la sale guerre du Liban
Le dimanche 23 octobre 1983, à 6h24 du matin, 58 soldats parachutistes français et une famille libanaise meurent dans un attentat contre le poste Drakkar, situé au sud de Beyrouth, au cœur de la complexité du conflit.
Déchiré entre factions pro- et anti-palestiniennes, le Liban est en conflit larvé depuis sept ans en 1982. Cette année-là, la guerre civile, de dimension régionale depuis l’intervention de l’armée syrienne en 1976 et l’incursion de l’armée israélienne en 1978 au Sud-Liban, prend une dimension internationale.
Le 6 juin, Tsahal lance l’opération Paix en Galilée et pousse son offensive jusqu'à Beyrouth pour écraser l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat. Les Israéliens, qui ont fait la jonction avec les Forces libanaises de Bachir Gemayel, débutent le siège de Beyrouth-Ouest. Soumis à d’intenses bombardements, l’OLP et les fedayins sont acculés. Washington intervient pour éviter un bain de sang. Les belligérants s’accordent sur un cessez-le-feu le 12 août. Le 21, les Etats-Unis, la France et l’Italie créent une Force multinationale d’interposition qui évacue plus de 11 000 combattants palestiniens jusqu’au 1er septembre et supervise le départ des Israéliens.
Le 23 août, Bachir Gemayel est élu président de la République. Il est assassiné trois semaines plus tard, le 14 septembre, par des membres du Parti social-nationaliste syrien. Les Kataëb, principale composante des Forces libanaises, accusent les Palestiniens. La vengeance des Phalangistes est terrible. Du 16 au 18 septembre, plusieurs centaines de civils palestiniens sont massacrés dans le quartier de Sabra et le camp de Chatila.
Le choc est tel que l’Etat libanais en appelle à l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui met en place la Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth (FMSB), composée de soldats français (1600 à 2000), américains (1600), italiens (1400) et britanniques (100). Le mandat de la FMSB consiste à « appuyer les forces armées du gouvernement libanais dans la protection des populations civiles ».
La France prise pour cible
Le premier détachement français débarque le 24 septembre 1982 dans le port de Beyrouth dans le cadre de l’opération DIODON I (24 septembre 1982 – 15 janvier 1983). Les opérations DIODON II (16 janvier 1983 – mai 1983) et III se succèdent jusqu’à la fin de l’été 1983.
A l’été 1983, les milices alliées à la Syrie se renforcent grâce au soutien de l’Union soviétique et l’intervention de l’Iran. Téhéran veut faire payer aux Occidentaux, les Etats-Unis et la France en particulier, leur soutien à l’Irak de Saddam Hussein dans le confit Iran-Irak.
Fin août, l’Iran lance la milice chiite Amal à l’assaut de Beyrouth-Ouest. La FMSB ne mord pas à l’hameçon. L’armée libanaise repousse seule les assaillants. Le 30 en fin d’après-midi, la chancellerie diplomatique, rue Clémenceau, est touchée par deux tirs d'artillerie. Trois légionnaires français appartenant au 2ème régiment étranger d'infanterie (REI), le caporal Robert A’Maiooro, les légionnaires Jean-Luc Peigney et Lionel Le Jeune, ainsi que le gardien de la paix Albert Payen, policier détaché de la Préfecture de police, sont tués.
Le déclenchement de combats dans le Chouf entre phalangistes et les Druzes soutenus par Damas inquiète Paris qui dépêche sur place le porte-avions Foch. Le lendemain, le 7 septembre, un obus frappe le QG français installé dans une aile de la Résidence des Pins. Le commandant du 7ème RGP, le lieutenant-colonel Pierre-Yves Sahler et son chauffeur, le caporal Jérôme Poux sont tués.
Le 22 septembre, une position de légionnaires français est bombardée. Bilan, quatre blessés. La France riposte. L’aviation frappe des sites d’artillerie dans le Haut-Metn sous contrôle syrien. Le lendemain, le poste Nathalie, situé tout près de la Résidence, est visé par des obus. Il y a quatre blessés. La France riposte à nouveau en bombardant des batteries syriennes utilisées par les Druzes près de Saoufar, dans le caza de Aley.
Un cessez-le-feu, parrainé par la Syrie, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, principale cible de l’axe syro-iranien, est décrété le 26 septembre sur l’ensemble du territoire.
DIODON IV
C’est à ce moment-là que débute l’opération DIODON IV, commandée par le général deux étoiles François Cann, commandant du groupement aéroporté (GAP) d’Albi.
Majoritairement composé d’appelés volontaires, le contingent français est composé de plusieurs unités de la 11e division parachutiste (DP), qui comprend le GAP et le 6ème régiment d’infanterie parachutistes (RIP), commandé par le colonel Paul Urwald. Un escadron de parachutistes de la gendarmerie nationale, le 9/11 para, accompagne le contingent.
