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Son paletot fané était bardé d’insignes et de médailles. Des médailles de toutes sortes. Mais aussi et surtout des drapeaux algériens sur la casquette, les épaulettes, les manches et la poitrine. L’emblème national raflait la vedette. Il trônait en pins et écussons. En tissu et en métal. Il ne disait rien de ce qu’il endura pendant la guerre d’Algérie. C’était atroce. De son vagabondage à travers l’ouest algérien, il tirait profit et respect. Il était nourri, logé et blanchi par les bonnes âmes. Les bonnes âmes qui savent ce que sont les séquelles de la guerre. Le vieil homme se disait ami des plus grands hommes de la révolution algérienne. Il a côtoyé Boumediene, Belhouchet, Mohamed Salah Yahiaoui et même Amirouche. Il était paisible, calme et aussi reconnaissant aux gestes de ses bienfaiteurs. Partout où il passait, il laissait les gens sur leur soif. Mais tous étaient d’accord que c’est un « moudjahid qui a perdu la raison après quelques accrochages où il perdit un ami cher ou reçu une blessure à la tête ». Des cas similaires, on en avait partout. Que nenni ! Bachir était originaire des environs de Tipaza. De Cherchell, de Hadjret Nouss ? Lui, il se faisait passer pour un gars de Ténès. A la fin de sa vie, il paraissait plus à Cherchell que n’importe où ailleurs. Durant la guerre d’Algérie, il servait dans les rangs de l’armée coloniale. Un harki. Abandonné par ses chefs au moment de la débandade, il fut pris par les valeureux Moudjahidine. Allongé sur le côté pour être égorgé, il dut son salut à quelque bienfaiteur au gros cœur. Et c’est à ce moment-là qu’il perdit la raison en effaçant entièrement sa vie pour la remplacer par celle d’un moudjahid fictif.
Réflexion
Mardi 23 Août 2011
Ramadaniyate
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