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Une organisation extrémiste et criminelle
Face à la détermination et à l'héroisme des Algériens
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Comme
cela a été rapporté dans une précédente édition de la Nouvelle
République (voir le n° 3096 du samedi 26/04/2008), l’Organisation de
l’armée secrète, de sinistre mémoire, a été créée, à Madrid (Espagne),
à l’initiative de Jean-Jacques Susini et de Pierre Lagaillarde, deux
activistes notoires et chauds partisans de l’«Algérie française».
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Dès le début, elle s’est définie comme étant une organisation française politico-militaire clandestine, dont l'action concrète a principalement relevé du terrorisme aveugle et extrémiste qui ne devait reculer devant rien pour atteindre ses objectifs -- chimériques -- définis par son slogan «l’Algérie est française et le restera», tel qu’apparu, le 16 mars 1961, sur les murs d’Alger accompagnant le sigle OAS. Cette lâche formation paramilitaire clandestine fut le creuset dans lequel se sont fondues toutes les organisations criminelles après avoir senti se rapprocher le moment fatidique où leur rêve focalisé sur le mythe de l'”Algérie française” s'écroulerait. La croix fut adoptée comme un symbole significatif par ses promoteurs depuis le début de leurs forfaits.
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De l’aveuglément à l’action criminelle terroriste
L’OAS est née de la fusion de plusieurs groupuscules activistes et d’organisations plus ou moins clandestines (connus, en vérité, pour leur majorité par la police et les services de renseignement français, sinon dirigés ou manipulés par eux) qui pullulaient et s’opposaient violemment aux moindres tentatives de réformes –- dont le but était toujours de jeter de la poudre aux yeux -– du gouvernement français.
De nombreuses «personnalités» encourageaient, d’ailleurs, à la création d’une telle organisation, comme Achiary qui avait participé activement à la sanglante répression des manifestations du 8 mai 1945, Joseph Ortiz, propriétaire de bar et fondateur du FNF (Front national français) ou encore Jacques Soustelle. Ce dernier était un ex-gouverneur général de l’Algérie durant une année, entre février 1955 et le même mois de 1956. Méprisé et mal accueilli à son arrivée à Alger (malgré son statut d’éminent chercheur universitaire et son passé au sein de la Résistance française contre les Allemands nazis durant la Deuxième Guerre mondiale), les Européens d’Algérie l’appelaient Jacques «Ben Soussène» en raison de son origine juive. Il ne gagna leur estime qu’après avoir pris des mesures extrêmes contre les militants nationalistes (et le peuple algérien, en général), notamment après les actions révolutionnaires qu’a connus le Nord-Constantinois le 20 août 1955. Parmi les militaires, on citera particulièrement les sinistres colonels Antoine, Argoud et Gardes, considérés parmi les plus grands tortionnaires des Algériens, notamment durant la bataille d’Alger et chefs directs d’Aussarresses et de Jean-Marie Le Pen, entre autres. Ils étaient même les bras droits du général Jacques Massu, chef de la 10e division parachutiste auquel les dirigeants politiques français ont confié les pouvoirs spéciaux pour le «maintien de l’ordre» dans la ville Blanche durant la grève des huit jours et les tragiques événements qui s’en suivirent. Plus tard, l’OAS vit le ralliement de beaucoup de militaires, dont certains avaient occupé de hautes fonctions auparavant dans l’armée et participé aux guerres de répression coloniales comme en Indochine, à l’exemple de Raoul Salan (surnommé “le Chinois”) ou de Maurice Challe. Tous deux, d’ailleurs, étaient d’anciens commandants en chef de l’armée française, en Algérie, et terminèrent leur carrière comme dirigeants actifs (après leur «dissidence» lors du «putsch des Généraux» le 22 avril 1961) de cette organisation paramilitaire pour s’opposer au chef de l’Etat français, le général de Gaulle. En effet, ils jugèrent sa politique (comprendre par-là la répression) trop «molle» vis-à-vis de la Révolution algérienne, alors que tout le monde sait qu’l’ère gaullienne fut, entre toutes, la plus féroce et la plus redoutable au vu de la politique suivie et des moyens colossaux qui l’accompagnèrent jusqu’à la fin de la guerre.
