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Vous permettez que je me glisse dans la peau
De cette algérienne qui crève depuis longtemps
D’écrire noir sur blanc son testament
Pour révéler sa vérité vraie en trois impressions
Pas une, pas deux mais trois dépressions.
La première impression a déjà de quoi retenir les attentions
Puisqu’il s’agit de la guerre d’Algérie
Savez-vous ce qu’elle a en a retenu ?
Ni ses terres occupées, ni cette guerre qui ne voulait pas de la paix
Mais l’impression, l’abominable impression que le français d’avant hier
Considérait l’algérien comme moins que rien…
Voilà pour elle, le premier objet de la torture
La deuxième impression a aussi de quoi noircir les relations
Puisqu’elle situe le mal après l’indépendance
Avec toutes les vagues d’immigration
Qui ont vu ses frères et sœurs traverser la méditerranée
Pour répondre à un besoin de main d’œuvre bon marché
Savez-vous ce qu’elle en a retenu ?
Ni les difficiles chantiers, ni l’impossible amitié entre patrons et ouvriers
Mais l’impression, l’exécrable impression que le français d’hier
considérait l’immigré algérien comme moins que rien
Voilà pour elle, le deuxième objet de la torture.
La troisième impression a enfin de quoi convaincre plus d’un
Puisqu’il s’agit du dernier brûlot de l’actualité
Vous l’avez sans doute vu à la télé dans le petit journal
Le ministre de l’intérieur y était
Les forces de l’ordre voulaient lui faire vivre une guerre urbaine simulée…
Et ceux qui avaient pour tâche de jouer le rôle des manifestants
n’ont pas pu retenir leur haine réelle de l’ennemi virtuel : l’algérien
Ils criaient: One, two, three viva l’Algérie
Qu’il faut entendre ou comprendre à l’envers
One, two, three à bas l’Algérie.
Ce n’est pas votre impression mais c’est la sienne… à mon algérienne
L’impression la plus invincible des impressions
Que le français d’aujourd’hui considère toujours l’algérien comme moins que rien
Voilà pour elle le troisième objet de la torture… torture par la désespérance
Désespérance de la France !
S’ils vous considèrent comme moins que rien
Pourquoi ils vous en veulent à ce point ?
– C’est ce que je lui ai adressé comme objection
Elle m’a répondu :
Ils ont l’impression que ces moins que rien leur ont déjà tout pris…
Qu’ils sont revenus à la charge pour prendre
et qu’ils vont finir par tout leur prendre : liberté, égalité, fraternité… ou la mort.
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