Retour à Tipasa œuvre de 1966 de Henri Tomasi, sur un texte d'Albert Camus.
Henri Tomasi (1901-1971), un musicien révolté
Ce Retour est peut-être l’ouvre la plus connue de notre célèbre inconnu. L’Homme révolté d’Alger en avait fait un hymne aux lumières, celles de son pays autant que celles de la philosophie. On imagine ce qui a pu inspirer le musicien, et notamment cette toute dernière phrase de Camus : " Au milieu de l’hiver, j’apprenais qu’il y avait en moi un été invincible. " Désespéré à la fin de sa vie par sa surdité, écouré par les atrocités guerrières, Henri Tomasi avait perdu sa foi catholique. Mais pas sa confiance en l’humain. Le musicien allant de crise en crise sur notre "absurde planète" où l’homme vivait quand même "de merveilleuses aventures". À la Libération, et avant d’être nommé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, il envisageait, en pleine flambée mystique, de se retirer du monde. Il composera au finale un somptueux Requiem pour la paix, en hommage à la Résistance.
"On m’a forcé à être précoce !", s’indignait presque le pianiste marseillais, né au cour de l’été 1901 de parents corses, que le solfège ennuyait prodigieusement au grand dam de son père flûtiste... Et l’on retrouve les ombres chaudes et les clartés accablantes de la Méditerranée dans ses "ouvres de révolte" des années cinquante, telles que le concerto de guitare à la mémoire d’un poète assassiné Federico Garcia Lorca.
Dans Retour à Tipasa (1966), on entend la leçon d'espoir d'un homme malade, désabusé mais capable, au moment même où il hurle un pathétique "Je n'espère plus en l'homme...", de donner tout leur sens aux paroles de Camus : "Je redécouvrais à Tipaza qu'il fallait garder intacte en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l'injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise".
Après sa mort en 1971, Henri Tomasi est peu à peu tombé dans l’oubli. Alors j’espère que le grand public appréciera ou redécouvrira cette musique très colorée, pleine de clarté méditerranéenne.
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