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Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Rédigé le 17/05/2024 à 16:08 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 15/12/2023 à 15:48 dans Israël, Lejournal Depersonne, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Israël est un État colonial. Refuser de le voir serait une illusion historique. Mais il se distingue des expériences coloniales européennes. Refuser de le voir serait une impasse politique.
LaLa volonté du gouvernement Nétanyahou d’expulser et de détruire une part toujours croissante de la population de Gaza et de réduire le territoire et la souveraineté de l’enclave, combinée à l’accélération, en Cisjordanie occupée, des prises de terres par les colons depuis le 7 octobre, oblige à reposer une question vertigineuse.
Au regard de l’histoire, l’installation de colons sur une terre peuplée peut-elle aboutir à autre chose que l’extermination du peuple autochtone, éventuellement avec quelques « réserves » persistantes comme en Australie ou aux États-Unis, ou à l’expulsion manu militari des colons, comme ce fut le cas en Algérie ?
Appliquée à la guerre actuelle, l’alternative se résume ainsi : soit Gaza est rayée de la carte et la possibilité d’un État palestinien réduite à néant, soit Israël se retire de l’ensemble des territoires occupés et prend le risque de se trouver plongé dans une guerre civile.
Le caractère insoutenable du massacre en cours à Gaza, outre l’impuissance désespérante de la communauté internationale, découle en grande partie de l’absence de perspectives politiques : on ne voit pas ce qui peut y mettre un terme, tant on mesure à quel point les choix à opérer pour sortir de la tenaille sont existentiels.
Cette tenaille s’est resserrée au fur et à mesure de la construction de l’État d’Israël et de la consolidation de sa logique coloniale. Aujourd’hui, la présence dans les territoires occupés de 700 000 colons israéliens, dont 500 000 en Cisjordanie, parmi lesquels plusieurs dizaines de milliers d’ultranationalistes et/ou religieux prêts à la guerre civile pour défendre leurs colonies, hypothèque durablement les deux seules solutions offrant un semblant de débouché : celle où deux États cohabiteraient chacun de leur côté ; et celle, résumée par le slogan « Two States, One Homeland », qui autoriserait à la fois les colons israéliens à demeurer sur le territoire de l’État palestinien et les réfugiés palestiniens à revenir s’établir en Israël.
Depuis le 7 octobre, les territoires palestiniens font l’objet d’une pression accrue du pouvoir israélien : pendant que Tsahal anéantit Gaza, plus de 250 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et la construction d’une nouvelle colonie vient d’être approuvée à Jérusalem-Est. Depuis plusieurs mois, les velléités d’annexion ne se cachent plus : elles transpirent de plusieurs décisions gouvernementales, parmi lesquelles la récente nomination du ministre des finances, Bezalel Smotrich, partisan acharné du « Grand Israël », à la tête de l’organe de planification des colonies, une instance qui relevait jusque-là du ministère de la défense.
Cette dynamique coloniale s’est vertigineusement renforcée depuis l’accession au pouvoir de la droite nationaliste et de l’extrême droite, avec notamment l’adoption en 2018 d’une loi fondamentale définissant Israël comme le « foyer national du peuple juif », légitimant au sommet de la structure étatique la discrimination des minorités arabe et druze. Et rompant avec la déclaration d’indépendance de 1948, selon laquelle Israël se devait d’assurer « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ».
Mais cette logique expansionniste est plus ancienne encore. La communauté internationale dénonce en effet son illégalité depuis la guerre des Six Jours de 1967, au cours de laquelle Israël, en réaction au blocus de ses navires en mer Rouge, a attaqué l’Égypte, la Cisjordanie et la Syrie, étendant sa domination sur la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, le plateau du Golan, la bande de Gaza et Jérusalem-Est. Après une première résolution votée par l’ONU pour s’y opposer en 1967, plus d’une dizaine d’autres se sont succédé. En vain.
Dans ses modalités, la politique menée depuis lors par Israël se distingue des expériences coloniales européennes en ce qu’elle se déplie sans empire et sans métropole. Mais elle s’en rapproche par la logique de peuplement, comme cela a été le cas pour la colonisation française en Algérie, visant, pour un État souverain, à s’approprier des terres qui ne lui appartiennent pas et à les exploiter en s’appuyant sur une population extérieure à la population autochtone. En 1968, on comptait moins d’une dizaine d’implantations illégales en Cisjordanie ; elles sont au nombre de 145 aujourd’hui, toutes contraires au droit international, comme l’étaient celles de Gaza démantelées en 2005.
Si le consensus international et intellectuel l’emporte pour dénoncer la politique coloniale d’Israël depuis 1967, il s’avère nettement plus conflictuel pour analyser la période antérieure, des prémices de l’État d’Israël jusqu’à la guerre des Six Jours, en passant par sa création en 1948. C’est là que se cristallise une ancienne querelle historiographique et politique qui se prolonge jusqu’à nos jours pour interpréter l’impasse actuelle.
Pour la résumer trop brièvement, une critique postcoloniale assimile le projet sioniste à la mentalité coloniale et aux pratiques des pays européens catalysées à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ce faisant, elle fait d’Israël un État colonial dans son essence même et délégitime son existence.
Contre ce récit assimilant sionisme et colonialisme, le récit israélien insista longtemps sur trois distinctions importantes : les émigrants juifs n’étaient pas originaires d’une métropole principale et leur installation en Palestine ne servait pas les desseins d’une force armée ; l’intérêt économique des terres arides de Palestine était réduit et leur exploitation ne reposait que marginalement sur la main-d’œuvre locale ; les immigrants juifs ne fuyaient pas une misère économique mais une persécution en diaspora, avec le but de doter les juifs d’un foyer souverain pour les protéger sur une terre auquel l’attachement était millénaire et non fortuit.
