... tout bascule : Vingt ans après...la grande désillusion !
Il aura vingt ans aujourd'hui, mais nous ne le célèbrerons pas.
Octobre est maudit.
Son soulèvement populaire est sacrilège.
Ses martyrs sont des damnés
Son sang est funeste
Ses acquis démocratiques sont des larcins.
Octobre est un subterfuge.
Octobre est un mensonge.
Une tromperie.
Octobre est maudit.
Ainsi en ont décidé les dirigeants du pays.
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Il n'y a pas que l'orgueil dans la dénégation d'octobre.
Il y a aussi la stratégie politique d'un pouvoir hégémonique.
Et c'est toute la différence avec de Gaulle.
Toute la différence entre une démocratie et une République confisquée.
Entre un Etat démocratique et une joumloukia.
En méprisant mai 68, de Gaulle voulait sauver son honneur.
En désavouant octobre 88, Bouteflika et Ouyahia veulent sauver le système.
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Deux décennies après le redoutable «Tsunami» qui a failli ravager la capitale et d'autres villes, où en est l'Algérie?
La situation politique, sociale et économique, s'est-elle améliorée? Les Algériens vivent-ils mieux? Que reste-t-il finalement d'Octobre 88?
La sentence de l'algéro-baromètre est sans nuance. Non seulement le pays ne s'est pas redressé mais en plus, la température politique ambiante suscite bien des soucis. Seul le désenchantement est en hausse. Au désespoir suicidaire des jeunes, à l'érosion constante du pouvoir d'achat, à la crise du logement, à l'enracinement de la pauvreté, sont venus s'ajouter, un terrorisme endémique, un chômage ravageur, une corruption diabolique qui a pris racine dans tous les secteurs et à tous les niveaux et enfin un saccage méthodique de l'environnement. Tapie à l'ombre du pouvoir, la mafia politico-financière, veille au grain.
Et pourtant, vus de loin, tous les attributs, tous les insignes dignes d'un Etat de droit semblent réunis: une Constitution, un Sénat, un Parlement, une Assemblée populaire, des juges et des magistrats pour dire le droit, des avocats pour plaider en faveur des citoyens lésés, des tribunaux administratifs chargés de trancher les litiges et de réparer les injustices, un pluralisme politique à la place de l'inamovible parti unique, une économie de marché en remplacement du dirigisme économique, un champ médiatique ouvert à toutes les formes d'expressions, des prud'hommes et des inspections de travail chargées de faire respecter le droit du travail et de poser des limites à l'arbitraire des pouvoirs privés et administratifs... Mais, à y voir de plus près, le tableau n'est guère enthousiaste. Un léger zoom laisse entrevoir les failles et les tares d'un système à bout de souffle. La mauvaise gouvernance a été sanctionnée par le fort taux d'abstention durant les élections législatives du 17 mai 2007 (plus de 70% si l'on inclut les bulletins nuls). Lorsque la paupérisation gagne de larges couches de la société, aucune paix sociale ne peut être durable lorsqu'elle est la résultante de la distribution passive de la rente issue des hydrocarbures.
Que diraient nos valeureux «chouhada» s'ils pouvaient revenir et voir les nouveaux maquis de la désespérance, de la drogue, du suicide, de la «hogra» et de la «harga» pour un quignon de pain, du banditisme en col bien blanc? Que diraient-ils des privilèges indécents (salaires faramineux, jusque 30 fois le smig, retraites dorées, villas somptueuses, terrains sans limites, terres agricoles...), que s'est octroyée la nouvelle «l'élite» autoproclamée?
Vingt années après les évènements tragiques qui ont secoué le pays, le souvenir s'est estompé dans les esprits. Inaudibles sont les appels des intellectuels, des médias et autres empêcheurs de tourner-en-rond qui n'ont pas encore été récupérés par le système.
Espérons que ce 20e anniversaire soit, enfin, «commémoré» comme il se doit. Espérons qu'il soit rendu hommage aux centaines de jeunes «martyrs» sacrifiés sur l'autel de la bêtise humaine, alors qu'ils manifestaient pour un emploi, pour un logement ou tout simplement contre la malvie. Espérons, enfin, que la lumière soit faite sur ces massacres sanglants qui ont endeuillé le pays, car jusqu'à ce jour, rien, ou presque rien, n'a été dévoilé sur cette «tache noire dans l'histoire du pays».
Soulèvement populaire? Mouvement spontané d'essence démocratique? Conspiration planifiée bien à l'avance? Complot d'obscures officines? Règlement de compte au sein du sérail politique? «chahut de gamins»?... A ce jour, les thèses les plus contradictoires s'affrontent, chacun y allant de sa propre interprétation. Une chose est certaine: la majorité des victimes fauchées par des balles et torturées par les services de sécurité de l'époque, étaient des adolescents. Les survivants handicapés, qui ont la quarantaine aujourd'hui, veulent percer le mystère afin de sortir du statut décidé en haut lieu, «d'accidentés du travail», alors qu'ils étaient chômeurs.
