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Les origines de la guerre d' Algérie sont à chercher dans l' aggravation depuis la fin de la seconde guerre mondiale d' une situation dont les racines sont beaucoup plus anciennes :
¤ Dès 1863 Napoléon III décide d'une politique généreuse, l'Algérie serait un royaume arabe associé à la France. Les colons ayant pour mission l'aide au développement en y apportant les técheniques européennes. La perspective de cette nouvelle conception avait fait naître l'espoir de meilleurs rapports entre l'Algérie et la France. Malheureusement cet espoir fut rapidement déçu. La démarche impériale restera lettre morte.
¤ En 1871, l'Allemagne inflige une défaite à la France, démontrant ainsi la faiblesse de ses armées. donnant ainsi de bonnes raison au peuple algérien de s' insurger contre la métropole.
¤ En 1941, sept mois après la capitulation de juin 1940, le dépôt d'armes de Maison-Carrée est pillé et les émeutiers se répendent dans la capitale algérienne. Influencés par la propagande de Messali-Hadj ou par l'Allemagne victorieuse ? le mouvement s'étendra à Djedjelli où sur les murs apparaîtront des inscriptions insitant à l'insurrection. La répression fut sévère, mais l'ampleur de la défaite militaire sonnait le glas de la présence française hors du territoire nationale. Comment imposer à l'Algérie une administration française alors que la métropole était occupée par le vainqueur ? Puis, le succès militaire des alliés sur le IIIe Reich révèle la force armée de deux superpuissances, les Etats-Unis et l'Union Soviétique, permettant la comparaison de leur moyens de combat avec ceux de la France ruinée par la défaite de 1940.
L'heure semblait propiste au parti communiste algérien pour prendre sa revanche et de régler leur compte aux Français d'Algérie.
¤ En 1945 l'explosion populaire, les influences étrangères favorisent malgré la répression l'évolution de l'insurrection.
¤ En 1954, les troupes du général Giap s'emparent du camp retranché de Diên Biên Phu. Cette nouvelle défaite a une signification particulière : Le colonisé l'emporte sur le colonisateur. Ce fut le détonateur qui donna le coup d'envoi des attentats dans le Constantinois à la suite desquels le front de libération Nationale (F.L.N.) exigeait l'indépendance de l'Algérie.
¤ La première cause tient au statut politique de l' Algérie. Formée de trois départements ( Alger, Oran, Constantine), elle est comme tous les départements français, rattachée au Ministère de l' Intérieur. Mais, en réalité, son statut en fait une entité totalement différente des départements de la métropole. Elle est en effet soumise à l'autorité d'un gouverneur général nommé en Conseil des Ministres et elle comprend deux catégories de citoyens de droits inégaux : Les Français qui, seuls, possèdent les droits politiques, et les Musulmans, de statut "coranique", qui en sont dépourvus.
Le statut, voté en 1947 par l' Assemblée Nationale, perpétue l' inégalité : il prévoit l' éléction d' une assemblée algérienne de 120 membres aux prérogations restreintes (elle n'a réellement que des attributions financières), désignée en double collège : les 9 millions de musulmans désignent 60 députés, le même nombre que le million d' Européens. De surcroît, le gouverneur général Naegelen, nommé en janvier 1948, prossède au truquage manifeste des élections d' avril à l'Assemblée algérienne, faisant élire quasi uniquement des candidats de l'administration dans le second collège (musulman) et ne laissant aux candidats des parties nationalistes musulman, dont les élections municipales de 1947 ont relevé l' audience, qu'un nombre tout à fait ridicule d' élus.
¤ Cette attitude intransigeante de l' administration française condamne à l' impasse le nationalisme musulman et, de ce fait prive les autorités d'interlocuteurs représentatifs. de trois courants :
* Le courant traditionaliste, celui des Ulémas, qui résiste à l'intégration française en s'appuyant sur l'Islam et sur la culture musulmane, est en pleine crise. La mort de son principal leader, Ben Badis, le prive de chef et de perspectives.
*Le courant réformiste est formé de bourgeois et d'intellectuels musulmans. Réformistes attachés à la voie légale, ils ont comme chef Ferhat Abbas et Ahmed Francis. Longtemps partisans de l' intégration à la France, ils se sont décidés tardivement (durant la guerre) en faveur de la République algérienne. Rassemblés dans l' Union démocratique du Manifeste Algérien (UDMA), ils espèrent parvenir à ce résultat avec l' accord de la France. Mais toute l' évolution des Français depuis 1946 montre que cette perspective est irréaliste.
