Encaissée entre deux montagnes servant de remparts naturels, Cherchel était le site idéal pour qu'un roi de l'antiquité en fasse la capitale de son royaume. Ce souverain était Bocchus, qui régna sur la moitié occidentale du Maghreb (la Maurétanie) au 1er siècle avant J.C. A cette époque, la ville, ancien comptoir punique, s'appelait Iol et l'Afrique du Nord était encore indépendante de Rome, qui avait cependant commencé l'annexion du Maghreb. L'échec de la dynastie numide issue de Massinissa ayant eu pour conséquence de déplacer le pouvoir de Cirta (Constantine) vers l'ouest, Iol se retrouva naturellement propulsée au rang de première ville de Maurétanie, un royaume qui s'étendait de l'Algérie orientale aux côtes atlantiques du Maroc.
Plus tard, Juba II en fera également sa capitale. En 25 avant J.C., ce lointain descendant des rois numides a reçu Iol de l'empereur Auguste. Se conformant à la tradition des rois fondateurs, il entreprit de fonder une cité nouvelle à la place de l'ancienne et lui donna le nom de Caesarea, en l'honneur à son ancien bienfaiteur, Auguste.
La ville qu'édifia Juba II était probablement l'une des plus grandioses de la Méditerranée occidentale. Entourée d'une importante enceinte, elle était bâtie sur près de 400 hectares, avec des édifices publics caractéristiques de la cité romaine. Son théâtre, l'un des plus anciens de l'Afrique du Nord, figure parmi les édifices restant de cette période de faste et de grandeur mais les temples et les palais édifiés sous ce roi sont malheureusement enfouis sous la ville moderne. Visibles au musée de Cherchel où ils sont recueillis, les éléments architectoniques des édifices privés et cultuels de cette époque témoignent du goût et du raffinement des architectes et décorateurs sollicités par Juba II.
Juba fit construire sa ville selon le principe géométrique romain du decumanus et du cardo maximus, les voies principales qui découpent les cités latines dans l'axe est-ouest et nord-sud. Il la dota d'un port, signalé par un phare qui aurait eu 36 mètres de haut. En outre, il est probable qu'il fut l'initiateur de la construction du premier tracé de l'aqueduc amenant à Caesarea l'eau captée à Oued Boukadir qui coule à une trentaine de kilomètres plus loin. Homme de goût, Juba a peuplé Caesarea d'œuvres d'art œuvres choisies en Grèce et importées de là-bas, dont des originaux et des copies des maîtres les plus connus.
C'est à lui que l'on attribue avec le plus de probabilité la construction du Mausolée royal de Maurétanie (dit également Tombeau de Cléopâtre Sélénée), ce monument de 61 m de diamètre et 33 m de hauteur qui surplombe la Mitidja et qui regarde la mer, non loin de Tipasa. Cléopâtre Sélénée était la femme de Juba. Elle était la fille de la célèbre Cléopâtre, reine d'Egypte et du triumvir Antoine. En tout cas, ce roi régna pendant 48 ans, soit une période assez longue pour non seulement créer une belle ville dotée de toutes les commodités des villes grecques ou romaines mais pour réaliser un monument qui conforta sa popularité. La thèse lui attribuant ce mausolée, en tout cas aux rois Maures, n'est pas contredite par les décorations de type hellénistique qui le recouvrent d'autant que ce tombeau s'apparente à une tradition purement maghrébine et auquel on trouve des similitudes dans les Djeddar de Tiaret et au Medracen de Batna.
Tous ces grands travaux ont coûté beaucoup d'argent mais ils ont eu des retombées économiques et culturelles d'une grande ampleur sur Iol et sur les populations berbères. Auparavant, l'apport punique avait été important, certes, et a permis de sortir les habitants d'Afrique du Nord de l'archaïsme quasi préhistorique dans lequel ils étaient confinés à l'instar de presque tous les habitants du bassin méditerranéen, excepté les Grecs, les Romains et les Egyptiens. En s'alliant à Rome, Juba II a fait bénéficier son peuple du nec plus ultra de la civilisation de l'époque. Cet apport se fit ressentir chez toute la population qui découvrit alors de nouveaux métiers, de nouvelles techniques, de nouveaux procédés et même des techniques artistiques également nouvelles pour eux, tels que la sculpture et la mosaïque. En l'espace de quelques années, Juba II introduisit dans son pays des arts et des sciences, des normes architecturales et urbanistiques plus évoluées, le génie civil et militaire et même des procédés d'agriculture et d'élevage !
