Le moudjahid et grand révolutionnaire Abdelkader Lamoudi est décédé, ce lundi, à l’âge de 95 ans, avons-nous appris de sources concordantes.
Avec Athmane Belouizdad, il était un des deux derniers du groupe des 22, à l’origine du déclenchement de la guerre de libération nationale.
Né en 1925 à El-Oued, Abdelkader Lamoudi a fréquenté le collège de Biskra aux côtés du martyr Larbi Ben M’hidi, avant de rejoindre le PPA et ensuite l’Organisation secrète (l’OS) où il a pris des responsabilités importantes.
IL ÉTAIT UN DES DEUX DERNIERS DU GROUPE DES 22
Militant du mouvement national, membre de l’Organisation spéciale (OS), issue du PPA-MTLD, moudjahid de la glorieuse Révolution de Novembre, Abdelkader Lamoudi a passé sa vie à lutter, à résister à l’occupant colonial, persuadé qu’avec la foi, le courage et la volonté, l’Algérie sera un jour libre et indépendante.
Aujourd’hui, soixante ans après l’accession du pays à l’indépendance, au prix de lourds sacrifices, avec un million et demi de chouhada, le valeureux moudjahid, qui a eu la chance de connaître, de goûter à la joie et au bonheur d’être enfin libre, n’a pas changé. Modeste, il est resté fidèle à ses origines, ses convictions, son engagement en faveur de l’Algérie, hier, aujourd’hui et demain. Avec l’association culturelle et historique Machaâl Echahid, le quotidien El Moudjahid s’est rendu il y a quelques jours à El- Oued, pour rendre un vibrant hommage au valeureux moudjahid, un des derniers membres du groupe des 22, qui ont déclenché la glorieuse Révolution de Novembre. À la faveur d’une belle cérémonie à la maison de la Culture de la capitale du Souf, présidée par le chef de l’exécutif de wilaya, M. Salah El-Affani, en présence des autorités locales, des moudjahidine et d’une assistance nombreuse, constituée en grande partie de lycéens et d’étudiants, M. Abdelkader Lamoudi a évoqué brièvement l’histoire de l’Algérie sous l’occupation française, en apportant à cette occasion, un témoignage vivant de la farouche résistance du peuple algérien face à l’ennemi colonial, depuis les années 1940 jusqu’à l’indépendance, en rappelant, à cet égard, le rôle important qu’il a joué dans le mouvement national et la glorieuse Révolution de Novembre. S’adressant aux jeunes participants, il leur a demandé à plusieurs reprises d’aimer leur pays, de le préserver coûte que coûte, car un million et demi de chouhada se sont sacrifiés pour leur permettre de vivre libres et indépendants.«Aimez votre pays, protégez-le, car rien ne vaut la liberté et la dignité !» souligne-t-il. Né en 1925 au sein d’une famille modeste d’El-Oued, le jeune Abdelkader a appris le Coran à la mosquée El-Azazla, avant de poursuivre sa scolarité à l’école primaire locale, qui a été ensuite couronnée par l’obtention du certificat d’études. Il se rend à Biskra pour continuer ses études, et fait la connaissance du chahid Larbi Ben Mhidi, élève au même établissement. En 1943, Abdelkader Lamoudi rentre à El-Oued où il crée la première cellule du PPA, avec Ahmed Miloudi. C’est le début d’un engagement fidèle et sans limite en faveur de la cause nationale, que le jeune militant concrétisera sur le terrain, à travers sa modeste, mais précieuse contribution à informer les gens, les sensibiliser sur l’occupation coloniale et sur la nécessité d’œuvrer à la libération et l’indépendance du pays, particulièrement. Sans préjuger de la comparaison avec leurs glorieux aînés, les nombreux étudiants présents dans la salle n’avaient d’yeux que pour le valeureux moudjahid, donnant l’impression de boire ses paroles, admirer ses faits et gestes, soutenir ses efforts pour rassembler ses souvenirs et livrer son précieux témoignage sur le mouvement national et la Révolution de Novembre. Lors de la création par le PPA de l’Organisation spéciale, en 1947, Abdelkader Lamoudi est désigné comme responsable de la région d’El- Oued et du Sud-Constantinois. Quelque temps après, le chahid Larbi ben M’hidi est porté à la tête de l’OS pour la région de Constantine, permettant à Lamoudi de le remplacer comme responsable de la région de Biskra et de la région d’Arris (Batna), en 1948, au moment où le chahid Mostefa Ben Boulaïd présidait aux destinées de l’organisation dans les Aurès. Avec l’aide des responsables de la région, Abdelkader Lamoudi a fait parvenir beaucoup d’armes et de munitions aux militants de plusieurs villes, comme Ouargla, Batna et Biskra. D’après le témoignage de Mohamed Issami, conforté par ceux des dirigeants de la Révolution comme Benyoucef Benkhedda et Hocine Aït Ahmed, le valeureux moudjahid a mené plusieurs missions d’approvisionnement en armes des maquis de l’OS, en citant celle portant sur l’acheminement de 33 fusils «Stati» d’El-Oued à Biskra, remise ensuite au chahid Larbi Ben Mhidi pour servir aux militants de la région de Constantine. En 1947, une importante quantité, composée de 103 fusils et des munitions ont été collectés par les militants locaux pendant deux mois, au niveau du Grand Sud et acheminés par Mohamed Seghir Belaïd, Mohamed Belhadj, Bachir Benmoussa et Abdelkader Lamoudi à la localité de Thomas (près de Zeribet El-Oued) pour y être cachés. Grâce à l’intervention du défunt Mohamed Belouizdad, Benboulaïd a donné ordre à ses militants de faire parvenir cette quantité d’armes à Arris, en 1948/1949, chose qui fut faite, permettant ainsi à la Révolution de Novembre de disposer de ses premières armes, le 1er Novembre 1954.
Lamoudi a indiqué que Si Mostefa disposait d’une ferme dans la localité voisine de Foum Toub, où se réunissaient les militants nationalistes et s’entraînaient aux méthodes de combat et au maniement des armes. Il a ajouté que c’est dans cette ferme qu’il a appris personnellement à fabriquer les bombes et à les désamorcer, à la faveur d’un stage spécial, dirigé par un Algérien qui a participé à la Seconde Guerre mondiale. Partant de là, Lamoudi assiste aux réunions des responsables de l’OS de l’Est algérien, présidées par le défunt Mohamed Boudiaf. En 1950, l’Organisation spéciale est découverte par l’occupant colonial qui lance une vaste campagne d’arrestation et de détention de ses principaux dirigeants. Par bonheur, Abdelkader Lamoudi y échappe et se rend ensuite à Alger, où il prend contact avec les responsables Boudiaf, Ben M’hidi et Didouche. Après la décision du PPA-MTLD de dissoudre l’OS, les militants sont revenus à leurs bases, jusqu’au moment où a éclaté la crise au sein du parti, début 1954. Militant de l’action armée, Lamoudi a rejoint ses anciens responsables de l’OS qui s’apprêtaient à créer le CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action). Voilà pourquoi le valeureux moudjahid a été invité à participer à la réunion historique des 22 à El-Madania (Clos-Salembier), fin juin 1954. Ensuite, Lamoudi est rentré à Biskra pour informer les militants nationalistes de la région qu’un grand événement allait se produire en Algérie, et qu’ils doivent ainsi se préparer à l’action et au sacrifice. Et Novembre fut !
Mourad A.
PUBLIE LE : 04-11-2014
http://www.elmoudjahid.com/fr/mobile/detail-article/id/68793
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