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La poésie universelle foisonne de ces poèmes qui disent la douleur de la perte, au-delà de l’amitié et de l’amour, d’un être d’exception. Mais ici l’Algérie nous suffit. Nous remontons vers la guerre. Militants, d’une manière ou d’une autre, ces militants que chante Jean Sénac dans son poème très connu :
"S’ils sont armés
c’est de roses nocturnes
Ils ne savent battre
que le rappel des coeurs" [1]
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Hommage anonyme et collectif. Il peut se faire plus précis et est alors "nommé " :
"Mohamed Larbi Ben M’Hidi,
Ali Boumendjel
Pieds et poings liés
ils se sont pendus ?
Ils se sont jetés des hautes terrasses ?
Feu sur vos mensonges !
Vous avez insulté la fierté de nos races.
Vous avez insulté le cri et l’esprit.
Vous avez "suicidé" nos volontés de vie.
Mais le chanvre a poussé pour que lui soit rendue sa terre véritable.
De vos cordes de mort
nous tressons nos fouets.
Le dernier souffle des héros
alimente nos forges.
Vous avez péché par l’esprit
Nous vous chasserons par l’esprit.
Le sang de nos martyrs, leur unique pensée,
fleur vigilante, lève avec l’orge nubile." [2]
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Le 11 février 1957, à Barberousse où elle est incarcérée, Annie Steiner écrit ce poème après l’exécution de trois condamnés à mort dont Fernand Yveton.
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"Ce matin ils ont osé
Ils ont osé
Vous assassiner
C’était un matin clair
Aussi doux que les autres
Où vous aviez envie de vivre et de chanter.
Vivre était votre droit
Vous l’avez refusé
Pour que par votre sang d’autres soient libérés
(...)
Nous sommes tristes et meurtries
A travers murs et barreaux
Qui veulent nous séparer
C’est à vous que nous demandons
La force de supporter
L’instant de cruauté
Où le couperet
Puis le coq a chanté
(...)
Que vive votre idéal
Et vos sangs entremêlés
Pour que demain ils n’osent plus
Ils n’osent plus
Nous assassiner." [3]
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Poèmes d’Anna Greki dédiés à Ahmed Inal dont Mosttefa Lacheraf dit, dans sa préface à Algérie capitale Alger qu’ils éclairent, " le rôle que, de proche en proche, tout au long de notre mouvement de libération, ont joué, chaînons têtus dans une chaîne interminable, de tous jeunes gens ayant la foi de la lutte et la certitude de l’avenir algérien " [4].
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J’ai choisi pour mémoire :
"Tu es présent
Vivant plus que vivant
Au coeur de ma mémoire et de mon coeur
Comme un corps plus secret
Croissant dans l’univers charnel
Que les jours et les visages et le sommeil
Labourent la forme d’un homme
Vivant plus que vivant
Avec ton corps qui brille
Aux quatre cris de la douleur
Eparpillé déchiqueté torturé
Saignant sur la terre orange
Où nous sommes nés
Meurent les fusils et les hommes
Meure le soir touffu d’horreurs
Meurent la guerre et la paix
Et le courage et la fatigue
Meurent la mémoire et l’oubli
Tu es vivant plus que vivant
Présent" [5]
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.Poème enfin de Assia Djebar, écrit à Casablanca en décembre 1961 :
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"Tous les matins
Je te cherche parmi les cadavres
tous les matins
tout près de chez nous
chaque nuit morte l’ombre re-dégorge des corps
sous le pont
tout près de chez nous
on me dit
un homme n’est plus que les gardes emportent
et qu’ils ne retrouvent pas
Je te cherche parmi les cadavres
tous les matins
(...)
