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Tipaza, où l'architecte Fernand Pouillon, en exil, a réalisé en 1971 un ensemble très différent du reste de son œuvre.
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Tipaza, 80 kilomètres à l'ouest d'Alger. Lové sur un éperon rocheux, les pieds dans l'eau, derrière une pinède qui craque de soleil, la Corne d'Or est l'archétype du village de vacances méditerranéen : pseudo-mauresque et un peu grec, avec murs blanchis à la chaux, volets bleus, loggias ombragées, théâtre de plein air, plage de sable blanc... C'est là, dans le «préféré de [s]es villages», que Fernand Pouillon (1912-1986), l'architecte des lieux et de quelques centaines d'autres complexes touristiques et hôteliers construits en Algérie après l'indépendance, venait, paraît-il, se «reposer». Quelques éléments, cependant, dissonent dans ce trop joli tableau. D'abord, cette architecture folklorisante, «pensée comme un décor où le touriste, plongé dans une pièce de théâtre qui dure quinze jours, se promène en changeant de scène, de tableau, de plateau», effectivement revendiquée par Pouillon, n'est pas vraiment à la hauteur du grand architecte qui, envers et contre tous, a imposé les élégants immeubles de pierre blonde qui encadrent la mairie sur le Vieux-Port de Marseille (1951-1955) ou qui a construit le Point-du-Jour à Boulogne-Billancourt (1958-1963), et surtout les cités de Diar-es-Saâda (1953), Diar-el-Mahçoul (1954) ou Climat de France (1955), à Alger. Toujours debout malgré la surpopulation et le manque d'entretien. Et, malgré la prolifération d'antennes paraboliques, tellement majestueuses avec leurs façades de pierre et leurs lourdes colonnades que beaucoup d'habitants d'aujourd'hui saluent encore la mémoire de «monsieur Pouillon».
En regard, la trop mignonne Corne d'Or de Tipaza
(terminée en 1971) néglige cette rigueur formelle, ce néoclassicisme à
la fois puissant, moderne et monumental qui caractérise les riches
heures de ce grand bâtisseur ; il manque aussi, comme au sympathique
village-club juste en face ou, un peu plus loin sur la baie, au gros
hôtel de Matarès adossé à la plage comme une forteresse de l'Atlas, ce
soin apporté aux petits détails, la découpe des balustres,
l'inventivité graphique des claustras et des moucharabiehs, la
générosité des espaces communs, cages d'escalier en céramique, jardins
luxuriants, places ornées de fontaines, de plans d'eau et d'oeuvres
d'art. Et puis, ultime petite fausse note que relèveraient tous ceux
qui l'ont connu : Fernand Pouillon ne se « reposait » pas. Ni ici, ni
nulle part. Au mieux, de passage à la Corne d'Or, ce travailleur
fiévreux sans cesse sur mille affaires remâchait-il sa hargne et sa
rancoeur. Contre la France, ses juges et ses politiciens qui l'ont jeté
en prison comme un vulgaire voleur de Mobylette. Contre la médiocrité
de trop de ses confrères qui, au prétexte de loger les pauvres, ont
commis des «cités livides et des rues casernes». Contre le Conseil de l'ordre des architectes, qui l'a radié et contraint à l'exil...
et sa rapidité de réaction signent vite sa fortune.
Fernand Pouillon n'a pas 35 ans quand la France est libérée. A Marseille, sa ville, tout manque, tout est à faire. Son génie de la débrouille, son entregent et sa rapidité de réaction signent vite sa fortune. Il transforme ainsi en quelques jours un ancien grand magasin en bureau pour l'armée américaine. Il construit sans délai et à très petit prix (avec des briques volées à la même armée américaine) un abri pour des prisonniers libérés. Il décroche bientôt, près du quartier du Panier, la construction de la cité HLM de la Tourette, aujourd'hui encore en parfait état, très prisée par ses habitants, qui apprécient les appartements traversants, les grandes cuisines où l'on peut dîner en famille, les vastes loggias au couchant avec vue sur la Bonne Mère.