Ce récit, contesté précocement par les Palestiniens, les États arabes et même un petit parti politique israélien, le Matzpen (« La Boussole » en hébreu), a été taillé en pièces par ceux qu’on a nommés les « nouveaux historiens » dans les années 1990, qui ont remis en cause la thèse dominante de l’historiographie sioniste faisant de la guerre de 1948 une guerre d’indépendance, voire de libération, pour insister sur l’expulsion massive de la population autochtone.
Dans la décennie suivante, sous les effets de l’échec des accords d’Oslo de 1993 et des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le caractère central de la dépossession territoriale dans le conflit israélo-palestinien est passé au second plan, le narratif de l’antagonisme religieux millénaire ou d’un choc des civilisations prenant le dessus.
Pourtant, « sans réfléchir à l’enjeu territorial, il est impossible de comprendre les racines du conflit et les raisons de la résistance arabe au sionisme », rappelle la chercheuse Yaël Dagan, dans un article ancien mais toujours pertinent sur les « mots du sionisme » où elle montre notamment comment, au début du XXe siècle, l’hébreu substitue aux termes kolonia ou kolonist des mots comme hityashvut ou hitnahalut, aux racines bibliques et aux connotations moins agressives.
L’historien et sociologue Jérôme Bourdon estime quant à lui que faire d’Israël un État colonial depuis soixante-quinze ans constitue une interprétation historiquement trompeuse et politiquement problématique. « S’il y a des aspects coloniaux dans le sionisme, ce mouvement est d’abord un mouvement national, qui réclame un État indépendant comme beaucoup d’autres peuples », expliquait-il récemment dans l’émission « Le temps du débat » sur France Culture.
Pour Gaza, on parle souvent de prison à ciel ouvert, mais la comparaison avec les camps de regroupement en Algérie me paraît plus pertinente.
L’historienne Raphaëlle Branche inscrit elle aussi l’expérience sioniste de la fin du XIXe siècle « dans le contexte de la montée des aspirations nationales partout en Europe plutôt que dans un moment colonial ». « La logique est celle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de peuples qui, à un moment donné, ont réclamé d’être reconnus comme une entité politique internationale sous la forme d’un État », indique-t-elle.
Quand les premières colonies juives s’installent au Proche-Orient, précise-t-elle tout en soulignant la polysémie du terme « colonie », les juifs non seulement n’ont pas d’État mais ils s’installent sur des terres contrôlées par l’Empire ottoman.
Cependant, pour la chercheuse Sylvie Thénault, spécialiste de la colonisation et de la décolonisation de l’Algérie, la comparaison entre l’Algérie et la Palestine demeure utile pour penser ce qui se déroule aujourd’hui en Cisjordanie, à savoir un « territoire où la colonisation se manifeste par l’installation d’éléments allogènes avec le soutien d’autorités étatiques et militaires ».
La référence aide aussi à comprendre le verrouillage de Gaza, que Raphaëlle Branche rapproche des camps de regroupement pendant la guerre d’Algérie, « où la guerre est menée d’abord et avant tout envers une population civile ».
« On parle souvent de prison à ciel ouvert, mais en réalité, la comparaison avec les camps de regroupement me paraît plus pertinente, dit-elle. La logique n’est pas celle de l’emprisonnement mais du contrôle de la population civile, dont on limite la capacité de circulation, qu’on prive de l’accès à ses moyens de subsistance, etc. Tout cela pour gagner la guerre, en obtenant que la population civile cesse de soutenir les opposants au système colonial. »
Sylvie Thénault souligne toutefois que, « sans vouloir aucunement minimiser les crimes de l’armée française en Algérie, qui a pu avoir recours au napalm, la situation n’est pas comparable, ne serait-ce que parce que les avions militaires français ne pilonnaient pas ces camps de regroupement qui ont pu regrouper jusqu’à deux millions de personnes à la fin de la guerre. La logique d’extermination n’était pas la même que celle qui se manifeste aujourd’hui à Gaza au nom de la chasse au Hamas. »
Pour tenter d’échapper au conflit des interprétations, l’historien Vincent Lemire propose de distinguer des « seuils » dans la nature coloniale de l’État hébreu. « Est-ce que la première implantation juive en Palestine historique au XIXe siècle est comparable à la pire colonie d’extrême droite en Cisjordanie aujourd’hui ? Les différences sont évidentes, mais est-ce que ce sont des différences de nature ou de degré ? »
Pour lui, « un premier cran important a été franchi en 1948 avec l’expulsion de 750 000 Palestiniens, parce que c’est différent de revendiquer un droit à l’installation et de mener une politique d’expulsion. Un autre cran est franchi avec l’ingénierie coloniale, à la fois hyper technologique et messianique, qui se développe à partir des années 1990 et crée un espace carcéral à l’intérieur de ce qui reste de la Palestine. »
L’historien donne à voir le piège d’une posture décoloniale univoque. « Si on considère que les populations juives de Palestine sont “aussi exogènes” que l’étaient les Français en Algérie, alors on peut difficilement imaginer d’autres scénarios que l’élimination quasi totale des autochtones, comme en Australie ou aux États-Unis, ou l’expulsion de l’ensemble des colons comme en Algérie. Mais force est de constater l’existence quasi continue de communautés juives sur le territoire de la Palestine. À partir d’une réalité qui n’est donc pas la même qu’en Algérie se greffe le projet sioniste originel qui est de créer un refuge pour les juifs victimes de l’antisémitisme dans le monde occidental. »
Analyser la question palestinienne comme une question coloniale est pertinent historiquement, mais cette lecture coloniale ne nous offre aucune solution politique.
