Un observatoire indépendant pour faire échec au révisionnisme
«La hache est une arme indolore à cinquante pour cent. Il faut être
deux pour la faire fonctionner. Celui qui tient le manche ne sent rien.»
Alfred Hitchcock
S’ils ont baissé en intensité, les flood qui inondent l’histoire de l’Algérie, allumés des deux côtés de la Méditerranée, avec, hélas, un bémol sur notre rive, à l’occasion du cinquantenaire du recouvrement de l’indépendance nationale, n’en sont pas moins demeurés en veille. Ils attendent, sans doute, les opportunités commerciales de la rentrée pour reprendre de la brillance. L’histoire de l’Algérie, d’une manière générale, se vend bien, en particulier celle qui relate la guerre de Libération, (ou guerre d’Algérie, comme on dit de l’autre côté). C’est un produit intellectuel qui suscite toujours beaucoup d’intérêt et c’est aussi un article de bon rapport, tant chez nous en Algérie qu’en France.
C’est pour cela, nous dit le commandant Azzedine dans cet entretien, que «nous devons être attentifs à tout ce qui s’écrit, se diffuse par tous les médias, non pour exercer une quelconque censure, exiger un imprimatur, ou créer un service des douanes de l’histoire. Mais pour attirer l’attention de nos concitoyens et de tous ceux qui portent un intérêt à notre passé. Il faut faire échec au révisionnisme rampant, souvent déguisé en œuvre magistrale dans des livres savants qui, depuis quelques années, infeste les écrits et d’entre eux les plus innocents».
Historiens, témoins, journalistes et toute une foultitude d’animateurs,
d’«experts» et de «spécialistes», biographes ou mémorialistes, dont
certains autoproclamés, travaillent à exhumer le passé tumultueux de
cette terre et restituer les mugissements de la guerre qui n’a pas cessé
depuis que les troupes françaises ont commis l’inacceptable, en
débarquant sur la plage de Sidi Fredj en juin 1830.
Un passé douloureux, habité par la misère, la maladie et la mort pour
les uns et marqué par «l’œuvre de la colonisation» pour les autres. Une
loi, tout ce qu’il y a de plus «législatif», votée par l’Assemblée
française, a tenté, en février 2005, de masquer la forfaiture
colonialiste. Dans l’esprit de ses promoteurs, comme dans celui de la
France officielle d’une façon générale, seule l’histoire dans son
abstraction, je dirais philosophique, serait comptable de la cruauté des
colonisateurs et des monstruosités du colonialisme. Autrement dit, s’il
y a une facture à présenter, les Algériens et les colonisés de tous les
continents doivent s’adresser aux guichets de l’histoire.
Ainsi, en juillet 2007, l’ancien président français, s’adressant à la
presse, à Zéralda, devant son homologue algérien, affirmait, jouant des
épaules, droit dans ses bottes : «Moi, j’ai pas fait la guerre
d’Algérie. Je ne suis ici ni pour m’excuser ni pour blesser.» (sic).
Je ne suis pas de ceux qui conditionnent nos relations économiques,
commerciales ou culturelles avec l’ancien colonisateur à des excuses ou
une repentance, pour la simple raison que cela ne l’engage en rien et ne
saurait réparer aucunement les crimes commis par le colonialisme
français au nom de l’Etat français. J’estime avoir triomphé du
colonialisme après un des combats parmi les plus prestigieux du XXe
siècle et que je n’ai pas besoin de souffler dessus, pour que mon
drapeau flotte dans le ciel de mon pays. L’Algérie est libre. Elle doit
son émancipation au sacrifice de ses seuls enfants. Que la France batte
sa coulpe ou qu’elle s’obstine dans la position des trois singes ne
changera rien, mais alors rien de rien, à l’éclat de notre victoire ou à
l’héroïsme de la multitude qui ont donné leur vie, ou se sont engagés
dans le combat.
Acceptons, néanmoins, l’hypothèse où Paris, saisi de soudains remords,
présenterait ses excuses les plus plates. Que se passerait-il le jour
d’après ? Le colonialisme porté par l’Etat français, près d’un siècle et
demi en Algérie, serait-il subséquemment absout de ses crimes ?
