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Ommi Yêma Ya Mima !*
Le bateau m’emporte,
Loin de tes yeux enflammés.
La mer me balance,
Loin de tes bras qui tremblent.
Ommi Yêma Ya Mima !
Ils m’ont fouillé,
Jusque dans mes plus petits souvenirs.
Ils me poursuivent,
Jusque dans mes lunes les plus émiettées.
Ommi Yêma Ya Mima !
Ils m’ont ligoté dans leurs citadelles de l’oubli.
Ommi Yêma Ya Mima !
Mes appels qu’ils matraquent,
Dans les asiles de leurs rues.
Mon âge sans repères,
Les cages de mes nuits sans étoiles.
Ommi Yêma Ya Mima !
Ton sourire bleu qui m’obsède,
Qui me précède dans mes cris.
Leurs djinns cravatés,
Leurs cravaches qui se fâchent,
Qui crachent leurs venins de lâches
Qui ne me lâchent, en aucun lieu,
Leurs djinns qui m’arrachent les cheveux
Ommiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Yêmaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Yaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Mimaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Dans mes nuits froides,
Dans mes soupirs sans logis,
Leur ciel, leur ciel est plein de pus !
Je pue, je sue, je suis à moitié nu,
Dans leurs rues qui me tuent !
Ommi Yêma Ya Mima !
Tes yeux humides,
Tes yeux qu’ils fouillent,
Dans ma valise qui grelotte,
Tes yeux qu’ils m’arrachent
De ta photo qui me tient au chaud.
Tu m’appelles,
De mon appel enchaîné
Ommi Yêma Ya Mima !
Le bateau m’emporte,
Comme une feuille endormie !
Ommi !
Leurs syllabes d’inquisiteurs !
Yêma !
Leurs poisons d’affameurs !
Leurs rires moqueurs !
Leurs tours, leurs détours !
Leurs danses de vautours !
Ya !
Mima !
Le retour vers tes cheveux,
Vers tes yeux qui m’attirent,
Comme un aimant, loin d’eux !
Mon râle comprimé !
Ommi Yêma Ya Mima !
Mon ombre qui se brise !
Mon ombre qui s’enlise !
Mon ombre qui se paralyse !
Mon nom que j’oublie,
Dans mon sang qui frémit !
Ma trace que je vomis !
Ommi Yêma Ya Mima !
Mon exil, dans leurs ports !
Leur vie, dans ma mort !
Ommi Yêma Ya Mima !
Le bateau me ramène,
Vers nos rêves assassinés !
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MOKHTAR EL AMRAOUI
"Arpèges sur les ailes de mes ans "
* Mère
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