Attentif aux singularités de chaque situation coloniale, Omar Jabary Salamanca, chercheur à l’université libre de Bruxelles, nuance un des arguments principaux entendus pour juger que le cas palestinien serait à ce point spécifique qu’il serait impossible à penser dans une logique similaire avec d’autres histoires coloniales.
« En général, les colonies de peuplement sont des projections depuis une métropole. Mais ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’en réalité Israël est une projection de plusieurs métropoles, comme le montrent aujourd’hui l’investissement militaire ou diplomatique de pays très investis dans le soutien à Israël mais aussi le nombre de soldats israéliens ayant la double nationalité américaine, française ou britannique. »
Au-delà des lectures et relectures possibles de l’histoire, le nœud serait, pour le dire comme l’historienne Sylvie Thénault, qu’analyser « la question palestinienne comme une question coloniale est pertinent historiquement, mais que cette lecture coloniale ne nous offre aucune solution politique ».
« Ce qui est très différent dans le cas de la Palestine et de l’Algérie, c’est que celle-ci pouvait défendre le détachement du territoire colonisé et l’érection d’un État souverain sur le territoire de l’ex-colonie, analyse-t-elle. Se situer dans la même logique, c’est défendre la fin de l’État d’Israël, ce qui n’est pas réaliste, au-delà de l’effarement politique et moral qu’on peut légitimement avoir vis-à-vis de ce que fait aujourd’hui Israël à Gaza. »
Quand nous avons quitté l’Algérie, il y a un million de Français qui sont partis.
Pour celles et ceux qui ne croient plus à une solution à un État et continuent de prôner une solution à deux États, la question lancinante serait de savoir s’il serait possible d’expulser 500 000 colons de Cisjordanie pour laisser la place à un État palestinien viable, alors qu’il a fallu plus de 12 000 soldats pour expulser quelques milliers de colons à Gaza en 2005.
Aujourd’hui, la possibilité d’une solution à deux États est rendue caduque à la fois par la logique coloniale à l’œuvre en Israël mais aussi par l’intransigeance du Hamas, dont beaucoup de membres, tel Ghazi Hamad, porte-parole et membre du bureau politique, estiment qu’« Israël est un pays qui n’a pas sa place sur [leur] terre ». Alors même qu’en 2017 le Hamas avait modifié sa charte, établie en 1988 un an après sa création, en reconnaissant l’existence d’Israël et en acceptant un État palestinien dans les frontières de 1967.
Pour envisager l’avenir et ne pas se résoudre à une vision du conflit israélo-palestinien comme insoluble, juge Vincent Lemire, « il faut préciser ce qu’on désigne par colonie » : « Un kibboutz ou un moshav [autre type de communauté agricole, moins collectiviste à l’origine qu’un kibboutz – ndlr] à l’intérieur des frontières créées de fait par la guerre de 1948, ce n’est pas la même chose qu’une projection contemporaine ultrareligieuse et suprématiste sur les collines de Naplouse ».
Pour ouvrir des perspectives, l’historien rappelle le projet « Two States, One Homeland », qui imagine deux États côte à côte avec une frontière ouverte entre les deux, autorisant les colons israéliens à rester sur le territoire de l’État palestinien et les réfugiés palestiniens à revenir vivre en Israël. Cela permettrait, estime-t-il, de prendre en compte « ce que l’on pourrait appeler une “autochtonie coloniale”, parce qu’Israël existe depuis soixante-quinze ans et parce que des communautés juives sont présentes en Palestine depuis des siècles. Et plutôt que de vouloir en finir avec cette réalité, il me semble qu’elle autorise des solutions créatives, parce que ni les Palestiniens ni les Israéliens ne peuvent espérer jeter l’autre peuple à la mer ».
Les doubles racines, à la fois arabes et juives de la Palestine, proscrivent en effet la disparition de l’un ou l’autre peuple de ce territoire. Elles interdisent aux Israéliens qui voudraient profiter de la stratégie du choc à l’œuvre à Gaza de songer à une élimination des Palestiniens. Elles empêchent aussi une partie du camp décolonial de rêver pour la Palestine d’une décolonisation à l’algérienne.
En Afrique du Sud, la transition s’est faite sans qu’il y ait, comme en Algérie, de départ des colons, même si la question de la possession de la terre n’a pas été réglée.
Pour penser le moment présent, Omar Jabary Salamanca tourne son regard vers le cas sud-africain plutôt qu’algérien puisqu’en Afrique du Sud « la transition s’est faite sans qu’il y ait, comme en Algérie, de départ des colons, même si la question de la possession de la terre n’a pas été réglée puisque les colons sont demeurés les grands propriétaires ». Au-delà des différences de contexte, « s’il y a un point commun aux processus de décolonisation, c’est qu’ils passent par la lutte armée parce que les colons ne cèdent jamais volontairement leur pouvoir, y compris en Afrique du Sud comme on a tendance à l’oublier. »
Nul hasard sans doute si l’Afrique du Sud a accueilli le 5 décembre à Prétoria de hauts responsables du Hamas invités aux commémorations officielles des dix ans de la mort de Nelson Mandela. Son petit-fils, Mandla Mandela, y a rappelé que pour le héros de la lutte contre l’apartheid la création d’un État palestinien était « la grande question morale de notre époque ». Et c’est l’Afrique du Sud qui, la première, a saisi la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre israéliens à Gaza. Cette identification à la cause palestinienne montre bien qu’en tant que grille de lecture politique, la question coloniale est au cœur du conflit israélo-palestinien.