Je me dis
flambe la seule désespérance
je suis la vie le ciel la plaine de la souffrance
ton sang fertile demain
demain déjà la mort féconde" [6]
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Aussi différents soient-ils dans leur facture, ces poèmes ont des constantes aisément discernables : évocation descriptive plus ou moins fugitive de l’être auquel le poème est dédié, de ses gestes de vie, de sa position de mort ; accusation claire contre ceux qui l’ont exécuté et exaltation de la cause juste pour laquelle ils ont voulu mourir ou plutôt accepter de mourir, à défaut d’une solution de liberté hors de la violence ; élargissement de leur simple destin d’homme et dépassement dans la certitude d’un avenir de liberté : mort consentie face à un adversaire bien circonscrit, mort sublimée en sacrifice nécessaire.
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Mais l’hommage et la colère contre les morts violentes peuvent perdurer ; car l’évolution de la situation après l’indépendance ne permettant pas de panser les plaies, ravive les "erreurs" qui deviennent signes annonciateurs d’une incapacité à sortir de la violence. Deux poèmes de Tahar Djaout tissent ce lien entre l’hommage et la certitude et l’hommage et la révolte. Le premier paraît dans L’Arche-à-vau-l’eau et date des années 71-73.
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"15 mars 1962
(...)
je pense à Feraoun
sourire figé dans la circoncision du soleil
ils ont peur de la vérité
ils ont peur des plumes intègres
ils ont peur des hommes humains
et toi Mouloud tu persistais à parler
de champ de blé pour les fils du pauvre
à parler de pulvériser tous les barbelés
qui lacéraient nos horizons
(...)
un jour enfin Mouloud la bonté triompha
et nous sûmes arborer le trident du soleil
et nous sûmes honorer la mémoire des morts
car avec
tes mains glaneuses des mystères de l’Aube
et ton visage rêveur de barde invétéré
tu as su exhausser nos vérités
écrites en pans de soleil
sur toutes les poitrines qui s’insurgent" [7]
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A la fin de ce poème, on trouve la certitude que les données ont changé. Par contre lorsque Tahar Djaout évoque l’autre poète assassiné en 1973, l’incertitude habite son "poème d’amour" :
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"Soleil Bafoué
(...)
Faut-il avec nos dernières larmes bues
oublier les rêves échafaudés un à un
sur les relais de nos errances
oublier toutes les terres du soleil
où personne n’aurait honte de nommer sa mère
et de chanter sa foi profonde
oublier oh oublier
oublier jusqu’au sourire abyssal de Sénac
Ici où gît le corpoème
foudroyé dans sa marche
vers la vague purificatrice
fermente l’invincible semence
Des appels à l’aurore
grandit dans sa démesure
Sénac tonsure anachronique de prêtre solaire
Le temple
édifié dans la commune passion
du poète
du paria
et de l’homme anuité
réclamant un soleil" [8]
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Poème douloureux, interrogatif, à l’image du silence et de l’ambiguïté entretenue autour de l’assassinat du poète.
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Pouvions-nous penser qu’arriverait le jour où il faudrait continuer dans cette lignée de poèmes par ceux qui ont été écrits pour Tahar Djaout lui-même ?
Ils sont nombreux, différents. J’ai choisi d’en rappeler trois.
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Abdelhamid Laghouati, de Berrouaghia, le 6 juin, écrit :
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" Te voilà face à la mer, toi qui aimais la couleur et la vague d’un étrange pays devenu notre où dire est une hérésie, où écrire arme les bras meurtriers de l’ignorance.
(...) Frère poète, je voudrais tellement sortir mes meilleurs mots et te les offrir en guise de bouquet de fleurs mais je n’ai jamais eu de meilleurs mots, je ne possède que des mots semblables aux tiens, des mots simples de poète, des mots d’amour. (...)"
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Jamel Eddine Bencheikh, de Paris, le 31 mai :
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"Les mots ont cherché en vain ta voix
En vain ta main qui les assemblait
Comme un troupeau vers la mémoire
Le dernier pli vivant de ton corps
Puis ils ont ruisselé
Sans faire de phrases
En caillots silencieux
Eux qui de l’aube à l’aube s’étreignaient
Pour tisser leurs étoffes rugueuses
(...)
