L’héritage des martyrs de Tibhirine
L’Algérie est immunisée et ne craint rien pour son islam
ORAN – Le ministre des Affaires religieuses et Wakfs, Mohamed Aissa a affirmé samedi à Oran que « L’Algérie, qui garantit la pratique religieuse aux Non musulmans, est immunisée et ne craint rien pour son islam ».
A l’issue de la cérémonie de béatification de 19 personnalités catholiques à la chapelle de Santa Cruz dans les monts du Murdjadjo (Oran), le ministre a souligné que l’Algérie, en abritant cet événement religieux prouve de par ses dimensions civilisationnelles et universelles qu’elle est ouverte aux autres, immunisée et ne craint rien pour son islam.
« Ma présence à cette cérémonie comme représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a une signification politique eu égard à la Constitution algérienne qui consacre dans son article 47 la liberté d’exercer les cultes religieux aux Non musulmans et les garantit », déclaré le ministre.
« Personne n’a désormais le droit de douter sur l’assassinat des moines de Tibhirine tout comme celui d’autres religieux victimes de la barbarie du terrorisme aveugle qui n’a pas épargné 114 imams », a ajouté Mohamed Aissa.
Et de noter que « les familles des victimes dont des religieux non musulmans ont reconnu notre réconciliation nationale et le terrorisme sanglant qu’a connu l’Algérie dans les années 90 et que la loi portant sur la paix et la réconciliation nationale est venue plier ses pages ».
Le ministre a félicité, à cette occasion, l’Algérie pour l’organisation de la cérémonie de béatification des religieux catholiques victimes du terrorisme qui ont préféré rester en Algérie en temps de crise.
« Ceci est un message au monde que l’Algérie est un pays de pluralisme et d’ouverture qui exporte son expérience en matière de paix, de vivre ensemble et de prévention contre l’extrémisme », a-t-il dit.
La cérémonie de béatification a été marquée par la présence de quelque 1.400 personnes sur l’esplanade de la chapelle de Santa Cruz, de délégations représentant des pays chrétiens, de personnalités politiques et diplomatiques, d’hommes du culte et des familles des 19 religieux catholiques.
Des imams d’Algérie, le cheikh de la confrérie Alaouiya de Mostaganem, Khaled Bentounès et des représentants de la société civile d’Oran étaient également présents lors de cette cérémonie.
https://www.algerie360.com/beatification-de-19-personnalites-catholiques-lalgerie-est-immunisee-et-ne-craint-rien-pour-son-islam/
Que le Saint-Siège ait accepté d'organiser la béatification de ces religieux en Algérie montre également que les blessures de dix ans de terrorisme, de négation de l'humain, de l'assassinat des religieux et des imams se sont cautérisées. Mais, par-dessus tout, le rassemblement samedi au mont Murdjadjo de la ville d'Oran de communautés religieuses, de familles, parents et représentants de l'Eglise est un signal fort que l'Algérie a réussi à exorciser le mal du terrorisme et qu'elle a, plus que toute autre victoire sur l'adversité des «qui tue qui», pu avoir cette main tendue du Saint-Siège vers les hommes de religion, qu'ils soient musulmans, catholiques et autres. C'est tout naturellement que le pape François ait relevé que «cette célébration aide à panser les blessures du passé et crée une dynamique nouvelle de la rencontre et du vivre ensemble à la suite de nos bienheureux».
Le pape ajoute dans son message à la suite de cette béatification qu»'en faisant mémoire de la mort de ces 19 victimes chrétiennes, les catholiques d'Algérie et du monde veulent célébrer la fidélité de ces martyrs au projet de paix que Dieu inspire à tous les hommes». «Ils veulent, en même temps, prendre dans leur prière tous les fils et filles de l'Algérie qui ont été, comme eux, victimes de la même violence».
De telles paroles ne peuvent que refléter une grande compassion du Saint-Siège aux souffrances du peuple algérien, dont faisaient partie ces hommes de religion qui avaient décidé de rester dans leur pays, de rester aux côtés de leurs «ouailles», algériennes ou d'autres nationalités. Le message du pape est gratifiant pour l'Algérie et célèbre une certaine reconnaissance des sacrifices et des souffrances souvent marginalisées, sinon oubliées par la communauté internationale, des Algériens pour vaincre le mal du terrorisme et reconstruire leur pays sur les fondements de la tolérance, l'humanisme, le vivre ensemble en paix. Et, lors de cette solennelle cérémonie de béatification, il y avait beaucoup d'émotion, de rapprochement, de complicité entre les religieux, lorsque le père Thierry Becker, curé d'Oran, a chanté en arabe une prière à la Vierge Marie.
«Nous ne voulions pas d'une béatification entre chrétiens, car ces frères et sœurs sont morts au milieu de dizaines et dizaines de milliers d'Algériens» musulmans, a rappelé l'archevêque d'Alger, Mgr Paul Desfarges. Pour autant, le devoir de mémoire envers ces «bienheureux» a encore des chapitres à conquérir, de lutte contre l'intolérance et, surtout, de restitution à l'Algérie de ses vérités, celles d'un pays qui a toujours été ouvert aux trois religions révélées, qui les a défendues et qui les défendra toujours. Sa Constitution garantit d'ailleurs la liberté du culte et le défend. Le pays, lui, a été de tout temps une terre d'accueil pour les communautés religieuses autres que musulmanes. Le triste épisode de la décennie noire est derrière nous, mais il a laissé des blessures qui sont en train d'être cautérisées par tous ceux qui l'ont vécu, sans discernement de religion.
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