Joseph Confavreux et Carine Fouteau
14 décembre 2023 à 19h22
https://www.mediapart.fr/journal/international/141223/de-quel-colonialisme-israel-est-il-le-nom
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Rédigé le 15/12/2023 à 13:28 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Des centaines de personnes ont été tuées et blessées, hier, lors des bombardements sionistes sur différentes zones de la bande de Ghaza. Selon le ministère de la Santé, le bilan de la journée de mercredi (avant 15h GMT), était de «196 martyrs et 499 blessés». La même source a indiqué «qu'un grand nombre de victimes se trouvent encore sous les décombres», ajoutant que le bilan de l'agression sioniste contre Ghaza s'est élevé, jusqu'à hier, à «18.608 martyrs et 50.594 blessés».
La situation des hôpitaux de Ghaza, ceux du nord en particulier, après plus de 9 semaines de bombardements, est catastrophique. Le nord de la bande de Ghaza est depuis hier «sans aucun service médical», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Ashraf Al-Qudra.
«Les forces d'occupation ont ouvert le feu (mardi, ndlr) sur un certain nombre de membres du personnel médical de l'hôpital Kamal Adwan' (nord de Ghaza). L'hôpital baptiste est complètement plein et ne peut fournir aucun service médical», a déclaré, hier, Ashraf Al-Qudra, annonçant que «le nord de la bande de Ghaza est désormais totalement dépourvu de services médicaux». «Des centaines de malades et de blessés ont besoin de soins médicaux et nous ne pouvons pas les leur fournir. L'occupation contrôle les quantités de l'aide médicale et le départ des patients pour se faire soigner à l'étranger», a-t-il ajouté.
Mardi, les forces d'occupation ont arrêté le directeur de l'hôpital Kamel Adwan', et «l'ont emmené vers une destination inconnue», après avoir pris d'assaut l'hôpital et arrêté le personnel médical, indique la même source.
La situation des hôpitaux dans le nord de Ghaza était prévisible depuis plusieurs semaines. L'argument avancé depuis le début de l'agression par l'entité sioniste, est que «les combattants du Hamas se cachaient dans les sous-sols des structures de santé à Ghaza», un argument admis sans discussion par les alliés occidentaux de l'entité sioniste, pour justifier le bombardement des hôpitaux, n'est même plus répété. Les mises en scène foireuses n'ayant servi à ramener aucune preuve, Israël continue de bombarder les hôpitaux, d'arrêter leurs personnels, de les tuer par balles, sans même s'encombrer d'explications. Le silence des «bienpensants» lui est toujours assuré.
Les vaccins pour enfants complètement épuisés à Ghaza
En bombardant les civils dans les rues et les maisons, en ciblant particulièrement les écoles et les hôpitaux, en procédant à des arrestations de personnels médicaux, d'interdiction de l'approvisionnement en eau, en électricité, en médicaments et en dispositifs médicaux, l'occupant israélien fait de Ghaza l'endroit le plus dangereux au monde.
A ce tableau macabre, il faut savoir que depuis hier, les vaccins pour enfants sont complètement épuisés. Selon le ministère de la Santé à Ghaza, cette situation «aura des répercussions catastrophiques sur la santé des enfants et sur la propagation des maladies, en particulier parmi les personnes déplacées dans des centres d'hébergement surpeuplés».
Hier, un enfant a été tué «d'une balle dans la tête» tirée par un des soldats d'une troupe sioniste dans une attaque contre un centre d'hébergement à Khan Younes. Plusieurs martyrs sont tombés, hier, et des blessés dans un bombardement contre l'école Abu Hussein', affiliée à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qui héberge des personnes déplacées dans le camp de Jabalia, au nord de la bande de Ghaza.
Le bombardement qui a visé l'école Al Daraj' de l'UNRWA), à l'est de la ville de Gaza, a fait plusieurs martyrs et blessés. Deux autres martyrs sont tombés lors d'un raid israélien contre une maison à Deir al-Balah, dans le centre de la bande.
Hier aussi, Ghaza a perdu le 87e journaliste tombé en martyr dans un bombardement, a annoncé le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza.
400 enfants blessés seront transférés en Algérie
L'Algérie accueillera un groupe de 400 enfants de Ghaza, souffrant de diverses blessures suite aux bombardements sionistes contre les civils palestiniens, afin de recevoir un traitement médical d'urgence, a annoncé mardi l'APS citant une «source officielle». La même source a ajouté que ces enfants seront pris en charge dans des hôpitaux civils et militaires à Alger, Oran et Constantine.
Par ailleurs, 68 malades et blessés, dont des enfants, sont arrivés mardi en Turquie en provenance de la bande de Ghaza pour être soignés dans les hôpitaux turcs. «Les 68 patients sont arrivés avec leurs 61 compagnons dans un avion du ministère turc de la Défense qui a décollé de l'aéroport d'Al-Arish en Égypte», selon Al Jazeera. Le ministre turc de la Santé, Fahrettin Koca, qui était à l'aéroport à leur arrivée, a précisé qu'il s'agit de «37 nourrissons et enfants et de 31 adultes». Jusqu'à mardi, la Turquie a reçu, avec ce nouveau groupe, 182 patients, soit au total 359 personnes en comptant leurs accompagnateurs. Parmi ces blessés, «deux sont décédés» et «six autres sont dans les unités de soins intensifs», a ajouté M. Koca.
Plus de 10 soldats sionistes tués et 21 blessés
Les combats au sol, lors de la journée de mercredi, ont fait au moins une dizaine de morts parmi les troupes israéliennes.
Selon CNN, citant une source militaire, «7 soldats israéliens, dont le commandant du 13e bataillon de la brigade Golani, ont été tués (hier)» lors de combats dans la région d'Al-Shujaiya au nord de la bande de Ghaza.