Mais sa grosse affaire, c'est le quai nord du
Vieux-Port, à Marseille, rasé par les Allemands en 1943. Sa
reconstruction est alors une priorité nationale. Le ministre de la
Reconstruction insiste ; le maire, l'architecte en chef, les huiles
mobilisent la fine fleur des Grands Prix de Rome. Le projet qui sort
enfin du chapeau, signé d'un certain André Lecomte, se veut moderne :
il s'agit d'une seule barre de 600 mètres de long. En béton,
évidemment. Pouillon s'insurge. Non pas seulement parce qu'il veut ce
chantier ; sincèrement, il juge la proposition inique. Au nom du «pays de [s]on enfance, sous ce climat qui aime l'architecture et la défend par des armes de lumière ! »
Bref, sur le port, à côté du vieil hôtel de ville du XVIIe siècle,
c'est en pierre qu'il faut construire, avec une volumétrie qui respecte
le site «sans trahir la modernité». A force
d'intrigues, de coups de force, petits cadeaux, flatteries, surenchères
et peaux de banane, mais à l'aide aussi d'un bien meilleur projet,
Pouillon finit par faire stopper les travaux entamés et pique l'affaire
du confrère ! Du jamais-vu. Dans le milieu, sa réputation est scellée.
En véritable condottiere, il ne fera rien pour la contredire, au
contraire. Flambeur, insolent, sensuel et sans scrupules, le «corsaire de l'architecture»,
comme il se nomme lui-même, soigne aussi bien ses amis qu'il humilie
ses (nombreux) ennemis. Jolies femmes, belles voitures, costumes des
meilleurs faiseurs, ce provocateur affiche volontiers des idées
communistes tandis qu'à Aix, dans sa villa, où, dit la légende, le
whisky coule d'une fontaine, ses fastueuses soirées exaspèrent ceux qui
n'y sont pas invités. Face sombre.
peuvent s'édifier à des prix bas”.
Mais le jour, Pouillon est bâtisseur. Son créneau : le logement, contrairement à ses confrères stars qui préfèrent les églises ou les ministères. Son credo : «l'architecture, le confort et le bonheur peuvent s'édifier à des prix bas». Dès l'aube, il est sur le chantier, surveille tout, la qualité du béton, le bon geste d'un maçon ou celui qui salope le boulot (et prend une dégelée). Infatigable, il décide de tout, de la taille de la pierre, du sens de pose des briques, des solutions techniques pour aborder tel ou tel angle. A ses collaborateurs, aux ouvriers, aux entrepreneurs - qu'il connaît tous par leurs prénoms -, il demande le maximum ; il ne laisse rien passer, mais tient ses promesses rubis sur l'ongle, et ses fêtes de fin de chantier restent longtemps dans les mémoires : on parle encore aujourd'hui à Alger du gigantesque méchoui de l'inauguration de Diar-el-Mahçoul. Jaloux de son savoir et de sa vision, le patron ne délègue que le minimum pour rester seul maître, de bout en bout. Homme de communication, il sait aussi faire parler de lui avec des formules chocs. A Aix-en-Provence, il s'engage ainsi à construire « deux cents logements en deux cents jours pour 200 millions ». Sur le site, un gigantesque calendrier égrène le compte à rebours. Il tiendra le pari. Et recommencera souvent l'exercice, «pour le plaisir, pour me tuer, pour vieillir plus vite».
C'est à cette époque, en mai 1953, qu'il est
convoqué par le maire d'Alger, Jacques Chevallier. Pouillon saute dans
un avion, est reçu avec les honneurs, emmené illico sur les hauteurs de
la ville. Et là, c'est le choc, comme il l'écrit dans ses Mémoires : «
Je découvrais au loin la casbah, une vraie ville dans le désordre
agressif des architectures européennes. Elle apparaissait comme une
onctueuse crème fouettée au milieu de la pagaille d'une table au
dessert, blanche avec des ombres douces.» Début d'une
histoire d'amour pour ce pays de soleil. Début aussi d'une course en
avant qui signera sa perte. En effet, tandis qu'il s'engage à Alger
dans la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, il
continue ses chantiers dans le sud de la France, et s'attaque bientôt à
l'Iran, où il fréquente le shah, épouse une princesse (sa troisième
femme, il en aura d'autres) et conçoit une ville militaire à Chahabad
(1954-1958) et les gares de Tabriz et de Machad (1954-1964)... Son
agence, une des plus grosses de France, compte bientôt plus d'une
centaine de collaborateurs. Et lui court d'Alger à Marseille, d'Aix à
Téhéran, 10 000 kilomètres en avion par semaine. Il se ruine la santé,
mange mal, dort peu, croque du Maxiton comme s'il s'agissait de bonbons
et fume cigarette sur cigarette. Avec, au creux du ventre, la
frustration du provincial : maintenant, c'est Paris qu'il veut !
affairistes et promoteurs immobiliers de ces premières
années du gaullisme voient d'un mauvais œil
ce grand maigre aux dents longues.
