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CHANT GENERAL...EXTRAIT

27 avril 2024

 Paix pour les crépuscules qui s’avancent,
paix pour le pont, paix pour le vin,
paix pour les lettres qui me cherchent
et montent dans mon sang, y emmêlant
le vieux chant et la terre, les amours,
paix pour la ville au petit jour
quand s’éveille le pain, paix pour le fleuve
des racines, pour le Mississippi :
paix pour la chemise de mon prochain,
paix dans le livre comme un sceau de vent,
paix pour Kiev et son grand kolkhoze,
paix pour les cendres de ces morts
et de ces autres morts, paix pour le fer
noir de Brooklyn, paix pour le facteur qui se rend
de maison en maison comme le jour,
paix pour le chorégraphe qui crie ses paroles
dans un entonnoir, aux volubilis,
paix pour ma main droite
qui ne veut écrire que Rosario :
paix pour le Bolivien secret
comme une pierre d’étain, paix
pour que tu te maries, paix
pour toutes les scieries du Bío Bío,
paix pour le cœur écartelé
de l’Espagne guérillera :
paix pour le petit musée du Wyoming
où le plus doux
est un coussin avec un cœur brodé,
paix pour le boulanger et ses amours
et paix pour la farine : paix
pour tout le blé à naître,
pour tout l’amour qui cherchera la frondaison,
paix pour tous ceux qui vivent : paix
pour toutes les terres et les eaux.

Je prends congé, je rentre
chez moi, dedans mes rêves,
je retourne à cette Patagonie
où le vent frappe les étables
et où l’Océan disperse la glace.
Je ne suis qu’un poète et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j’aime :
dans ma patrie on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j’aime, moi, jusqu’aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c’est là que je veux mourir,
si je devais naître cent fois,
c’est là aussi que je veux naître,
près de l’araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud,
des cloches depuis peu acquises.
Que personne ne pense à moi. Pensons
à toute la terre, frappons
amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique : je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l’avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
que nous allions au cinéma, que nous sortions
boire le plus rouge des vins.

Je ne veux rien résoudre.

Je suis venu ici chanter, je suis venu

afin que tu chantes avec moi.


.

Paz para los crepúsculos que vienen,
paz para el puente, paz para el vino,
paz para las letras que me buscan
y que en mi sangre suben enredando
el viejo canto con tierra y amores,
paz para la ciudad en la mañana
cuando despierta el pan, paz para el río
Mississippi, río de las raíces:
paz para la camisa de mi hermano,
paz en el libro como un sello de aire,
paz para el gran koljós de Kíev,
paz para las cenizas de estos muertos
y de estos otros muertos, paz para el hierro
negro de Brooklyn, paz para el cartero
de casa en casa como el dia,
paz para el coreógrafo que grita
con un embudo a las enredaderas,
paz para mi mano derecha,
que sólo quiere escribir Rosario:
paz para el boliviano secreto
como una piedra de estaño, paz
para que tú te cases, paz para todos
los aserraderos de Bío Bío,
paz para el corazón desgarrado
de España guerrillera:
paz para el pequeño Museo de Wyoming
en donde lo más dulce
es una almohada con un corazón bordado,
paz para el panadero y sus amores
y paz para la harina: paz
para todo el trigo que debe nacer,
para todo el amor que buscará follaje,
paz para todos los que viven: paz
para todas las tierras y las aguas.

Yo aquí me despido, vuelvo
a mi casa, en mis sueños,
vuelvo a la Patagonia en donde
el viento golpea los establos
y salpica hielo el Océano.
Soy nada más que un poeta: os amo a todos,
ando errante por el mundo que amo:
en mi patria encarcelan mineros
y los soldados mandan a los jueces.
Pero yo amo hasta las raíces
de mi pequeño país frío.
Si tuviera que morir mil veces
allí quiero morir:
si tuviera que nacer mil veces
allí quiero nacer,
cerca de la araucaria salvaje,
del vendaval del viento sur,
de las campanas recién compradas.
Que nadie piense en mí.
Pensemos en toda la tierra,
golpeando con amor en la mesa.
No quiero que vuelva la sangre
a empapar el pan, los frijoles,
la música: quiero que venga
conmigo el minero, la niña,
el abogado, el marinero,
el fabricante de muñecas,
que entremos al cine y salgamos
a beber el vino más rojo.

Yo no vengo a resolver nada.

Yo vine aquí para cantar

y para que cantes conmigo.


.

PABLO NERUDA

 

 

Rédigé le 01/05/2024 à 16:57 dans Poésie/Littérature, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Israël, source de déstabilisation régionale

 

mardi
18 juillet 2023

 

Benyamin Netanyahou annonçait dans une lettre adressée au roi Mohamed VI « la décision de l’État d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental ». Tel-Aviv envisage également l’ouverture d’un consulat à Dakhla, ville située sur la partie du territoire contrôlée par Rabat et revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario depuis 1973. La déclaration intervient dans un contexte de normalisation des rapports entre le Maroc et Israël, formalisé avec les accords d’Abraham en 2020. En 2022, Olivier Pironet rappelait que « cette stratégie d’implantation régionale n’est pas une nouveauté. Elle s’inscrit dans le sillage de la “doctrine de la périphérie” (…) et mise en œuvre dans les années 1950 par le premier ministre d’Israël David Ben Gourion. Selon cette doctrine, Tel-Aviv devait chercher à forger des alliances avec les États situés aux marges du conflit israélo-arabe (...) afin de briser l’isolement régional d’Israël. »

 

Benyamin Netanyahou annonçait dans une lettre adressée au roi Mohamed VI « la décision de l’État d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental ». Tel-Aviv envisage également l’ouverture d’un consulat à Dakhla, ville située sur la partie du territoire contrôlée par Rabat et revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario depuis 1973. La déclaration intervient dans un contexte de normalisation des rapports entre le Maroc et Israël, formalisé avec les accords d’Abraham en 2020. En 2022, Olivier Pironet rappelait que « cette stratégie d’implantation régionale n’est pas une nouveauté. Elle s’inscrit dans le sillage de la “doctrine de la périphérie” (…) et mise en œuvre dans les années 1950 par le premier ministre d’Israël David Ben Gourion. Selon cette doctrine, Tel-Aviv devait chercher à forger des alliances avec les États situés aux marges du conflit israélo-arabe (...) afin de briser l’isolement régional d’Israël. »

Dans la foulée des accords signés entre Tel-Aviv et plusieurs États arabes, Israël et le Maroc ont normalisé leurs relations en décembre 2020. Les deux pays, qui cultivent depuis longtemps des liens de proximité, se sont notamment engagés dans la voie d’une étroite coopération militaire. Au risque de semer les germes de la division au Maghreb, où Alger et Tunis s’inquiètent de voir les Israéliens avancer leurs pions.

 
image from www.monde-diplomatique.fr
Hicham Benohoud ///// série « The Hole », 2015
© Adagp, Paris, 2022- Courtesy the artist and Loft Art Gallery, Casablanca
 

«Je tiens à remercier le roi Mohammed VI du Maroc d’avoir pris cette décision historique. » Ce 10 décembre 2020, M. Benyamin Netanyahou, alors premier ministre d’Israël, ne cache pas sa satisfaction lorsqu’il annonce dans une allocution télévisée un accord de normalisation entre son pays et le royaume chérifien. Conclu par l’entremise du président américain sortant Donald Trump, ce pacte a pour contrepartie la reconnaissance par Washington de la « marocanité » du Sahara occidental (1). Après des décennies d’échanges discrets entre Israël et le Maroc, principalement dans les domaines sécuritaire, commercial et touristique, le palais dévoile au grand jour ce qui était devenu un secret de polichinelle, notamment auprès de son opinion publique, largement opposée à la normalisation avec Tel-Aviv (à l’instar des populations algérienne et tunisienne). Il emboîte ainsi le pas aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Soudan, qui ont signé en septembre et octobre 2020, sous l’égide de la Maison Blanche, les accords Abraham scellant la reconnaissance d’Israël par trois nouveaux pays arabes (après l’Égypte en 1978 et la Jordanie en 1994), au grand dam des Palestiniens, dont le régime israélien occupe les territoires depuis plus d’un demi-siècle.