Allons-nous déchirer cette page que nous voulions lire avant de la
tourner ? Elle n’est d’ailleurs même pas écrite.
Ou alors attendrons-nous, par solidarité avec tous les Africains, les
Indochinois et tout le reste de l’humanité qui a eu à souffrir des
affres de la domination, jusque, y compris Pondichéry et Chandernagor,
que la France fasse amende honorable et ne parler de ce passé que dans
des cercles d’initiés ? Notre triomphe est certain, le trophée, le plus
beau de tous, est que l’Algérie n’est plus française. Ce que les
Algériens en ont fait est une autre affaire. Une affaire qui est du
ressort exclusif du seul peuple algérien.
Ceci dit, les gouvernants français ne feraient que se grandir en
reconnaissant non les «erreurs», les «fourvoiements» ou les «excès du
colonialisme», comme ils concèdent parfois, à l’admettre, dans le
meilleur des cas, mais son caractère criminel ayant spolié les biens et
nié les droits des personnes et des nations qu’il a soumises. Le
colonialisme est un crime contre l’humanité.
La France a vécu 132 ans en Algérie. Elle les a passés en qualité de
puissance colonisatrice. Le Français, quelles que soient la modestie ou
la félicité de sa condition, jouissait de ses pleins droits, ceux prévus
par l’arsenal juridique mis en place, mais aussi le privilège, quel que
soit son statut d’être au-dessus de l’autochtone, quelle que soit la
situation. L’indigène est un être sans droit. Qu’est-ce que le sinistre
code de l’indigénat (28 juin 1881), sinon la codification du «non-droit»
?
Les Algériens, quant à eux, ont vécu ces mêmes 132 ans comme des
non-êtres. Il est faux de prétendre que nous avons la même histoire,
sous prétexte que nous avons vécu sur une même terre à une même époque.
Il n’y a aucune espèce d’intimité entre un bastonné et son bastonneur !
Il m’a été donné lors d’un passage dans la capitale française de visiter une exposition qui s’est déroulée au musée de l’Armée. Je n’y ai rencontré aucun sentiment de résipiscence ou d’attrition quelconque. Je ne m’y attendais pas de toute façon. Mais bien au contraire, pour les organisateurs de cette manifestation, il fallait faire ressortir la «grandeur» de la France impérialiste. L’esprit conquérant était sur chaque mur. Pour les promoteurs de l’exhibition, «la France était une grande puissance, à ce titre elle se devait de dominer le monde. Ce qu’elle a fait». Jules Ferry, ministre des Affaires étrangères et des Colonies (1883 – 1885), qui a été honoré par le président François Hollande lors de son investiture, n’affirmait-il pas : «Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit sur les races inférieures. (...) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.» De quoi faire des bonds simiesques en se grattant les aisselles !
Dans cette exposition intitulée «L’Algérie de 1830 à 1962», il y était fait éventaire des portraits en pied des sinistres, Pélissier, Clauzel, Randon, Saint-Arnaud, mais aussi des autres, plus proches de notre époque. Dont on entend encore le cri des suppliciés. Les «virtuoses de la gégène» et autres maîtres-queux des «régalades» servies à la villa Suzini. Parmi eux, quelques putschistes d’avril 1960 et des centaines d’autres galonnés. Tous ces «preux» de «la coloniale» n’apparaissent aucunement comme des pourfendeurs du peuple algérien. Ceux qui ont enfumé, mais aussi, on l’oublie souvent, emmuré des tribus entières, demeurent pour leur pays des paladins des temps modernes, couverts de la noble poussière et de la gloire des champs de bataille.
Comment donc pourrions-nous écrire une même histoire ?
C’est s’illusionner que de croire qu’une approche commune des faits et
des événements soit la panacée pour qu’Algériens et Français cousinent
leurs vues respectives du passé.
