut pas rendre hommage à Berrounane, l'ex-directeur de la vigilance et du contre-renseignement au sein du MALG sans rappeler le contexte instutionnel dans lequel il a agi. Il a fait partie des pionniers du contre-renseignement, qui, lui aussi, a été contruit à partir de zéro, mais qui a su rapidement se mettre à la hauteur du défi de défendre la révolution contre les tentatives d'infiltration et de manipulation des puissants services de renseignement de l'ennemi.
Et on peut affirmer que Berrouane a été à la hauteur de cette lourde et dangereuse mission. On peut confirmer, sans aucun risque d'être démenti, que l'ennemi a été totalement incapable de pénétrer la forteresse du MALG, comme de placer des agents stipendiés à l'intérieur des institutions du GPRA, tant pour recueillir des informations que manipuler les preneurs de décisions.
Le MALG est resté, jusqu'à la fin du conflit, une boîte noire pour l'ennemi, qui a été même incapable de reproduire l'organigramme de ce ministère, ou de percer le mode de fonctionnement de ses différentes structures.
A cette affirmation on peut apporter une preuve solide, sans révéler le nom de la personne impliquée qui est encore en vie. Vers le début de l'année 1962, cet officier de renseignement détaché auprés du commandement militaire de la frontière Est, a été fait prisonnier par les forces ennemies, qui ont vite compris quelle était sa mission. Voulant exploiter cet « actif », le commandement de ces forces a soumis l'officer à un interrogatoire poussé et lui a présenté un organigramme du MALG reconstitué par le Deuxième Bureau. Quel ne fut pas l'étonnement de cet officier de constater le caractère fantaisiste de cet organigramme. Il n'a évidemment pas hésité à leur affirmer que c'était exactement la copie conforme de l'institution du MALG et a même feint l'admiration devant ce « travail parfait de renseignement » qui prouvait, au-delà de tout doute, que cette institution avait su se protéger contre les infiltrations.
Et c'était la tâche du service à la tête duquel se trouvait Berrouane de protéger l'intégrité du MALG, comme d'ailleurs, de toutes les institutions de la guerre de libération nationale.
Saphar, un homme d'une discrétion à la limite de l'effacement
Cet homme, d'une modestie rare, d'une discrétion à la limite de l'effacement, d'une intégrité sans faille, d'un engagement sans réserve au service de la lutte de libération nationale, a été lui aussi une des victimes du démantèlement du MALG et de l'opprobre jeté sur lui, et a occupé, après l'indépendance, des postes qui n'étaient pas à la hauteur de la reconnaissance que lui devait l'Algérie pour les services qu'il a rendus pendant la guerre de libération nationale. Il a accepté, avec philosophie, cette ingratitude dont il n'a, malheureusement, pas été la seule victime.
Il relate, dans ses mémoires, publiées en février 2015 par la maison d'éditions Barzakh, intitulées « Aux origines du MALG », son parcours, avec modestie et sans l'ombre d'une amertume quelconque.
Homme profondément religieux, il a vécu modestement et il est mort quasiment «en fraude» car, à son enterrement, nuls d'autres que ses compagnons de combat encore en vie, ont assisté à sa mise en terre au carré des martyrs, dans le cimetière d'El Alia. Parmi tous ceux qui sont enterrés, après l'indépendance, dans ce cimetière où est rendu l'hommage ultime à ceux qui ont cru en la nation algérienne, il est probablement un des rares qui ont résisté à la tentation de profiter de leur participation à la guerre de libération nationale et d'accumuler les biens de ce monde pour en faire hériter leurs enfants. Sans enfants, seule son épouse lui survit.
On ne peut terminer cette contribution qu'en présentant les condoléances à la compagne de la vie de cet homme d'exception, et en rappelant l'exemple qu'il a donné dans sa vie, comme combattant, comme serviteur de l'Etat indépendant et comme personne privée. Mérite-t-il que son nom soit immortalisé, malgré sa modestie proverbiale ? L'auteur de ce court hommage l'affirme, mais, évidemment, il ne peut ni en décider, ni le proposer ! Inna Lillahi wa inna Illeihi rajioune !
Mais, hélas ! loin d'encourager la production historique nationale et de veiller à ce que soit préservée la mémoire de ceux, vivants ou décédés, qui ont pris part à cette épopée héroïque, les autorités en place ont simplement décidé de placer un embargo total sur elle et d'interdire toute publication sérieuse sur la guerre de libération nationale, sous quelque forme que ce soit : mémoires individuels, récits historiques ou recherches universitaires. Cette partie cruciale de notre histoire nationale a été transformée en une série de slogans vides, vagues, sans chair ni os, qui ont contribué à effacer cette épopée de la mémoire des Algériens, vision qui était reprise dans les manuels scolaires mis entre les mains des générations montantes.