Il y a dans nos villages des hommes si légers
Qu’ils marchent par trois ou quatre
Pour résister à la bourrasque
Ils sont si affamés
Que la nourriture les dévore
De nouveaux présages encombrent les rues
Comme des gravats
Près de tout homme encore en vie un monstre
Assiste à l’agonie"
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Smaïl Hadj Ali, enfin, de Bal-El-Oued et de Baïnem, le 30 mai, lance son cri de rage et d’amour :
"l’île natale diaprure ensanglantée
Envahie de chouyoukh de mollahs sanguinaires
(...)
Dire ma capitale souillée par les purulences
De la horde sauvage engrossée par la peste
Légitimée
(...)
Dire la promenade égorgée
Aux racines des rêves orangers
Dire l’escalier inondé de poitrines matinales
(...)
Dire le feu du soir plaqué sur le sang bitumé
Dire cette chambre impossible sur la pointe des pieds
Dire l’ultime tristesse tendue sur l’iris des regards
(...)
Dire ta voix murmurée par les galets de la source
Redire Tahar, nous arrivons, nous courons
Arrête-là Tahar, éloigne-la, respire, respire encore
Réveille-toi, lève-toi (...) [9]
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Les tons et les mots sont différents selon l’intimité que le poète vivant a eue avec le poète assassiné. Mais tous accusent et ne peuvent plus affirmer la fertilité d’une mort programmée pour des desseins qui ne peuvent ouvrir un avenir de lumière.
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Peut-on encore espérer, affirmer comme Sénac :
" Si une lumière marche,
les lumières immobiles finiront par la suivre " [10] ?
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L’incertitude laisse notre angoisse intacte, notre révolte désemparée, notre regard tendu vers cette société dont les poètes décuplent par leurs métaphores les dysfonctionnements, les renversements de valeurs et de sens. Denis Martinez nous rappelle, dans la page-poème consacrée à Djaout, un des poèmes de celui-ci, de 1980 :
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"Alors l’idée même d’oasis sera ensablée
et ne demeurera que le tact des récifs
nous ballottant dans une errance
noire et indénombrable ".
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Un dernier poème enfin, inédit lui, "Etat d’Urgence" de Mourad Yelles-Chaoude, écrit pour Tahar Djaout le 16 juin 1993. On y entend la plainte de la blessure de celui qui tente d’apprivoiser lentement, au plus profond de lui-même, la mort brutale. Car la violence qui l’a faite renvoie à notre propre désarroi, "nuit de plomb", "nuit mercenaire", "nuit nécrophage", où tout devient suspect et infaisable :
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"Nos regards cruels n’osent même plus s’éteindre".
La mort de Tahar oblige à regarder ce pays en face, à nommer ses impasses, à traquer ses réalités, à tenter de se situer par rapport au grand gâchis :
"Je dis un pays foudroyé
Je cherche un pays exilé
Je guette un pays échoué
Je rameute un pays égaré "
La force des évocations s’impose : elles sont nostalgie de rage des enfances amputées, des adolescences massacrées, des amours impossibles : les moissons auraient pu et dû être autres !
"J’invoque le ramage d’une ancienne embellie
Avant le grand saccage
Avant le grand saccage
Avant cet âge sans pitié où tu gis à présent
dans le deuil et la boue "
Dans la strophe finale, le poète refuse de prendre les armes totalement : naïveté, espoir imbécile, peut-être ? ou plutôt entêtement d’espoir pour ceux qui veulent traverser à gué malgré les remous meurtriers.
