Elaine Mokthefi publie Alger Capitale de la révolution , une traduction française, parue aux éditions La Fabrique.
Ce récit est constitué des mémoires d’Elaine Mokhtefi. Il avait pour titre original en anglais : « Algiers, Third World Capital » (Alger capitale du Tiers-Monde) et traite de la dense période de la moitié des années 1950 à la fin des années 1970, grande époque des décolonisations et de l’internationalisme révolutionnaire. On croise dans ces pages Fanon, Ben Bella mais aussi Kwame Nkrumah, Nasser, des dirigeants du Vietnam, de la Chine ou même de l’Union Soviétique. Leurs ambassades à Alger abritaient alors des réunions entre leaders du monde entier. Lorsqu’on lit ce texte on a vraiment l’impression d’être au centre du monde, au croisement des idéaux décoloniaux, là où nait un monde post-impérialiste.
Ce texte est non seulement un trésor d’informations historiques mais il se lit comme un roman. Cela passe notamment par une description de la ville d’Alger très vivante. Elaine Mokthefi a aimé passionnément cette ville et cela se sent. Elle décrit avec détail les lieux mais aussi les attitudes de son entourage et des habitants, les menus des restaurants, les musiques, les habitudes. Le livre est agrémenté de photos qui nous permettent de plonger encore plus dans une époque bouillonnante.
Elaine Mokhtefi est une jeune militante américaine. En 1952, alors qu’elle est une toute jeune femme, Elaine Mokhtefi vit à Paris. Le jour du premier mai, elle assiste à la manifestation syndicale et voit arriver en marge du cortège, un groupe d’ouvriers algériens. Leurs allures lui rappellent les populations noires du Sud des États-Unis et la marquent immédiatement. Un peu plus tard, elle se retrouve à Accra, pour la conférence panafricaine des peuples. Dans ce contexte décolonial elle rencontre Fanon et Mohamed Sahnoun, alors engagé auprès du FLN. Elle le rejoindra à New-York et s’engage à ses côtés tout au long de la guerre d’Algérie. Quelques semaines après l’indépendance, elle va s’établir à Alger où elle restera 12 ans.
Le livre est sous-titré « de Fanon aux Black Panthers ». En 1968, Eldridge Cleaver, un des leaders importants du Black Panther Party, accusé de tentative de meurtre dans son pays, vient trouver refuge à Alger avec ses proches. C’est là qu’Elaine Mokhtefi croise leur route. Elle les aide à ouvrir un bureau dans la capitale algérienne. Le FLN au pouvoir, fidèle à ses idéaux révolutionnaire et internationaliste leur accorde un logement et un petit financement qui leur permettra de vivre et de militer depuis l’Algérie. Le livre retrace donc l’histoire ce bureau, les relations politiques et affectives complexes qu’entretiennent les leaders afro-américains avec le continent-mère : l’Afrique.
Avec ce récit, Elaine Mokhtefi nous offre un beau témoignage sur l’engagement politique l’indignation chevillée au corps face à tout types d’injustices. Ce texte inspirant est aussi une belle déclaration d’amour à l’Algérie et à Mohamed Mokhtefi, ancien cadre du FLN, rencontré à Alger et qui restera son mari jusqu’à la fin de ses jours.
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