Issue d'une extraction noble, Juba II a d'abord reçu à Rome l'éducation bilingue grecque et latine dispensée aux jeunes nobles romains. Cette éducation transparaîtra dans l'œuvre urbanistique qu'il a initiée mais aussi dans ses publications, probablement plus d'une dizaine, mais malheureusement toutes perdues. Ecrits en grec, ces ouvrages lui valurent l'estime de Plutarque qui le considérait comme le meilleur historien parmi les rois et dans lesquels même le célèbre auteur Pline l'Ancien y aurait puisé. Considérant l'importance des écrits de Juba II, il semblerait qu'il disposait d'une très grande bibliothèque et qu'il avait fait de Caesarea un centre de rayonnement de la culture gréco-latine sur son royaume, la Maurétanie.
Avec les rois de Carthage, Juba II est l'un des souverains du Maghreb antique qui a laissé l'œuvre la plus pérenne dans l'histoire de l'Afrique du Nord. Il était sans conteste l'un des rois berbères les plus inspirés et les plus lucides. En tout cas, il était doué d'un grand sens de l'histoire, c'est-à-dire soucieux de l'avenir de son peuple. Cependant, ce Berbère ne jouit pas de bonne presse aujourd'hui, car nous avons tendance à mesurer la valeur des hommes non pas à leur apport sur le plan civilisationnel mais à l'aune des révoltes et des rébellions qu'ils ont menées.
Sous le règne de Caligula, le premier empereur romain d'origine berbère, Caesarea perdit son indépendance et fut annexée à Rome. Caligula fit même exécuter le roi de Maurétanie, Ptolémée, qui était d'ailleurs son propre cousin. C'est ainsi donc que disparaissait le vaste royaume de Maurétanie mais Caesarea ne perdit beaucoup sur le plan économique car elle devint aussitôt la capitale d'une province romaine correspondant aux 2/3 de l'Algérie du Nord. A sa tête fut installé un gouverneur. En somme, Caligula avait procédé à un nouveau découpage territorial, en fonction de la politique qu'il s'était tracée. La fin du royaume ne fut donc pas aussi négative pour Caesarea, qui en tira même un profit sur le plan juridique : elle reçut la dignité de colonie romaine à titre honoraire. Et comme beaucoup de villes d'Afrique du Nord du temps de l'empereur Caligula, elle bénéficia de plusieurs projets et travaux d'utilité publique, notamment l'entretien des remparts et de l'aqueduc.
Plus tard, au second siècle, la ville bénéficiera même de la construction des deux ponts de l'aqueduc, encore visibles sur la route vers Tipasa. L'amphithéâtre fut agrandi, passant ainsi de 10 000 à 14 000 places et le théâtre, rénové. Plus important encore, de grands thermes furent construits, en particulier ceux de l'ouest de la ville, visibles près du front de mer. Cette activité édilitaire se poursuivit sous le règne des Sévères, une dynastie d'origine berbère qui prit la tête de l'empire romain de la fin du IIème siècle au début du IIIème. A cette époque, Caesarea aurait compté entre 15 000 et 20 000 âmes.
Cependant, née enclavée, Caesarea n'a jamais pu être un grand centre de négoce malgré son port qui ne fut pas plus qu'une escale, aussi bien du temps de son fondateur, Juba II, que du temps des gouverneurs. Sur le plan économique, la capitale provinciale comptait sur la campagne comme elle le fut d'ailleurs sous Juba. Principal centre politique et culturel d'une vaste province, elle a pourtant rayonné sur une grande partie de l'Afrique du Nord. Moins enclavée, Tipasa, sa voisine, acquiert elle aussi une importance de plus en plus grande au fil des siècles.
Les écoles de Caesarea étaient excellentes comme le montre la réputation de l'évêque Emeritus, un des chefs donatistes qui y étudia. Saint-Augustin en personne dut se déplacer à Caesarea pour parler contre ce propagandiste des Circoncellions. A l'époque byzantine, une véritable sommité y étudia : le célèbre grammairien Priscien.