Paris, où il arrive avec une idée en tête : casser les prix. Pour appuyer sa conquête, il s'acoquine avec une brochette de margoulins (qu'il espère manipuler) et crée le Comptoir national du logement (CNL), une sorte de consortium gigogne qui s'occupe de tout : d'architecture, mais aussi de foncier, d'études techniques, de fournitures des matériaux, de revente. Un mélange des genres interdit par la loi et la déontologie, mais Pouillon n'en a cure. Sauf que là il s'attaque à plus gros et plus méchant. Bien assis sur leur fromage en pleine expansion, affairistes et promoteurs immobiliers de ces premières années du gaullisme voient d'un mauvais œil ce grand maigre aux dents longues qui vient chasser sur leur terre. Au premier faux pas, ce sera la curée. En l'occurrence, Pouillon trébuche sur l'opération du Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt, où il vend des appartements sur plans pour financer la construction. Mais le chantier prend du retard, les acquéreurs portent plainte. La justice s'en mêle et découvre une cascade de malversations. Le 5 mars 1961, Fernand Pouillon et ses quatre acolytes sont arrêtés, accusés de faux bilan, détournement de fonds, abus de biens sociaux. Le soir même, ils dorment à la Santé. A la fin de la semaine, Fernand Pouillon est admis à l'infirmerie de Fresnes pour troubles pulmonaires. En juillet, il est transféré dans une clinique de Ville-d'Avray, d'où il s'évade dans la nuit du 8 au 9 septembre 1962. Pendant trois mois, il vit dans une cabane au fond des bois, dans la Loire, puis passe en Italie, dans une maison pleine de courants d'air sur les hauteurs de Fiesole, près de Florence, où il écrit ses Mémoires et rumine sa défense. Le procès s'ouvre le 2 mai 1963, sans lui. Le 14, il débarque en pleine audience et sort le grand jeu. En vain. Exsangue, ne pesant plus que 46 kilos pour son mètre 90, c'est allongé sur une civière, les yeux clos, la bouche entrouverte, que le 13 juillet il entend le verdict : quatre ans de prison (ramenés à trois en appel).
Il profitera de sa détention pour écrire Les Pierres sauvages, un formidable manifeste pour l'architecture vue par les yeux d'un moine bâtisseur du XIe siècle (prix des Deux Magots 1965, sans cesse réédité). Libéré le 22 février 1964, mais radié de l'Ordre, il ne peut, pour continuer à construire, que choisir l'exil. Ce sera donc l'Algérie de Boumediene, avec une mission pour le moins paradoxale : lui, le spécialiste du logement social, ne devra s'occuper que d'infrastructures de tourisme et de loisirs. Certains de ses hôtels, dans le désert, sont magnifiques de force et de pureté. Mais aujourd'hui, hélas, un peu vides et délabrés...
Luc Le Chatelier
Télérama n° 3105
A LIRE
“Les Pierres sauvages”, de Fernand Pouillon, éd. Points Seuil, 271 p., 7 EUR.
“Mémoires d'un architecte”, de Fernand Pouillon, éd. du Seuil, 480 p., 31 EUR.
“Fernand Pouillon”, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Lucien Bonillo, éd. Imbernon, 256 p., 59,45 EUR.
Pouillon l'Algérien, guide pratique
S'y rendre : une fois le visa de tourisme en poche -
48 heures et 33 EUR -, plusieurs vols quotidiens rejoignent Alger, à
partir de 350 EUR A/R.
Se déplacer : mieux vaut louer une voiture avec
chauffeur qui connaît les routes et les usages (compter 4 000 dinars
[40 EUR] par jour, renseignements sur place dans les agences de
voyages).