Il faut donner le temps à notre histoire de se construire sur des faits
avérés, sur la vérité historique, telle que le peuple dans sa
permanence l’a vécue. Elle n’appartient à personne. L’avoir politisée
l’a réduite à un instrument de pouvoir. Il ne s’agit pas de la
sacraliser ni de la sanctuariser, mais de la tenir hors de portée des
jeux manœuvriers de gouvernement. Dès lors qu’on a récupéré le FLN, on a
confisqué à la nation toute entière une partie de sa mémoire, de son
histoire donc d’elle-même. Les premiers à l’avoir travestie sont ceux-là
mêmes dont le rôle était de la protéger. Ils s’y sont cherchés, ils ne
s’y sont pas retrouvés, alors ils se sont taillés des places usurpées au
détriment des autres, des vrais acteurs. Il s’agit de dépolitiser
l’histoire, de lui donner sa totale indépendance.
Pour cela, selon moi, il est nécessaire, voire indispensable, que
l’Algérie et ses institutions créent leur propre école d’histoire. Que
l’université donne des moyens accrus à celles et ceux qui se consacrent à
l’étude approfondie de notre passé pour que la jeunesse comprenne mieux
son présent et qu’elle appréhende son avenir sans rougir. Car s’il est
une jeunesse dans le monde qui n’a pas à pâlir de ses aînés, c’est bien
la nôtre.
Mais j’attirerais son attention sur un phénomène qui tend à prendre une
ampleur grandissante et qui, insidieusement, se glisse dans les esprits
pour s’installer dans la culture générale, comme une évidence, une
certitude.
De nos jours, on assiste à une étrange réduction de notre combat, à sa
banalisation et souvent aussi à de curieuses interprétations des faits
et des événements.
Juillet 1962, revu et corrigé par certains historiens ne correspond pas, selon leurs analyses et conclusions, à la chute de l’Empire français. Le colonialisme qui plie ses bagages à Alger, pour toujours, parce qu’historiquement vaincu, après avoir régenté la vie de millions d’individus et de dizaines de nations, n’est pas l’événement essentiel. Un silence énigmatique et singulier est observé autour de cette victoire du colonisé et de la preuve par l’histoire de la véracité du message de Frantz Fanon, d’Abane Ramdane, de Kwame N’ Krumah, de Patrice Lumumba, de Giap, et bien d’autres «damnés de la terre». Ce qu’ils retiennent, c’est le drame d’un prétendu massacre de harkis dont le nombre de morts n’a cessé d’enfler à mesure qu’enflait un mensonge devenu vérité. Tant et si bien qu’il a été enregistré plus de victimes qu’il n’y avait de supplétifs, selon les chiffres et statistiques établis par l’armée française elle-même, (confère les archives de l’armée de terre de Vincennes). Voici des mercenaires, journaliers, puisqu’ils étaient payés à la journée, présentés comme les agneaux sacrificiels du FLN. Les harkis, c’est une histoire franco-française, faut-il le répéter ? Nous ne leur avons jamais promis le panthéon une fois notre indépendance reconquise. Je l’ai souvent dit : «On n’abandonne pas ses troupes lorsqu’on quitte, même précipitamment le champ de bataille.» Nous ne devons pas admettre cette culpabilisation sans broncher et observer un silence qui est interprété comme une reconnaissance des affabulations qu’on veut faire passer pour des réalités.
Il en va de même de la fumeuse théorie, «de la violence des deux
côtés». Certains politiques français en arrivent à épouser les exigences
des anciens ultras et subordonnent toute discussion autour de l’
histoire à «une reconnaissance par le FLN de ses crimes commis contre
les ressortissants européens» (sic).
Où est l’agresseur et où est l’agressé ? Qui est l’assaillant, qui est
l’assailli ? Voilà des gens armés qui entrent dans un pays, l’occupent,
le pillent, le mettent à la botte. Et quand le peuple de ce pays demande
ses droits, on le réprime et lorsqu’il se soulève, on crie au crime !
Cela paraît ahurissant et pourtant c’est cela la «logique» colonialiste !
Une logique qui veut que Charles Martel soit un démiurge dont on
enseigne aux enfants l’exploit comme un hymne national, pour avoir fait
la guerre aux Arabes lorsqu’ils sont arrivés jusqu’à Poitiers, mais qui
refuse à des Algériens d’en faire autant avec les Français qui occupent
leur pays !
Il est temps pour les Algériens, acteurs, historiens, témoins, simples
citoyens de réfléchir aux voies et moyens les meilleurs et les plus
efficaces, en toute indépendance, de faire face aux tentatives avérées
de falsification de notre histoire à tous et ceci d’où que vienne la
menace.