La 3e compagnie du 1er régiment des chasseurs parachutistes (RCP), basée à l’époque à Idron, près de Pau, et la 2e compagnie du 9e RCP, basée à l’époque à Pamiers, en Ariège, font notamment partie du 6eRIP. Ces deux unités avaient déjà été mandatées de 1979 à 1982 pour renforcer la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).
La France, l’Italie et les Etats-Unis se partagent Beyrouth et sa banlieue. Les troupes américaines sont stationnées autour de l’aéroport dans la partie sud de la capitale. Les Italiens contrôlent la banlieue sud de Beyrouth jusqu’au camp de Chatila. Les soldats français sont, eux, déployés au cœur de la ville, des deux cotés de la ligne de démarcation.
Depuis DIODON III, le dispositif français est réparti sur 40 postes autour de six îlots principaux : les camps palestiniens au sud, l’ambassade de France, la chancellerie, la Résidence et le Bois des Pins, le carrefour Tell Zaatar à l’est, et les axes de liaison.
Le poste Irma change de nom
La 3e compagnie du 1er RCP débarque à Beyrouth le 27 septembre 1983 à 6h30 par la mer. Elle est accueillie par le capitaine Jacky Thomas, commandant de la 3e compagnie, et le sous-lieutenant Alain Rigaud, déjà sur place.
La compagnie prend ses quartiers au poste Irma, dans un ancien hôtel, rue des Nations Unies, situé dans le quartier de Jnah, dans la banlieue sud-ouest de Beyrouth, à quelques encablures de l’ambassade d’Iran. Un parfait poste d’observation du secteur. Composé de deux blocs en L séparés par un escalier principal, l’immeuble de huit étages surmonté d’un abri est percé d’impacts de projectiles.
C’était un ancien repaire des services de renseignements de l’armée syrienne jusqu’en juin 1982, puis de l’armée israélienne jusqu’à qu’elle ne se retire. Avant l’arrivée des chasseurs parachutistes, le 17erégiment du génie parachutiste (RGP) avait dépollué le site. La zone autour du poste regorge de factions rivales chiites, druzes et palestiniennes.
Les paras remettent le poste en état. La première journée est consacrée au nettoyage des bâtiments. L’eau et l’électricité sont rétablies. L’entresol, où se trouvent trois cuves de fioul, pour le chauffage, est transformé en garage. 5000 sacs de sable sont montés dans les étages et sur le toit. L’adjudant Michel Moretto est chargé d’installer des barbelés pour barrer l’entrée du poste. Quelques jours plus tard, les sapeurs du 17ème RGP installent des amas de terre pour constituer des chicanes sur les trois routes menant au poste.
Les étages sont répartis de la façon suivante : la section de commandement Noir 0, commandée par l’adjudant-chef Omer Marie-Magdeleine, occupe le 1er et le 2ème étage. Le 3ème étage est occupé par la section Noir 1, commandée par le sous-lieutenant Rigaud. La section Noir 2, commandée par l’adjudant Antoine Bagnis, occupé le 4ème étage. Le 5ème étage est occupé par la section Noir 3, commandée par le lieutenant Antoine de la Bâtie. Les 6ème, 7ème et 8ème étages servent de postes de combat, en particulier pour les tireurs d’élite. Le rez-de-chaussée sud est occupé par un gardien libanais, Mohieddine Hamaoui, sa femme et ses cinq enfants. Le concierge est en contact avec le propriétaire de l’immeuble qui se trouve à l’étranger.
Trois véhicules de l’avant blindé (VAB) conduits par trois paras du 9ème RCP, le parachutiste de 1ère classe Patrick Tari, et les parachutistes Philippe Potencier et Denis Schmitt, sont mis à disposition du 1er RCP.
Le capitaine Thomas débaptise le poste Irma, le Drakkar est né.
© ECPAD
Le 23 octobre 1983 à Beyrouth, l’armée française subit sa plus lourde perte depuis la guerre d’Algérie. L’Iran est très vite pointée du doigt.
A l’automne 1983, la situation dans Beyrouth est extrêmement tendue. Les soldats français et américains, qui contrôlent et patrouillent chacun dans un secteur de la capitale libanaise, sont pris pour cible depuis plusieurs mois par les factions soutenues par la Syrie et l’Iran. La 3e compagnie du 1er régiment des chasseurs parachutistes (RCP), qui occupe le poste Drakkar dans la banlieue sud-ouest de Beyrouth, est en état d’alerte.
Le 22 octobre 1983, la section Noir 1 du Drakkar est de garde à la Résidence des Pins mais son chef, le sous-lieutenant Alain Rigaud, reste au Drakkar. La section Noir 2, commandée par l’adjudant Antoine Bagnis, est mobilisée au profit des postes voisins. La section Noir 3, commandée par le lieutenant Antoine de la Bâtie, assure la garde du poste Drakkar.