Quelques heures plus tard, l'armée israélienne annonce la mort de deux soldats supplémentaires et du commandant de la brigade Yiftah avec grade de colonel, portant ainsi à 10 le bilan des soldats et officiers tués, uniquement, dans les batailles d'Al Shujaiya. Selon Al Jazeera, le journal Yedioth Ahronoth, citant des sources militaires, «les combats à Al-Shujaiya sont très sanglants» et qu'il est «impossible de détruire le bataillon des Brigades Azzeddine Al-Qassam' (dans ce quartier du nord de Ghaza) par des bombardements aériens». L'armée sioniste a annoncé que 21 de ses soldats ont été blessés à Ghaza en 24 heures.
par Mohamed Mehdi
Jeudi 14 decembre 2023
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5325913
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Rédigé le 14/12/2023 à 10:44 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 12/12/2023 à 20:24 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Histoire et Témoignages
Par Scott Ritter
Traduction Marie Claire Tellier
Les portes de Gaza
"Les assaillants sont arrivés à l'aube et ont rapidement occupé la ville. Les hommes ont été séparés des femmes et fusillés. L'un des assaillants, en ouvrant la porte de l'une des maisons, a trouvé un vieil homme debout. Il l'a abattu. Il a pris plaisir à l'abattre", a déclaré après coup un témoin oculaire de l'attaque.
Bientôt, la ville s'est vidée : les 5 000 habitants ont été tués ou expulsés, les survivants ont été embarqués dans des camions et conduits à Gaza. Les maisons vides ont été pillées. Nous étions très heureux", a déclaré l'un des participants après coup. Si vous ne le prenez pas, quelqu'un d'autre le fera. On ne se sent pas obligé de les rendre. Ils n'allaient pas revenir".
On dirait un récit tiré des premières pages des journaux d'aujourd'hui, l'un des nombreux récits - trop nombreux pour être comptés - décrivant les atrocités infligées aux populations civiles des villes israéliennes et des kibboutz adjacents à la bande de Gaza contrôlée par le Hamas.
Mais ce n'est pas le cas. Il s'agit plutôt des souvenirs de Yaakov Sharett, le fils de Moshe Sharett, l'un des pères d'Israël, signataire de la Déclaration d'indépendance d'Israël, premier ministre des affaires étrangères et deuxième Premier ministre d'Israël. Yaakov Sharett racontait la prise de la ville arabe de Bersheeba, en 1948, par les soldats israéliens, pendant la guerre d'indépendance d'Israël.
Scott Ritter discutera de cet article et répondra aux questions du public dans l'épisode 106 de l'émission Ask the Inspector.
Jeune soldat servant dans le désert du Néguev en 1946, Sharett est nommé mukhtar - ou chef - d'une des onze équipes de soldats faisant partie du "Plan 11 points" secret conçu pour établir des avant-postes juifs dans le désert du Néguev qui serviraient de point d'appui stratégique dans la région lorsque la guerre anticipée entre les sionistes israéliens et les Arabes éclaterait.
Le sionisme, tel qu'il existait avant 1948, était un mouvement visant à rétablir une nation juive sur le territoire de l'Israël biblique. Il a été créé en tant que mouvement politique, l'Organisation sioniste, en 1897 sous la direction de Theodor Herzl. Herzl est mort en 1904 et l'Organisation sioniste a été reprise par Chaim Weizmann en récompense de son action en faveur de l'adoption de la déclaration Balfour, qui engageait le gouvernement britannique à créer un État juif en Palestine. Weitzman est resté à la tête de l'Organisation sioniste jusqu'à la création d'Israël en 1948, après quoi il a été élu premier président d'Israël.
En 1946, un plan de partage des Nations unies divisant le mandat palestinien britannique en sections arabe et juive avait attribué la région du Néguev aux Arabes. Les dirigeants sionistes du futur État d'Israël, menés par David Ben Gourion, Moshe Sharett et d'autres personnes attachées aux principes du sionisme, ont conçu le "plan en 11 points" afin de modifier le statu quo qui existait alors dans le Néguev, où 500 Juifs répartis dans trois avant-postes vivaient parmi 250 000 Arabes résidant dans 247 villages et villes. Les 11 nouveaux avant-postes devaient renforcer la présence israélienne dans le Néguev, créant ainsi une situation où, comme l'a noté l'historien palestinien Walid Khalidi, "une majorité indigène vivant sur son sol ancestral" serait "convertie du jour au lendemain en une minorité soumise à un régime étranger".
Dans la nuit du 5 octobre 1946, juste après Yom Kippour, Yaakov conduit son équipe dans le Néguev. "Je me souviens du moment où nous avons trouvé notre terrain au sommet d'une colline aride", raconte Yaakov. "Il faisait encore nuit, mais nous avons réussi à enfoncer les poteaux et bientôt, nous étions à l'intérieur de notre clôture. Aux premières lueurs du jour, des camions sont arrivés avec des baraquements préfabriqués. C'était un véritable exploit. Nous avons travaillé comme des diables".
Lorsque Yaakov faisait partie du Mouvement de la jeunesse sioniste, il parcourait le Néguev à pied, se familiarisant avec les villages arabes et apprenant leurs noms hébraïques tels qu'ils existaient dans la Bible. À côté du village perché de Yaakov, qui devint le kibboutz Hatzerim, se trouvait un village arabe nommé Abu Yahiya. L'une des missions confiées aux kibboutzniks de Hatzerim était de recueillir des renseignements sur les Arabes locaux, renseignements qui seraient utilisés par les planificateurs militaires israéliens qui préparaient à l'époque l'expulsion à grande échelle des Arabes du Néguev.
Les Arabes d'Abu Yahiya fournissent de l'eau fraîche à Yaakov et à ses compagnons sionistes et gardent souvent les biens du kibboutz pendant que les hommes sont partis travailler. Les dirigeants d'Abu Yahia et du kibboutz Hatzerim avaient convenu qu'ils seraient autorisés à rester une fois qu'Israël aurait pris le contrôle du Néguev. Au lieu de cela, lorsque la guerre a éclaté, les kibboutzniks de Hatzerim se sont retournés contre leurs voisins arabes, les tuant et chassant les survivants de leurs maisons pour toujours.
