Albert Camus signe là un livre d'une beauté intense et d'une simplicité désarmante. Il y expose la neutralité d'un homme que rien ne bouleverse.
Avec ce premier roman paru en 1942, Albert Camus s'offre la célébrité. Entre oisiveté et tragédie, cette histoire somme toute banale nous plonge dans l'absurdité d'un destin.
Douceur, soleil, bon vivre, négligence d'un homme qui refuse la contrainte… Meursault vit les choses de manière totalement détachée. Obligé de supporter ce soleil, cette mer, cette chaleur, ce travail, cette mère décédée, ce patron curieux, ces amis, il nous offre un personnage d'une étrange transparence.
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L'Etranger, un homme dans l'instant
Meursault est un héros… de la banalité. Le cours de ses journées est jalonné d'événements - une baignade, Marie, un travail routinier, une cigarette à la fenêtre, regarder les passants - aussi importants que ces étapes de la vie auxquelles il est confronté : la mort et l'enterrement de sa mère.
Il consume sa vie dans le moment présent. Le passé et l'avenir ont peu de signification. Il joue, il brûle, il attend, jusqu'à ce moment inattendu où il agit. Une seconde. Puis retourne à cette sorte de léthargie des sentiments au-delà même de son exécution.
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L'Etranger, un homme absent
Meursault est un être anesthésié, et pourtant ancré dans une vraie temporalité. C'est un observateur de surface. Un être physique et non spirituel. Il y a cette mer, ce soleil, et la peau de cet homme dans le jeu des vagues. D'ailleurs, de Marie, il ne retient souvent que la robe et la peau brunie.
Meursault est un être qui sent et non ressent, qui transpire et non pleure, qui cherche la chaleur d'un corps, la caresse de la mer, plutôt que la parole. Il est un être emmuré et pourtant rien n'évoque autant la liberté que cet homme.
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L'Etranger, dans l'ombre et la lumière d'Alger
La mer, la chaleur, l'éclat d'une lame qui trouble la vue, le meurtre, puis l'ombre, la prison, la mer à travers la fenêtre de la cellule, même là, tout est fait pour créer une atmosphère changeante autour un homme que rien ne perturbe. Albert Camus offre à son personnage l'éclairage direct, franc et violent de cette ville qu'il connaît bien pour ne lui laisser aucune part d'ombre. Meursault ne dissimule rien. Il incarne par sa présence toute la vérité et la crudité de son être.
L'Etranger est une lecture qui nous emporte comme un courant d'air frais vers Alger et la vie d'un homme qui malgré son acte insensé pourrait ressembler au commun des mortels.
Voilà un personnage qui a imaginé son exécution comme le bienveillant regard de haine de ce monde indifférent, et surtout comme une façon d'exister pour de bon.
Diane AJINA
http://litteraturecontemporaine.suite101.f...trange-humanite
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