Les autorités algériennes et tunisiennes, sans relations diplomatiques avec Israël, ne tardent pas à réagir. Au lendemain de l’officialisation du pacte israélo-marocain, le chef du gouvernement Abdelaziz Djerad déclare que l’Algérie est « visée » et dénonce l’« arrivée de l’entité sioniste à [ses] frontières ». Soutien traditionnel des indépendantistes du Front Polisario, Alger souligne également que « le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international ». De son côté, la Tunisie, dont le président Kaïs Saïed a qualifié à plusieurs reprises de « trahison » toute normalisation avec Tel-Aviv, fait savoir par la voix du premier ministre Hichem Mechichi (2020-2021) que celle-ci « n’est pas à l’ordre du jour », coupant court aux rumeurs d’un rapprochement possible des deux capitales alimentées par les affirmations — perçues comme des pressions — de M. Trump (2).

L’alliance entre Tel-Aviv et Rabat a pris une dimension supplémentaire avec la signature d’un partenariat stratégique sans précédent

Un an après sa consécration, l’alliance entre Israël et le Maroc a pris une dimension supplémentaire avec la signature d’un partenariat stratégique sans précédent. Le 24 novembre dernier, à Rabat, le ministre de la défense israélien Benny Gantz et son homologue Abdellatif Loudiyi ont ratifié un mémorandum d’entente militaire présenté comme le premier du genre entre Tel-Aviv et un pays arabe. Cet accord-cadre couvre, entre autres, l’échange d’expertise en matière de renseignement, le transfert technologique, la vente d’armements, le renforcement des relations sécuritaires (notamment au travers d’exercices conjoints entre les deux armées), ainsi que la coopération dans le secteur de l’industrie de défense (avec l’installation dans le royaume de deux usines de drones kamikazes sous supervision israélienne) et celui du matériel de cybersurveillance (comme Pegasus). Selon certaines sources (3), le protocole prévoit également l’ouverture d’une base militaire commune dans la province de Nador, à proximité de l’Algérie. Enfin, un consulat israélien, susceptible d’abriter des activités d’espionnage contre le voisin maghrébin dont les liens avec l’Iran, ennemi juré d’Israël et brouillé avec le Maroc depuis 2018, se sont resserrés ces derniers mois (4), devrait bientôt voir le jour à Oujda, située à la frontière algéro-marocaine. De quoi raviver les tensions entre Alger et Rabat (lire Lakhdar Benchiba et Omar-Lotfi Lahlou, « Bras de fer entre le Maroc et l’Algérie », réédité page 70).

En parallèle, Tel-Aviv multiplie les appels du pied à la Tunisie. Dans un entretien au site émirati Eremnews (18 octobre 2021), M. Issawi Frej, le ministre de la coopération régionale israélien, estime ainsi qu’elle aurait toute sa place aux côtés d’Israël « dans le cadre d’une nouvelle union régionale et proche-orientale ». Plus récemment, l’influent quotidien The Jerusalem Post révélait que le « gouvernement israélien, soucieux d’élargir le cercle de la normalisation arabe », réfléchit aux « opportunités de tisser des liens avec la Tunisie », en participant notamment à des « événements internationaux sans drapeau » (5). Pour l’heure, Tel-Aviv trouve porte close du côté de Tunis, où l’on conditionne tout rapprochement diplomatique à la résolution du conflit israélo-palestinien. Mais cette « opération séduction », ajoutée au partenariat établi avec Rabat, illustre la volonté israélienne d’accroître la pression sur l’Algérie. Considérée par Israël « comme un État pivot au Maghreb », selon le politologue jordanien Walid Abdel Hay, celle-ci « constitue une entrave à ses visées dans la région (…), ce qui explique ses tentatives d’employer le Maroc pour [l’]affaiblir » (6).

Cette stratégie d’implantation régionale n’est pas une nouveauté. Elle s’inscrit dans le sillage de la « doctrine de la périphérie », conçue par Reuven Shiloah, le fondateur du Mossad (le service d’espionnage israélien), et mise en œuvre dans les années 1950 par le premier ministre d’Israël David Ben Gourion. Selon cette doctrine, Tel-Aviv devait chercher à forger des alliances avec les États situés aux marges du conflit israélo-arabe — ce qui fut fait avec l’Iran du chah Mohammad Reza mais aussi avec la Turquie, l’Éthiopie et le Ghana (premier pays africain à reconnaître Israël en 1959) —, afin de contrer l’influence de l’Égypte de Gamal Abdel Nasser et de la Syrie, fers de lance du combat contre l’« impérialisme sioniste », et de briser l’isolement régional d’Israël. C’est pourquoi les Israéliens se tournèrent vers les pays du Maghreb, en particulier le Maroc et la Tunisie : Rabat et Tunis offraient à leurs yeux un visage moins « radical » parmi les membres de la Ligue arabe en raison de leur défiance envers Nasser et de leur pondération vis-à-vis des Occidentaux.

Dès l’indépendance du royaume chérifien (1956), des liens étroits, maintenus dans l’ombre, furent noués entre Tel-Aviv et les responsables marocains. Ils permirent de faciliter l’exfiltration puis l’émigration massive des Juifs du royaume vers Israël dans les années 1960, mais surtout d’engager les deux capitales sur la voie de la coopération militaire. En 1963, un pacte concernant la formation des forces de sécurité du palais fut conclu avec le Mossad, et les Israéliens livrèrent également une centaine de chars au Maroc, au milieu des années 1970, pour lutter contre le Front Polisario. Sous le règne de Hassan II (1961-1999), ces relations connurent un « âge d’or » (7) qui se prolongea sur le plan diplomatique par l’ouverture de bureaux de liaison respectifs en 1994 — Tunis suivra deux ans plus tard —, à la faveur des accords de « paix » signés entre Israéliens et Palestiniens l’année précédente. Les bureaux ont été fermés au début de la deuxième Intifada en Palestine (2000-2005), mais la collaboration sécuritaire s’est poursuivie à bas bruit. Le partenariat ratifié en novembre entendait graver dans le marbre ces liens privilégiés, qui ont résisté aux aléas géopolitiques.

Malgré la « diplomatie des coulisses » mise en place par Israël avec les dirigeants nationalistes tunisiens à partir de 1952, quatre ans avant l’indépendance de la Tunisie, les rapports entre Tunis et Tel-Aviv n’ont jamais atteint le degré des relations israélo-marocaines. Le président Habib Bourguiba (1957-1987) fit preuve, certes, d’un certain pragmatisme en prônant une solution négociée avec Israël pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, mais il a toujours refusé, au nom de la solidarité arabe, d’entretenir des liens officiels avec les Israéliens. En 1982, la Tunisie alla même jusqu’à accueillir sur son sol le siège de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ciblé en 1985 par un bombardement de l’aviation israélienne qui fit près de soixante-dix morts parmi les Palestiniens et les Tunisiens. Hormis la parenthèse de 1996-2000, qui a vu l’établissement de bureaux de représentation mutuels, et des accords tacites dans le domaine du tourisme — dont le ministre René Trabelsi (2018-2020), de confession juive, s’est dit opposé à la normalisation avec Israël —, les relations avec Tel-Aviv sont restées quasiment au point mort. Et la Tunisie est à ce jour le seul pays à évoquer en préambule de sa Constitution, adoptée en 2014, la « juste cause [du] mouvement de libération de la Palestine ».

En Algérie, les dirigeants successifs et la population identifient la lutte des Palestiniens au combat anticolonial contre les Français

Une cause portée également haut et fort par les Algériens depuis des décennies. L’Algérie, dont les dirigeants successifs et la population identifient la lutte des Palestiniens au combat anticolonial contre les Français, fait partie des pays à la pointe du « front du refus » contre Israël, en particulier sur le plan diplomatique. Dernier exemple en date : la campagne menée par Alger, aux côtés de plusieurs capitales parmi lesquelles Pretoria, Tunis et Nouakchott, contre l’adhésion de l’État israélien à l’Union africaine (UA). En juillet dernier, la Commission de l’organisation régionale a décidé — sans aucune consultation collective — d’accorder à Israël le statut d’observateur. Soutenus par Téhéran, les Algériens déplorent une décision « dangereuse » susceptible d’entraîner un risque de « division des pays africains ». Mise en débat auprès du conseil exécutif de l’UA, la question sera tranchée en février 2022. Israël, qui a reçu l’appui du Maroc, a déjà pris part à la bataille médiatique. Lors de sa visite dans le royaume chérifien en août 2021, où il a notamment signé un contrat de forage pétrolier au large du Sahara occidental, le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid a exprimé ses « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, de son rapprochement avec l’Iran et de la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël » au sein de l’UA. « Jamais, depuis 1948, un membre d’un gouvernement israélien n’a été entendu proférer des menaces contre un pays arabe à partir d’un territoire d’un autre pays arabe », lui a répondu quelques jours plus tard son homologue algérien Ramtane Lamamra.

