Le bonheur est l'impératif catégorique de la pensée camusienne.
Il est le fruit d'une exigence méconnue par les imbéciles :" Il n'y a pas de honte à être heureux.
Mais aujourd'hui l'imbécile est roi , et j'appelle imbécile celui qui a peur de jouir " , écrit le narrateur de Noces à Tipasa ( Noces ) au terme d'une journée de plénitude , où le bonheur a d'abord été physique , lié aux joies du corps en harmonie avec la nature.
Sur la priorité du bonheur , que revendiquait Nietzsche en des termes voisins dans La Généalogie de la morale , on pourrait discerner des nuances au fil de la pensée de Camus.
" Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul " , note Rambert dans La Peste.
Aussi bien le spectateur de l'Etat de siège sera peut-être choqué d'entendre Diego s'écrier : " Je dois m'occuper d'être heureux. "
Mais son exigence personnelle est le corollaire du cri lancé par le Choeur : " Bonheur , bonheur ! Voici l'été ! Qu'importe le reste , le bonheur est notre fierté. "
Le bonheur personnel n'est pas honteux , en effet , du moment qu'il est conçu comme un moyen d'aider les autres.
" Pourtant moi , je suis plutôt tenté de croire qu'il faut être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur " , déclare Camus quelques mois avant de mourir ( " Gros plan " télévisé , 12 mai 1959 ).
Dans le même entretien , il déplore qu'il faille aujourd'hui avouer son bonheur comme s'il s'agissait d'une faute.
C'est que , dit-il , de nos jours , " les puissants sont souvent les ratés du bonheur " ( ibid ).
La quête du bonheur à tout prix engendre pourtant , dans son oeuvre , des héros négatifs et tragiques.
Source Le Monde / Hors - Série CAMUS
Par FABIENNE
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