La plupart des survivants ont fini par vivre à Gaza.
Le massacre et l'éradication physique du village d'Abu Yahiya, de la ville de Bersheeba et des 245 autres villes et villages arabes du Néguev par les colons et les soldats israéliens sont entrés dans l'histoire sous le nom de Nakba, ou "Catastrophe". Les Palestiniens, lorsqu'ils parlent de la Nakba, n'évoquent pas seulement les événements de 1948, mais aussi tout ce qui s'est passé depuis lors au nom du maintien, de l'expansion et de la défense du sionisme après 1948, qui définit l'Israël d'aujourd'hui. Les Israéliens ne parlent pas de la Nakba, se référant plutôt aux événements de 1948 comme leur "guerre d'indépendance".
"Le silence sur la Nakba", a observé un spécialiste contemporain du sujet, "fait également partie de la vie quotidienne en Israël".
Palestiniens fuyant les soldats et les colons israéliens pour sauver leur vie, 1948 |
Après la création de l'État juif d'Israël en 1948, un groupe de colons juifs s'est adressé au Premier ministre David Ben-Gourion pour demander que les hommes de leurs colonies soient autorisés à servir dans l'armée en tant que groupe. C'est ainsi qu'est né le programme Nahal, qui combinait le service militaire et le travail agricole. Les forces du Nahal formeraient une garnison, qui serait ensuite transformée en kibboutz, lequel servirait de première ligne de défense contre toute attaque arabe future sur Israël. En 1951, la toute première de ces colonies Nahal, Nahlayim Mul Aza, a été établie à la frontière avec la bande de Gaza. D'autres ont suivi, le projet Nahal visant à entourer Gaza de ces colonies-forteresses. En 1953, Nahlayim Mul Aza est passé du statut d'avant-poste militaire à celui de kibboutz civil et a été rebaptisé Nahal Oz.
L'un des premiers colons de Nahal Oz s'appelait Roi Ruttenberg. À l'âge de 13 ans, il a servi comme messager pendant la guerre d'indépendance de 1948. À l'âge de 18 ans, en 1953, il s'est enrôlé dans les Forces de défense israéliennes (FDI) et a ensuite obtenu son brevet d'officier. Son premier poste en tant qu'officier est celui d'officier de sécurité pour Nahal Oz. Il se marie et, en 1956, il est l'heureux père d'un petit garçon. Le 18 avril 1956, Roi tombe dans une embuscade tendue par des Arabes, qui le tuent et emportent son corps à Gaza. Son corps a été restitué après l'intervention des Nations unies et il a été enterré le lendemain, le 19 avril. La mort de Roi avait mis en colère la nation israélienne et des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour ses funérailles.
Moshe Dyan, chef d'état-major israélien, lit l'éloge funèbre de Roi Ruttenberg, 19 avril 1956. |
Moshe Dyan, le chef d'état-major israélien, était présent et a prononcé un éloge funèbre qui est entré dans l'histoire d'Israël comme l'un des discours les plus marquants de la nation. "Tôt hier matin", commença Dyan, sa voix portant sur la foule en deuil, "Roi a été assassiné. Le calme du matin de printemps l'a ébloui et il n'a pas vu ceux qui l'attendaient en embuscade, au bord du sillon".
Ne rejetons pas la faute sur les assassins d'aujourd'hui. Pourquoi devrions-nous déclarer leur haine brûlante à notre égard ? Depuis huit ans, ils sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza, et sous leurs yeux, nous transformons les terres et les villages où eux et leurs pères habitaient, en notre domaine.
Ce n'est pas parmi les Arabes de Gaza, mais dans notre propre milieu que nous devons chercher le sang de Roi. Comment avons-nous fermé les yeux et refusé de regarder en face notre destin, et de voir, dans toute sa brutalité, le destin de notre génération ? Avons-nous oublié que ce groupe de jeunes gens vivant à Nahal Oz porte sur ses épaules les lourdes portes de Gaza ?
Au-delà du sillon de la frontière, une mer de haine et de désir de vengeance se gonfle, attendant le jour où la sérénité ternira notre chemin, le jour où nous tiendrons compte des ambassadeurs de l'hypocrisie malveillante qui nous appellent à déposer les armes.
Le sang de Roi nous crie, et seulement à nous, depuis son corps déchiré. Bien que nous ayons juré mille fois que notre sang ne coulerait pas en vain, hier encore nous avons été tentés, nous avons écouté, nous avons cru.
Aujourd'hui, nous allons faire nos comptes avec nous-mêmes ; nous sommes une génération qui colonise la terre et, sans le casque d'acier et la gueule du canon, nous ne pourrons pas planter un arbre et construire une maison. Ne nous laissons pas dissuader de voir le dégoût qui enflamme et remplit la vie des centaines de milliers d'Arabes qui vivent autour de nous. Ne détournons pas les yeux de peur que nos bras ne s'affaiblissent.
C'est le destin de notre génération. C'est le choix de notre vie - être préparés et armés, forts et déterminés, de peur que l'épée ne soit frappée de notre poing et que nos vies ne soient fauchées.
Le jeune Roi qui a quitté Tel-Aviv pour construire sa maison aux portes de Gaza afin d'être un mur pour nous était aveuglé par la lumière de son cœur et il n'a pas vu l'éclair de l'épée. L'aspiration à la paix a assourdi ses oreilles et il n'a pas entendu la voix du meurtre en embuscade. Les portes de Gaza pesaient trop lourdement sur ses épaules et l'ont vaincu.