"Ce soir je dérive
A rebours de la peur
Je piège un rêve à vif
Un horizon qui te ressemble
Un horizon à ta portée
A l’amble de nos mémoires"
"Promenade égorgée", "oasis ensablée", appel venu "d’une grotte déserte", pays "où les mains se trahissent " métaphores de l’impasse suicidaire d’aujourd’hui. Echos d’un grand trou noir de l’histoire dont, peut-être, nos rives ne se sont jamais remises ? Echo imprimé dans nos mémoires par un autre grand poète qui fait dire à son fou :
"Tout devient obscur à Grenade
Il traîne une aile noire aux talons des collines
On ne voit plus brûler l’avenir. Le présent
Cache toute lumière à l’âme et les miroirs éteints
Tout est nuit même le matin." [11]
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Notes :
[1] Espoir et Parole, poèmes algériens, recueillis par Denise Barrat, Seghers 1963, réédité par Lierre et Coudrier, Ed. 1992. Ecrit à Chantillon-en Diois, le 14 septembre 1962.
[2] Ibid. p. 100.
[3] Poème cité dans Anthologie de la littérature algérienne de langue française par C. Achour, Bordas-ENAP, 1990, pp. 90-91.
[4] Alger capitale Alger, P.J. Oswald et SNED Tunis, 1963, p. 12.
[5] Ibid pp. 53-54.
[6] Espoir et Parole pp. 142-143.
[7] L’arche à vau-l’eau, Editions Saint-Germain-des-Prés, 1978, pp. 72-73.
[8] Bouches d’incendies, collectif, ENAP, 1983.
[9] Ces poèmes ont été pris dans le numéro spécial de Ruptures consacré à Tahar Djaout (Alger, juin 1993).
[10] Espoir et Parole pp. 49.
[11] Louis Aragon, Le fou d’Elsa, Gallimard, pp. 203-204.
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.par Christiane Chaulet-Achour
1er septembre 2002
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L'agitateur de mots
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15 juin
Tahar Djaout a été tué par ceux qui veulent une Algérie à genoux. Il était des nôtres parce qu’il était l’ami, le frère de certains d’entre nous. Il était des nôtres parce que sa chronique journalistique depuis longtemps était attendue, lue et discutée. Ses mots nous touchaient chaque semaine.
Il est des nôtres parce que nous pratiquons ces textes et que sa mort nous questionne sur notre rôle, nous, les agitateurs de mots.
" J’ai le geste entravé mais le Verbe libre ", disait le bateleur, poète et chanteur, de Mouloud Mammeri, à la fin de La Cité du Soleil. Ce personnage de refus avait voulu empêcher que le peuple soit privé de son droit à l’intelligence et au questionnement. Mais lorsque ceux pour lesquels il avait forgé l’hymne de lumière lui tournèrent le dos, le livrant ainsi aux lames des meurtriers, il avait lancé :
" Mes frères... Pourquoi m’abandonnez-vous ? "
Ces derniers mots du poète, cette question au-delà de laquelle il n’est plus de retranchement possible nous interroge aujourd’hui.
Pourquoi l’avons-nous laissé assassiner ?
Malheur au peuple qui laisse tuer son poète, son penseur, son artiste et son rêveur ! Malheur ! Car il est lui-même en danger.
Les assassins ne se trompent jamais et la violence n’est pas aveugle. Il s’agit bien de tuer l’avenir et de bloquer toutes les perspectives. Certains ont fait le projet de nous figer dans un passé mythifié et nous font vivre l’Histoire de façon aberrante : que notre lendemain soit placé sous le signe d’un déjà révolu depuis longtemps (a-t-il seulement existé comme on le présente aujourd’hui ?).
Tout est ainsi décidé : le sens de la vie et du monde est déjà fixé.
Exécutions.
Mais voilà, quelques irréductibles, poètes et rêveurs d’avenir, refusent le grand Gel. Ils continuent à explorer les significations et à dessiner les possibles. Tahar Djaout fait partie de ceux qui refusent l’intimidation intellectuelle. En tant que journaliste, mais surtout en tant qu’écrivain, il n’a jamais accepté de se plier à une quelconque Règle imposée, en pensée comme en esthétique :
"Ecrire toujours par intérim ? C’était surtout de cela que je voulais en finir. Pour moi il s’agissait de tenir l’équilibre assez longtemps, de parler en mots, en tracts, en vibrations pour différer la fêlure." Le projet d’écriture est clair. Il est total. C’est un engagement véritable.