La sous-traitance de l'histoire du mouvement national algérien par des historiens d'Outre-Mer
Paradoxe de cet effacement de l'histoire de notre lutte libération nationale, on a laissé le monopole de l'écriture de cette lutte aux historiens et narrateurs de l'ex-puissance coloniale, et au lieu de nous libérer intellectuellement d'une vision de l'histoire écrite par des étrangers, nous nous sommes retrouvés, pendant longtemps, prisonniers de publications écrites en français par des Français. Parmi ces écrivains, il y en avait, et il y en a encore, qui éprouvaient une certaine sympathie pour la lutte du peuple algérien, et d'autres qui continuaient, et insistent, à tenter de justifier l'oppression coloniale.
On ne peut, cependant, pas leur reprocher d'avoir exercé ce quasi-monopole de la production historique sur le mouvement national de notre pays.
On doit même, au-delà des divergences de vue qu'on peut avoir avec eux, leur savoir gré de s'être intéressés à notre lutte contre leur Etat, et d'avoir préservé, par écrit, une partie de notre mémoire historique.
La responsabilité de cette situation paradoxale retombe totalement sur nos autorités politiques qui ont été animées par des considérations autres que nationalistes ou même nationales lorsqu'elles ont décrété unilatéralement que l'histoire de l'Algérie, en gros comme en détail, leur appartenait et qu'ils pouvaient donc décider d'en interdire l'accés aux Algériennes et Algériens, même s'ils avaient été des acteurs, petits ou importants, de cette histoire. Il serait probablement utile que nos historiens se penchent sur les raisons de cet embargo, et sur la conception de l'historiographie dans un système politique patrimonial, fondée sur une conception de l'Etat comme propriété privée des gouvernants.
Une libération des mémoires nationales loin d'être complètement achevée
Il a fallu attendre plus de trente années après l'indépendance pour que la plume historique soit libérée et que chacun reprenne finalement son droit d'écrire l'histoire de sa vie sans risquer l'exclusion ou la censure. L'Etat patrimonial se donne même le droit de propriété sur la mémoire du citoyen ; et il n'était pas surprenant que cet embargo ait été maintenu pendant une si longue période.
Ainsi, Abderrahmane Berrouane, auquel cette courte contribution tente de rendre un hommage mérité, a dû attendre l'âge de 85 ans pour enfin mettre par écrit son témoignage non seulement sur l'épopée de la guerre de libération nationale, mais également sur le Ministère de l'Armement et des Liaisons Générales, cette institution qui, sous le leadership de Abdelhafid Boussouf, a joué un rôle central, si ce n'est crucial, dans la victoire finale.
On ne saurait jamais trops insister sur l'ampleur des missions de ce ministère, dont les compétences ont touché des domaines aussi importants que l'intendance, l'armement, les liaisons, les transmissions, le chiffre, les renseignements et les contre-renseignements, domaines créés ex nihilo par des jeunes, en majorité lycéens n'ayant pas obtenu leur baccalauréat et qui, sans entraînement préalable spécialisé profond et complet, comme cela se passe dans des armées régulières, ont réussi à damer le pion, dans leurs différentes spécialités apprises sur le terrain, à des officiers ennemis ayant derrière eux des siècles de tradition militaire et des décennies d'expérience de la guerre sur des terrains s'étendant aux quatre coins du monde.
Le MALG, forteresse de la guerre de libération, institution encore couverte d'opprobre immérité
Or, au lieu que soient chantés les exploits de ces jeunes sous la conduite éclairée de Abdelhadif Boussouf, grâce à l'engagement sans réserve et à la compétence sans faille, à la contribution décisive desquels ce pays a pu connaître la fin de la nuit coloniale, il n'y a pas une institution qui a été plus dénigrée, plus calomniée que le MALG, dont on a même été jusqu'à en rendre les membres qui ont échappé aux tueries de la guerre de libération nationale, responsables de toutes les dérives et turpitudes du sytème politique actuel.
Il est vrai que, de tous les ministères du GPRA, le MALG a été le seul qui ait été géré, au moindre détail, de manière professionnelle, et qui a gardé sa cohésion jusqu'au bout, alors que les autres institutions du GPRA se sont effondrées et ont rapidement disparu lors de la crise grave de l'été de 1962.
Un des objectifs des putschistes qui se sont emparés du pouvoir à cette époque, était d'en briser la cohésion, tout en faisant tout pour récupérer les membres de ce ministère, dont ils savaient qu'ils ne pouvaient pas se passer de leur expertise.
C'est alors que se sont créées et ont été répandues les rumeurs et les légendes qui ont terni la réputation du MALG, dont, pourtant les membres, sur instructions fermes de Boussouf, se sont tenus à l'écart du conflit entre l'état-major général de l'armée et le GPRA. Malheureusement, tout comme le reste des acteurs de la guerre de libération nationale, les membres du MALG ont été frappés de l'interdiction de rectifier l'image sombre donnée de leurs actions au service de la lutte de libération nationale.
