.
L’avènement de l’Islam au VIIe siècle est un des faits les plus considérables de l’histoire du Maghreb.
En l’an 681, avec l’arrivée de Sidi-Okba, l’Algérie entre dans l’histoire de l’Islam, car cette religion nouvelle obtient de plus en plus l’adhésion de la population qui participera à la conquête et à l’islamisation d’une grande partie de la péninsule ibérique;
Au IIIème siècle de l’Hégire, IXème siècle de notre ère, l’Afrique du Nord, toute entière, était conquise par l’Islam. Ce fut une conquête spirituelle sans précédent.
.
LES ROSTEMIDES
La carte politique de l’Afrique du Nord qui va de la Tripolitaine à l’Océan Atlantique, présente au IXème siècle, la division que nous connaissons encore. Trois royaumes se juxtaposent : Tunisie, Algérie et Maroc.
Au Maghreb central, l’Algérie est gouvernée par la dynastie des Rostomides, qui règnent dans Tihert, près de l’actuel Tiaret. A leur simplicité d’ascètes, ces Imams joignent le goût de l’étude et une culture de savants. Dans Tihert, ils assemblent de riches bibliothèques et ils envoient en Orient des missions pour acheter des manuscrits.
La science passionne leur entourage : les femmes de leurs familles s’adonnent à l’examen du dogme, de l’exégèse coranique, des pratiques du culte et de la jurisprudence islamique. D’autres sciences captent leur intérêt, en particulier l’astronomie au sens large du terme.
.
LES FATIMIDES
La civilisation musulmane atteint son apogée avec les Fatimides qui rayonnèrent pendant trois siècles (du Xe au XIIe siècle). De cette époque date la Kalaa des Béni-Hammad. Érigée sur une pente que circonscrivent des ravins, elle est dominée par des hauteurs rocheuses qui lui servent d’observatoire et l’alimente en eau. Aujourd’hui, le minaret de la mosquée se dresse au milieu de ruines où les fouilles ont dénombré trois palais. L’architecture de ces demeures s’inspire de l’Orient, de l’Irak et de la Perse. L’art Hammadite est une branche de l’art fatimide. Moins raffiné que celui des Zirides, il atteste cependant d’un goût du luxe favorisé par l’abondance de ressources. La chute du Royaume de Kairouan canalise vers la Kal’a des Béni-Hammad, le courant commercial et culturel qui aidera à l’épanouissement des Hammadites.
.
LES ALMORAVIDES
C’est en 1035 que les Almoravides, vont entrer dans l’Histoire. Guidés par le Saharien Yousouf, fils de Tachfin, ils s’attribuent une mission religieuse. Yousouf a laissé les plus beaux monuments de l’art musulman, en Algérie.
A la première étape de sa traversée, il remonte à Agadir où il fonde Tagrart qui sera son lieu de résidence. Son modeste palais sera plutôt une dépendance de la Grande Mosquée.
Tlemcen ne fut qu’une étape ; les Almoravides s’emparèrent de Nédroma, Ténès, mais ne dépassèrent pas Alger.
Les mosquées sont le plus beau legs des Almoravides. La date de la construction de la Mosquée de Nédroma est attestée par une inscription sur bois de cèdre qui couronnait le Minbar. Ces vestiges sont conservés au Musée des Antiquités du Parc de la Liberté à Alger.
C’est aussi l’inscription de la chaire qui nous permet de dater la Grande Mosquée d’Alger (1096).
L’architecture s’inspire de celle de la Grande Mosquée de Cordoue.
A Nédroma comme à Tlemcen et à Alger, l’art andalou exerce une grande influence. Pour la Grande Mosquée de Tlemcen, Yousouf voulait un édifice simple et ainsi apparaît-il au visiteur qui pénètre dans la Mosquée par la face latérale. Le dépouillement architectural, où nous reconnaissons l’austérité du chef Saharien, fait contraste avec l’abondance décorative de la nef centrale, plus tardive, avec ses plafonds aux poutres sculptées, le mirhab qui se creuse dans le mur du fond et la coupole qui précède cette niche. Une inscription sur la corniche nous indique qu’elle fut exécutée en 1136.
Le cadre du mirhab et la coupole dont les arceaux s’entrecroisent et soutiennent des panneaux de plâtre ajourés s’inspirent de la Grande Mosquée de Cordoue. S’y ajoutent des éléments de l’art hammadite telles les stalactites qui surmontent les arceaux entrecroisés.
.
LES ALMOHADES
« La prospérité du royaume almoravide fut interrompue par l’apparition d’El-Mahdi, fondateur de la dynastie des Almohades. » C’est ainsi qu’Ibn El-Khaldoun présente ce nouveau personnage qui modifiera le cours de l’histoire du pays. C’est une époque mouvementée, où l’on assiste à la fin de la grande épopée almoravide.
A la fin du règne d’Ali Ben Yousouf en 1192, les Masmoûda disposaient déjà de forces redoutables. Se dirigeant vers l’est, les troupes Almohades commandées par Abd-El-Moûmin arrivèrent aux monts de Tlemcen. En Espagne comme au Maghreb, les Almoravides furent incapables de résister aux Almohades. Seuls échappèrent les «hommes voilés», qui tenaient les Baléares : les Béni Ghânya, qui joueront un rôle non négligeable dans l’histoire de l’Algérie.
Ibn Toûmert, dit El-Mahdi, fut le précurseur du mouvement almohade. Disciple du théologien Ghazali, ce réformateur veut appliquer en Occident les préceptes de son maître. Partout, il censure les abus et captive les auditeurs par son éloquence. Il porte controverse sur le terrain de la théologie alors que les Almoravides faisaient de la jurisprudence, leur arme de combat.
Ses partisans, les « Al-Muwahhidûn » (les Unitariens), professaient le dogme de l’unité de Dieu dans toute sa pureté. L’Algérie va prendre place dans l’histoire grâce au rôle joué par Abd El-Moumin, né à Nédroma. Grand Chef guerrier, il dirigea trois campagnes qui conduisirent à l’unification de l’Afrique du Nord.
De cette époque date le premier cadastre de l’Afrique du Nord : en 1159, Abd El-Moumin ordonna l’arpentage de l’Ifriqiya et du Maghreb. On mesura depuis la Cyrénaïque jusqu’à l’oued N’oun, de long en large. On retrancha de cette surface un tiers pour les montagnes, les rivières, les lacs salés, les routes et les déserts. Les deux tiers restants furent frappés du Kharadj ou impôt foncier. Ce fut là une grande innovation.
Les Almohades souverains du Maghreb jouissaient d’un grand prestige tant en Orient qu’en Occident. Cependant l’Empire Almohade, rongé par les luttes intestines pour le pouvoir et par la difficulté de gouverner un si vaste empire, commençait son déclin.
Ce fut d’abord l’Espagne, qui échappa au califat almohade, suivi par la Tunisie (1236) avec les Hafsides, Tlemcen (1239) avec les Abdalwadides, le Maroc (1269) avec les Mérinides, qui prirent Marrakech. Ce fut la fin de la dynastie almoravide.
C’est ainsi que la dynastie berbère des almohades régna sur l’Afrique du Nord et sur la moitié de l’Espagne de 1147 à 1269.
.
Les commentaires récents