Dans son oeuvre poétique et romanesque, il a programmé la déflagration de l’ancien monde des aînés avec lequel il rompt tout amarre. Face à l’Histoire, à la mémoire imposée, il a une attitude libérée et libératrice : refus du poids si lourd d’un passé paralysant.
Dans Les Chercheurs d’os (1984), nous avons une image dynamique et décapante de ce trafic de mémoire opéré sur la Guerre de Libération. Au point de départ de la narration, un fait réel : la recherche et la collecte des restes de martyrs. Mais le travail transformateur de l’imaginaire intervient et révèle alors une pratique "trabendiste" (l’écriture creuse l’attente d’un mot qui recevra statut social peu après) qui fait du combat et de la mort pour la liberté un fonds de commerce bien rentable. Le cliquetis des os brinquebalant à l’intérieur d’un pays enfermé comme une outre (à moins qu’il ne soit transformé en camp !) déplacent des bribes de mémoire devenus ainsi interchangeables. Le rire naît alors, libérateur !
Ce refus des systèmes clos, des valeurs admises pour toujours, se retrouve dans L’Exproprié (1981) où se fait un multiple travail de déblocage : le poète remonte à la source de la mémoire occultée : Kahina et son histoire estompée. Mais alors, pas de glorification fétichiste qui n’est que l’autre face du silence. Le geste iconoclaste : reconnaissance de la mère et rupture avec la mère. C’est qu’il y a d’autre territoires symboliques et signifiants à explorer.
Dans L’Invention du désert (1987), même attitude iconoclaste face à l’Histoire. Le romancier ose toucher aux personnages sur lesquels reposait une certaine identité. Ibn Tachfin et Ibn Toumert sont réveillés de leur névrose séculaire pour porter des questions bien inconfortables d’aujourd’hui. Il écrit : "que ne donnerait-on pour ne plus avoir de mémoire !". Il ajoute aussitôt, conscient que nulle échappatoire n’est possible avait-il seulement envie ? : "J’ai l’impression que l’Histoire s’est endormie là". Réveiller l’Histoire, débloquer les significations et nous faire sortir d’une sorte de fatalité des Signes. C’est cela qui a été interrompu car il s’attaquait au leadership du Sens !
Ainsi Tahar Djaout est mort parce que par ses textes, par ses mots, il était de ces forces de la Rupture qui tournent le dos au vieux système. Comme tant d’autres, il n’avait que les mots à dresser contre la violence et la folie meurtrière. Ces mots devaient être bien forts pour qu’on y réponde par des balles !
La force des mots ?... C’est pourquoi nous devons continuer aujourd’hui à parler et à refuser que territoires discours et pensées nous soient interdits.
16 juin
Silence ! on assassine.
Il faut interrompre nos communications.
Continuer à parler comme nous l’avions projeté, sur un thème ouvert à la vie et la tolérance, après l’assassinat de Mahfoud Boucebci, semblait insoutenable.
Il nous faut quand même continuer, dire. Les mots sont nos seules "armes". Nous n’avons que cela.
La violence n’est pas pour nous : ni créneau, ni credo !
Seuls les mots.
22 juin
Dérisoires ! Nous sommes terriblement dérisoires !
Que faire ? Nous devions reprendre nos travaux et, face à la mort, tisser nos paroles, dresser nos mots. Interrompus par l’annonce de la mort de l’un des nôtres, nous devions continuer à parler pour dire, à notre façon, notre refus de la logique de la mort. Mais il n’est plus possible de continuer à parler ! Une fois de plus, silence ! on assassine.
Impossible de poursuivre maintenant, comme nous l’avions prévu. Mais se taire, c’est abdiquer, c’est reconnaître que les assassins ont raison. C’est trouver une raison à la mort, or ces morts ne peuvent trouver une explication. Elles sont irrecevables !
Alors ?
La parole devient sanglot !
Ne reste que l’écriture !
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par Zineb Benali
septembre 2002
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