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Structure de cette organisation criminelle
Ayant vu le jour dans la capitale espagnole comme indiqué plus haut, l’OAS se développa aussitôt en Algérie, principalement à Alger avec des ramifications en terres françaises, surtout dans la Région parisienne. L'OAS avait pu mettre en place une instance dont la mission consistait à recueillir des renseignements, à mener une guerre psychologique et subversive, planifier des opérations militaires et mettre en place un réseau de cellules regroupant les différentes catégories de colons et d'appareils sécuritaires. La complicité de certains appareils de police constitués essentiellement de pieds-noirs ainsi que la bienveillance de certains chefs de l’armée laissait le champ libre à ses éléments des commandos Delta et Z pour entreprendre des actions terroristes spectaculaires et commettre de multiples forfaits en toute liberté. Salan, Challe, Zeller, Jouhaud avaient tenté, le 22 avril 1961, de prendre le pouvoir à Alger pour amener le contingent à «basculer» et faire pression sur de Gaulle, en vain. Certains parmi eux se rendirent, d’autres entrèrent dans la clandestinité comme Salan qui prit la tête de ces criminels et les dirigea vers les assassinats et la destruction totale. Les chefs de l’OAS, militaires ou activistes depuis longtemps, ont pour noms Gardy, Godard (issus de l’«action psychologique»), le capitaine Sergent (l’un des concepteurs de la «bleuite»), Perez, Susini, Achiary et beaucoup d’autres. Suite à une réunion clandestine tenue à Alger le 1er juin 1961, une structure organisationnelle fut adoptée avec la nécessité de sa généralisation à chaque ville et à chaque secteur. Le sommet de la structure était composé des dirigeants suivants : les généraux Raoul Salan (chef suprême) et Edmond Jouhaud (adjoint), le colonel Yves Godard, Jean-Claude Perez et le chef des étudiants J.J.Susini, etc. Roger Degueldre était l’un des chefs militaires les plus impitoyables et qui ne reculait devant aucun crime tout comme les autres éléments terroristes, d’ailleurs, dont on citera plus loin les crimes les plus abjects.
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Les objectifs de l’OAS : une chimère
L’0AS était le creuset où allaient se fondre tous les groupuscules et les individus poussés par une cécité politique et un racisme primaire et décidés à défendre coûte que coûte le mythe de l’«Algérie, terre française». Ses buts tendaient, également, à mobiliser l'opinion publique française autour de l'idée de conserver l'Algérie, partie intégrante, selon eux, de la France «de Dunkerque à Tamanrasset» (surtout depuis la découverte des richesses énergétiques au Sahara).
Un autre objectif derrière lequel couraient les chefs de l’OAS consistait à défier la politique du chef de l’Etat français, Charles de Gaulle, qui refusait de suivre leurs opinions après avoir vainement essayé d’abattre la Révolution algérienne par tous les moyens. On se souvient des grandes opérations militaires qu’il avait engagées après son retour au pouvoir, comme on se rappelle la «paix des braves», le plan de Constantine, les complots pour diviser les combattants algériens et leurs chefs, ainsi que ses tentatives de faire émerger une troisième force néocoloniale etc., politique qu’il avait suivie après son retour au pouvoir, suite à la mascarade du 13 mai 1958 fomentée par la plupart de ceux qui se sont opposés à lui plus tard.
Enfin, l”OAS visait à entraver les négociations entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne, en répandant un climat de terreur et un environnement de haine parmi les Pieds-noirs et l’opinion métropolitaine et un esprit revanchard tout en exerçant des menaces et des pressions sur leur gouvernement. La terreur déversée par tous les moyens dont l’OAS disposait avait pour but de rallier (c’était une chimère) quelques éléments du peuple algérien comme lors des manifestations de «fraternisation» montées de toutes pièces comme des scénarios de cinéma. Seuls les harkis, en particulier ceux du Bachagha Boualem, s’étaient ralliés (cela se comprend) à cette organisation criminelle car ils étaient cœur et âme avec le colonialisme.
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La violence et l’assassinat comme moyens et buts
L’Organisation armée secrète disposait de moyens colossaux pour faire aboutir ses objectifs, que ce soit sur le plan de la logistique, des finances (surtout au moyen des hold-up exécutés au grand jour, des exactions), de l’élément humain, du renseignement et, évidemment, de l’arsenal militaire qui lui ouvrait largement les bras. On connaissait les sympathies solides et les alliances que lui témoignaient les cercles militaires qui mettaient à sa disposition tous les moyens en armes et en munitions que les criminels se procuraient avec une facilité déconcertante et à profusion. Tranquilles de ce côté-là, les sinistres criminels de l’OAS, sans foi ni loi, allaient commettre les crimes les plus abominables. La liste est vraiment très longue, mais voici quelques-uns choisis au hasard.