Le discours est remarquable pour sa reconnaissance ouverte de la haine d'Israël de la part des Palestiniens emprisonnés à Gaza, ainsi que de la source de leur haine, et pour sa compréhension de la légitimité des émotions palestiniennes.
Mais il est aussi sans concession quant à la justesse de la cause israélienne, indépendamment de la légitimité de la cause palestinienne. Israël, a déclaré Dyan, ne peut être réglé sans le "casque d'acier et la gueule du canon". La guerre, a-t-il dit, est le "choix de vie" d'Israël et, en tant que tel, Israël est condamné à une vie de diligence militarisée, "de peur que l'épée ne soit retirée de notre poing et que nos vies ne soient fauchées".
Lorsque les gens réfléchissent à la violence qui a eu lieu le 7 octobre, lorsque des centaines de combattants du Hamas lourdement armés ont surgi de Gaza et sont tombés sur les avant-postes militaires et les kibboutz qui entouraient Gaza, ils ne devraient jamais oublier les origines et le but de ces installations - littéralement enfermer la population de Gaza dans ce qui est en fait un camp de concentration à ciel ouvert, et les émotions produites au sein de la population arabe qui y est emprisonnée. Les Israéliens qui ont vécu, travaillé et servi dans ces campements portaient sur leurs épaules "les lourdes portes de Gaza" et travaillaient sous la "haine brûlante" d'un peuple contraint de s'asseoir dans des camps de réfugiés tandis que, sous leurs yeux, les colons des kibboutz environnants transformaient "les terres et les villages où eux et leurs pères habitaient" en patrie juive israélienne.
Ces Israéliens ont tous tenu fermement l'épée du sionisme dans leurs mains. Aucun des adultes qui ont vécu et travaillé dans ces campements ne peut être considéré comme innocent - ils faisaient partie d'un système - le sionisme - dont l'existence et le maintien exigent l'emprisonnement brutal et l'asservissement de millions de Palestiniens à qui l'on a volé leur maison il y a 75 ans. Ils ont vécu leur "destin", comme l'a appelé Moshe Dyan, avec toute la brutalité qui lui est inhérente. Les "lourdes portes de Gaza" étaient le destin de leur génération, jusqu'à ce que, comme Roi Ruttenberg avant eux, les portes pèsent trop lourd sur leurs épaules et les dépassent.
Ne jamais abandonner
Il fut un temps où je me considérais comme un ami d'Israël. J'avais fait campagne pendant l'opération Tempête du désert pour empêcher le lancement de missiles SCUD irakiens contre Israël et, de 1994 à 1998, j'ai beaucoup voyagé en Israël, où j'ai travaillé avec l'organisation de renseignement des forces de défense israéliennes (FDI), AMAN, pour faire en sorte que l'Irak ne puisse plus jamais menacer Israël avec des missiles SCUD porteurs d'ogives explosives conventionnelles ou d'ogives chimiques, biologiques ou nucléaires. J'ai informé des généraux, des diplomates et des hommes politiques israéliens.
J'ai travaillé de longues heures côte à côte avec des interprètes photographiques israéliens, des collecteurs de renseignements d'origine électromagnétique, des analystes de renseignements techniques et des responsables de dossiers de renseignements humains, afin de nous assurer qu'aucune pierre n'était oubliée lorsqu'il s'agissait de s'assurer que toutes les capacités de l'Irak en matière d'armes de destruction massive étaient entièrement et de manière vérifiable prises en compte. J'ai été frappé par l'incroyable éthique de travail et l'intelligence innée de mes homologues israéliens. J'ai également été impressionné par leur intégrité, car ils ont plus que tenu leur promesse d'adhérer au mandat défini par le Conseil de sécurité des Nations unies en ce qui concerne le travail que moi-même et mes collègues inspecteurs de la Commission spéciale des Nations unies (UNSCOM) faisions en Irak.
Lorsque j'ai quitté l'UNSCOM, en août 1998, je me considérais comme un véritable ami d'Israël (il y avait un inconvénient à cette relation : le FBI enquêtait sur moi pour des violations présumées de la loi sur l'espionnage, une enquête qui n'a pris fin qu'après le 11 septembre 2001, lorsque, après un entretien entre moi-même et trois agents du FBI, l'enquête a été clôturée).
Je dois admettre que j'ai été plus qu'ambivalent à l'égard d'Israël pendant ma jeunesse - je n'étais pas un fan naturel. Mon premier souvenir d'Israël remonte à la guerre du Kippour, en octobre 1973, et j'ai été fasciné par les reportages que j'ai vus à la télévision. Plus tard, en 1976, j'ai également été captivé par l'audace et l'héroïsme du sauvetage d'Entebbe. Mais cet engouement de l'enfance s'est estompé lorsque je suis entré à l'université. Entre un colocataire israélo-américain qui venait de terminer son service dans les Forces de défense israéliennes (je venais de terminer mon service dans l'armée américaine et j'étais inscrit à un programme d'engagement dans le corps des Marines, et je ne pouvais pas comprendre pourquoi un citoyen américain servirait - ou même pourrait servir - dans les forces armées d'une autre nation), et une organisation Hillel (étudiante juive) très active sur le campus, j'ai été offensé par la tolérance zéro qui existait parmi de nombreux juifs américains à l'égard de la Palestine et du monde arabe en général.
J'ai été profondément influencé par le professeur John B. Joseph, un historien assyro-américain spécialisé dans les études sur le Moyen-Orient. Fils de réfugiés du génocide assyrien dans la Perse pré-iranienne, le professeur Joseph est né et a grandi à Bagdad. L'ouverture d'esprit avec laquelle il donnait des cours sur les relations israélo-arabes contrastait fortement avec l'approche "à la carte" adoptée par Hillel. À une occasion, au printemps 1983, Hillel a parrainé la visite d'une délégation de soldats israéliens sur le campus, où ils ont donné des conférences sur l'invasion et l'occupation israéliennes du Sud-Liban. J'étais inscrit au cours de chef de section du corps des Marines et je devais être commissionné après avoir obtenu mon diplôme en mai 1984.
