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Y a pas photo! Ce bonhomme là est un Monument de notre Histoire contemporaine. Une histoire qui, pourtant, a connu bien des héros : des guerriers, des bandits de grands chemins, des mystiques, des stratèges, des baroudeurs, des discoureurs, des emballés, des têtes brûlées
mais rarement un héros aussi éclaté et ausi éclatant que Ferhat Abbas.
Eclaté parce qu'il s'est trouvé, hasard et nécessité de l'histoire conjugués, bataillant au-dedans et au dehors, sorte d'Algérien nouveau avant l'heure, étrange produit de l'intrusion étrangère dans un monde déjà riche en histoires.
Il a tout fait, tout essayé, tout sacrifié pour tout traverser: de l'idéalisme républicain dans sa jeunesse (avec l'Udma) à l'engagement révolutionnaire (mais toujours républicain) de la maturité à 57 ans avec le FLN/ALN. Et, toujours libre politiquement malgré les surveillances et les piques des jeunes
Déroutant monsieur qui reste encore à découvrir.
Seul (ou presque car, il a eu la chance extraordinaire d'avoir une compagne et épouse extraordinaire), il eut le courage de ne pas participer à une réunion du CEE dès qu'il eut appris l'assassinat par les hommes de Boussouf (et en présence de celui-ci, il fallait le faire à l'époque!) , de Abane Ramdane
et, c'est ce dérapage monstrueux, découvert bien tard et qui n'a pas encore livré tous ses secrets, qui a poussé, sous la pression de Ferhat Abbas, à former un vrai gouvernement
et, donc, d'élargir la direction de la Révolution. Ce qui, peut-être, ne lui fut pas, ne lui fut jamais, pardonné. Face aux exaltés et aux fanatiques, il n'avait pas sa langue dans la poche : ne disait-il pas à BenTobbal et à Benaouda
vous finirez par créer autant d'Algérie qu'il y a de colonels
Prémonitoire, il a prévu la fin des idéologies
et il a prédit que le régime (algérien) fabriquera des robots, des opportunistes, des courtisans
Engagé, il ne pouvait vivre sans créer et, ne pas servir sa patrie lui était insupportable. De ce fait, le vieux lion n'a pas raté sa sortie, fin 1985, à 86 ans, sa mort éclipsant le congrès du Fln qui interrompit ses travaux pour une minute de silence.
Un phrase à retenir : Assurer le pain du peuple est certes un objectif principal. Lui assurer cet autre pain qu'est la liberté de pensée et d'expression est également un bien précieux.
A lire. A relire même si on peut trouver à redire sur certaines étapes ou certains commentaires. L'esprit républicain et démocratique est une affaire de sensations mais aussi d'expériences. S'imprégner de l'esprit abbasien, aujourd'hui, c'est espérer de l'avenir.
Ben Bella -Kafi Bennabi contre Abane. Les raisons occultes de la haine. Ouvrage de Belaid Abane Koukou Editions, Alger 2012 223 pages, 600 dinars
Ce ne sont pas les ouvrages sur Abane Ramdane qui manquent, et plus il y en a, mieux cela vaudra pour une (bonne ou correcte) écriture de l'Histoire de la Révolution armée. L'auteur en a répertorié six : des essais dont deux de Khalfa Mammeri, un de Benyoucef Ben Khedda, un de Lahcène Seriak.., une pièce de théâtre de Mouloud Mammeri, un roman de René Victor Pilhes, un film d'Ahcène Osmani
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Incontestablement, Abane Ramdane est un grand monsieur et l'Histoire a déjà retenu son nom pour l'éternité. Qui dit mieux ?