Dormir : El-Djazaïr, ancien hôtel Saint-Georges,
abrita Kipling ou André Gide. Rénové par Pouillon en 1982, catégorie
luxe (env. 200 EUR la nuit). Plus décati, à peine moins chic, le Safir
(ancien hôtel Alitti), avec une vue imprenable sur le port (env. 70 EUR
la nuit). Et, partout sauf à Alger, tous les hôtels construits par
Pouillon, comme le village de vacances la Corne d'Or à Tipaza (60 EUR à
80 EUR par jour et par personne).
Voir : à Alger, les cités, construites par Pouillon
avant l'Indépendance, de Diar-es-Saâda (la tour Totem du sculpteur Jean
Amado) ou les deux cents colonnes de Climat de France (ne pas y aller
seul). Non loin, à Sidi Fredj, l'hôtel Marsa, le Ryad, le port de
plaisance... Et 300 autres projets dans tout le pays, repérables sur www.fernandpouillon.com
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Fernand Pouillon, monumental architecte
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Ses imposants bâtiments ont marqué les années de reconstruction qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, que ce soit sur le Vieux-Port à Marseille ou dans le quartier du Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt. Cet amoureux de la pierre a construit 50 000 logements en France, en Algérie et en Iran. Avant tout très rigoureux, il s'est égaré à partir de 1966 dans une architecture plus folklorique, comme par exemple à Tipaza, en Algérie. Zoom sur un architecte trop peu reconnu.
La cité Climat de France à Alger, monumentale, toujours debout malgré le manque d'entretien, montre toute la puissance de l'architecture de Fernand Pouillon. -
Contrairement à son quasi-contemporain Le Corbusier, l'architecte Fernand Pouillon (1912 – 1986) n'est pas enseigné dans les écoles d'architecture. Sans doute parce que le personnage, sulfureux et sans scrupule, avait, de son vivant, un peu trop occupé les pages « people » des gazettes avant de connaître l'infamie des cellules de la Santé...
Pourtant, avec ses immeubles néo-classiques du
Vieux-Port ou de la Tourette à Marseille, du Point-du-Jour à
Boulogne-Billancourt, et plus encore les cités qu'il a construites en
Algérie avant l'indépendance, Fernand Pouillon a toute sa place dans la
petite famille de ceux qui ont marqué la construction française au XXe
siècle : Hector Guimard et ses maisons Art nouveau, les frères Perret
et leur utilisation révolutionnaire du béton (comme au Havre), Robert
Mallet-Stevens le pourfendeur de l'ornementalisme (villa Noailles à
Hyères), Jean Prouvé, génie du métal et de la maison en kit, et
bien-sûr l'incontournable doctrinaire du modernisme, Le Corbusier ou
ses successeurs du mouvement brutaliste (atelier de Montrouge, etc)…
Mais contrairement à Corbu, qui a beaucoup théorisé et
finalement très peu construit (des bâtiments qui structurellement
vieillissent mal), Fernand Pouillon, vrai homme de chantier, a peu
écrit sur ses pratiques, mais aligne au final quelques trois millions
de mètres carrés et 50 000 logements en France, en Algérie et en Iran
(plutôt en bon état malgré le manque d'entretien).
L'architecture de Fernand Pouillon, d'une
monumentalité à la fois moderne dans son agencement intérieur (double
exposition, grandes cuisines, loggias abritées et espaces communs
soignés) et très classique dans son aspect, présente un certain nombre
de constantes.
1/ La pierre
« Les chapelles d'architecture modernes me l'ont toujours reproché : être de son temps, c'est construire en béton et en acier, sinon on n'est pas dans le coup »,
écrit Pouillon dans ses mémoires. Pour cet homme du midi, le matériau
de prédilection, celui qui sait prendre la lumière et embellit avec le
temps, c'est la pierre. Il en fait l'éloge dans Les Pierres sauvages
(éd. Points Seuil), le roman qu'il a écrit quand il était en prison, et
qui raconte, vu par les yeux d'un moine bâtisseur du XIe siècle, la
construction de l'abbaye du Thoronet, en Provence.
C'est paraît-il pendant la guerre, alors que le travail manque, que le jeune architecte Fernand Pouillon passe de longues semaines à l'abbaye cistercienne du Thoronet (Var) pour en relever minutieusement les plans, bases à la fois de ses pratiques futures et de ce roman auquel il pense déjà.
Au lendemain de la guerre, face aux besoins immenses de la reconstruction, alors que les matériaux manquent, la pierre reste compétitive. C'est donc en pierre qu'il construira la cité de la Tourette et les immeubles du Vieux-Port, à Marseille. En pierre aussi, les 200 logements à Aix-en-Provence. En pierre encore, (la même, celle de la carrière de Fontvieille, qui appartient à l'un de ses « associés »), qu'il bâtira de l'autre côté de la mer, à Alger, les cités Diar-es-Saâda (1953) et Diar-el-Mahçoul (1954).