Le moment n'est-il pas venu de faire la lumière sur ce pan dramatique de notre histoire? Pourquoi ce lourd silence de la part de nos historiens? Qu'est-ce qui empêche les responsables de constituer une autorité nationale moralement inattaquable formée de personnes ayant prouvé leur capacité à assumer courageusement leurs opinions pour éclaircir les zones d'ombre? Ces personnes auraient la charge de faire un audit exhaustif de la situation en Algérie depuis 1988, y compris au sujet des morts, des disparus, des massacres collectifs et bien d'autres drames...
Quelles leçons tirer de ces vingt dernières années?
Des améliorations? Des acquis décrochés au lendemain de l'octobre sanglant? Certes, mais plus qu'éphémères. Vingt ans après, le bilan est particulièrement édifiant, sur tous les plans. Sur le terrain politique, le Front de Libération nationale (FLN), fortement contesté en 1988, est revenu en force. Aujourd'hui, majoritaire dans toutes les institutions de l'Etat, il accepte de faire alliance avec des «opposants» d'accord avec lui sur tous les plans. Soudainement appréhendée comme obstacle majeur à la bonne marche du système, la loi fondamentale du pays fait l'objet d'une levée de boucliers. Acquise au prix du sang et du sacrifice suprême, la Constitution de février 1989 va bientôt voir ses verrous forcés, son article 74 ne permettant pas les prolongations après les deux mi-temps réglementaires. Le «verrouillage protectionniste» est partout de rigueur et dans tous les domaines. Minée par le mimétisme et inquiète pour son avenir, la presse dans sa globalité n'ose plus aborder «les sujets qui fâchent». Rares sont les journaux à audience indéniable qui ne caressent pas dans le sens du poil. Que dire de la véritable OPA sur le puissant média public, la chaîne nationale aux harmonies dissonantes, qui demeure «unique» malgré ses nombreux clones.
Au plan sanitaire, tout commentaire reste superflu. Une visite dans un hôpital vaut mieux que mille discours: structure en abandon, délabrement des locaux, malades livrés à eux-mêmes... Les nantis, qui ne font plus confiance aux structures sanitaires locales, préfèrent se soigner en Europe. Au plan religieux, la manipulation de la religion à des fins politiques se poursuit. A croire que les leçons n'ont pas été tirées de cette véritable perversion meurtrière dont les conséquences furent désastreuses. Au plan syndical, la loi autorise le pluralisme (ils étaient nombreux à avoir déposé des demandes d'agrément) mais l'application des textes semble poser problème. Au niveau éducatif, aux pesanteurs bureaucratiques et obscurantistes qui ont toujours pesé sur les institutions, sont venues s'ajouter l'absence d'esprit critique et d'autonomie et les restrictions en matière de pensée rationnelle, fermée aux valeurs universelles. La rentrée 2008 houleuse a bien montré les limites d'une gestion désastreuse. Au plan sécuritaire, la déferlante meurtrière dont on ne finit pas de voir les rebondissements, continue de sévir outrageusement. En l'espace de quelques mois, la liste des morts et des blessés à Zemmouri, Skikda, Jijel, les Issers, Bouira et ailleurs, continue à s'allonger.
Au plan économique, loin de s'estomper la crise s'est amplifiée. Une énigme insoluble! Comment est-il possible qu'un pays qui n'a jamais vendu autant de pétrole à des prix aussi élevés, et qui dispose d´un matelas de 120 milliards de dollars, se trouve dans l'incapacité de sortir du cruel sous-développement qui le mine? Comment est-il possible que tant de richesses accumulées fondent comme neige au soleil, alors que la machine économique demeure en panne, que l'exode des cerveaux se poursuit, que le taux de chômage augmente et que les listes des «harraga» tentés par l´aventure de l´exil s'allongent. Le malaise général se nourrit de la désillusion. La spirale est infernale. La misère est, aujourd'hui, endémique. Les jeunes, même diplômés, appréhendent l'avenir avec circonspection. Nombreux sont ceux qui avouent ouvertement ne plus se sentir concernés par le devenir du pays.
Le système mafieux qui s'est consolidé d'année en année, blanchit, au vu et su de tout le monde, l'argent du racket et les butins de guerre. Le retentissant procès de la plus grande affaire d'escroquerie qu'a connue le pays, a laissé un goût amer. Il n'a même pas réussi à mettre fin aux appétits voraces des ripoux qui continuent à faire main basse sur toutes les richesses du pays.