Peu à peu, cependant, avec l'ouverture politique limitée que connaît le pays, l'histoire intérieure du MALG commence à être mieux connue, grâce aux mémoires détaillés écrits par certains de ses membres les plus éminents. Connaîtra-t-on jamais l'ampleur de la contribution des membres de cette institution ? Certes non, d'autant plus que peu à peu le temps fait son œuvre destructrice et les membres de cette génération glorieuse sont de plus en plus nombreux à rejoindre leur Créateur.
Berrouane, dit Saphar, une des figures de prou du MALG, et pourtant l'un des moins connus
On ne peut pas rendre hommage à Berrounane, l'ex-directeur de la vigilance et du contre-renseignement au sein du MALG sans rappeler le contexte instutionnel dans lequel il a agi. Il a fait partie des pionniers du contre-renseignement, qui, lui aussi, a été contruit à partir de zéro, mais qui a su rapidement se mettre à la hauteur du défi de défendre la révolution contre les tentatives d'infiltration et de manipulation des puissants services de renseignement de l'ennemi.
Et on peut affirmer que Berrouane a été à la hauteur de cette lourde et dangereuse mission. On peut confirmer, sans aucun risque d'être démenti, que l'ennemi a été totalement incapable de pénétrer la forteresse du MALG, comme de placer des agents stipendiés à l'intérieur des institutions du GPRA, tant pour recueillir des informations que manipuler les preneurs de décisions.
Le MALG est resté, jusqu'à la fin du conflit, une boîte noire pour l'ennemi, qui a été même incapable de reproduire l'organigramme de ce ministère, ou de percer le mode de fonctionnement de ses différentes structures.
A cette affirmation on peut apporter une preuve solide, sans révéler le nom de la personne impliquée qui est encore en vie. Vers le début de l'année 1962, cet officier de renseignement détaché auprés du commandement militaire de la frontière Est, a été fait prisonnier par les forces ennemies, qui ont vite compris quelle était sa mission. Voulant exploiter cet « actif », le commandement de ces forces a soumis l'officer à un interrogatoire poussé et lui a présenté un organigramme du MALG reconstitué par le Deuxième Bureau. Quel ne fut pas l'étonnement de cet officier de constater le caractère fantaisiste de cet organigramme. Il n'a évidemment pas hésité à leur affirmer que c'était exactement la copie conforme de l'institution du MALG et a même feint l'admiration devant ce « travail parfait de renseignement » qui prouvait, au-delà de tout doute, que cette institution avait su se protéger contre les infiltrations.
Et c'était la tâche du service à la tête duquel se trouvait Berrouane de protéger l'intégrité du MALG, comme d'ailleurs, de toutes les institutions de la guerre de libération nationale.
Saphar, un homme d'une discrétion à la limite de l'effacement
Cet homme, d'une modestie rare, d'une discrétion à la limite de l'effacement, d'une intégrité sans faille, d'un engagement sans réserve au service de la lutte de libération nationale, a été lui aussi une des victimes du démantèlement du MALG et de l'opprobre jeté sur lui, et a occupé, après l'indépendance, des postes qui n'étaient pas à la hauteur de la reconnaissance que lui devait l'Algérie pour les services qu'il a rendus pendant la guerre de libération nationale. Il a accepté, avec philosophie, cette ingratitude dont il n'a, malheureusement, pas été la seule victime.
Il relate, dans ses mémoires, publiées en février 2015 par la maison d'éditions Barzakh, intitulées « Aux origines du MALG », son parcours, avec modestie et sans l'ombre d'une amertume quelconque.
Homme profondément religieux, il a vécu modestement et il est mort quasiment «en fraude» car, à son enterrement, nuls d'autres que ses compagnons de combat encore en vie, ont assisté à sa mise en terre au carré des martyrs, dans le cimetière d'El Alia. Parmi tous ceux qui sont enterrés, après l'indépendance, dans ce cimetière où est rendu l'hommage ultime à ceux qui ont cru en la nation algérienne, il est probablement un des rares qui ont résisté à la tentation de profiter de leur participation à la guerre de libération nationale et d'accumuler les biens de ce monde pour en faire hériter leurs enfants. Sans enfants, seule son épouse lui survit.
On ne peut terminer cette contribution qu'en présentant les condoléances à la compagne de la vie de cet homme d'exception, et en rappelant l'exemple qu'il a donné dans sa vie, comme combattant, comme serviteur de l'Etat indépendant et comme personne privée. Mérite-t-il que son nom soit immortalisé, malgré sa modestie proverbiale ? L'auteur de ce court hommage l'affirme, mais, évidemment, il ne peut ni en décider, ni le proposer ! Inna Lillahi wa inna Illeihi rajioune !
par Mourad Benachenhou
Les commentaires récents