En premier, le mitraillage des Algériens et l’assassinat des prisonniers dans les geôles des postes de police et des prisons quels que soient les lieux ou les quartiers. Ensuite, le massacre à bout portant des malades et des blessés au sein même des hôpitaux au mépris de l’âge, du sexe des victimes ou de leur statut (civil ou djoundi). Citons aussi les innombrables plasticages estimés au bas mot à 2 293 explosions au cours de la période allant de septembre 1961 à mars 1962 (donc à peine six mois) qui ont fait pas moins de 700 innocentes victimes.
-Il y a encore les multiples attaques aveugles contre les quartiers
d'habitation des Algériens, comme celle de la Basse-Casbah, le 20 mars
1962, qui a occasionné, ce jour-là, la mort de 24 personnes et blessé
54 autres, ainsi que l'explosion d'une voiture piégée près du port
d'Alger qui a fait 62 morts et 110 blessés dans les rangs des dockers.
L’OAS provoquait des incendies volontaires d'institutions scolaires et
culturelles dont la bibliothèque de l'université d'Alger, le 7 juin
1962, qui a vu l 600 000 de ses livres brûlés.
Toujours, dans ce cadre, elle incendiait les locaux de la sécurité
sociale, les dispensaires, les moyens de locomotion, les usines, les
entrepôts, les écoles et autres hôpitaux… En un mot, l’OAS a pratiqué à
la perfection la politique de la terre brûlée contre notre pays, en
même temps qu’elle poussait les habitants européens à quitter l’Algérie
en les abreuvant de slogans tels que «la valise ou le cercueil». Cela
amena les Pieds-noirs à quitter dans la précipitation et dans une
anarchie indescriptible le sol algérien, malgré les assurances du GPRA
et les accords d’Evian et le cessez-le-feu effectif du 19 mars 1962.
Les activités terroristes des commandos Delta ne prirent fin que le 17
juin 1962, à quelques jours de la déclaration officielle de
l’indépendance de l’Algérie. Cela a été rendu possible à la suite d'un
accord signé entre le dernier chef de l'OAS, Jean-Jacques Susini, et le
représentant du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne, le
docteur Chawki Mostéfai. Les hommes de l'OAS quittèrent notre pays pour
la France, l’Espagne ou d’autres pays européens. Certains se
réfugièrent en Amérique du Sud. On trouvera la trace de plusieurs
d’entre eux plus tard dans les guerres menées par certaines puissances
coloniales contre les mouvements de libération, principalement en
Afrique, où ils servaient comme mercenaires, instructeurs militaires,
experts en armes etc.
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Un bilan sinistre et des crimes impardonnables
En France, peu des activistes furent jugés , la plupart bénéficièrent de verdicts cléments ou tout au moins incompatibles avec les crimes qu’ils avaient commis contre les Algériens ou certains civils européens, qui ne partageaient pas leurs opinions et leur vision de la question algérienne. Leurs victimes se comptèrent par milliers en si peu de temps et leur nombre est difficile à évaluer, les chiffres étant contradictoires. Quant aux dégâts matériels, leur évaluation se chiffre par centaines de milliards, sans parler de l’aspect psychologique beaucoup plus grave et pernicieux. Environ 635 membres de l'OAS ont été arrêtés en 1962. Seulement 223 furent jugés, 117 ont été relaxés, 53 condamnés à une légère peine de prison tout en bénéficiant de sursis tandis que 38 éléments ont eu droit à une peine de prison ferme. Le sinistre ex-lieutenant des parachutiste, Roger Degueldre, et deux autres monstrueux terroristes, Claude Piegts et Albert Dovecar, furent condamnés à la peine capitale et exécutés.
A peine deux années après, les grâces et les amnisties pleuvèrent sur les condamnés, et peu de temps après, une seconde loi d'amnistie a effacé les condamnations des condamnés libérés. En 1968, d’anciens membres de l'OAS proposèrent leur ralliement au régime gaulliste et obtinrent l'amnistie des autres membres encore incarcérés.
D’autres grâces et mesures complémentaires en leur faveur (1968, 1982, 1988) furent proclamées et effacèrent les crimes horribles qu’ils ont commis mais que l’Histoire, elle, n’oubliera jamais.
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13-05-2008
Mihoubi Rachid
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