Petit frère algérien, texte de Francis Sirvin
jeudi 12 septembre 2019, par
A la suite de notre série d’été sur la chanson et la guerre d’Algérie, nous avons reçu plusieurs poèmes écrits par un ancien appelé, Francis Sirvin, aujourd’hui décédé. Ces textes nous ont été transmis par son fils, Eric Sirvin, adhérent de la 4ACG.
Francis est arrivé à Téféchoun, en Algérie en juillet 1958 et en est reparti en août 1959.
Ses poèmes trouvent un écho parfois troublant dans quelques unes des chansons proposées sur ce site ces dernières semaines. Vous en jugerez vous-mêmes avec celui-ci, daté d’août 1985.
Petit frère algérien (Nos résistances)
Je n’avais que dix ans, et je vivais ma peur
Du lourd martèlement des bottes du vainqueur.
Je n’avais que dix ans, et je vivais ma foi
En ces héros proscrits réfugiés dans les bois.
Je n’avais que dix ans, et je vivais ma faim
Mais ils me nourrissaient d’espoir en leur demain.
Quand j’en eus presque trente, tu vivais tes dix ans.
Le destin avait fait de moi un occupant
Tu avais peur, tu avais foi, tu avais faim.
Quand tu me regardais piétiner tes chemins.
Je voyais dans tes yeux, tôt mûris par ta guerre,
La rancœur et l’espoir noyant mes yeux naguère
Moi je fixais tes yeux pour que dans mon regard
Tu puisses déceler l’offrande d’un égard.
En vain. Le cœur meurtri dans ton pauvre village,
Pauvre enfant aux pieds nus tu avais mon visage.
Ton cœur battait en moi à de mêmes pensées
Tu revivais les jours de mes jeunes années.
Mon enfance était là dans ta prunelle sombre
Où réapparaissait ce combattant de l’ombre.
Ce héros clandestin, héros si longtemps mien,
Il revivait en toi, petit frère algérien.
Francis Sirvin.
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