Mohamed al-Dura
Peinture murale représentant Mohamed et son père, avenue Al Qods à Bamako.
La parution du livre de Charles Enderlin « Un enfant est mort » (éditions Don Quichotte) consacré à Mohamed al-Durah assassiné le 30 septembre 2000 par des tirs israéliens m’a fait penser à ce poème que Darwich consacre à l’enfant dont la caméra de France 2 a filmé l’assassinat en direct.
Oiseau craignant l’enfer du ciel, Mohamed nidifie dans le giron de son père
Protège-moi père de m’envoler très haut
Mes ailes sont encore petites pour ce vent et noire est la lumière
Mohamed aimerait rentrer chez lui-même sans vélo
Sans chemise neuve il aimerait être sur le banc de l’école
Devant le cahier de grammaire et de conjugaison : ramène-moi à la maison père
Que je prépare mes leçons et que je finisse ma vie petit à petit
Au bord de la mer, sous les palmiers sans rien au-delà
Sans rien au-delà
Mohamed, sans pierre ni éclats de météorite, affronte une armée
Il n’a pas fait attention au mur pour écrire : ma liberté ne mourra pas
Car il n’a pas encore de liberté à défendre
Ni d’horizon pour la colombe de Pablo Picasso
Il ne fait encore que naître, naître dans la malédiction que lui donne son nom
Combien de fois naîtra-t-il de lui-même, enfant du manque, auquel il manque un pays
Auquel il manque un rendez-vous avec l’enfance
Où pourrait-il rêver si le songe se présentait
Alors que la terre est blessure et temple ?
Mohamed voit venir sa mort inexorablement
Mais il se souvient d’un guépard qu’il a vu à la télé
Un guépard très fort traquant une antilope encore nourrisson
Et s’approchant d’elle, il a senti l’odeur du lait et ne l’a donc pas dévorée
Comme si le lait domptait les bêtes sauvages
Donc, se disait l’enfant, je m’en sortirai
Et il pleura, car ma vie est rangée là-bas dans l’armoire de ma mère
Je m’en sortirai Soyez-en témoin
Mohamed est un ange pauvre à deux doigts
Du fusil d’un chasseur au sang froid
Cela fait une heure que la caméra guette les gestes de l’enfant qui s’isole dans son ombre
Son visage est clair
Comme le jour ; clair est son cœur comme une pomme, clair. Et ses dix doigts
Sont comme des bougies claires et la rosée est claire sur son pantalon
Son chasseur aurait pu y penser une seconde
Et se dire : j’attendrai qu’il puisse épeler correctement sa Palestine
Je le laisse maintenant, il ne dépendra que de ma conscience
Je le tuerai demain lorsqu’il s’insurgera
Mohamed est un petit Jésus dormant et rêvant au cœur d’une icône
Taillée dans le cuivre
Dans une branche d’olivier et dans l’âme d’un peuple qui s’est renouvelé
Mohamed est le sang dont les prophètes n’ont pas besoin
Pour ce qu’ils cherchent
Monte donc vers le lotus final, Mohamed.
(traduction Jalel El Gharbi)
مُحمَّدْ
يُعَشِّشُ في حِضنِ والدهِ طائراً خائفاً مِنْ جحيمِ السماءِ
احمني يا أبي مِنْ الطَيرانِ إلى فوق
إنَّ جناحي صغيرٌ على الريحِ... والضوءُ أسْوَدْ
مُحمَّدْ، يريدُ الرجوعَ إلى البيتِ، مِنْ دونِ دَرَّاجة...
أو قميصٍ جديدْ يريدُ الذهابَ إلى المقعد المدرسيِّ...
الى دَفترِ الصَرْفِ والنَحْوِ: خُذني الى بَيْتنا،يا أبي،
كي أُعدَّ دُرُوسي وأكملَ عمري رُوَيْداً رويداً..
. على شاطئِ البحرِ، تحتَ النخيلِ ولا شيءَ أبْعدَ،
لا شيءَ أبعَدْ
مُحمَّدْ ،
يُواجهُ جيشاً، بلا حَجرٍ أو شظايا كواكب،
لم يَنتبه للجدارِ ليكتُبَ: "حُريتي لن تموت".
فليستْ لَهْ، بَعدُ، حُريَّة ليدافعَ عنها.
ولا أفُقٌ لحمامةِ بابلو بيكاسو.
وما زالَ يُولَدُ، ما زالَ يُولدَ في اسمٍ يُحمِّله لَعْنةَ الإسم.
كمْ مرةً سوفَ يُولدُ من نفسهِ وَلداً ناقصاً بَلداً...
ناقصاً موعداً للطفولة؟
أين سيحلَمُ لو جاءهُُ الحلمُوالأرضُ جُرْح... ومَعْبدْ؟
مُحمَّدْ، يرى موتَهُ قادِماً لا محالةَ.
لكنَّهُ يتذكرُ فهداً رآهُ على شاشةِ التلفزيون،
فهداً قوياً يُحاصرُ ظبياً رضيعاً.
وحينَ دنا مِنهُ شمَّ الحليبَ، فلم يفترِسهُ.
كأنَّ الحليبَ يُروِّضُ وحشَ الفلاةِ.
اذنْ، سوفَ أنجو - يقول الصبيُّ -
ويبكي: فإنَّ حياتي هُناك مخبأة في خزانةِ أمي،
سأنجو... واشهدْ.
مُحمَّدْ، ملاكٌ فقيرٌ على قابِ قوسينِ مِنْ بندقيةِ صيَّادِه البارِدِ
الدمِ.
من ساعةٍ ترصدُ الكاميرا حركاتِ الصبي الذي يتوحَّدُ في ظلِّه وجهُهُ،
كالضُحى، واضح قلبُه، مثل تُفاحة، واضح وأصابعُه
العَشْرُ، كالشمعِ، واضحة والندى فوقَ سروالهِ واضح...
كان في وسعِ صيَّادهِ أن يُفكِّر بالأمرِ ثانيةً،
ويقولَ : سـأتركُهُ ريثما يتهجَّى فلسطينهُ دون ما خطأسوف أتركُهُ الآن رَهْنَ ضميري وأقتلُه، في غدٍ، عندما يتمرَّدْ
مُحمَّدْ، يَسُوع صغير ينامُ ويحلمُ في قَلْبِ أيقونةٍ
صُنِعتْ من نحاسْ ومن غُصْن زيتونة ومن روح شعب تجدَّدْ * *
مُحمَّدْ، دَمٌ زادَ عن حاجةِ الأنبياءِ إلى ما يُريدون،
فاصْعَدْ الى سِدرة المُنْتَهى يا مُحمَّدْ!
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