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Revenons à Césarée la romaine. Une capitale comme Césarée n'était pas simplement une somme de maisons, d'institutions ou d'industries. On parlera ailleurs des divers cultes dont on a retrouvé des vestiges, la cité elle-même formait une sorte d'église, présidée par un prêtre, le flamine; le forum, le sol même de la cité sont consacrés aux divinités - à la porte Sud, un arc marquait nettement la séparation entre la campagne et la ville, zone sacrée-.
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Tous les cultes pouvaient se concilier avec cette conception religieuse de la vie politique; tous sauf un: le christianisme, qui refusait totalement l'idéal d'une cité paienne et terrestre. On conçoit donc le réaction de défense qui amena les paiens à sévir contre des êtres si proches et en même temps si étrangers d'eux; ainsi s'explique le martyre que subirent à Césarée, Fabius, Théodota, Severianus, Marcienne et bien d'autres dont Dieu sait les noms.
Un récit nous a concervé le souvenir du porte enseigne Fabius. Nous sommes sous le règne de l'empereur Dioclétin, un persécuteur de l'Eglise (sans doute le 31 jullet 299).Ffabius, officier de garnison à Césarée, reçoit l'ordre de porter le drapeau lors d'un défilé de l'assemblée provinciale. Les notables passent, puis les licteurs et les prêtres paiens dans leur robre pourpre. Ce serait maintenant le tour de Fabius: il refuse. On le jette en prison, on le torture et on le décapite. le gouverneur fait jeter la dépouille mortelle dans les flots. Alors se produit le miracle; la tête et le corps du martyr se ressoudent, et les courants les emportent à Cartennae (Ténès), ou ces reliques deviennent de suite un objet de vénération. Plus tard, Césarée aurait bien voulue récupérer cette gloire locale, mais l'auteur de la ''Passion'' farouche partisan de Ténès, fait répondre par cette ville : ''Eh bien Césarée, si tu veux, intente un procés aux flots. Accuse la piété de la mer, la fidélité des ondes; poursuis ton voleur le vaste abime. Mais pourras-tu accuser le Seigneur qui m'a donné ce corps intact ?''. C'est ainsi qu'à la sainteté succède l'esprit de clocher. :)
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Malgré les persécutions, ou peut-être à cause d'elles, le christianisme grandit à Césarée: une inscription nous apprend que le sénateur Severianus a donné à ses frères un terrain pour y établir un cimetière -sans doute la nécropole située près de l'oued El Kantara-. Après la paix de l'Eglise (313 Edit de Constantine), l'art chrétien se développe: on a découvert des sarcophages avec les scénes habituelles : l'Adoration des Mages, les trois Hébreux dans la fournaises, etc... et récemment un fragment de bas-relief représentant l'histoire de Jonas. Un shisme spécifiquement africain, celui de Donat, gagne une grande partie des chrétiens de Césarée, et il faudra que Saint Augustin ait une controverse publique avec l'évêque danatiste Eméritus pour ramener les fidéles à la religion catholique.
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