Après l'arrêt du processus électoral de 1991, Jean Ziegler député européen de Genève avait fait parvenir à feu Boudiaf, fraîchement arrivé à la présidence, une lettre dénonçant l'existence de beaucoup de biens immobiliers, sur les boulevards de Berne et de sa ville (Genève), appartenant directement à des notables du régime ou à des intermédiaires. Ce dernier, malheureusement, n'a pas eu le temps de les récupérer. Il fut assassiné, au terme de six mois d'exercice. On peut en vouloir à Transparency international qui vient de classer l'Algérie à la 92e place sur 140 pays. On peut se révolter verbalement contre la corruption (comme le fait en permanence le discours officiel qui ne cesse de souligner que la corruption devenue fatalité). Mais l'essentiel est dans l'action et cette action tarde à devenir réalité. Les preuves de laxisme abondent: le projet de création d'une agence gouvernementale de lutte contre la corruption est reporté aux calendes grecques malgré la publication de son décret de création, il y a 22 mois, ou encore le rejet du sacro-saint principe de déclaration du patrimoine qui constitue une voie royale à l'enrichissement illicite.
Alors que se rapproche l'échéance présidentielle d'avril 2009, alors que le pays semble être un vaste chantier, jamais l'avenir de l'Algérie n'a semblé aussi incertain. Jamais l'espoir n'a autant manqué à une jeunesse mise hors-jeu par une caste qui pratique le mandarinat politique.
La criminalité qui s'enracine dans les villes, les agressions, les viols, les violences, les kidnappings et les émeutes qui se multiplient sont à prendre au sérieux, tout autant que la paupérisation de la société. Il y a urgence à agir et à prendre en charge les véritables préoccupations et besoins de la société. Tous les signes de lassitude et de mécontentements qui se manifestent, ici et là, ne doivent pas être pris à la légère. Il y a véritablement problème et ce problème c'est nous.
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par Mohamed Bensalah
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La leçon
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Vingt ans après les tragiques événements d’Octobre 1988, le débat sur cette période charnière de l’histoire de l’Algérie indépendante n’est jamais clos. Et un diagnostic objectif et global reste à faire.
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Trop de zones d’ombre entourent encore cet épisode, alors que toutes les lectures auxquelles nous avons eu droit privilégiaient des projections souvent manichéennes, se nourrissant des idées reçues. Nous avons en fait passé trop de temps à se perdre en conjecture pour désigner les coupables, mais nous avons oublié d’en tirer les leçons pour se prémunir des contradictions et des impasses qui avaient conduit à l’explosion. Résultat : des émeutes, on en a à tout bout de champ, le problème des libertés publiques demeure posé, le chômage est plus dur à vivre pour les jeunes, la violence urbaine et l’insécurité, sous toutes ses formes, empêchent toujours une véritable relance du processus démocratique. Encore faut-il croire à l’essence démocratique de ce sursaut. Car, entre ceux qui présentaient cette explosion populaire comme un acte immature, un «chahut de gamins», pour reprendre l’expression en vogue à l’époque, et ceux qui y voient l’aboutissement d’un long parcours de luttes pour la démocratie et les libertés, des voix officielles – Ouyahia a évoqué la question cette semaine avec les journalistes –, qui ne s’enhardissent pas à considérer ces événements comme le fruit d’une «révolution de palais».
Les mêmes schémas et les mêmes hantises resurgissent à l’occasion de chaque mouvement de troubles, à l’exemple des événements de Kabylie dont les acteurs se plaisaient à s’y identifier, et où l’on décèle parfois le même sentiment de désillusion. On évoque le 5 Octobre comme un épouvantail à la veille de chaque rentrée sociale, pour prévenir d’une nouvelle explosion sociale, toujours plus grosse.
Le constat que tout le monde fait aujourd’hui, c’est que les idéaux pour lesquels des générations entières s’étaient sacrifiées s’en trouvent galvaudés. Bien qu’à vrai dire, c’est la barbarie terroriste qui aura tout chamboulé et mis un frein au processus démocratique qui était si prometteur au départ. Les islamistes, qui avaient tenté de «récupérer» les événements d’Octobre, sont revenus pour tenter une OPA sur le projet de réconciliation nationale et se posent comme les vrais dépositaires de la légitimité démocratique, au détriment de ceux qui en avaient payé le prix fort et n’ont encore, eux, à ce jour aucun statut, contrairement aux autres.
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05-10-2008
Mussa Acherchour
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Octobre, ses promesses, son gâchis
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Le «chahut de gamins» d'Octobre 1988 a définitivement transformé l'Algérie. Bilan de deux décennies de tâtonnements.
Octobre n'a pas tenu ses promesses. Malgré la facture très élevée payée par l'Algérie en vies humaines et en traumatismes, l'après-Octobre 88 n'a pas seulement déçu, mais il a donné lieu à un immense gâchis, d'autant plus dur à admettre, que les premiers moments qui ont suivi ces événements avaient laissé entrevoir un formidable espoir de libération de la société.
