Intempéries depuis samedi en Algérie: 4 morts, dizaines de routes coupées
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Secouristes et badauds regardent un pont effondré à la suite d'intempéries à Ain Benian, dans la banlieue ouest d'Alger
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Les intempéries depuis samedi en Algérie ont fait quatre morts et plusieurs blessés dans le nord du pays, où des dizaines de routes restaient coupées, mardi, à la circulation.
Deux personnes sont mortes dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger), selon la Protection civile et la gendarmerie.
Le corps sans vie d'un adolescent de 15 ans a été découvert à Sidi Daoud, dans la région de Boumerdès. Il avait été emporté par la crue d'un oued, selon la gendarmerie.
A Oran (430 km à l'ouest d'Alger), une vieille femme a été tuée par l'effondrement de sa maison vétuste causé par des pluies torrentielles, selon la Protection civile.
Dimanche, deux personnes étaient mortes et huit avaient été blessées à la suite de pluies qui avaient provoqué l'effondrement d'un pont à Béni Messous, dans la banlieue ouest d'Alger.
Mardi, la circulation automobile était encore difficile voire impossible sur les principaux axes routiers menant à Alger, inondés du fait des pluies tombant quasiment sans discontinuer depuis samedi sur le nord du pays.
Des bouchons de plusieurs kilomètres étaient encore visibles mardi après-midi sur ces routes inondées.
Dans un communiqué diffusé mardi matin, la préfecture d'Alger a indiqué que l'autoroute Alger-Tipaza (ouest) était fermée depuis lundi soir en raison de l'inondation de la chaussée sur plusieurs centaines de mètres au niveau de la ville de Zéralda (30 km à l'ouest d'Alger).
Un tunnel menant vers Chéraga et la résidence d'Etat du Club des Pins était inondé ainsi que la route nationale menant vers Oran (ouest). La route nationale entre la capitale et Aïn Bénian sur le littoral ouest, l'autoroute est au niveau du tunnel de Oued Ouchayah, étaient impraticables, selon cette source.
La préfecture a demandé aux automobilistes "de ne pas utiliser" ces axes sauf "en cas d'extrême urgence afin de permettre l'intervention des services d'entretien".
En outre, la Protection civile a indiqué que les fortes chutes de pluie avaient détruit et emporté trois ponts dans la région de Boumerdès: celui de Sidi El-Medjni au centre-ville de Dellys, de Sidi Daoud et un autre près de la localité d'Afir.
Dans la ville côtière de Dellys, l'eau a atteint un mètre de hauteur, alors que plusieurs routes étaient coupées mardi à la circulation, a précisé cette source.
La météo algérienne a émis mardi un "bulletin spécial" précisant que d'"importantes chutes de pluie parfois sous formes d'averses orageuses continueront de toucher les régions côtières et proches côtières du centre et de l'ouest durant les prochaines 48 heures".
Tout le nord de l'Algérie était concerné par ces pluies, avec des cumuls estimés à 80 mm et "localement 150 mm" dans les régions d'Alger, Mostaganem, Chlef, Tipaza (ouest), Blida, Médéa (sud) et Boumerdès (est), selon cette source.
Lundi soir, des centaines d'automobiles et de camions sont restés bloqués pendant plus de six heures près de Zéralda où la crue de l'oued Mazafran a inondé toutes les routes.
La préfecture a mis en place une cellule de crise pour suivre l'évolution de la situation dans la crainte que ne se répète le scénario de novembre 2001, lorsque des inondations avaient fait plus de 800 morts et provoqué des dégâts considérables dans le vieux quartier de Bab El Oued.
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Dans les pays arides, le « Bien » c'est la pluie. Les
Algériens le savent et le répètent : la pluie est l'un des rares spectacles
d'espoir à défaut de football, de télévision, de mythes valables, de gens
intéressants et de héros en actes. Dans les pays arides, beaucoup de pluie ne
signifie pas beaucoup de « Bien ». Les Algériens le savent et le répètent : avec
beaucoup de pluie, on ne fait pas des récoltes mais de la politique et des
inondations. Pour les élections d'aujourd'hui, le Système avait presque tout
prévu : ne pas faire voter le peuple durant le Ramadhan, ne pas faire voter le
peuple durant la rentrée sociale, ne pas laisser voter le peuple pour qui il
veut, ne pas laisser voter qui veut et ne pas laisser le vote à tous ceux qui
veulent se porter candidat. Tout a été prévu, sauf la pluie. Abstentionniste
par réaction, par sanction, par neurasthénie ou par usure des pneus de l'âme, le
peuple vient de trouver une nouvelle raison pour ne pas aller aux urnes : les
routes sont coupées, n'existent plus, sont noyées ou ne mènent plus nulle part,
pas même aux avaloirs. Pour le peuple, il ne sert à rien d'avoir des maires
puisqu'ils ne servent à rien contre la pluie. Le procès a été depuis trois jours
unanime et sévère. La moitié de l'Algérie, c'est du vieux bâti, l'autre moitié
c'est du mal bâti, le tout a donné le spectacle d'un pays qui a trop bu. Prétextant
des averses, les Algériens viennent de fonder un nouveau parti politique qui
s'explique par le ciel comme le FIS s'expliquait par l'au-delà. Ils sont sortis
dans la rue pour demander des logements puisque les avaloirs et les égouts ne
fonctionnent pas à cause de maires qui ne fonctionnent plus. Est-ce raisonnable
? Un peu. Si la pluie fait autant de dégâts à chaque fois, c'est que le
développement algérien vaut ce que vaut un poster collé à un mur par un peu de
salive. Pourtant, le problème est déjà comme la pluie : il n'est la faute de
personne et de tout le monde, comme le réchauffement climatique. Les maires ne
servent à rien parce que les Algériens ne servent à rien eux non plus. Un maire
qui veut réparer une route est coupable parce qu'il ne le veut pas et s'occupe
d'autre chose ou parce que les entreprises dont il
dispose sont composées d'employés algériens qui ne savent pas le faire, le font
mal ou le font n'importe comment. Les Chinois ne pouvant pas remonter jusqu'en 62
pour tout réparer, le problème est le problème de tout le monde. Ne pas voter
des maires ne va pas réparer les routes puisque même avec des maires votés, il
s'agit toujours d'entreprises qui ne savent pas réparer un trou ou le réparent
avec un autre juste à côté. La conclusion ? L'argent ne fait pas le bonheur et
pas même les routes chez nous. Il fait des chiffres. Les élections ne font pas
les routes, elles font des maires. Les maires ne font rien, ils font avec. Que
faut-il faire aujourd'hui après avoir chassé la France ? Au choix : abandonner
les routes et se contenter des sentiers d'avant l'arrivée des Turcs, ou apprendre
à faire des routes et arrêter de répéter qu'elles ne mènent nulle part dans ce
pays ou voter un Prophète qui ira construire une Arche pour sauver un couple
dans chaque commune. Une dernière solution : ne rien demander à Dieu et pas
même la pluie pour apprendre à compter sur soi. Selon les anciennes traditions
africaines, un faiseur de pluie doit d'abord être sorcier. Un faiseur
d'avaloirs doit-il répondre à la condition ?
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par Kamel Daoud
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