Ils ne m'ont pas connu dans les ombres qui Absorbent mon teint sur le passeport Ils exposaient ma déchirure aux touristes Collectionneurs de cartes postales Ils ne m'ont pas connu... Ne laisse donc pas Ma paume sans soleil Car les arbres Me connaissent Toutes les chansons de la pluie me connaissent Ne me laisse pas aussi pâle que la lune
Tous les oiseaux qui ont poursuivi Ma paume à l'entrée de l'aéroport Tous les champs de blé Toutes les prisons Toutes les tombes blanches Toutes les frontières Toutes les mains qui s'agitent pour l'adieu Tous les yeux M'accompagnaient, mais Ils les ont retirés de mon passeport
Peuvent-ils me dépouiller du nom, de l'appartenance Dans une glèbe que j'ai élevée de mes propres mains ? Jonas a rempli aujourd'hui le ciel de son cri : Ne faites pas encore de moi un exemple !
Messieurs, messieurs les prophètes Ne demandez pas leur nom aux arbres Ne demandez pas aux vallées leur génitrice Le glaive de lumière se détache de mon front Et de mes mains jaillit l'eau du fleuve Tous les coeurs d'hommes sont ma nationalité Voilà, je vous laisse mon passeport !
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MAHMOUD DARWICH
Traduction : Abdellatif Laâbi
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