 

Olivier Pironet

 

(1) Cette décision n’a pas été remise en cause par le successeur de M. Trump, M. Joseph Biden.

(2) Le 15 septembre 2020, il avait évoqué « cinq ou six autres pays arabes » prêts à rejoindre les accords Abraham.

(3) Cf. La Quotidienne, 17 novembre 2021, et Tout sur l’Algérie (TSA), 24 novembre 2021.

(4) Lire « Le bras de fer entre Israël et l’Iran s’exporte au Maghreb », Courrier international, Paris, 9 décembre 2021. Les Marocains reprochent notamment aux Iraniens de soutenir le Front Polisario.

(5) Nimrod Goren, « A new beginning : The Mediterranean and Israel’s regional diplomatic tasks », The Jerusalem Post, 29 novembre 2021.

(6) L’Écho d’Algérie, Alger, 17 novembre 2021.

(7) En septembre 1965, le roi remit même au Mossad les enregistrements de la réunion secrète que venaient de tenir les dirigeants arabes à Casablanca pour évaluer leurs forces. Ils permirent à Israël de préparer la guerre des six jours (juin 1967).

 

 

par Olivier Pironet 

18 juillet 2023

Benyamin Netanyahou annonçait 

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/181/PIRONET/64297

 

.

 

 

 

Rédigé le 25/07/2023 à 15:18 dans Algérie, Israël, Maroc, Paléstine, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Israël reconnaît la "marocanité" du Sahara occidental, dans un climat régional tendu

 

image from afrique.tv5monde.com

AFP/Archives

 

Après Washington, Israël a décidé de "reconnaître la souveraineté du Maroc" sur le territoire disputé du Sahara occidental, a annoncé lundi le cabinet royal à Rabat, en citant une lettre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans un contexte régional tendu.

 

"Par cette lettre, le Premier ministre israélien a porté à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi (Mohammed VI) la décision de l'Etat d'Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental", indique le Palais dans un communiqué.

Dans sa missive, M. Netanyahu précise que la position de son pays sera "reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien".

Elle sera "transmise aux Nations Unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu'à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques", ajoute le dirigeant israélien, selon des extraits de sa lettre cités dans le communiqué royal.

Enfin, M. Netanyahu a informé le souverain marocain qu'Israël examinait positivement "l'ouverture d'un consulat dans la ville de Dakhla", située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le royaume.

Rabat souhaite que ses alliés ouvrent des représentations diplomatiques au Sahara occidental en reconnaissance de la "marocanité" du vaste territoire et en gage de leur soutien au royaume.

De fait, pour le roi Mohammed VI, "le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international", avait-il souligné lors d'un discours télévisé.

"Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une dynamique enclenchée ces dernières années, avec la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du royaume sur ses Provinces du Sud (NDRL, le Sahara occidental), le soutien d'une quinzaine de pays européens au plan d'autonomie et l'ouverture d'une trentaine de consulats à Laâyoune et Dakhla", a déclaré à l'AFP un haut responsable marocain sous couvert de l'anonymat.

"Cette reconnaissance renforce cette dynamique", a-t-il assuré.

Tensions avec l'Algérie

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.

 

image from information.tv5monde.com

 

Carte du Sahara occidental

AFP
 
 

Rabat prône un plan d'autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.

A Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a salué la décision.

"Cette mesure va consolider les relations entre les Etats et les peuples, et la poursuite de la coopération afin de renforcer la paix et la stabilité régionale", a-t-il déclaré.

La décision israélienne, qui était attendue, survient dans un climat de rivalité exacerbée entre le Maroc et l'Algérie, les deux voisins ayant rompu leurs relations diplomatiques en 2021 à l'initiative d'Alger.

Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des accords d'Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington.

Cette alliance entre le Maroc et Israël –- en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la "souveraineté marocaine" sur le Sahara occidental -– a encore avivé les tensions avec Alger qui a dénoncé des "manœuvres étrangères".

Coopération accélérée

Depuis leur normalisation diplomatique, le Maroc et Israël s'activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique.

Ainsi, lundi, le chef d'Etat-major israélien a fait part de la nomination d'un attaché militaire pour la première fois au Maroc, le colonel Sharon Itah.

Il prendra ses fonctions dans les prochains mois, a précisé un porte-parole militaire à l'AFP, alors que le bureau de liaison israélien à Rabat doit être élevé au rang d'ambassade et que le Maroc s'apprête à faire de même à Tel Aviv.

 

image from information.tv5monde.com

Le président du Parlement marocain, Rachid Talbi Alami (d) et président de la Knesset israélienne, Amir Ohana, le 8 juin 2023 à Rabat, au Maroc
AFP/Archives
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Depuis la fin mai, trois ministres israéliens ainsi que le président du Parlement, le conseiller à la Sécurité nationale et des soldats d'une unité d'infanterie d'élite --une première-- se sont rendus au Maroc.

Mais ce rapprochement tous azimuts ne fait pas l'unanimité au Maroc, surtout depuis l'accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes.

Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine.

"Le renforcement de nos relations avec Israël ne se fera pas au détriment de notre position de principe en soutien au peuple palestiniens et à ses droits légitimes", a assuré lundi le haut responsable marocain.

 

 

17 JUILLET 2023
Mise à jour le
18 juillet 2023 à 08:02
par AFP Par Philippe AGRET

https://afrique.tv5monde.com/information/israel-reconnait-la-marocanite-du-sahara-occidental-dans-un-climat-regional-tendu

 

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Rédigé le 18/07/2023 à 22:20 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Sahara occidental : pourquoi Israël reconnaît la souveraineté du Maroc

 

Cela fait près de cinquante ans que le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario s’affrontent pour reprendre le contrôle de cette ancienne colonie espagnole. Cette annonce lundi 17 juillet fait suite au processus de normalisation des relations entre Tel-Aviv et Rabat entamé en décembre 2020 en vertu des « accords d’Abraham ».

 

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Pourquoi Israël reconnaît-elle, aujourd’hui, le Sahara occidental comme un territoire marocain ?

Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré « reconnaître la souveraineté du Maroc » sur le territoire disputé du Sahara occidental, a annoncé, lundi 17 juillet, le cabinet royal à Rabat. Une reconnaissance qui fait suite au processus de normalisation des relations entre Israël et le Maroc, inauguré en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham. Un ensemble de traités négociés avec l’aide des États-Unis, prévoyant la reprise des relations entre l’État hébreu et plusieurs pays : à ce jour, les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Cette alliance entre le Maroc et Israël a été négociée en décembre 2020 par Washington en échange d’une reconnaissance américaine de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

À lire aussiLe Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et le Front Polisario depuis cinquante ans

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de cinquante ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.

► Qu’est-ce que cela implique ?

La reconnaissance se traduit dans un premier temps par l’ouverture de représentations diplomatiques. Dans sa lettre, Benyamin Netanyahou a informé le souverain marocain qu’Israël examinait positivement « l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla », située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le royaume, en gage de leur soutien au royaume.

À lire aussiSahara occidental : pourquoi l’Espagne s’oppose-t-elle au Maroc ?

Dès lundi, le chef d’état-major israélien a fait part de la nomination d’un attaché militaire pour la première fois au Maroc, le colonel Sharon Itah. Il prendra ses fonctions dans les prochains mois, a précisé un porte-parole militaire à l’Agence France Presse, alors que le bureau de liaison israélien à Rabat doit être élevé au rang d’ambassade et que le Maroc s’apprête à faire de même à Tel-Aviv.

► Quelles sont les positions des autres pays sur le sujet ?

En échange de la reprise des relations entre le Maroc et Israël, Donald Trump a reconnu officiellement le Sahara occidental comme territoire marocain, le 10 décembre 2020. Une reconnaissance réaffirmée par Joe Biden, en juillet 2021. Contre toute attente, c’est ensuite l’Espagne, pourtant longtemps en conflit avec le Maroc sur ce sujet, qui a apporté son soutien au royaume, en mars 2022. Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avait déclaré dans un communiqué que le plan marocain « d’autonomie » pour le territoire du Sahara occidental était « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », une manière d’afficher son soutien au Maroc.

L’Allemagne s’est également alignée sur la position de l’Espagne. Soucieuse de ne pas abîmer ses relations avec l’Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis, la France n’a pas pris de position officielle.