Sur fond de crise financière aigue et d'impasse politique, Octobre 1988 a donné l'impression accélérer la mort d'un système politique qui arrivait au terme de son existence. Malgré les drames, la brutale intrusion de la rue dans la vie politique répondait à une réelle attente de la société. Mais, non seulement Octobre n'a pas permis l'émergence d'un nouveau système politique, moderne et performant, mais après une courte récréation, le pouvoir a repris la main pour tenter de recoller les morceaux et rétablir progressivement l'ancien système.
Deux décennies après ces événements, le bilan est donc bien maigre. Le multipartisme n'a pas abouti, et l'économie de la prébende a remplacé celle de la rente, alors que le pays aspirait à une économie de marché performante. La corruption s'est étendue de manière effrayante, et les gaspillages atteignent des sommets insoupçonnés. Le système économique a atteint un degré d'inefficacité difficile à imaginer, avec un mélange destructeur d'inégalités, de passe-droits et d'opacité.
Ce n'est pourtant pas dans le domaine des richesses matérielles que le pays a le plus souffert, même si les dégâts sont énormes. Ce sont d'autres domaines qui ont connu la dégradation la plus grave, et qui confirment définitivement que la richesse d'un pays n'est pas faite de l'accumulation d'argent ou d'usines, mais plutôt par les valeurs morales, le savoir et le savoir-faire, la viabilité des institutions et la cohésion sociale. Sur nombre de ces terrains, l'Algérie a énormément reculé par rapport à 1988.
Le pays a perdu la stabilité, la sécurité et la paix civile qui étaient en vigueur avant Octobre 1988, tout en subissant une aggravation effrénée des aspects négatifs du système du parti unique. Cela donne, au bout du compte, cette impression d'un pays totalement bloqué, incapable de prendre la moindre initiative. A l'heure actuelle, tout le monde admet que la situation est intenable, y compris le Président Abdelaziz Bouteflika, qui a admis que le pays était dans l'erreur. Mais il n'y a pas de force politique, sociale ou administrative en mesure de mettre fin à la dérive et de réorienter le pays vers la construction d'un projet viable.
Les dégâts sont d'une gravité exceptionnelle. Le pays est condamné à subir de terribles hémorragies sans pouvoir y remédier. Ces hémorragies sont de toutes sortes. Hémorragies financières, par exemple, avec un pays qui transfert annuellement plus de 30 milliards de dollars à l'étranger, soit mille dollars par personne, sans arriver à assurer le bien-être de ses habitants. Hémorragies humaines, surtout, avec ces élites systématiquement aspirées par des pays dont les systèmes politiques sont plus performants : l'Algérie a transféré vers la France, en quelques années, plus de médecins, de professeurs d'université et d'ingénieurs que le France n'en a formé en 130 années.
L'élite, au sens du savoir, était réduite à l'obéissance ou au silence sous le système du parti unique. Aujourd'hui, elle est condamnée au silence ou à l'exil, ce qui donne un appauvrissement affligeant de la pensée et du débat politiques. Seule l'allégeance est admise comme activité politique, comme en attestent les campagnes en faveur du troisième mandat : ce n'est pas le troisième mandat lui-même qui pose problème ; le vrai problème se trouve plutôt dans la servilité, la déchéance morale et politique dont font preuve les laudateurs du troisième mandat.
Deux décennies après Octobre 1988, ce fonctionnement du système politique algérien apparaît absurde. Personne n'y trouve son compte. Pas même l'homme introduit qui brasse des milliards, car il sait que sa situation est très fragile, et que sa fortune est à la merci d'une décision bureaucratique ou d'un fait du prince. Quant à ceux qui sont au bas de l'échelle sociale, il n'est même pas nécessaire de les évoquer. Ils sont condamnés à un désespoir quotidien, tragiquement exprimé à travers le phénomène des harraga.
Octobre aura finalement été une grande illusion. Les luttes qui l'ont précédé, les énergies qu'il a mobilisées et les espoirs qu'il a nourris n'ont pas débouché. Le débat politique, de bonne facture, qui a précédé Octobre s'est poursuivi après les événements, avant d'être emporté dans la tourmente, lorsqu'un parti de type totalitaire, a voulu remplacer un système totalitaire par une dictature religieuse. Depuis, le pays continue de s'enfoncer.
En Octobre 1988, l'Algérie tendait à
se rapprocher de la Corée du Sud. Vingt ans plus tard, elle a tendance
à s'africaniser. En Octobre 1988, le pays n'avait pas d'argent, mais il
y avait une réelle volonté de s'en sortir. En 2008, l'Algérie a de
l'argent, mais elle est incapable de se dessiner un avenir.
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par Abed Charef
Auteur de «Octobre, un chahut de gamins», paru en 1989.
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1988
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