Vers 22 heures, le capitaine Jacky Thomas, commandant de la 3e compagnie du 1er RCP, réunit les chefs de section. Il les informe que le poste Escorteur, situé à 500 mètres à vol d’oiseau du Drakkar, a reçu des menaces. Le Drakkar est mis en état d’alerte de niveau « tornade orange ».
Le jour de la tragédie
La nuit du 22 au 23 octobre a été relativement calme. A 5h30 du matin, l’adjudant-chef Omer Marie-Magdeleine, commandant de la section de commandement Noir 0, part pour l’inspection des gardes de nuit. Le sergent-chef Gérard Blanchot et le caporal Robert Guillemette sont de garde sur le toit. Enfant d’origine libanaise, il s’appelait Robert Haddad, avant d’être adopté par la famille Guillemette à l’âge de neuf ans. A 6h, le parachutiste François Raoux, désigné « clairon », réveille la compagnie. « Il n’y a aucun bruit dans le quartier et pas de Libanais aux fenêtres et dans les rues », témoigne l’adjudant-chef Marie-Magdeleine dans l’un de ses écrits.
Il désigne trois hommes de la section Noir 0 pour la mission de ravitaillement « petit déjeuner ». Le sergent Laurent Hartung, le caporal Dominique Pichon et le parachutiste Christophe Jayet partent en ville chercher des croissants dans une boulangerie installée dans un autre poste. « Sur mon ordre, le réseau barbelés et la barrière sont remis en place sur la chicane et à l’entrée du jardin devant le bâtiment après le départ du véhicule », raconte l’adjudant-chef.
Vers 6h15, une énorme explosion retentit en direction de l’aéroport où les Américains sont stationnés. Un camion Mercedes piégé avec neuf tonnes de TNT, piloté par un kamikaze iranien Ismaël Ascari, vient de foncer sur le QG des Marines US. 241 GIs sont tués.
Apercevant l’énorme nuage de fumée et de poussière qui s’élève des lieux, le caporal Guillemette et le sergent-chef Blanchot préviennent par radio le capitaine Thomas qui transmet l’information au QG français. Le capitaine se précipite sur le balcon du premier étage et donne l’ordre de se rendre aux postes de combat.
Vers 6h20, une énorme secousse ébranle le bâtiment qui se soulève littéralement. Blanchot rattrape Guillemette qui bascule dans le vide. Les planchers s’effondrent. Les murs cèdent. L’immeuble de huit étages s’écroule lentement comme un château de carte et se couche sur le côté. Le Drakkar n’est plus qu’un amas de gravats de cinq mètres de haut.
Les premiers secours
Après un silence apocalyptique, des voix s’élèvent des décombres. Les hommes s’appellent. Ils se croient victimes d’un tir de roquette.
Prévenus par un message radio du poste Catamaran, voisin du Drakkar, le sergent Hartung, le caporal Pichon et le parachutiste Jayet sont les premiers arrivés sur les lieux. Toutes les unités françaises disponibles affluent très vite. Le parachutiste Yves Verdier, du 6ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMA), participe aux opérations de sauvetage. Brusquement, il aperçoit une main qui sort des décombres. Il la saisit. Il s’agit de celle du para Eric Mohamed, l’un des 15 rescapés du Drakkar. La photo fait le tour du monde.
Les premiers rescapés hébétés sont évacués. Les blessés les plus graves, dont Omer Marie-Magdeleine, sont pris en charge dans les hôpitaux de Beyrouth. L’adjudant-chef est le seul chef de section à avoir survécu. Le premier jour, on extrait 22 cadavres des décombres. Les cercueils sont rassemblés à la Résidence des Pins.
L’hommage de la nation
Parti dans la nuit du 23, le président français François Mitterrand arrive à Beyrouth le 24 octobre à 8h du matin. Il s’agit de la première visite d’un chef de l’Etat français au Liban depuis l’indépendance du pays en 1943. Après s’être recueilli devant les corps des parachutistes du Drakkar dans la chapelle ardente installée à la Résidence des Pins, le chef de l’Etat français y reçoit le président libanais Amine Gemayel avant de se rendre sur les lieux de l’attentat du Drakkar.
Après un nouvel entretien au palais de Baabda avec le président Gemayel, le président du Parlement Kamel Assaad et le Premier ministre Chafic Wazzan, M. Mitterrand revient à la Résidence des Pins pour un déjeuner avec les rescapés, les commandants de la force française, le ministre libanais de la Défense Issam Khoury et le chef de l’armée libanaise, le général Ibrahim Tannous. Le président français quitte Beyrouth en milieu d’après-midi.