Après les Byzantins, Caesarea semble avoir déclinée jusqu'à tomber dans l'oubli, comme beaucoup de 500 villes fondées par les Romains d'ailleurs. Voire, le géographe andalou du XVIème siècle, Léon l'Africain, écrit que le site de Cherchel aurait été abandonné au Moyen-Age et n'aurait repris vie qu'après la refondation de la ville par les Andalous chassés d'Espagne. Cependant avec l'avènement de l'islam, Caesarea n'a probablement pas été abandonnée par tous ses habitants, dont beaucoup durent revenir à la campagne après avoir perdu les métiers qu'ils pratiquaient à l'époque romaine, mais en disant cela Léon l'Africain voulait probablement insister sur le contraste frappant entre la cité antique et la médiocrité de la ville au moment où les Andalous y débarquèrent.
Au Moyen-Age, plusieurs zones étaient mal contrôlées par les Etats successifs qui se sont constitués au Maghreb et dont la priorité était leur capitale et la levée des armées pour guerroyer. C'est ce qui expliquerait que Cherchel et des dizaines d'autres villes antiques (dont de prestigieuses comme Tipasa, Djemila, Timgad, Guelma, Khemissa, Souk Ahras, Cirta…) aient décliné, voire seraient restées sans autorité, livrées à elles-mêmes jusqu'à l'arrivée des Andalous pour certaines, jusqu'au XIXème siècle pour d'autres comme Guelma ou Tipasa.
Cherchel n'a donc pas été entièrement abandonnée par ses habitants après l'avènement de l'islam comme en témoignent les quelques traces de vie citadine de cette époque et trouvées sur site : un mihrab d'une mosquée de l'époque fatimide et des chapiteaux datant du Xème ou XIème siècle. Isolée de la Mitidja par le mont Chenoua et de la plaine du Chélif par une chaîne montagneuse, Cherchel apparaissait comme une ville pauvre n'offrant rien qui put intéresser les nouveaux conquérants. La renaissance de la ville est donc liée à l'arrivée des Andalous, puis elle tomba sous le contrôle des Turcs d'Alger. En 1518, Arroudj y éleva une forteresse ensuite son frère, Kheir Eddine, y installa un caïd assisté de dix notables. La présence d'une autorité fit redémarrer la construction : plusieurs maisons datant de cette période subsistent encore dans la Ksiba (petite Casbah) actuelle. Cependant, le contrôle n'était exercé que sur les strictes limites de la ville. Les populations environnantes, les Beni Menacer et les Hadjoute étaient autonomes et faisaient encore partie d'un vaste territoire berbérophone constitué en tribus, indépendant de la Régence et s'étendant de la Mitidja jusqu'aux limites entre Mostaganem et Ténès.
Dès 1840, une ville moderne y fut édifiée. Elle s'étendra au sud, à l'est et à l'ouest de la Ksiba, en suivant le même plan urbanistique excentré et en épousant les déclinaisons du terrain. En zigzaguant, elle arrivera jusqu'au port, qui est reconstruit ainsi que le phare. Edifiée sur les vestiges romains, l'actuelle Cherchel a malheureusement effacé à jamais une bonne partie d'une mémoire dense et riche, notamment celle d'un grand roi, Juba II.
Ali EL HADJ-TAHAR
Autrefois illustre…
"Iol, sur le bord de la mer, ville jadis inconnue et illustre maintenant pour avoir été la cité royale de Juba et parce qu'elle se nomme Caesarea. En deçà, les bourgs de Cartenna (Ténès) et de Arsenaria, le château de Quiza, le golfe Laturus et le fleuve Sardabale. Au-delà, le mausolée commun de la famille royale… ensuite Icosium," écrivait un auteur latin, POMPONIUS MELA, aux environs de 40 après J.C, soit à la période où Caligula avait transformé le royaume de Maurétanie en province romaine.
Avec Cirta et Hippone, Iol est l'un des trois premiers sites urbains de l'Algérie du Nord où sont réunies toutes les données archéologiques, artistiques et technologiques caractéristiques des civilisations historiques. Elle doit son existence aux Phéniciens qui en ont fait un comptoir de commerce avec les peuplades qui habitaient sa côte, puis à Carthage qui a assimilé l'esprit de la culture phénicienne et l'a propagé à son tour dans toute l'Afrique du Nord. C'est ainsi que sur la côte méditerranéenne ont essaimé des villes où l'on retrouve des éléments culturels à la fois endogènes et exogènes. Grâce aux Phéniciens, ces commerçants, et aux Carthaginois, ces propagateurs de la culture, l'élément autochtone, c'est-à-dire berbère, s'est majestueusement marié avec d'autres éléments méditerranéens dont le grec, le romain et même l'égyptien.
