Pour les Algériens c'est le jour de la Victoire. Pour les pieds-noirs c'est celui de «l'abandon». Une haine que le temps ne veut pas effacer...
Mea-culpa. Les empires coloniaux se sont écroulés les uns après les autres. Depuis quelques années, certains d'entre eux présentent leurs excuses aux peuples dont ils ont occupé le pays. La période coloniale est émaillée par des moments de violence, de sauvagerie et d'un déni de droit élémentaire de ces peuples dominés, le droit à l'existence. Le dernier en date est le roi des Pays-Bas, Guillaume Alexandre, qui a présenté, mardi dernier, ses excuses aux Indonésiens pour les violences qui leur ont été infligées durant les trois siècles de colonisation de l'Indonésie par les Néerlandais. L'indépendance de l'Indonésie date de 1949. Plus de 70 ans pour des regrets et la présentation d'excuses du colonisateur aux colonisés, c'est un peu long, mais sans rien perdre de la grandeur d'un peuple qui reconnaît les sévices qu'il a fait subir à un autre peuple pour le déposséder de sa terre et de ses biens. Les Pays-Bas viennent ainsi rejoindre l'Australie qui, en 2008 et par la voix de son Premier ministre, Kevin Rudd, a présenté ses excuses officielles aux aborigènes. «Nous nous excusons pour les lois et décisions des Parlements et gouvernements successifs qui ont causé de grandes peines, des souffrances et des pertes à nos compatriotes australiens», a-t-il déclaré. En 1995, le président français Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l'Etat français dans la déportation de 13 000 juifs en 1942. Les Algériens attendent encore que l'Etat français reconnaisse officiellement toutes les exactions commises durant un siècle et demi d'occupation de l'Algérie. Les dirigeants français avancent prudemment sur ce terrain. C'est sous Chirac, en 2005, que l'ambassadeur de France en Algérie a qualifié les massacres du 8 mai 1945 à Sétif de «tragédie inexcusable». 10 années plus tard, le président François Hollande dépêche son ministre des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, aux commémorations de ces massacres de Sétif. Voilà ce qu'il écrit sur le livre d'or: «En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kherrata.» Les victimes européennes ont ici été inventées par le ministre car tout le monde sait qu'il n'y a jamais eu d'autres victimes qu'algériennes ce jour-là. C'est un manque de courage politique. L'autre fait remarquable aura été de qualifier la colonisation de crime contre l'humanité. C'est le candidat à la présidence de la République française, Emmanuel Macron, qui en visite dans le cadre de sa campagne électorale (pour les expatriés français) qui a osé cette qualification. Sauf qu'il s'est vite ressaisi. Tandis qu'il s'abstenait d'aborder de nouveau le sujet, ses proches collaborateurs ont vite fait de corriger en prétendant que le candidat devenu président voulait dire «crime contre l'humain». Une différence que ses auteurs pensent être très subtile. Or, la marche arrière de Macron-président se vérifiera en septembre 2018. Ce jour-là le président français s'est rendu au domicile de Mme Audin pour lui remettre une déclaration officielle reconnaissant que «son époux est mort sous la torture du fait du système institué en Algérie». En excluant les centaines de milliers d'algériens qui ont été victimes des tortures en Algérie au même titre que Maurice Audin, Macron se déjuge et fait marche arrière. Les lobbys pro Algérie française ont été plus forts que lui et ont réussi à le faire reculer. On en est là aujourd'hui puisque depuis l'épisode de Maurice Audin il ne s'est rien passé sur le volet mémoriel. Dans une semaine ce sera la célébration du 19 Mars 1962. En Algérie c'est le jour de la Victoire. En France dans les milieux de «l'Algérie de papa» les cérémonies ont déjà commencé. «Jour de recueillement» disent-ils. Alors que tous les grands pays de ce monde font amende honorable et demandent des excuses aux peuples qu'ils ont opprimés, la France n'a pas réussi à se dégager de l'emprise des forces qui voulaient (ils le veulent toujours) faire de l'Algérie un pays de ruines. Ces forces ont essayé à maintes reprises de nous pousser vers le précipice. Ce fut le cas en 1988, en 1992 et jusqu'au début du troisième millénaire, en 2011 lors du «printemps arabe». A chaque fois, les Algériens ont relevé le défi et échappé aux pièges qui leur étaient tendus. A chaque fois ils se sont redressés. L'ennemi nous poursuit depuis plus d'un demi-siècle. Il ne désarme pas. A chacun de ses échecs, il réinvente un autre piège. Le chef de file de ces forces est le tristement célèbre Bernard-Henri Lévy. Il représente le sionisme international et avec lui l'Etat d'Israël. Il est aussi influent au palais de l'Elysée que dans les rédactions des principaux médias français. Il est présent également au Maroc où il a ses entrées et... plusieurs biens immobiliers. Il ne trouve que des qualités au roi marocain depuis que son père s'est attaché les conseils d'André Azoulaï. La jeunesse algérienne ignore tout de ces officines qui passent leur temps à comploter contre l'Algérie. Il faut les briefer!
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