 

 

 

  • Laure Giuily, 
  • le 18/07/2023 à 17:40
  • https://www.la-croix.com/Monde/Sahara-occidental-pourquoi-Israel-reconnait-souverainete-Maroc-2023-07-18-1201275794

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Rédigé le 18/07/2023 à 21:56 dans Algérie, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Le Maroc humilié

 

Après de longs mois d'hésitations et de faux-fuyants, l'entité sioniste a mis les points sur les i à propos de sa reconnaissance d'une soi-disant souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Et, le Maroc qui appelle à cette reconnaissance de tous ses vœux, en reçoit pour son grade en se faisant chanter par Israël, comme il l'a été par les Etats-Unis sous l'administration de Donald Trump, qui a proposé au roi Mohamed VI de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël en contrepartie d'une reconnaissance par ses soins de la marocanité du Sahara occidental. Ce fut exécuté en 2020, quelques jours avant que le président Trump ne quitte la Maison Blanche.



Le gouvernement israélien a annoncé, lundi 3 juillet, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu'il était prêt à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental si le Maroc acceptait d'accueillir le sommet du Néguev. Un sommet réunissant les pays signataires des accords d'Abraham qui devait se tenir au Maroc en mars, et qui a été reporté à plusieurs reprises, et ce, en signe de protestation contre la campagne militaire d'Israël en Cisjordanie occupée et l'expansion illégale des colonies.

Le Maroc est face à un véritable dilemme, doit-il se plier à la demande de l'entité sioniste en mettant de côté la condamnation de l'expansion illégale des colonies et la répression contre les Palestiniens et accueillir ce sommet du Néguev, en octobre ou septembre, ou refuser d'accueillir ce sommet en s'en tenant aux principes avancés et risquer de ne pas obtenir cette reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par Israël ? Cela serait un suicide politique si le Maroc acceptait d'organiser ce sommet du Néguev dans des moments où la situation se détériore dans les territoires occupés, avec un déchaînement des violences contre les Palestiniens et le maintien, voire le renforcement, de l'expansion des colonies par le gouvernement sioniste. Pis encore, cela ne serait pas moins qu'une humiliation pour le Maroc. Et que chercherait l'entité sioniste à faire goûter à tous les pays arabes, à part l'humiliation, si elle en avait les moyens ? Le début du renforcement des relations entre les deux pays remonte donc à trois ans, et depuis, le Maroc n'a pas fini d'attendre que l'entité sioniste reconnaisse sa souveraineté sur le Sahara occidental. Il en vient presque à quémander cette reconnaissance auprès de tous les pays, mais le cas d'Israël reste bien particulier. Le Maroc a signé les accords d'Abraham en normalisant ses relations diplomatiques avec ce pays, alors qu'Israël refuse de lui rendre l'ascenseur en signe de reconnaissance envers cette normalisation, vue d'Israël comme une grande victoire sur les pays arabes qui refusent tout rapprochement avec l'entité sioniste avant que la Palestine n'obtienne tous ses droits, dont la création d'un Etat palestinien souverain. En tout cas, pour en arriver à exercer ouvertement une telle pression, qu'aucun pays qui se respecte n'accepterait, Israël doit bien connaître les faiblesses du Maroc qui, jusque-là, ne s'est pas encore offusqué d'une telle attitude.

 


par Abdelkrim Zerzouri

Jeudi 6 jupar Abdelkrim Zerzouriillet 2023

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5322289

 

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Rédigé le 06/07/2023 à 14:31 dans Algérie, Islam, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

L'Iran renforce sa présence militaire en Mauritanie et menace le Maroc

 

Téhéran a manifesté son soutien au Front Polisario dans le but de se rapprocher de l'Algérie et de gagner en influence au Maghreb

 

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AFP/HO/PRÉSIDENCE IRAN  -   Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)

 

En conséquence, le gouvernement iranien a pu détourner son attention vers de nouveaux objectifs à son programme, notamment l'expansion de son influence dans plusieurs régions géostratégiques. L'une des plus importantes est le Maghreb, où Téhéran cherche à prendre pied grâce à son soutien au Front Polisario et au déploiement des forces des Gardiens de la révolution en Mauritanie.
 
Cette démarche du régime des Ayatollahs inquiète le Maroc. La crise diplomatique entre Rabat et Alger ne semble pas près d'être résolue, et la souveraineté sur le Sahara reste une ligne rouge entre les deux administrations. C'est dans cette situation que l'Iran veut utiliser à son avantage son soutien au pays d'Abdelmajdid Tebboune et, en même temps, faire pression sur Rabat.

 

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AFP/AFP - Carte montrant les zones d'influence des groupes armés au Sahel
 

La présence militaire accrue de l'Iran en Mauritanie est un autre signe du soutien du régime à l'Algérie. Selon des sources consultées par les médias d'Assabah, les Gardiens de la révolution ont reçu des instructions pour étendre leur activité dans plusieurs pays africains, la Mauritanie étant le plus important, mais pas le seul. Le Sénégal est un autre pays qui connaît déjà une augmentation de la présence de ses forces, ce qui a conduit, il y a une décennie, à des affrontements entre Iraniens et Sénégalais, et à la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Dakar. 
 
En outre, les Forces Al Quds - la branche armée du Jihad islamique - cherchent également à établir des relations et une coopération plus étroites avec le Polisario. Les observateurs estiment que la Mauritanie figure en tête de la liste des priorités du gouvernement iranien afin de se positionner progressivement au Maghreb. Cependant, ils notent également que la Mauritanie n'a pas l'intention de permettre l'avancée de l'Iran, car ils voient une intention claire du pays dirigé par Ali Khamenei d'impliquer leur pays dans une guerre avec le Maroc dans laquelle ils ne veulent pas entrer.

 

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PHOTO/BUREAU DE L'IRAN via AP - Ayatollah Ali Khamenei

Le Maroc, qui est l'un des leaders régionaux, craint l'expansion non seulement des forces iraniennes, mais aussi de ses idées extrémistes. Il existe une intention de répandre le chiisme en Afrique du Nord et d'imposer sa vision. Par conséquent, Rabat a une double préoccupation et tente de contrer l'influence religieuse de l'Iran. Mais si cette préoccupation est double, la menace l'est aussi. Toute activité iranienne est précédée de l'approbation, voire du soutien de l'Algérie, qui semble déterminée à pousser à bout ses liens avec l'Iran.
 
La tendance à Alger est très claire. L'Iran tend à devenir un allié de poids des Algériens au fur et à mesure que ceux-ci approfondissent leurs relations avec la Russie. Ses manœuvres à Béchar coordonnées avec les forces de Moscou ne sont que le début de ce qui devrait être le premier de plusieurs exercices qui auront lieu en 2023. Ces manœuvres, que l'Algérie entendait garder secrètes, ont été confirmées par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a également annoncé que d'autres exercices militaires devraient avoir lieu dans la région proche de la frontière avec le Maroc en novembre prochain.

 

 

 

17 février 2023

https://atalayar.com/fr/content/liran-renforce-sa-presence-militaire-en-mauritanie-et-menace-le-maroc

 

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Rédigé le 17/02/2023 à 15:57 dans Algérie, Iran, Macron, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Entre l’Algérie et le Maroc : un face-à-face militaire ?

 

Entre les deux géants du Maghreb, les lourds contentieux provenant de la colonisation et de la décolonisation ont rapidement pris une tournure militaire. Aujourd’hui, dos à dos, Alger et Rabat durcissent leur politique de défense : le Maroc crée une nouvelle zone militaire, la zone « est », à sa frontière avec l’Algérie, tandis que les nouveaux accords pour l’acquisition d’équipement militaire ne cessent de renforcer les arsenaux respectifs.

La question des frontières est l’élément décisif qui va marquer soixante ans d’opposition marqués par des accès de violence directe ou par proxy (le Front Polisario). Elle influence profondément l’élaboration des politiques de défense des deux pays. La France coloniale porte une grande responsabilité dans la genèse de ce différend. Le contentieux des frontières fut le marqueur indépassable de la querelle. Il trouve ses racines dans le découpage desdites frontières par la France, à chaque fois au bénéfice de l’Algérie (alors trois départements français (1). Par ailleurs, le partage du Maroc en zones d’influence hispano-françaises, à la suite de la conférence d’Algésiras du 7 avril 1906 et du traité de Fès du 30 mars 1912, va contraindre le pouvoir chérifien à récupérer son territoire morceau par morceau (« en kit » comme dira Hassan II un jour (2) : le nord espagnol, la zone franche de Tanger, Ifni et le cap Juby et enfin à exiger la restitution du Sahara espagnol qu’il ne récupérera qu’en 1975, dans un coup de force face à un pouvoir franquiste épuisé. Cette restitution tardive favorisa l’émergence d’un acteur local, le Front Polisario, qui refusa l’annexion marocaine et réclama la tenue d’un référendum d’autodétermination. Le Maroc refusa et chassa le mouvement indépendantiste qui prit les armes. L’Algérie, après une hésitation initiale, prit fait et cause pour le Front Polisario et les affrontements se multiplièrent. Les deux armées se heurteront d’ailleurs, en 1976, à Amgala, dans une bataille en deux temps. Mais la prudence prévalut et, pour éviter une guerre sans merci, les deux pays ne s’affrontèrent plus que par Polisario interposé.

