Le roman est constitué de 17 chapitres, le premier n’étant pas numéroté, mais est repris en partie
Quelques mots sur l’auteur :
Mohammed Moulessehoul (son vrai nom) n’a que 9 ans lorsque son père, infirmier et ancien maquisard, le place de force à l’École militaire des cadets de la Révolution (à Tlemcen), qui accueille les orphelins de la guerre d’Algérie. Ses deux jeunes frères y seront également admis. « J’ai cessé d’être enfant à l’instant où j’ai franchi le portail de cette caserne », dit-il.
Il est l’auteur algérien le plus célèbre de ces vingt dernières années. Son œuvre a été traduite dans une quarantaine de langues. Quatre de ses romans, L’Attentat, Les Hirondelles de Kaboul, Ce que le jour doit à la nuit et Morituri ont été adaptés au cinéma.
L’auteur a quitté l’Algérie durant les périodes les plus troubles du pays, en ayant fait 8 ans de guerre contre le terrorisme avant de prendre une retraite d’officier. A partir de ce moment, Yasmina Khadra a passé son temps à écrire. A l’époque, il était déjà dans l’armée quand son nom a commencé à circuler dans le monde entier. Ce dernier avait traduit dans 12 pays, y compris les Etats-Unis, alors que personne ne parvenait à déceler son visage derrière son pseudonyme. L’écriture a toujours été une vocation.
L’auteur dit avoir quitté l’Algérie pour ne plus être en danger car son nom était devenu une espèce de fantasmagorie. » Je ne savais pas si j’avais beaucoup d’amis, mais je savais pertinemment que j’avais beaucoup d’ennemis. » dit-il. Si j’avais été identifié pendant que j’étais en Algérie, j’aurais sûrement eu beaucoup de problèmes. J’ai quitté l’Algérie pour le Mexique d’abord, et puis du Mexique je suis entré en France avec ma famille. Et je me suis retrouvé sur un terrain parfait pour ma vocation d’écrivain. Depuis 7 ans, je vis donc à Paris.
Est-ce pour cela que vous avez adopté comme prénom celui de votre épouse ? Que signifie vraiment ce choix ?
J’ai choisi son nom comme pseudonyme par simple reconnaissance, par gratitude. Et j’aimerais qu’avec son nom sur mes livres, même une fois mort, je puisse rester immortel pour elle, et l’accompagner ainsi jusqu’au bout de sa vieillesse.
Quand je suis encensé, quand je suis applaudi, quand on me dit : « Oh mon Dieu, quel livre ! C’est formidable !», il me suffit de jeter un coup d’œil sur la couverture pour répondre : « C’est grâce à cette dame !».
L’histoire est celle d’Amine Jaafari, chirurgien israélien d’origine palestinienne. Le récit débute abruptement sur un attentat dirigé contre le cheikh Marwan. Le narrateur, dont on ne connaît pas encore l’identité, fait partie des victimes et décrit son agonie. Après ce prologue de quelques pages commence le récit principal dont le narrateur est Amine, qui vient tout juste d’opérer un patient et s’apprête à rejoindre sa femme revenue d’un séjour à Nazareth. Mais l’annonce d’un attentat majeur perpétré dans un restaurant de Tel-Aviv l’oblige à rester de service pour venir en aide aux blessés. Rentré chez lui tard en soirée et s’apprêtant à s’endormir, Amine est convoqué d’urgence à l’hôpital. Ses collègues et la police l’informent alors que l’auteur de l’attentat est sa propre femme, Sihem. Après avoir identifié le cadavre déchiqueté de sa femme, Amine demeure incrédule : il ne peut tout simplement pas croire qu’elle est coupable d’un tel geste, même si toutes les évidences sont là.
Amine se nourrit de tout autres évidences : sa femme et lui formaient un couple heureux, uni et complice ; elle ne lui cachait rien ; loin d’être intégriste, elle n’était même pas pratiquante ; elle aimait la beauté des fleurs et rêvait d’une villa près de la mer, etc. Obligé de quitter temporairement son emploi et subissant la hargne de ses voisins, Amine est déterminé à prouver l’innocence de sa femme. C’est ici que le roman adopte la forme du polar, Amine menant son enquête en retournant sur les derniers lieux fréquentés par sa femme. Chemin faisant, il se remémore son histoire conjugale en tentant de réinterpréter des signes qui auraient échappé à son attention. Une lettre de sa femme, postée quelques heures avant l’attentat, l’oblige à admettre l’inimaginable. Amine poursuit son enquête, déterminé à affronter ceux qui ont encouragé le geste insensé de son épouse. Considéré d’emblée comme un renégat, il reçoit des avertissements de plus en plus sévères de la part des groupes clandestins de résistance palestinienne. On le soupçonne d’être un espion à la solde du Shin Beth. Après avoir été séquestré et interrogé brutalement, il reçoit la visite d’un chef de guerre qui lui explique les raisons de leur combat et l’admiration qu’il porte à sa femme martyre de la Cause. Le commandeur lui accorde sa liberté en le confiant à Adel, membre de l’organisation, complice de Sihem et cousin d’Amine. Si les sentiments d’Amine envers les groupes extrémistes et leurs leaders à la fois politiques et religieux demeurent négatifs, un séjour dans son village natal auprès des membres de sa tribu lui fait prendre conscience de la misère palestinienne, une misère à laquelle il avait tourné le dos en s’établissant à Tel-Aviv. Il revoit ses tantes, ses cousins, le doyen Omr, un vieux sage nommé Zeev l’Ermite : les attitudes face à la situation sont diverses, les uns cultivant la révolte, les autres une résignation teintée de nostalgie, certains l’espoir d’une reconstruction. Pendant le séjour d’Amine, son petit cousin Wassam, un garçon sympathique et dévoué, est convoqué par l’Organisation : on apprend le lendemain qu’il s’est fait sauter devant un poste de l’armée. L’armée israélienne s’amène : en guise de représailles contre ce nouvel attentat, ordre est donné de détruire la maison ancestrale où loge la tribu. Amine proteste en vain et assiste, horrifié, à l’expropriation. Une de ses cousines s’enfuit à Janin. Craignant le pire, Amine part à sa poursuite et pense la retrouver à la mosquée où le cheikh Marwan livre son message. Pendant le sermon, l’alerte est déclarée et on entraîne le cheikh à l’extérieur. Alors qu’il pénètre dans une voiture, escorté de ses gardes, un drone s’abat sur la place : la scène initiale du roman est reprise presque mot pour mot et l’on comprend que l’agonisant était Amine lui-même racontant ses derniers instants. Avant de mourir, il se rappelle les paroles de son père : « On peut tout te prendre ; tes biens, tes plus belles années, l’ensemble de tes joies, et l’ensemble de tes mérites, jusqu’à ta dernière chemise — il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l’on t’a confisqué » (A, 246). Ces derniers mots résument la conception que Khadra se donne du rôle social et de l’éthique de la littérature.
https://nourmzn.wordpress.com/2020/05/12/lattentat-de-yasmina-khadra-20-juillet-2005/
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