... éprise de mode et de rimes:
The Stranger par Michelle Lara Lin
Il est des jours étranges où l’on peut passer des heures à errer en ligne, à la recherche d’un je ne sais quoi différent. On a alors parfois l’impression que tout le monde se ressemble, et les contenus qu’on lit nous lassent. C’est lors d’un de ces jours que j’ai découvert un phénomène qui va piquer droit dans le mille du cœur et de l’âme. C’est l’histoire d’une fille qui est tombée amoureuse d’Albert Camus. C’est l’histoire de Michelle Lara Lin, qui chaque jour dévoile ses rimes photographiques à la façon d’une love story, sur un blog intitulé The Stranger. Voyez-vous ça…
Mais qui es-tu en fait ? Tu as l’air de voyager énormément, en quête de l’esprit d’un homme disparu il y a longtemps : Camus
Je tiens un blog mode intitulé The Strange. C’est un faux blog mode parce que j’aime m’y perdre dans l’écriture, en y introduisant des éléments de littérature et d’art. Je voyage beaucoup parce que je deviens vite grognon si je reste au même endroit. Voyager est une inspiration sans fin. Voyager casse notre zone de confort. Nous avons tous ces petites passions anecdotiques qui nous maintiennent en vie, et pour moi, voyager en est une.
Je ne peux pas dire que je suis en quête de l’âme de Camus…Je ne suis pas une personne spirituelle du tout. Mais je suis probablement en mission pour chasser toutes les traces que Camus a laissées au monde Ses mots ne sont pas suffisants pour moi. Je veux revisiter son lieu de naissance, suivre à la trace ses empreintes et voyages, et je veux faire tout ce que je peux pour nourrir son héritage philosophique (même si je ne considère pas Camus comme un philosophe). Je veux apprendre le français pour être encore plus absorbée par ses mots originaux. J’ai entendu dire qu’il écrivait dans un style de français qui était plutôt archaïque et unique dans des zones qui ont été colonisées par les Français. Même si le traducteur est brillant, tu ne peux pas sentir toutes les nuances d’un texte si tu ne le lis pas en version originale.
Oui, je suis absolument obsédé par Camus. Il m’a donné la force pour mes révolutions intimes. C’est une de ces romances que je ne pourrais même pas justifier…C’est même plutôt le contraire, je ne comprends pas comment on ne peut pas l’aimer. Il était la voix de la raison à son époque. Une fois que tu commences à comprendre Camus au-delà de L’Etranger, et de La Peste, tu ne peux plus comprendre comment on a pu mettre Sartre et Simone de Beauvoir sur un piédestal. Entendons-nous : ils sont grands, mais leurs personnalités peuvent être perçues comme un peu trop arrogantes et alambiquées pour mes goûts. Camus était plein d’incertitudes, et pourtant il se battait avec véhémence pour des causes justes. Je vois tellement de moi en lui, un misanthrope humaniste, extrême dans la détresse, excessif dans le bonheur. Nous avions tous deux de grands espoirs en la politique (j’ai suivi des études secondaires teintées de sciences politiques) mais nous avons fini par abandonné ce terrain, dégoûtés des politiciens et de leurs magouilles de partis. Je trouve ça difficile de ne pas adhérer à tout ce qu’a écrit Camus, et pas à cause d’une adoration naïve. Mon attachement à lui grandit à tous les niveaux, mais pourtant, tout ça reste quelque chose de purement intuitif. Il est en plus plutôt beau, et il a les yeux quelque peu absents, un peu endormis, que j’adore.
C’est plutôt original de mélanger mode, récits et littérature: quelles raisons t’ont poussée vers cette démarche artistique?
Merci pour ces gentils mots! Ce n’était pas planifié, ça s’est juste produit. Je suis consciente du plaisir un peu paresseux de se prendre en photos avec de jolis vêtements…mais ce n’est pas mon style de blogging. Mon esprit bouge d’un coin à l’autre, je me trahirais si je ne bloguais que sur des combinaisons de vêtements. Un moment je dois lire un livre, l’autre je suis en train de peindre mes ongles en vert menthe…D’autres jours j’ai envie d’écrire, et puis je m’abandonne dans la peinture. Parfois je me sens prête à coder en PHP. A l’école, ils appellent ça “indéterminé”. Les psys m’ont poussé à croire que j’étais une freak. J’en avais marre de me concentrer seulement sur une seule chose, et de me limiter à une seule passion. Je n’ai pas besoin de pilules de ritaline, ce blog est juste une façon de consumer toutes les choses qui m’importent
As-tu une source d’inspiration principale?
Tout m’inspire ; plus récemment, Notting Hill. Je tombe amoureuse de Londres.
Que peut-on te souhaiter?
Nous ne sommes pas tous des Cavaggios. Tous les artistes ne peuvent pas être disculpés grâce à l’art. Je pense que je ne pourrais pas mourir heureuse sans posséder quelques oeuvres de Friedrich et de Goya. Je osnge à prendre quelques cours d’arts martiaux et apprendre à tenir un pistolet gigantesque. En ce moment, mon stylo est ma seule arme, et je ne pense pas pouvoir encore imaginer par l’écrit une voie de sortie après le vol d’une galerie d’art. Souhaite-moi bonne chance ?
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par lilzeon
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