.
Une véritable oeuvre d’art
.
.
Non seulement il désenclave toute une région, mais aussi il la fera connaître.
.
Automobilistes et usagers de la RN5, à votre grand
bonheur, le temps des embouteillages et des bouchons est révolu. Le
chemin sera désormais libéré. Les distances seront, à présent
rétrécies, et adieu tous les désagréments quotidiens. Le grand viaduc
de Oued Rekham, situé dans la commune de Aïn Turk à une quinzaine de
kilomètres au nord-ouest de Bouira, est réalisé par des entreprises
nationales et étrangères, notamment le groupement mixte algéro-italien
de travaux publics (Gmtp) constitué des entreprises Garboli, Sapta et
Engoa. Il est aussi (le viaduc) l’une des oeuvres maîtresses du
mégaprojet autoroutier reliant l’Algérie d’est en ouest et le plus
grand viaduc d’Afrique. «Il sera ouvert à la circulation automobile en juin prochain».
Bonne nouvelle, celle que M.Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, a
annoncé la semaine dernière, à Alger. Les travaux sont achevés à 100%,
il reste juste quelques petites retouches qui seront terminées d’ici
peu.
Beaucoup de temps a été consacré à sa réalisation, toutefois, le défi est relevé grâce aux multiples efforts qui ont été conjugués: chef de projet, ouvriers, responsable de secteur ou autre concepteur, bref, toute l’équipe, du simple ouvrier au sommet de la hiérarchie du secteur. Tous ont veillé à ce que les choses soient faites dans les temps et dans les normes.
.
Un viaduc érigé dans les normes
Le viaduc de Oued Rekham, érigé dans la wilaya de Bouira, est, selon quelques spécialités des travaux publics, unique en son genre, et ce, par son mode de construction. C’est cette particularité qui le place au premier rang à l’échelle africaine. Ainsi, cet ouvrage d’art représente la plus grande réalisation dans le domaine des travaux publics depuis que l’Algérie est indépendante.
Cet ouvrage grandiose présente une longueur de 745m et une hauteur de 140m. Pour ce qui est de sa largeur, elle est composée de deux chaussées séparées. Chaque chaussée permet le franchissement de 3 voies de circulation, avec une bande d’urgence et les trottoirs de chaque côté; sa largeur totale est de 28m. Une série de trois «petits» viaducs font partie de ce grand viaduc de 745m. Viaduc d’accès, côté Alger, qui s’étend sur 250m de longueur; il est constitué, à son tour, de 7 travées d’une portée de 36m chacune. Le viaduc principal qui est constitué de trois travées hyperstatiques: une travée centrale de 200m de long et deux autres de rive de 100m chacune. La longueur totale de cette travée est de 420m. Le troisième est le viaduc d’accès, côté Bouira, d’une longueur de 75m, et est composé de 2 travées consécutives de 36 m de portée chacune. Cette oeuvre magistrale des travaux publics qui est le viaduc de Oued Rekham, intégrée dans le projet de l’autoroute Est-Ouest, repose sur une série de 11 piliers allant de 15 jusqu’à 92m de hauteur. La quantité de béton utilisée dans la réalisation de ce projet, a été estimée, selon des spécialistes, à environ 60.000m3. Quant à l’acier, plus de 8000 tonnes a nécessité ce grand viaduc. En termes de normes, il est à noter que toutes les mesures ont été prises en compte. Soit en matière de sécurité soit en sismicité. Cet ouvrage d’art est doté de cloisons latérales antichoc et de panneaux signalétiques munis d’alarmes préventives de pointe. L’installation de ces équipements permettra d’éviter tout dysfonctionnement dans le trafic routier et à ce projet, de répondre aux standings internationaux en matière de réalisation et sécurité des ouvrages d’art de cette envergure. En termes de coût, l’enveloppe consommée dans la réalisation de cet ouvrage avoisinerait les 50 millions d’euros.
En plus de son aspect architectural et les équipements de pointe qui ont été mis en place, le viaduc de Oued Rekham, par son ouverture à la circulation automobile, le mois prochain, allégera d’une manière définitive, les tracasseries des milliers d’automobilistes. «Enfin, nous allons rouler tranquillement, sans crainte, et aussi gagner beaucoup de temps», nous confie le chauffeur d’un camion de gros tonnage (semi-remorque). «Nous allons vivement éviter la descente de Oued Rekham, et les bouchons au niveau de la commune de Aomar», a-t-il ajouté. Cette partie de la RN5 est réputée pour ses accidents de la circulation.
Au niveau de la commune de Aomar et Djebahia, faut-il le rappeler, plusieurs personnes y ont laissé leur vie suite à des accidents mortels. L’ouverture de ce tronçon va permettre d’amoindrir, pour le moins, le nombre de victimes, qui ne cesse de s’alourdir ces derniers mois dans la wilaya de Bouira, d’une part, et rendre plus fluide le trafic routier d’autre part.
Pour les véhicules de gros tonnage, en particulier les camions semi-remorque, la pente de Oued Rekham constitue un point noir. Des dizaines d’accidents de la circulation se sont produits à cet endroit, engendrant des pertes humaines. En arrivant à cette partie abrupte, située au niveau de la commune de Aïn Turk, les camionneurs sont contraints de faire le tour sur environ 8km en passant par les virages d’Errich, un autre passage à haut risque.
Dans un mois, le calvaire prendra fin. Un tronçon qui commence de la ville de Bouira jusqu’à Lakhdaria, sur une distance d’une cinquantaine de kilomètres, sera ouvert aux automobilistes.
«Question de temps, il est vraiment de grande utilité, un bus qui met une heure de route pour atteindre Lakhdaria, mettra désormais une demi-heure, c’est une sacrée aubaine pour la région», dit un transporteur, travaillant sur la ligne Bouira-Lakhdaria. Un grand soulagement pour les professionnels du transport de voyageurs, mais aussi de marchandises. Que ce soit pour les habitants de la wilaya de Bouira que pour les usagers qui empruntent ce tronçon.
.
Un pont touristique
Le grand viaduc constituera aussi un site touristique incontournable. Les passagers qui se rendent, à l’est comme à l’ouest, seront marqués par la beauté de ce pont, haut de 140m. Il se place, en termes de hauteur, après le pont suspendu, ou comme il est appelé «passerelle de Sidi M’Cid», dans la wilaya de Constantine qui traverse au-dessus à 175 mètres les gorges du Rhumel.
Le ministre des Travaux publics, M.Amar Ghoul, lors de la dernière visite qu’il a effectuée, il y a quelque mois, a exigé que l’aspect touristique soit pris en compte. D’une pierre, deux coups.
A cet effet, il est prévu de reboiser les parties avoisinant le site, pour accueillir éventuellement des touristes. Outre son utilité pour le trafic routier, le responsable de secteur des travaux publics a voulu exploiter le côté esthétique de ce grand ouvrage. Un système d’éclairage donnera au site une vue pittoresque et fera sortir la commune de Aïn Turk de son inertie et son isolement. Comme il est un avantage inestimable pour toute la région de Bouira d’en tirer un grand bénéfice en matière de tourisme.
C’est ainsi que va la cadence des travaux du mégaprojet autoroutier Est-Ouest. Un chantier dirigé par un ministre ambitieux qui veut réaliser ce grand projet dans les règles de l’art.
.
.
Ali CHERARAK
25 Mai 2008
.
.
.
.
Les commentaires récents