J’avais accordé récemment un entretien à une chaîne de télévision
française dans laquelle j’expliquais la position des responsables de la
Zone autonome d’Alger concernant la tenue à Tripoli (Libye) de la
réunion du dernier CNRA.
Membres de cette instance, Omar Oussedik et moi-même, avions reçu les
convocations pour la réunion de Tripoli pour le 27 mai 1962. Nous avions
répondu qu’étant aux prises avec les séides de l’OAS et vu la tournure
dramatique qu’avaient pris les événements au lendemain du cessez-le-feu,
nous préférions donner délégation à Omar Ouamrane de nous représenter
et poursuivre en ce qui nous concerne la lutte à l’intérieur contre les
ultras.
Nous avions également fait la suggestion de tenir le dernier CNRA en
Algérie et pourquoi pas à Alger, «capitale du 11 décembre», pour
reprendre la formule que nous avions employée dans notre courrier.
D’autant que le premier congrès s’était également déroulé à l’intérieur,
à Ifri, dans la vallée de la Soummam, comme chacun le sait. Nous avions
proposé d’élargir la conférence aux anciens détenus, aux cadres formés
dans les pays frères et amis, aux militants des fédérations de France,
de Tunisie et du Maroc, aux cadres de l’ALN de l’intérieur, etc., des
Etats-généraux représentatifs de tous les courants de pensée et des
forces vives du peuple algérien.
Aucune réponse n’avait été apportée à notre suggestion. Nous
connaissons tous le désastre qui a suivi la réunion de Tripoli,
laquelle, soit dit en passant, n’a jamais été levée officiellement, à ce
jour.
Dans les débats qui ont été organisés par la chaîne en question,
l’historien Benjamin Stora avait d’un revers de la main écarté notre
point de vue. «La réunion ne pouvait pas se tenir en Algérie pour des
questions de sécurité et de neutralité», avait-il soutenu savamment.
Nonobstant le sort, expéditif, qu’il a lui-même réservé à notre
réflexion sur l’éventualité de la tenue de la réunion en Algérie, M.
Stora m’a paru fort sûr de lui. Combattant de l’intérieur, membre de
l’Etat-major général et du CNRA, j’avoue ignorer à ce jour pourquoi
notre suggestion n’a pas connu de suite. Cet historien qui fait autorité
dans le domaine qui est le sien en Algérie et outremer, aurait-il en sa
possession des documents, aurait-il été informé par un des membres du
CCE ou du CNRA quant à cette question de sécurité ? Qu’est-ce qui lui
donne cette totale assurance pour affirmer que des «raisons de sécurité»
auraient empêché une réunion à l’intérieur.
La sécurité était-elle mieux garantie lorsque quatre colonels et bien
d’autres cadres de l’ALN de l’intérieur se réunissaient dans la
presqu’île de Collo en décembre 1958 ? La sécurité était-elle meilleure
en août 1956, sur les contreforts du Djurdjura ?
Ceux qui ont pris la décision courageuse d’organiser le Congrès de la
Soummam là où il s’est déroulé, l’avaient fait parce qu’il s’agissait
d’une question de souveraineté de la décision. Ils savaient ce à quoi
ils s’exposaient, mais ils l’ont fait parce qu’il fallait le faire à
l’intérieur et non ailleurs. Il aurait été loisible pour eux, pour se
garantir la «sécurité» absolue de le tenir ailleurs, en Tunisie, au
Maroc, en Egypte ou à Tripoli. Mais s’ils ont choisi Ifri c’était pour
montrer à l’ennemi colonialiste que «la meilleure protection du poisson,
c’est l’eau».
Et comme le poisson se fond dans l’eau, les congressistes et les
combattants qui les accompagnaient se sont réunis au milieu du peuple
qui a assuré leur protection. Tout ce monde représentait plus de trois
cents personnes. Lesquelles ont séjourné pendant plus d’un mois. Elles y
ont travaillé, elles s’y sont restaurées, elles s’y sont reposées du
début août jusqu’au 5 septembre protégées par la population.