* Le courant révolutionnaire et activiste est mené par Messali Hadj. Les messalistes, rassemblés dans le mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (M.T.L.D.) sont les artisans des émeutes de mai 1945 dans le Constantinois qui ont donné lieu à une répression vigoureuse. Leur victoire électorale aux municipales de 1947 n' a fait que renforcer celle-ci. Aussi dès cette date, songent-ils à passer à l' action directe contre les Français et créent à cette fin l'O.S (Organisation Spéciale) sous la direction d'Ahmed Ben Bella. Mais, pourchassé par la police et la gendarmerie, le M.T.L.D. connaît une crise permanente. Exilé en France, son chef, Messali Hadj entre en conflit avec le comité central de son parti (les"centralistes"). La crise et les scissions se multiplient. Là aussi, l'impasse est totale. Or, l'immobilisme qui résulte de cette absence d'interlocuteur est grave, compte tenu des problèmes que connaît l'Algérie de 1954.
¤ Les problèmes économiques et sociaux constituent la troisième cause du déclenchement de la guerre d'Algérie. l'économie algérienne est en effet dualiste. On voit vivre côte à côte une agriculture moderne aux mains des Européens, disposant de crédits, de machines et tournée vers l'exportation du vin, des céréales, des agrumes, des primeurs, et une agriculture musulmane routinière et peu productive, mais qui concerne la plus grande partie de la population. De la même manière, on constate un début d'implantation de l'industrie du fait des groupes financiers français qui commencent à investir outre-méditerranée, alors que les musulmans sont pour la plupart privés d'emplois industriels et tributaires de l'artisanat, condannnés au chômage ou à des emplois précaires lorsqu'ils sont citadins. Au total, la majorité des musulmans connaît la sujétion économique.
Cette économie dualiste est à l'origine d' une société inégalitaire. Les 984 000 Européens (dont 80% sont nés en Algérie) sont en grande majorité des citadins, ouvriers ou membres de la classe moyenne commerçants, cadres,employés). Leur niveau de vie est dans l'ensemble médiocre, comparé à celui de leurs homologues de la métropole. Mais cette population refuse toute réforme qui donnerait l 'égalité aux musulmans. Même modeste, elle se montre donc résolument conservatrice et attachée à son statut qui lui donne une supériorité sociale sur la masse de la population musulmane. Celle-ci qui est numériquement majoritaire (on compte 8 400 000 musulmans) connaît en outre une véritable explosion démographique (sa croissance est de 2,5% par an), ce qui aggrave les problèmes du pays. En effet seuls deux millions de musulmans ont un niveau de vie comparable à celui des Européens. Les autres souffrent de la pauvreté, d'une scolarisation insuffisante (18% seulement des enfants musulmans sont scolarisés) et de sous-administration (l'arrêt du recrutement des administrateurs en 1947 livre la population à des auxiliaires indigènes qui l'exploitent).
Dès la fin de la première guerre mondiale, le choix des peuples à disposer d’eux-mêmes, théorie chère au président des Etats-Unis, commençait à troubler le monde colonisé.
Le projet de royaume arabe de l’ émir Feyçal, inspiré par le colonel Lawrence, donnait consistance aux idées d’indépendance qui se développaient en Afrique du Nord ;
En Tunisie, le bey Moncef, dont l’ attitude à l’ égard des Allemands fut jugée trop favorable, dut abdiquer en 1934.
L’agitation latente s’amplifie sous le règne de Sidi Lamine, et la Tunisie obtenait son indépendance en 1956. Le 25 juillet de l’année suivante, le leader Bourguiba était proclamé président de la République. La dynastie husseinite avait vécu.
Au Maroc, le sultan Mohammed ben Yousef, trop lié avec les nationalistes, était déposé en 1933, au profit du trop âgé Sidi Mohammed ben Arafa. Avec le retour au trône de Yousef, le Maroc accéda à l’indépendance en 1956.
Si le Maroc et la Tunisie avaient accepté, bon gré mal gré le protectorat français dont ils avaient apprécié les avantages, l’Algérie, possession Turque en 1830, et qui, déchirée par l’antagonisme des tribus, n’avait jamais connu d’unité politique, était devenue partie intégrante de la France. Son accession à l’indépendance fut beaucoup plus douloureuse. Sept années de guerre et de souffrance allaient mettre fin à 130 années de vie commune entre maghrébins et européens.
La terrible crise de mai 1945 qui avait soulevé la région de Sétif et provoqué une répression meurtrière avait eu pour cause immédiate, la misère économique et d’une façon plus générale la sensibilisation de la population algérienne aux événements mondiaux, aux régions du monde islamique, à la propagande des mouvements nationalistes. Mais tous ces événements n’avaient fait que d’ajouter à une crise profonde : L’inégalité croissante entre les deux communautés.
L' ensemble de ces problèmes explique le déclenchement de l'insurrection de la Toussaint de 1954.
C’est bien la réaction du désespoir devant un destin injuste, qui avait déchaîné la violence, puisqu’il n’existait d’autre moyen de se faire entendre.
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