 

Une lente structuration des politiques de défense

Au début de la période postcoloniale, les deux États se soucient peu des conditions juridiques et politiques de l’exercice de la défense nationale. Des deux côtés, l’élément principal est l’incarnation. Les deux chefs d’État assument dans leur personne la souveraineté nationale et sont les garants de sa protection. Côté marocain, la simple appellation « forces armées royales » (FAR) de l’armée démontre le caractère propriétaire, néo-patrimonial, assumé de ce corps. En Algérie, l’Armée de libération nationale (ALN) devient l’Armée nationale populaire (ANP) mais demeure sous le contrôle exclusif du président Houari Boumédiène après sa prise de pouvoir en 1965, qui assume aussi la fonction de ministre de la Défense.

La politique de défense algérienne : grands principes et schéma directeur

La politique de défense algérienne, depuis l’indépendance, s’appuie sur de grands principes théoriques. Sur le plan interne, le soldat est l’héritier du moujahid de l’ALN et du fellagha de la résistance intérieure. Le maintien de la conscription, qui fit l’objet de grands débats à l’orée des années 2000, est vécu par le pouvoir comme un élément symbolique majeur, et ce, même si la professionnalisation de l’armée a été largement engagée. La terrible guerre civile algérienne (1991-2002) démontra, en ses premières années, l’incapacité des conscrits à tenir l’arrière-pays et surtout à combattre à armes égales avec les jihadistes des Groupements islamiques armés (GIA) et de l’Armée islamique du salut (AIS). Aujourd’hui, le quadrillage efficace du pays (en dehors de quelques endroits reculés) est une réalité.

Sur le plan des frontières extérieures, l’Algérie a toujours assuré une surveillance étroite de la zone contiguë avec la Libye, toujours inquiète des sautes d’humeur du bouillant colonel Mouammar Kadhafi. Avec la Tunisie, après des années de gel, une coopération réciproque s’établit avec un droit de suite dans le cadre de la lutte contre les maquis antiterroristes. Au sud, l’APN assure le contrôle des maquis et de la guérilla jihadiste repoussée sur les franges maliennes pendant la guerre civile. À l’ouest, la défense de la frontière ouest avec le Maroc est évidemment la priorité, même si l’action militaire potentielle contre le royaume chérifien est dévolue aux forces combattantes de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), épigone étatique du Front Polisario, proclamée en 1976, et dont la population est en exil à Tindouf depuis cette date.

 

Les capacités de l’Algérie à projeter ses forces avaient été entravées dès l’origine par le refus initial de ses constitutionnalistes d’autoriser les interventions extérieures (ce principe fit l’objet d’une exception pendant les guerres israélo-arabes.) Cette autocensure était liée au traumatisme initial de sa propre guerre d’indépendance et voulait éviter que le pays ne s’engageât dans des « aventures » coloniales ou impérialistes. L’Algérie ne prit pas moins part à quelques opérations des Nations Unies, mais sans commune mesure avec l’activisme du Maroc dans ce domaine. La politique de défense algérienne est fortement marquée par la guerre d’indépendance. Le renvoi perpétuel aux « martyrs » (chahid) comme mémoire et exemplarité en est l’illustration. La dernière révision de la Constitution (en 2020, après l’ère Bouteflika) donne les principes suivants : « Digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, l’Armée Nationale Populaire assume ses missions constitutionnelles avec un engagement exemplaire ainsi qu’une disponibilité héroïque au sacrifice, […]. Le peuple algérien nourrit une fierté et une reconnaissance légitimes à l’endroit de son Armée Nationale Populaire, pour la préservation du pays contre toute menace extérieure, et pour sa contribution essentielle à la protection des citoyens, des institutions et des biens, contre le fléau du terrorisme, […]. »

L’État veille à la professionnalisation et à la modernisation de l’ANP, de sorte qu’elle dispose des capacités requises pour la sauvegarde de l’indépendance nationale, de la défense de la souveraineté nationale, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que de la protection de son espace terrestre, aérien et maritime (3).

La mission de l’ANP est prioritairement dédiée à la défense du pays, mais cette dernière mouture constitutionnelle n’interdit plus à cette force militaire d’intervenir au-delà de la frontière.

Même si le texte est plus explicite sur le maintien de la paix, c’est aussi la possibilité d’un droit de suite qui est ainsi libéré.

Algérie : un regard de plus en plus sudiste

Au début, le jeune État algérien s’est peu préoccupé des régions sahariennes. Dès 1963, avec la guerre des sables opposant l’Algérie et le Maroc, l’ouest fut la préoccupation principale. Au fil du temps, un colonel, Mouammar  Kadhafi —  de plus en plus imprévisible  —, la nécessité de détruire les convois de jihadistes remontant les armes des vieux dépôts tchadiens, et les infiltrations dans ces zones moins défendues, conduisirent les responsables militaires à investir sur la défense du sud. Trois nouvelles régions militaires furent alors créées  : Ouargla, Tamanrasset, Illizi.

Le renforcement de la frontière sud se poursuivit car l’effectif était notoirement insuffisant : « Seule 10 % de l’armée algérienne est positionnée dans la zone saharienne (la moitié étant positionnée à la frontière avec le Maroc) (4). » Mais ce désintérêt est en cours de correction active depuis  2012  (5). Vis-à-vis des voisins, un embryon de coopération existe : un «  comité d’état-major opérationnel conjoint » (CEMOC) avec la Mauritanie, le Mali et le Niger, mais il n’a donné que peu de résultats depuis sa création en 2010. La nouvelle stratégie algérienne a été conçue pour tenter de répondre plus efficacement à la fluidité et à la rapidité des groupes jihadistes (6).

 

En résumé, la politique de défense algérienne s’accroche toujours à ses fondamentaux (esprit moujahid, défense nationale du territoire contre toutes les menaces, obsession marocaine) mais elle tente également de s’adapter à un environnement fluctuant et plus conflictuel. La guerre en Libye, pour abattre Kadhafi, a traumatisé l’exécutif et la haute hiérarchie militaire. Les attaques venues des jihadistes du Sahel aussi. Sur le plan multilatéral, l’Algérie a perdu la prééminence absolue en matière de sécurité qu’elle avait à l’Union africaine. Le Maroc est revenu dans l’organisation. La RASD est affaiblie. La chute du clan Bouteflika, la mort du puissant chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, et la reconstitution d’un nouveau pouvoir, ont entraîné un repliement sur les fondamentaux de défense traditionnels. Parmi ceux-ci, le Sahara occidental revient en première ligne.

Le Maroc : présent sur deux fronts ?

Depuis le référendum constitutionnel du 7 juillet 1962, le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Les quatre autres constitutions ne modifieront pas ce principe. Cependant, si la souveraineté revient au peuple, le monarque est le cœur à partir duquel convergent tous les pouvoirs et notamment celui de conduire les armées. Comme nous le disions, « le Roi est la figure centrale et absolue du dispositif de défense. On peut même dire, avec Abdelwahab  Maalmi, que le Roi, pris en tant qu’organe de l’État, est le “véritable producteur de sens” » (7).

Les coups d’État de 1971-1972, dans lesquels l’armée a été impliquée à tous les niveaux, entraînent un raidissement du pouvoir et conduisent à une purge profonde puis à une centralisation accrue avec tous les pouvoirs dans les mains royales. Si le dispositif s’est en partie décentralisé, à partir de la deuxième moitié de la guerre du Sahara, pour pouvoir répondre à la mobilité de l’adversaire, le Palais exerce cependant un contrôle étroit sur la haute hiérarchie.