Si le musée de Cherchel est spécialisé en sculpture et en mosaïque et où l'on ne retrouve donc que les pièces archéologiques d'origine locale et gréco-romaine, celui de Tipasa par contre conserve des pièces (ustensiles, bijoux, objets funéraires…) de diverses origines et attestant de cet esprit éclectique caractéristique des deux civilisations qui ont largement influencé les populations d'Afrique du Nord et participé à leur sécularisation. Depuis l'antiquité donc, les Berbères se distinguent par un esprit éclectique, qui accepte et assimile facilement les éléments culturels venus d'ailleurs pour ensuite les intégrer comme des apports enrichissants. Juba II est l'expression de cet esprit conscient des limites de la culture autochtone et ouvert sur l'altérité dans le sens de l'émancipation. C'est également cet esprit qui a permis à Caligula et à Septime Sévère d'accéder au trône de l'Empire romain, et à Saint Augustin de devenir le grand évêque qu'il fut. Sans cette disponibilité, les peuples d'Afrique du Nord auraient rejeté et les Phéniciens et les Romains mais ils n'auraient point bénéficié des apports immenses de ces deux grandes cultures méditerranéennes. Sans cette ouverture d'esprit, ils n'auraient pas non plus réalisé toutes ces œuvres dont nos sites archéologiques et nos musées sont les meilleurs témoins mais dont nous ne savons nous enorgueillir aujourd'hui, préférant aux constructeurs les guerriers.
Issue de l'alliance de cultures méditerranéennes, en l'occurrence nord-africaine, phéniciennes, grecque et latine, Iol puis Caesarea fut donc une ville illustre. Pendant plus de 700 ans, les rois et les gouverneurs qui étaient à sa tête veillaient aux activités édilitaires, et c'est pour cela qu'elle donnait à son royaume puis à ses provinces autant qu'elle en recevait. Comme ses prédécesseurs, Juba II a permis à d'autres villes de se créer. La division de l'Afrique du Nord en provinces, par Caligula, a permis quant à elle l'émergence de dizaines de villes nouvelles, édifiées d'après des plans romains mais où l'apport autochtone allait être de plus en plus important et fonction de l'assimilation des technologies et des styles par les architectes et les artistes d'origine berbère.
Après les Romains et les Byzantins, Caesarea sombra dans l'oubli pendant près de 700 années. Reprise par les Andalous, qui sauveront quelque peu la face de l'histoire arabe du Maghreb, elle n'aura pas le rang de Tihert, de la Qalaâ des Beni Hammad, de Tlemcen ni de Mostaganem, Oran, Constantine, Bedjaïa ou Alger, villes cossues du pouvoir, point de départ des expéditions et des courses et lieux où converge l'impôt. Occupés à recueillir la dîme et les butins des courses ou à faire face aux intrigues, les beys et les deys tout comme les caïds installés par les Turcs dans certains villes d'Algérie ont failli à leurs devoirs édilitaires. Caesarea devint alors un petit port où de temps en temps venait s'abriter un navire de corsaires… Dans sa toute petite Ksiba, les descendants des Andalous continuaient sagement à perpétuer une musique et des arts princiers nostalgiques de Cordoue et de Grenade. Quelques Juifs, chassés eux aussi à l'époque de la Reconquista, y pratiquaient certains métiers utiles aussi bien pour les citadins que pour les campagnards. Les zones rurales quant à elles étaient purement et simplement livrées à elles-mêmes. Le nom de Cherchel apparaît avec certitude en 1518 sur l'inscription apposée à l'entrée du fort turc édifié cette année-là.