Pendant quatre jours et trois nuits, avec des renforts venus de Paris, des maîtres-chiens et une grue amenée du port de Beyrouth, on extrait des corps et des miraculés. Le bilan définitif est de 58 morts côté français, 55 paras du 1er RCP et 3 paras du 9ème RCP. Il s’agit de la plus grosse perte de l’armée française depuis la guerre d’Algérie.
L’épouse du concierge libanais et ses cinq enfants ont également péri dans l’attentat. 15 rescapés ont été sortis des décombres du Drakkar.
Le 2 novembre, un hommage national est rendu aux 58 paras morts pour la France dans la cour d’honneur des Invalides. Le président Mitterrand décore les victimes de la Médaille militaire à titre posthume.
Une stèle est apposée sur les lieux de l’attentat qui est aujourd’hui un terrain vague dont l’accès est interdit au public. Cette stèle a été enlevée. Un mur mémoriel portant les noms des 58 militaires tués le 23 octobre 1983 ainsi que ceux de tous les Français morts dans l’exercice de leurs fonctions durant la guerre civile libanaise a été construit dans l’enceinte de la Résidence des Pins. L’attentat du Drakkar est commémoré chaque année par les armées françaises et les autorités civilo-militaires à Beyrouth.
La thèse officielle
Selon la thèse officielle, une camionnette aurait forcée l’entrée du poste puis se serait engouffrée sous l’immeuble avant de faire exploser la charge de RDX qu’elle transportait. 24 heures après les deux attentats, l'Organisation du jihad islamiste et un groupe appelé « Mouvement de la révolution islamique libre », inconnu jusque-là, revendiquent ces actions.
Selon un rapport confidentiel défense cité par le journal Le Monde en 2013, « une ou plusieurs sentinelles » auraient tiré en direction de la camionnette. « La commission d'enquête libanaise conclura à deux attentats exécutés de façon similaire et par ailleurs les enquêtes menées par les autorités françaises aboutissent aux mêmes conclusions », poursuit ce rapport.
Deux noms sont fréquemment cités comme responsables de l’attentat : Hussein Moussaoui, chef de la milice Amal islamique, dissidente du mouvement Amal de Nabih Berry, et Imad Moughniyeh, l’un des principaux responsables militaires du Hezbollah et cadre supposé de l’Organisation du jihad islamique.
L’hypothèse la plus communément admise est que l’Iran cherchait à répliquer aux ventes d’armes françaises à l’Irak, alors en guerre contre Téhéran, mais également à punir la France dans le cadre du différend Eurodif, une société française spécialisée dans l’enrichissement de l’uranium dont l’Iran est actionnaire minoritaire. La France refuse de rétrocéder les 10% de production d’uranium auquel Téhéran a droit, comme le contrat entre les deux pays le stipule. Il s’agissait aussi de provoquer le départ de la FMSB afin que les milices pro-iraniennes bénéficient d’une plus grande liberté d’action au Liban.
La version des rescapés
En France, certains rescapés et des proches de militaires morts au Drakkar soulèvent des questions sur le déroulé des événements ce jour-là. Selon leurs témoignages, relayés par la presse française et, aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, personne n’a vu de véhicule se diriger vers le Drakkar le matin de l’attentat. Toujours selon eux, aucune trace du kamikaze ou de la camionnette n’a été retrouvée sur les lieux de l’attaque. Certains évoquent l’hypothèse d’un minage préalable du poste Drakkar et celle de la responsabilité de la Syrie.
Représailles
Convaincue de la responsabilité de l’Iran dans l’attentat du Drakkar, la France envoie des hommes du service action de la DGSE pour préparer une opération de représailles. Nom de code : « Santé ». Il s’agit d’un attentat à la voiture piégée visant l’ambassade d’Iran à Beyrouth. L’opération tourne au fiasco. La jeep bourrée d’explosifs n’explose pas.
Le 17 novembre, soit 25 jours après l’attentat du Drakkar, la France bombarde la caserne Cheikh Abdallah, contrôlée par la milice Amal islamique, près de Baalbeck. C’est l’opération Brochet. La caserne est quasiment vide. Prévenus de l’imminence d’une attaque, les combattants pro-iraniens avaient évacué les lieux. Certains évoquent l’hypothèse que le ministre français des Affaires étrangères, Claude Cheysson, opposé à cette opération, en ait fait part à un diplomate français qui aurait fait fuiter l’information.
Après deux autres attentats meurtriers ayant visé les soldats français, le contingent français de la FMSB quitte le Liban le 31 mars 1984, après les Britanniques et les Américains.
Par Rédaction LPJ Beyrouth
Publié le 21/10/2018
https://lepetitjournal.com/beyrouth/attentat-du-drakkar-ii-58-paras-meurent-pour-la-france-242511
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