Dans la dernière constitution du 1er juillet 2010, le roi demeure l’élément central, à la fois politique et symbolique, des principes et de l’organisation de la défense. Le préambule précise qu’en tant qu’« État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible  ». L’article  42, qui détaille les pouvoirs et les compétences royales, stipule que le monarque est « le Garant de l’indépendance du pays et de l’intégrité territoriale du Royaume dans ses frontières authentiques ». L’article 53, quant à lui, précise que le roi est le « Chef Suprême et Chef d’État-major Général des Forces Armées Royales ». Comme le note Brahim Saydi, « la politique de défense marocaine a toujours été définie en fonction de son combat pour l’intégrité territoriale du pays et des menaces que représentent ses voisins. La principale composante de cette menace est associée à l’Algérie […]. Les relations hispano-marocaines constituent le deuxième élément de cette perception de la menace » (8)

 

Les notions d’indivisibilité et d’authenticité des frontières font référence, bien évidemment, au Sahara occidental mais aussi aux présides, ces possessions espagnoles au nord que sont les villes de Ceuta et Melilla, les îlots Leïla/Perejil et les îles Chaffarines. La récupération de ces petits territoires demeure un élément central du récit nationaliste marocain — lui-même contesté par l’Espagne, qui fait valoir une antériorité historique sur ces terres africaines (9). Cette préoccupation n’est pas totalement anecdotique, et le Maroc poursuit l’Espagne sur le terrain des instruments internationaux de décolonisation. Elle utilise aussi désormais l’arme des migrants. À deux reprises, en 2021 et en mars 2022, elle a laissé 8.000 puis 1.200 migrants prendre d’assaut les barbelés des deux villes, et par la mer. Les défenses furent saturées. Mais la véritable affaire demeure celle de l’opposition avec l’Algérie et la question du Sahara occidental. Depuis le succès de la stratégie des murs à partir de 1981, le Maroc contrôle l’essentiel du territoire contesté, renvoyant la RASD aux confins de la Mauritanie et de l’Algérie. Le dispositif de défense s’est perfectionné et l’investissement financier pour le développement du territoire a été considérable, mais rien n’est réglé sur le fond. Le référendum d’autodétermination prévu par les plans Baker n’a jamais pu se tenir et les deux camps se renvoient depuis la responsabilité de l’échec (10).

Pendant presque vingt ans, la situation du territoire est restée figée. Le référendum s’est enlisé alors que des crises politiques chez les Sahraouis limitaient leur capacité d’action. La guerre civile algérienne n’arrangea rien car le pouvoir algérien se replia sur la survie. Depuis quelques années, le réarmement algérien, rendu possible par la remontée du prix des hydrocarbures et l’élimination de la menace intérieure, a permis de relancer l’intérêt pour la cause de la RASD. La question sahraouie est devenue un enjeu de politique interne en Algérie. L’armée en a fait aussi une cause sacrée.

Conclusion : une paix armée ?

La période Bouteflika a été celle d’un réarmement massif de l’Algérie, devenue la deuxième armée d’Afrique (11). Des achats d’armements colossaux à la Russie ont fait progresser ses capacités militaires dans tous les domaines. En face, le Maroc — ne pouvant pas s’aligner au niveau financier — joue la carte de la qualité et s’approvisionne, surtout aux États-Unis, en matériel de très haute technologie. Les nombreuses coopérations de ce pays visent également à mettre les armées à la pointe de la technologie. Dans cet environnement militarisé, il n’y a pas d’ouverture de paix prévisible. Le nouveau gouvernement algérien s’est engouffré dans le dossier sahraoui pour renforcer, si besoin était, sa légitimité en revenant aux fondamentaux et le Maroc a lancé une offensive diplomatique tous azimuts pour bétonner sa position politique. Au milieu, des accrochages commencent à se produire, impliquant d’un côté la RASD et de l’autre les forces marocaines. La volatilité de la situation stratégique mondiale et, dans l’affaire ukrainienne, la réhabilitation de l’usage de la guerre par la Russie comme règlement des contentieux peuvent faciliter la libération de volontés jusqu’alors contenues par un environnement international juridique et politique positif. Le face-à face-va donc continuer…

Jean-François Daguzan

Notes

(1) Voir, entre autres, Michel Foucher, Fronts et frontières : un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, 1991, p. 207-211.

(2) Hassan II & Éric Laurant, La mémoire d’un Roi : entretiens avec Éric Laurent, Paris, Plon, 1993.

(3) «  Algérie  : Constitution de  1996 (version consolidée du 30 décembre 2020) », Digithèque MJP (https://mjp.univ-perp.fr/constit/ dz2020.htm).

(4) Jean-Pierre Dufau, « Rapport autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la défense entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire  », Assemblée nationale, 7  novembre  2012 (https://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r0343.asp).

(5) Voir Salim Chena, « L’Algérie : de la puissance idéologique à l’hégémonie sécuritaire », in Mansouria Mokhefi & Alain Antil, Le Maghreb et son Sud : vers des liens renouvelés, IFRI, CNRS éditions, Paris, 2012, p. 19-37 (https:// books.openedition.org/editionscnrs/22836?lang=fr).

(6) Abdennour Benantar, « Sécurité aux frontières : portée et limites de la stratégie algérienne », L’année du Maghreb, 14, juin 2016, p. 147-163 (https://journals.openedition.org/anneemaghreb/2712?lang=ar).

(7) Jean-François  Daguzan, Le dernier rempart  ?  : forces armées et politiques de défense au Maghreb, Publisud-FMES-FED, Paris, 1998, p. 138.

(8) Brahim Saidy, « La politique de défense marocaine : articulation de l’interne et de l’externe  », Maghreb-Machrek, n°202, hiver  2009-2010, p. 124 (https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek-2009-4-page-115. htm).

(9) Leila ou Perejil (persil) selon que l’on parle du Maroc ou d’Espagne. Pour la dimension historique et politique, voir Yves Zurlo, Ceuta et Melilla : histoire, représentations et devenir de deux enclaves espagnoles, L’Harmattan, Paris, 2005.

(10) Du nom de l’ancien secrétaire d’État américain, James Baker III, chargé de la médiation par l’ONU. Voir Lucile  Martin, «  Le dossier du Sahara occidental », Les Cahiers de l’Orient, 2011/2, n°102, p. 43-57 (https://www. cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2011-2-page-43.htm).

(11) «  Le Maroc 55e   puissance militaire au rang mondial  », Challenge, 21 janvier 2022 (https://www.challenge.ma/le-maroc-55eme-puissancemilitaire-au-rang-mondial-231143/)

 

 

Jean-François Daguzan

04/12/2022

https://moroccomail.fr/2022/12/04/entre-lalgerie-et-le-maroc-un-face-a-face-militaire/

 

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Rédigé le 04/12/2022 à 17:37 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Sahara occidental : le Conseil de sécurité de l’ONU réclame la reprise des négociations

 

La résolution appelle à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » dans la perspective d’une « autodétermination » du peuple sahraoui.

 

image from img.lemde.frDes combattants sahraouis dans le camp de réfugiés de Tindouf, en Algérie, en janvier 2022. RAMZI BOUDINA / REUTERS

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les « parties » au conflit du Sahara occidental à « reprendre les négociations », jeudi 17 octobre, pour permettre une solution « durable et mutuellement acceptable ». Les Etats-Unis, qui ont rédigé le texte de la résolution, ont regretté l’absence d’unanimité lors de ce vote qui a recueilli treize voix pour, avec les abstentions du Kenya et de la Russie, qui a dénoncé un texte « pas équilibré ».

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La résolution appelle « les parties à reprendre les négociations sous l’égide du secrétaire général sans préconditions et de bonne foi », avec l’objectif de parvenir à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » dans la perspective d’une « autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Le Conseil avait lancé ce même appel il y a un an, au moment où le nouvel émissaire de l’ONU, l’Italien Staffan de Mistura, prenait ses fonctions. Il s’est depuis rendu plusieurs fois dans la région pour rencontrer les différents acteurs.

Mais dans son rapport annuel publié récemment, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « vivement préoccupé par l’évolution de la situation ». « La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario marque un net recul dans la recherche d’une solution politique à ce différend de longue date », a-t-il insisté, évoquant des « frappes aériennes et des tirs de part et d’autre du mur de sable » qui sépare les deux parties.

 

Le mandat de la Minurso renouvelé pour un an

Le Sahara occidental, ex-colonie espagnole, est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif. Il oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Rabat, qui contrôle près de 80 % de ce vaste territoire, prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame pour sa part le référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU qui avait été prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu mais jamais concrétisé.