Loin des grands axes de communication de l'Algérie moderne, Cherchel est aujourd'hui une ville dont l'enclavement est aggravé par le fait qu'elle soit sans grandes ressources économiques. Cependant elle n'a pas su tirer profit de ce qui aurait pu être un grand atout touristique. Ses sites archéologiques sont eux aussi mal exploités y compris sur le plan culturel. Ses nombreuses criques abritées sous de giboyeuses forêts de pins en font un paradis pour les estivants qui les connaissent et qui prennent la peine de venir jusqu'ici afin d'éviter les foules. Les complexes touristiques sont à Tipasa mais la mer, bleue et pure, est à Cherchel. Plus bleue et pure encore est-elle encore à Damous, Gouraya et Ténès jusqu'où une route serpente longtemps entre les falaises avant d'arriver.
La Ksiba de Cherchel préserve encore, au milieu du béton qui en a pris l'âme, quelques maisons traditionnelles, bribes de mémoire évanescente au milieu du vacarme inutile d'une modernisation anarchique. L'esprit de Juba II tout comme celui des Andalous a bel et bien fui et l'on a du mal à réaliser aujourd'hui que cette ville fut le nec plus ultra d'un peuple qui à peine sorti de la préhistoire s'était emparé des technologies et des arts les plus avancées de l'époque. Cependant, à Cherchel, il est encore un lieu où l'on perçoit l'ambiance industrieuse qui régna sous les rois évergètes [bienfaiteurs](1) et des gouverneurs latins : le port, lorsque les marins pêcheurs s'en vont ou reviennent.
C'est là que le soir vont les familles chercheloises : pour regarder la mer et recueillir l'air du large.
Elis Rimel
(1) Titre donné par les Grecs aux rois bienfaiteurs égyptiens.
Le musée
Avec ses galeries baignées de lumière et entourant un patio, le musée de Cherchel abrite l'une des plus belles collections de sculpture antique du bassin méditerranéen. Parmi les plus belles de ces œuvres figure Eiréné portant Plutos, une réplique de La Paix nourricière de la Richesse réalisée par Céphisophode l'Ancien. La femme porte son enfant dans les bras et il se dégage de son visage une douceur attentive et maternante.
L'œuvre majeure du musée est Apollon. Cette sculpture est une réplique d'un bronze, œuvre d'un grand maître, probablement Phidias dans sa jeunesse ou d'un aîné de Phidias, probablement Calamis… On ne sait. Pline l'Ancien mentionne à Caesarea un promontoire d'Apollon. Ce dieu fut adoré avec ferveur dans la capitale de Juba.
Isis, la grande déesse égyptienne, apparaît sous les traits d'une jeune femme. Cette déesse était également à l'honneur sous Juba II. Une Diane chasseresse, parente de la Diane à la biche du Louvre, est une copie d'une œuvre du IVème siècle avant notre ère. Athéna à l'acanthe est quant à elle une réplique d'une sculpture du Vème siècle avant J.C. Un torse de Bacchus et un Esculape comptent parmi les pièces maîtresses. Dans un portrait, Juba II apparaît tête ceinte du bandeau royal et représenté âgé entre 25 et 30 ans. Juba I, son père, est quant à lui représenté avec une barbe.
Trouvées sur site, dans les riches maisons de Caesarea, les mosaïques de Cherchel constituent la collection la plus riche du pays. Elles résument le style maghrébin avec sa gamme chromatique très variée et comprennent des compositions figuratives dont la très belle scène des Travaux des champs, la Mosaïque des Paons, la Mosaïque des poissons et la Mosaïque florale, dédiées à la nature, à l'abondance et au travail. Des mosaïques à thème mythologique représentent Thésée et Minotaure, Minerve, le mariage de Thétis et Pélée, la toilette de Vénus… Les panneaux décoratifs quant à eux allient avec bonheur motifs géométriques et floraux.
Le musée de Cherchel a été construit dans ce qui était l'entrée de la ville et qui se trouve être le centre maintenant. Il côtoyait d'autres édifices publics dont une très belle église dans le style romain, aujourd'hui transformée en mosquée entourée de béton. La placette qui réunit ces édifices garde toujours ses magnifiques arbres à larges troncs gondolés ainsi que sa fontaine et n'a pas subi de grands dommages. Aujourd'hui l'on y joue inlassablement aux boules, entourés de vendeurs de cigarettes. Pour ceux qui aiment admirer les belles choses, la balustrade de la placette offre une vue magnifique sur le port qu'elle surplombe. Un jour peut-être les joueurs de boules et la foule qui circule ou qui les admire regarderont-ils la mer… Un jour peut-être rentreront-ils au musée !
Les commentaires récents