2. Le contrat d’installation
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LE CONTRAT DE COLONISATION. - D’après le contrat qu’ils avaient signé, les colons devaient recevoir à leur arrivée une maison d’habitation en maçonnerie comprenant 2 pièces de 3,5 m x 5 m dans un lot rural de 20 m sur 30 m. De plus, diverses parcelles de terre dans des zones concentriques au village. Voici deux exemples de répartition de ces terres :
Lot Urbain maison et dépendance 6 a Zone Petits jardins (broussaille) 21 a 20 ca 1) zone : terre labourable 33 a 15 ca 2))zone : palmier 1 ha 62 a 51 ca 3° zone : labourable 2 ha 46 a 05 ca 3° Zone : broussaille 2 ha 51 a total 7 ha 19 a 91 ca
Dotation TOUPRI Lot urbain maison et dépendance 6 a Zone petits jardins (broussaille) 17 a 15 ca 1) Zone terre labourable et broussailles 32 a 95 ca 2) Zone palmier 1 ha 57 a 60 ca 3) Zone labourable 3 h a 02 a 40 ca 30 terre labourable et palmier nain 2 ha 18 a 40 ca total 7 ha 34 a 50 ca
On remarquera l’extrême division des terres. Cette répartition avait été faite de façon à donner à chacun des lots à peu près équivalents on capacité, en richesse du sol et en éloignement du village. Mais dans la pratique, elle créa des difficultés d’accès et d’exploitation presque insurmontables.
Les colons recevraient des instruments aratoires, des semences des animaux de travail. Pendant un an, ils percevraient journellement, outre une allocation de 10 centimes, des rations de vivres : 750 g de pain, 60 g de riz, 1/60° de kg de sel, 250 g de viande ou 200 g de lard, 125 g de pain de soupe, 1/4 de litre de vin, 12 g de sucre et 12 g de café, les enfants de moins de dix ans ayant droit à une demi-ration.
Les artisans seraient employés aux travaux d’installation du centre ; ils recevraient un lot de terre moins important, travaillé par la collectivité.
En retour, les colons devaient défricher leur lot et le mettre en valeur, procéder à des plantations d’arbres, à divers travaux d’entretien et d’assainissement.
Au bout de trois ans, ceux qui auraient rempli ces conditions seraient déclarés propriétaires de la maison et de la terre. Disons tout de suite qu’un tiers seulement de ceux qui reçurent leur titre de propriété avaient rempli les conditions imposées.
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L’INSTALLATION. - Fin janvier 1849, les cinq convois avaient rallié le centre. La population totalisait alors 865 personnes, ouvriers et artisans parisiens pour la plupart et leurs familles. La colonie avait reçu 185 chevaux ou mulets sans harnais, et 28 charrues sans accessoires. Imprévision inconcevable, qui va retarder les travaux de mise en culture.
Le rapport de fin janvier du directeur est favorable : situation morale satisfaisante, foi des colons dans l’avenir, travail régulier, habitudes et conduite généralement sages. Mais nous lui attribuerons la valeur souvent optimiste des rapports de chefs d’établissements. Dans la réalité, beaucoup de colons se plaignaient de n’avoir pas trouvé ce qu’on leur avait laissé espérer. La plupart travaillaient avec ce qui avait été leurs habits du dimanche, qui seront bientôt en loques. Hommes et femmes recevront de vieux vêtements militaires, quand il y en aura. Les baraques et les tentes, prévues pour 800 sont insuffisantes et les parasites foisonnent sans qu’on puisse les combattre efficacement. Pour sanitaires, des feuillées et la campagne. La nourriture est médiocre, et se gâte rapidement avec la chaleur et les mouches. La distribution tarde souvent et il faut se contenter de ce que l’on a c’est-à-dire peu de chose. La vie en commun, dans des conditions pénibles se dégradera rapidement, jusqu’à ce que les maisons soient bâties. La proximité de nombreux célibataires, hommes de troupe, déportés et condamnés n’est pas pour faciliter les choses.
Toutefois, la colonie se met au travail. On commence par les jardins. Au début, on ensemencera en commun : avec les travaux entrepris, il est impossible à chacun de s’occuper de son lot. 5 hectares, d’abord, sous la direction d’un moniteur agricole qui organise une pépinière et commence à planter des arbres, qui font cruellement défaut : 1500 mûriers (on songe beaucoup à la sériciculture), 100 frênes, 200 noyers, 800 pieds de vigne, 6 chêne-liège, 2 pêchers, 1 grenadier, 4 citronniers, 1 prunier, 30 oliviers, 16 figuiers sont mis en terre. Mélange un peu hétéroclite, mais on cherche à connaître les essences adaptées. On y adjoindra une ruche et un essaim ayant été trouvé dans la forêt. C’est la pépinière qui fournit les colons de plants et l’hôpital de légumes. Elle occupera pendant les deux mois d’organisation, 10 ouvriers (à O,2O f par jour) puis six ouvriers permanents (à 2,50 f) mais le directeur de la colonie désirerait un jardinier-chef et deux aides. Vœu pieux. On enlèvera bientôt les moniteurs agricoles...
En février, 15 nouveaux hectares seront labourés on commun et plantés de pommes de terre destinées à être partagées entre tous les colons. Le cheptel mort et vif étant insuffisant, de Malglaive obtient une dotation de 18 chevaux ou mulets, 60 bœufs, 684 truies et 57 pourceaux, 36 charrues, 10 herses, 8 charrettes à bœufs, 1 tombereau et des outils aratoires.
Le village prenait vie. Les colons étaient employés aux travaux d’établissement du centre, ce qui leur permettait de gagner quelque argent. Plusieurs chantiers étaient ouverts répondant à des besoins tous aussi urgents. L’armée y prit une part importante.
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