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L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a salué la résolution, estimant qu’elle « conforte le soutien massif de la communauté internationale en faveur de l’initiative d’autonomie marocaine ». Le représentant du Polisario, Sidi Omar, a quant à lui dénoncé « l’inaction continue » du Conseil de sécurité face aux tentatives du Maroc « d’imposer un fait accompli dans les territoires occupés de la République sahraouie [RASD, autoproclamée par le Polisario] ». Cela « ne laisse d’autre option au peuple sahraoui que de continuer et d’intensifier la lutte armée légitime pour défendre son droit non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance », a-t-il déclaré, regrettant que les Etats-Unis, rédacteurs du texte, aient « dévié de leur position de neutralité ».

La résolution adoptée « ne reflète pas la situation » au Sahara occidental et « il est peu probable qu’elle permette de faciliter les efforts de Staffan de Mistura pour une reprise des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario », a de son côté commenté l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy. La résolution adoptée jeudi appelle également les parties à « coopérer pleinement » avec la mission de l’ONU, la Minurso, dont le mandat a été renouvelé pour un an, jusqu’au 31 octobre 2023.

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Le Monde avec AFP

Publié hier à 10h45 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/28/sahara-occidental-le-conseil-de-securite-de-l-onu-reclame-la-reprise-des-negociations_6147699_3212.html

 

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Rédigé le 29/10/2022 à 14:23 dans Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

L’Algérie proche d’un accord avec la Turquie pour l’achat de drones Anka

 

Alger n’a pas caché sa colère lorsqu’un Bayraktar TB2 acheté par le Maroc a été soupçonné d’avoir tué trois Algériens au Sahara occidental : la Turquie a donc également proposé à l’Algérie de lui vendre des drones.

 

image from www.middleeasteye.net

Le drone TAI Anka, exposé lors de l’édition 2021 du Teknofest à Istanbul (Reuters)

 

Lorsqu’une frappe de drone marocaine présumée a tué trois Algériens en novembre 2021 près de la ville de Bir Lahlou, au Sahara occidental, Alger n’a pas caché sa colère et a, en coulisses, fustigé la Turquie.

En dépit de l’absence de preuves concrètes, les responsables algériens estimaient que le Maroc, qui combattait alors depuis un an les séparatistes du Front Polisario sur ce territoire, avait utilisé des drones Bayraktar TB2 de fabrication turque pour frapper un convoi de camions.

 

Algérie-Maroc : derrière l’achat de drones de combat, l’escalade
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Des officiels algériens ont ainsi reproché à la Turquie, auprès d’officiels turcs, de prendre parti entre les deux pays du Maghreb. La Turquie entretient des relations amicales de longue avec chacun des deux pays.  

En septembre 2021, le Maroc a reçu le premier de ses treize drones armés achetés pour un montant de 70 millions de dollars à la société privée turque Baykar.

Des frappes de drones marocaines contre des cibles du Front Polisario ont rapidement suivi, même si le mouvement indépendantiste sahraoui indiquait alors que des drones de fabrication chinoise et israélienne avaient également été utilisés à son encontre. 

En réponse, les diplomates turcs ont adopté une approche plus équilibrée, selon plusieurs sources interrogées par Middle East Eye.

En ce qui concerne l’épineuse question du Sahara occidental, contrôlé à 80 % par le Maroc mais revendiqué par le Front Polisario – soutenu par l’Algérie – en tant que pays indépendant, Ankara opte pour une posture équivoque. Si elle n’a jamais reconnu l’indépendance du Sahara occidental, la Turquie soutient les efforts menés par l’ONU pour résoudre la question.

Un accord finalisé la semaine dernière

Lors d’échanges ultérieurs, Ankara a transmis à Alger un message simple par l’intermédiaire de son ambassadrice : nous sommes également ouverts aux affaires avec vous.

Au cours de négociations qui ont duré des mois, l’Algérie a inspecté tous les drones de combat turcs disponibles. Les pourparlers ont progressé avec l’aide de l’ambassadrice turque Mahinur Özdemir, une francophone nommée par les hautes sphères politiques, qui dispose d’un canal de communication direct avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan en cas de problème.

En fin de compte, les Algériens n’ont pas jeté leur dévolu sur les Bayraktar TB2, des drones de combat de grande taille et renommés dont les performances ont été éprouvées en Ukraine, mais aussi en Syrie, en Libye et dans le Haut-Karabakh.

 

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À la place, Alger a acheté dix exemplaires de drones Anka-S, produits par la société publique Turkish Aerospace Industries, indiquent à MEE deux sources au fait des négociations.

L’Anka-S est un drone MALE (moyenne altitude longue endurance) capable de voler pendant 30 heures d’affilée. Grâce à sa liaison satellite, il peut couvrir une zone beaucoup plus étendue que les autres options, ce qui le rend utile dans des endroits comme l’Afrique du Nord et ses milliers de kilomètres de désert. 

Selon des sources, l’accord a été finalisé la semaine dernière et l’Algérie devrait l’approuver officiellement dans les semaines à venir. Il est difficile de savoir dans l’immédiat quelle sera la réaction du Maroc.

Rabat entretient des relations ombrageuses avec Ankara, considérant le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie comme une force islamiste qui a trouvé un écho au Maroc lorsque le parti marocain éponyme était au gouvernement de 2011 à 2021.

Le nouveau gouvernement marocain n’hésite pas à critiquer Ankara par le biais de ses relais médiatiques lorsque la Turquie est désaccord avec l’Arabie saoudite.

Une demande de commentaires a été adressée au gouvernement algérien, qui, au moment de la publication de cet article, n’a toujours pas répondu.

Les relations entre l’Algérie et le Maroc sont au plus bas : Alger a coupé tous ses liens diplomatiques avec Rabat en 2021, dénonçant des « actes hostiles ».

L’Algérie soutient le Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, qui a dégénéré en conflit après la rupture d’un cessez-le-feu de trois décennies en novembre 2020.

Accusé d’avoir piraté des téléphones de représentants algériens avec le logiciel espion israélien Pegasus, le Maroc exprime en parallèle son soutien à un mouvement séparatiste en Algérie, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

 

 

Par 

Ragip Soylu
ANKARA, Turquie

Published date: Jeudi 20 octobre 2022 -

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/algerie-maroc-turquie-drones-ankara-sahara-occidental

 

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Rédigé le 20/10/2022 à 14:56 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

La contestation au Sahara occidental, une menace pour le Palais royal

 

Le régime alaouite fait face au mécontentement des Sahraouis, qui dénoncent l’« expropriation de leurs terres au profit d’émirs du Golfe et d’investisseurs sionistes »

 

image from www.middleeasteye.netPour la première fois, la contestation contre les expropriations est cautionnée par les chefs des grandes tribus sahraouies qui, pourtant, soutiennent la monarchie (AFP/Fadel Senna)

 

 

Au Maroc, dans la culture de la cour, il est d’usage que le sultan chérifien décide de récompenser ses fidèles en leur octroyant des terres, comme il peut aussi déposséder ceux tombés en disgrâce.

De tout temps, les sultans alaouites ont veillé à contrôler le droit des tribus à bénéficier des terres collectives. Ces terres sont soumises à un régime juridique datant du protectorat français, codifié par le dahir (décret) de 27 avril 1919, toujours en vigueur, qui régit le « droit de propriété des tribus, fractions, douars ou autres groupements ethniques sur les terres de culture ou de parcours dont ils ont la jouissance à titre collectif ».

Placées sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, ces terres tribales se distinguent par leur caractère inaliénable, indivisible, imprescriptible et insaisissable. Elles sont gérées par une assemblée de délégués représentant la collectivité qui a le droit d’utiliser les terres en question. Selon les chiffres officiels, les terres collectives représentant près de 15 millions d’hectares (ce qui correspond à environ 21 % de la superficie totale du Maroc).

 

 
Des tribus marocaines refusent d'être expulsées par les sociétés immobilières
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Durant son règne, Hassan II procéda à des réappropriations massives par l’État de terres collectives occupées par des tribus (loi de 1963 sur la nationalisation), à des expropriations et redistributions de propriétés au profit de ses affidés afin de garantir leur loyalisme.

On évoquait à l’époque un million d’hectares de terres collectives dont près de 600 000 distribués aux serviteurs de la monarchie.

Le roi Mohammed VI n’a pas dérogé à la tradition, comme en témoigne la décision des autorités marocaines en 2016 d’accorder, arbitrairement, à des hauts commis ou serviteurs de l’État des terrains de choix à des prix dérisoires.

Dans son discours de 2020, le roi a appelé par ailleurs à la mobilisation d’un million d’hectares de terres collectives à vocation agricole pour « le mettre à la disposition d’investisseurs ayants droit et privés ».

À cette fin, les autorités n’hésitent pas à dessaisir les ayants droit de leurs terres tribales par voie d’expropriation pour cause d’« utilité publique ».