Marseille Vieux-Port. Depuis leur construction entre 1951 et 1955, seul un des six immeubles du Vieux-Port, à Marseille, a été ravalé : la différence est infime tant la pierre a bien vieilli.
Malgré le manque d'entretien et la prolifération
des antennes paraboliques, les immeubles en pierre de la cité de
Diar-el-Mahçoul, construits en 1954, tiennent mieux que les HLM voisins
en ciment édifiés par les Soviétiques dans les années 70.
2/ La monumentalité
« Plus le logement est modeste, plus l'architecture doit être monumentale », martèle Pouillon dans ses mémoires. Dans toute la première partie de sa carrière, il se consacre essentiellement au logement, et en particulier au logement social. Mais construire pour les pauvres n'est pas pour lui synonyme de travail au rabais. Il s'en prend d'ailleurs vertement à ses confrères : « Pourquoi à l'ère atomique, alors que l'on découvre les espaces intersidéraux, n'est-il plus possible de créer de la beauté pour tous ? Pourquoi, de l'antiquité au XIXe siècle, l'harmonie était-elle partout, malgré l'absence des machines et de la démocratie ? Pourquoi, à l'époque du socialisme, de l'abondance, nous contraint-on à vivre dans des cités livides, des rues casernes ? Pouvez-vous croire que l'égout, l'eau, l'électricité, la salle de bain sont responsables de l'inconfort de l'âme ? »
Surnommée « les 200 colonnes », la cité Climat de France, à Alger, réunit plus de 1500 logements. Malgré la surpopulation et le manque d'entretien, le bâtiment, 50 ans plus tard, fait par sa prestance la fierté de ses habitants.
Pouillon travaillait avec des artistes pour embellir les façades, comme ce totem signé Jean Amado sur la façade de la tour de la cité de Diar-es-Saâda.
3/ Le sens du détail
Poignée de porte, céramiques des cages d'escalier, fontaines, bassins, plantations, les chantiers de Pouillon sont toujours excellemment bien terminés jusque dans les moindres détails.
Chaque porte, dans la cité HLM de la Tourette, à Marseille, est décorée par une sculpture originale de Jean Amado.
Aux Sablettes (1950-53), un petit village au bord de la mer sur la commune de La Seyne-sur-Mer, même les palmiers ont droit à leur mosaïque de galets.
Au Point-du-Jour (1958-1963), immense cité plutôt luxueuse sise à Boulogne-Billancourt, les parties communes, toujours accessibles depuis la rue sans digicode, ne manquent pas de panache.
Diar-el-Mahçoul. Derrière le linge qui sèche, quelque détails de céramiques...
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4/ La rupture d'après 1966
Est-ce la prison – entre 1961 et 1964 – qui l'a
cassé ? Est-ce l'exil en Algérie ? Est-ce le type de commande que lui
passe alors le gouvernement algérien ? Toujours est-il que les
innombrables équipements touristiques que Pouillon construit là-bas
entre 1966 et 1982, s'ils restent très bien dessinés, s'égarent dans le
folklore d'une architecture algérienne imaginaire, loin de cette
rigueur formelle qui faisait la force de ses premiers bâtiments.
Un peu mauresque, vaguement grec, le village-hôtel de la Corne d'Or, à Tipaza (80 km à l'ouest d'Alger) (1971)
Le petit port de la Corne d'Or : très joli, certes, mais sans force...
Ici, pour la résidence hôtelière de Matarès (1971), à Tipaza, Pouillon semble s'inspirer des forteresse de l'Atlas.
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Luc Le Chatelier
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Tipaza Matarès
Complexe, Hôtel de la Baie 1969
Extension du Complexe 1971
Tipaza Matarès est situé au pied du magnifique mont Chenoua. Si l’hôtel de la Baie est toujours ouvert au public, il ne semble pas en être de même dans la partie du complexe formée d’un petit dédale de rues, boutiques, bungalows avec patios, comme une petite casbah qui aurait survécu, difficilement, aux vicissitudes du monde contemporain. C’est pourtant la partie la plus poétique et charmeuse du complexe
http://www.fernandpouillon.com/association/albums/_algerie/tipaz_matar/index.html
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