L’organisateur hors pair qu’était le colonel Amirouche, contraint
d’appliquer le plan B en raison de l’affaire du mulet qui s’était sauvé
avec les documents, a été confiant dans la mobilisation populaire, mais
aussi les assauts répétés des djounoud sous les ordres du commandant
Kaci, lequel n’a pas cessé, tout le congrès durant, de harceler l’ennemi
et de l’orienter vers le Sud, loin du lieu où se tenaient les premières
assises du FLN.
A ce propos, il me vient également à l’esprit le souvenir de la katiba Es Sabr ou el Iman (Patience et foi). Cette vaillante unité opérait dans la région de Cherchell. Une région déclarée zone interdite. Les officiers français qui assuraient le commandement des postes et des casernes rapportent qu’ils étaient étonnés de ne trouver dans les poches des combattants de l’ALN qu’ils capturaient que des glands, mais aussi une brosse à dent et du dentifrice. C’est vrai qu’il nous arrivait souvent d’avoir faim, mais j’atteste que notre hygiène était toujours impeccable.
Un jour, la population de Cherchell avait introduit secrètement, dans cette ville garnison, «plus peuplée de militaires que de civils», une centaine de moudjahidine de l’unité en question. Et puisque nous parlions de sécurité... : durant un mois entier, les cent combattants ont été logés, nourris de crevettes, de rougets et de merlans et choyés par la population, au nez et à la barbe de l’armée d’occupation. Quelle meilleure sécurité que celle qui est assurée par les citoyens convaincus du bien-fondé de leur lutte ? Mettre en opposition «sécurité» et «population» ne revient-il pas à soutenir l’idée que les Algériens doutaient sinon de l’issue de leur soulèvement, mais en tous les cas de leur engagement derrière le FLN ?
Il est vrai qu’il se développe en France une nouvelle approche de la
guerre qui veut qu’il s’agissait d’«une guerre civile» et que de
nombreux historiens, désireux de zapper le FLN, lui opposent une partie
de la population qui serait représentée par, d’un côté, les partisans du
MNA de Messali Hadj, et de l’autre, les harkis, comme si ces deniers
constituaient un courant d’opinion. Dans cet ordre d’idée, la population
ou le peuple seraient, selon cette nouvelle approche, divisés dans leur
position vis-à-vis des «indépendantistes».
Ces deniers ne seraient qu’une tendance parmi d’autres. Un peu ce qui
se passait dans les vieilles colonies (ex : Saint Pierre et Miquelon,
Guyane, Guadeloupe, Saint Louis du Sénégal, etc.) où les
«indépendantistes» et les «autonomistes» étaient opposés aux
«départementalistes». Si c’était le cas, la partie française, qui a de
tout temps recherché une troisième voie ou un autre partenaire aux
négociations, aurait imposé les représentants de ces courants. Comment
se fait-il que Paris ait finalement accepté, en traînant les pieds, que
le FLN soit «le seul et unique représentant du peuple algérien» ?
Au risque de voir notre histoire transformée en une bouillasse informe, ravalée et dépréciée pour servir de mortier de colmatage à une histoire dite «plus grande» ou de figuration passive à l’histoire de France, un sursaut national est indispensable. Pour que plus jamais on ne vienne nous enjoindre de célébrer nos fêtes «dans la modération», les Algériens, conscients des périls qui menacent notre mémoire collective, doivent se concerter en toute indépendance de tout organisme public ou privé et exiger des pouvoirs publics les moyens de s’organiser afin de défendre et d’illustrer notre passé.
Je ne sais quelle forme doit prendre la riposte au révisionnisme, mais je sais qu’il est temps pour les enfants de ce pays de sonner le réveil des mémoires, de mettre en place un Observatoire national pour attirer l’attention sur les falsifications de tous genres. Il ne s’agit pas de verser dans le Jdanovisme et d’interdire, de saisir, de juger, de condamner. Non ! Rien de tout cela. Ce sont justement ces méthodes qui nous ont menés vers la privatisation de l’histoire. Au contraire, il faut encourager toutes les volontés intellectuelles, mais dans le sens de la seule vérité historique pour barrer la route aux négationnistes de tous poils et aux révisionnistes, nombreux, de quelque bord ils soient.
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