Sahraouis et terres tribales

La distribution de la rente, notamment à travers le foncier, permet ainsi au pouvoir de domestiquer les élites. De plus, la dépossession semble avoir contribué à l’enrichissement du roi et de ses proches.

Citons en exemple le groupe immobilier Addoha, dirigé par Anas Sefrioui, un proche de Mohammed VI. Les deux hommes auraient bénéficié des terrains constituant un village, situé à Rabat, au bord de la mer, pour construire des résidences de luxe dans le cadre du projet « Plage des nations ». Une affaire révélée en 2006 par le journaliste Omar Radi et corroborée par l’enquête publiée le 19 septembre 2022 par Forbidden stories.

Depuis 2010, les autorités marocaines se déploient pour l’expropriation de milliers d’hectares de terres collectives partout dans le pays.

En 2019, le royaume a adopté la loi 62/17 et son décret d’application pour consolider la tutelle du ministère de l’Intérieur sur les terres collectives, disant « vouloir promouvoir le développement du monde rural et faire bénéficier les femmes soulaliyates (en référence à la soulala, qui est le lien qui unit les membres d’une collectivité ethnique) au même titre que les hommes des terres tribales ».

 

image from www.middleeasteye.net

Le journaliste marocain Omar Radi a été condamné en mars 2022 à six ans de prison pour « viol » et « espionnage ». Mais le quotidien belge Le Soir, partenaire de Forbidden Stories, rappelle que les ennuis du journaliste ont commencé lorsqu’Amnesty International a révélé, en juin 2020, que le téléphone du journaliste était espionné par le logiciel espion Pegasus – alors qu’il travaillait, précisément, sur le dossier des expropriations foncières (Amnesty International)

Or, en réalité, cette loi a contribué à limiter le recours aux us et aux traditions dans la gestion et l’exploitation des biens de ces communautés, notamment en restreignant le rôle des nouabs (représentants des communautés). Ces derniers n’avaient plus le droit d’intervenir pour appliquer les règles coutumières dans la résolution des conflits qui surgissent lors de l’exploitation des terres collectives.

En 2020, les autorités auraient même profité de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire pendant la pandémie de covid-19 pour accentuer le mouvement d’expropriation des terres collectives pour cause d’« utilité publique ». Pour preuve, la publication au bulletin officiel de dizaines de décisions d’expropriation nominatives des terres tribales se situant dans les différentes régions du royaume.

Tout récemment, le royaume a décidé d’intensifier l’expropriation des terres collectives dans l’ensemble du royaume y compris dans certaines zones non contestées du territoire sahraoui, lequel est administré par les autorités marocaines. L’opération d’expropriation pourrait toucher ainsi des terres collectives occupées par des tribus sahraouies qui, malgré leur allégeance à la monarchie, se trouveraient menacées d’être dépossédées des terres de leurs ancêtres.   

Une manœuvre politique qui risque d’attiser les tensions entre les autorités et les populations sahraouies qui revendiquent un droit historique sur leurs terres tribales.  

Les chefs des tribus sahraouies ont du mal à concevoir l’intensification de l’expropriation des terres collectives au nom de « l’intérêt général » dans des zones désertiques et difficilement exploitables.

Les activistes sahraouis dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « tentative de l’État marocain de resserrer l’étau sécuritaire sur les territoires sahraouis qui existaient avant même la colonisation française et espagnole »

Les protestataires sahraouis dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « tentative de l’État marocain de resserrer l’étau sécuritaire sur les territoires sahraouis qui existaient avant même la colonisation française et espagnole ».

À en croire les déclarations de certains activistes sahraouis, issus notamment des régions de Tan-Tan et de Guelmim – en territoires contestés administrés par le Maroc – dans un communiqué signé par la Coordination des trois rivières (Oued Eddahab, Oued Noun et Sakia El-Hamra) le 8 septembre, les autorités marocaines n’auraient pas le droit de conduire une si grande opération d’expropriation pour cause d’utilité publique alors qu’elle serait en réalité menée au profit d’« émirs du Golfe et d’investisseurs sionistes ».

Malgré les tentatives de réglementation des terres collectives, ayant abouti fin 2019 à l’adoption d’un dispositif juridique, qui promeut leur privatisation (melkisation) et favorise l’investissement agricole par les ayants droit et les investisseurs privés, force est de constater qu’un flou juridique persiste encore quant au statut de ces terres qui demeurent soumises au pouvoir discrétionnaire du ministère de l’Intérieur.

Il faudrait admettre que le statut juridique de la propriété collective permettait de sceller la relation de domination entre l’État central et le monde rural. Seul l’État et les collectivités territoriales pouvaient acquérir ces terres, en indemnisant les ayants droit qui pouvaient continuer de bénéficier de leurs terres, mais sans pour autant en acquérir la propriété individuelle.

Un risque de récupération

Dans le cas des terres tribales sahraouies, l’expropriation semble encore plus difficile à justifier, et ce pour des raisons culturelles et historiques. Les délimitations de ces territoires n’ont jamais été figées et l’histoire du Sahara peut se décliner sous la forme d’une incessante recomposition des cultures, des communautés et des espaces.

Mais qu’en est-il vraiment de l’ampleur de cette mouvance embryonnaire de contestation qui traverse les communautés sahraouies et menace d’ébranler le Palais royal ?

Pour le moment, les chefs des tribus sahraouies semblent conscients de l’enjeu politique d’une telle opération, à savoir le contrôle des modes de propriété et d’exploitation de la terre qui tendent vers une transformation de l’ordre social et politique.

 

 
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L’objectif non déclaré du pouvoir serait une reconfiguration politique et sécuritaire des territoires sahraouis de manière à mieux réguler l’évolution démographique, l’encadrement des masses rurales, la fabrique d’un leadership local contestataire, le transport et le trafic des biens et marchandises, ainsi que la mobilité et les coalitions ethnico-tribales des communautés sahraouies, notamment celles qui soutiennent le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui.

Toutes les grandes tribus sahraouies semblent déterminées à défendre leurs terres collectives historiques.

Certaines tribus – Lahmidat, Al-Mahbass et Mhamid al-Ghizlane – ont déjà commencé à organiser, début septembre, des actions de protestation.

D’autres tribus, dites « royalistes », préfèrent garder leurs distances face aux revendications des protestataires. Les tribus sahraouies ne sont pas toutes enclines à défier le régime alaouite et certaines souhaitent négocier avec les autorités marocaines une sortie de crise.

Ceci étant, pour la première fois, la contestation est cautionnée par les chefs des grandes tribus sahraouies. Pourtant, la plupart de ces derniers soutiennent la monarchie, qui défend la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, arguant de l’existence de « liens historiques d’allégeance entre ces chouyoukh [chefs] et les sultans alaouites ».

Alors qu’habituellement, ce sont plutôt les jeunes qui protestent pour défendre des revendications sociales, une mobilisation massive des activistes sahraouis autour de la question des terres collectives est à craindre pour le Palais royal.  

Jouer la carte de la dépossession des Sahraouis de leurs terres tribales risque de favoriser une escalade du conflit sahraoui

D’où le risque pour le royaume de voir le Front Polisario récupérer le mécontentement des tribus sahraouies, surtout celles qui reconnaissent la marocanité du Sahara, en incitant leurs jeunes notamment à s’insurger contre les autorités marocaines.

Cela pourrait nuire à la diplomatie marocaine, qui tente de convaincre la communauté internationale de l’engagement du royaume à respecter les droits des Sahraouis dans le cadre de la proposition marocaine d’autonomie élargie.

En s’attaquant aux terres collectives des Sahraouis, le régime de Mohammed VI fait fausse route s’il pense miser sur une diplomatie disruptive : les conséquences d’une polarisation et d’une confrontation pourraient se révéler désastreuses sur la stabilité politique dans toute la région.

Jouer la carte de la dépossession des Sahraouis de leurs terres tribales risque de favoriser une escalade du conflit sahraoui, mettant en jeu une identité collective à même de susciter des violences extrêmes.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

 
Aziz Chahir is an associate researcher at the Jacques-Berque Center in Rabat, and the secretary general of the Moroccan Center for Refugee Studies (CMER). He is the author of Who governs Morocco: a sociological study on political leadership (L'Harmattan, 2015). Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

 

 

Aziz Chahir
Mardi 18 octobre 2022 - 07:18 
https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/maroc-contestation-sahara-occidental-menace-palais-royal-israel-expropriations
 
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Rédigé le 18/10/2022 à 08:52 dans Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

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