Un Révolutionaire comme on n'en fait plus. Mais, comme tout comme grand révolutionnaire, il ne pouvait qu'être trahi. Dans cette case de héros, on est trahi ou abandonné bien souvent par ses «frères», ses «compagnons» ou ses «camarades», quelques-uns envieux ou jaloux, d'autres tout simplement ayant une autre vison de la lutte à mener,
ou, parfois, par des opportunistes plus branchés sur les pouvoirs futurs à engranger que sur les luttes présentes. On a Jean Moulin, Che Guevara, Patrice Lumumba
A noter qu'on est trahi, aussi, parfois, par sa naïveté et son trop-plein d'engagement qui font oublier les réalités du moment. En pleine guerre, c'est pire.
Le drame dans la vie des révolutionnaires «entiers», c'est que leurs «frères» survivants vont s'escrimer, l'indépendance arrachée, à les «enfoncer», à détruire les mythes consacrés, tout ceci pour cacher on ne sait quelles vilénies commises. Rancune tenace ! Egocentrisme historique !
Dur, dur d'être moudjahid encore vivant mais non mythifié ou d'être mythifié sans avoir été un (vrai) moudjahid !
C'est dans cet état d'esprit, je pense, que le neveu de Abane Ramdane a écrit son dernier ouvrage. Afin de rétablir une vérité qu'il pense violée
par Ben Bella, par Kafi, par Bennabi, par Benmostefa, par
. Afin de restituer au héros la dimension historique à laquelle il a légitimement droit.
Ouvrage très critique à la limite du polémique
de qualité. L'auteur l'avoue franchement, ce qui facilite la lecture. A lire, mais avec précaution, comme d'ailleurs tout ce qui sécrit de «bien» sur les personnalités citées (visées)
Amirouche. Une vie, deux morts, un testament Un récit historique de Said Sadi Editions à compte d'auteur, Alger 2010 442 pages, 700 dinars
Jamais un ouvrage sur la guerre de libération nationale n'a eu autant de succès. Les raisons ? L'auteur, connu pour la rigueur de sa pensée? Le personnage central du livre, un héros incontestable de la guerre de libération nationale ? Les personnalités critiquées et accusées d'être plus coupables qu'on ne le pensait ? Le thème de la Révolution armée qui n'a pas encore dévoilé tous ses secrets ? De tout un peu, un peu de tout. Un mélange que l'auteur a su mélanger.
L'histoire est pourtant toute simple. Un homme décrit par l'armée française, au mieux comme un chef de guerre cultivant une détestation primaire contre les intellectuels.Un héros, mélange de Zapata et de Guevara, pour le peuple algérien qui reconnaît assez vite ses braves
avec leurs forces et leurs faiblesses. Mais un homme dont les ossements (et ceux de son compagnon de lutte Haouès), furent «séquestrés»
durant vingt ans
dans la cour d'une caserne de la Gendarmerie nationale de l'Algérie indépendante.
Aucune explication à une telle «forfaiture «, pour employer le mot de l'auteur, n'est acceptable et toutes les arguties de ceux qui défendent les «coupables» présumés, n'arrivent à passer, tant l'acte est inqualifiable en raison de son horreur «vampiresque».
Le pouvoir rend fou. Mais des pouvoirs qui montent en puissance et qui, rapidement, passent aux actes
s'opposant les uns aux autres, refusant de reconnaître la bravoure et l'intelligence des autres et n'acceptant la critique de ses erreurs, chevauchant les territoires et allant jusqu'au pire
plusieurs années près la libération du pays, c'est tout simplement dingue. Heureusement que l'Histoire est là (un jour ou l'autre) et dans sa recherche de la vérité et de la redécouverte de notre dignité collective, trouve le chemin qui mène à la rédemption pour les uns et à la géhenne pour les autres.
A lire ne serait-ce que pour savoir de quoi il a retourné.
Ferhat Abbas, une autre Algérie. Récit historique de Benjamin Stora et Zakya Daoud. Casbah Editions, Alger 1995 (Paru chez Denoël- Paris en 1995) 429 pages, 660 dinars
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par Belkacem AHCENE DJABALLAH
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