Le monde de la musique andalouse est endeuillé par la disparition tragique de Sid Ahmed Korchi, président de l’association Errachidia de Cherchell.
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Une foule impressionnante était présente lors de son enterrement, mercredi dernier en fin de soirée. Des femmes, des hommes et des anonymes sont venus non seulement des localités de la wilaya de Tipasa, mais aussi des wilayas d’Alger, Blida, Aïn Defla et de Médéa pour accompagner le défunt à sa dernière demeure. Le cimetière de Cherchell était éclairé par des projecteurs mis en place par la Protection civile et la commune de Cherchell. «On se croirait à un spectacle en pleine nuit à l’intérieur de ce cimetière», nous murmure cet artiste venu de la capitale.
L’émotion et la mine triste étaient visibles sur tous les visages. Sid Ahmed Korchi, enseignant en musique, père de 3 enfants en bas âge, allait fêter ses 45 bougies le 25 novembre prochain. Il a vécu une enfance dramatique. En effet, il était né huit jours après le décès de son père. Très jeune, il a intégré l’association Errachidia. Il y a fait toutes ses classes.
Lors des événements malheureux qui avaient marqué le pays pendant la fin des années 80, l’association avait enregistré alors le départ de ses cadres et de certains élèves. Sid Ahmed Korchi, devenu l’un des anciens élèves, a pris ses responsabilités. Il a invité ses plus proches compagnons de l’association à prendre en charge les élèves qui fréquentent les classes d’Errachidia, craignant sa disparition. Des moments difficiles. Il a été désigné par ses pairs et quelques parents d’élèves au poste de président de l’association Errachidia de Cherchell. Une renaissance timide et dure pour cette école de musique andalouse.
Tenace, contre vents et marées, Sid Ahmed Korchi a réussi son pari en métamorphosant l’association. Elle a été invitée à participer à des manifestations musicales dans toutes les wilayas ainsi qu’à l’étranger, notamment dans les pays arabes et européens. Sous son règne, la ville de Cherchell avait abrité les semaines andalouses. Toujours affable, le défunt au visage angélique répondait à toutes les sollicitations sans ménager ses moyens financiers et sa santé. Il affichait une incroyable sérénité et un calme face à ses interlocuteurs et ses élèves, même pendant les moments critiques. Un bon encaisseur.
Sa dernière apparition aura été, le 4 novembre dernier, à l’hôtel Hilton à Alger, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du quotidien national arabophone, El Khabar. Ses musiciens avaient remarqué que Sid Ahmed Korchi n’était pas joyeux comme d’habitude et se plaignait de fatigue. Etrangement, en dépit de son état physique des mauvais jours, Il n’a pas cessé de photographier durant toute la soirée son orchestre composé de ses meilleurs musiciens, accompagné de jeunes musiciennes, dirigé, comme à son accoutumée, par son complice Kamel Sebbagh.
Ce fut sa dernière prestation. Alors qu’il commençait à faire nuit mercredi passé, parmi la foule qui s’est agglutinée devant le domicile mortuaire, nous avons relevé la présence des grands artistes algériens venus d’Alger et de Blida, des hauts cadres du département ministériel de Khalida Toumi, des représentants du wali de Tipasa et du wali de Blida, des présidents et responsables d’associations musicales de Koléa, d’Alger, de Hadjout, de Blida, des journalistes photographes, mais surtout beaucoup de collégiens et lycéens. La dépouille de cheikh Sid Ahmed Korchi venait d’arriver d’Oran. Terrassé par une crise cardiaque, il avait rendu l’âme à Es Senia (Oran). L’un des promoteurs de la musique andalouse en Algérie s’en est allé dans la discrétion.
M'hamed Houaoura
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