En février 1983, un affrontement entre un Marine américain et trois chars des FDI avait fait la une des journaux du monde entier. Les chars, commandés par un lieutenant-colonel israélien, avaient tenté de percer la position des Marines. Le capitaine Charles B. Johnson, responsable d'une unité de marines chargée d'empêcher les Israéliens d'entrer dans Beyrouth, s'était placé devant les chars et avait dit à l'officier des FDI qu'il ne les laisserait pas passer. Lorsque les chars ont menacé de l'écraser, le capitaine Johnson a sorti son pistolet, a sauté sur le premier char israélien et a dit au lieutenant-colonel qu'ils le feraient sur son cadavre. Les Israéliens ont reculé.
L'impasse à l'extérieur de Beyrouth a provoqué des tensions entre les États-Unis et Israël, le département d'État appelant le chargé d'affaires israélien, Benjamin Netanyahu, à protester contre la provocation israélienne. Les Israéliens ont répandu des rumeurs selon lesquelles l'haleine du capitaine Johnson sentait l'alcool.
Cette rumeur a été répétée par l'un des soldats-ambassadeurs des FDI lors d'une conférence sur le campus à laquelle j'ai assisté. Je me suis offusqué et je me suis levé pour interpeller l'orateur. D'une manière peu diplomatique, j'ai rappelé au soldat des FDI qu'il se trouvait sur le sol américain, en présence d'un Marine américain, et qu'il était hors de question que je le laisse salir la réputation d'un officier du corps des Marines en ma présence. Pressentant la violence inhérente à mes propos (j'avais déjà la réputation sur le campus d'avoir malmené un camarade qui avait souhaité que John Hinckley, le futur assassin du président Ronald Reagan, soit un meilleur tireur), les organisateurs de Hillel sont intervenus et ont expulsé le soldat de Tsahal de l'estrade et du campus.
Ma prochaine interaction avec Israël a eu lieu, indirectement, lors de l'opération Tempête du désert. Alors que la mission des forces américaines consistait à libérer le Koweït de l'armée irakienne, les tirs de missiles SCUD modifiés en direction d'Israël par l'Irak menaçaient d'entraîner Israël dans le conflit, un acte qui aurait fait voler en éclats la coalition des nations, composée de nombreux pays arabes refusant de combattre du même côté qu'Israël, qui avait été si soigneusement constituée par le président George H. W. Bush. L'arrêt des lancements de SCUD irakiens est devenu la priorité absolue de la guerre et, en tant qu'expert en SCUD au sein de l'état-major du général Norman Schwarzkopf, je me suis fortement impliqué dans cet effort. (Comme je l'ai rappelé à un membre de l'auditoire ouvertement hostile lors d'une présentation en 2007 devant une importante organisation juive américaine, je mettais mon cul en jeu pour Israël alors que lui et d'autres juifs américains achetaient des billets pour fuir la Terre sainte).
Après la guerre, j'ai été recruté par l'UNSCOM pour aider à créer une capacité de renseignement indépendante afin de soutenir la mission des Nations unies en Irak. En 1994, j'ai proposé que l'UNSCOM ouvre un canal secret avec Israël pour coordonner étroitement les questions de renseignement liées au désarmement de l'Irak. Ma proposition a été approuvée et j'ai aidé à diriger la première délégation de l'UNSCOM envoyée en Israël, où nous avons rencontré le directeur de l'AMAN et le chef de la division de recherche et d'analyse (RAD) pour discuter de la portée et de l'ampleur de la coopération entre l'UNSCOM et Israël en matière de renseignement.
Lors de ma première visite en Israël, en octobre 1994, j'ai été présenté à un officier de renseignement de l'armée de l'air israélienne qui est devenu mon principal interlocuteur au cours des quatre années suivantes. Notre relation professionnelle était exquise - il ne fait aucun doute que c'est sans cet officier, dont l'énergie, l'intelligence et l'expérience étaient inégalées, que les relations entre l'UNSCOM et Israël ont connu le succès qu'elles ont connu. Ce qui m'a le plus frappé chez cet homme, que j'ai fini par considérer comme un ami autant que comme un collègue, c'est à quel point il voulait que je comprenne et apprécie Israël - le véritable Israël, et non le spectacle de propagande télévisée pour lequel Israël est connu lorsqu'il s'agit d'influencer des étrangers comme moi.
Oui, on m'a fait faire le tour d'Israël en hélicoptère pour que je puisse voir d'en haut à quel point la nation d'Israël était petite et vulnérable. Oui, l'hélicoptère a atterri à Massada, où l'on m'a expliqué la tragédie de cette période de l'histoire israélienne. Oui, j'ai été conduit sur les hauteurs du Golan, à un poste d'observation avancé, où j'ai pu voir les positions de l'armée syrienne à travers un télescope - tout cela est vrai. Mais mon hôte israélien m'a fait remarquer avec sagacité que ce qui m'intéressait vraiment, c'était le "musée des SCUD", où Israël avait rassemblé les débris de tous les missiles SCUD tombés sur son sol pendant l'opération Tempête du désert. Cela m'intéressait parce que c'était ma mission.
Tomber amoureux d'Israël ne l'était pas.
Peu à peu, mon hôte a relâché le contrôle sur les endroits où je pouvais aller et sur ce que je pouvais voir pendant le temps que je consacrais à la planification des inspections. Ma femme m'a rendu visite en Israël pendant un long week-end, et je l'ai emmenée à la mer Morte, à Jérusalem (où nous avons parcouru la Via Dolorosa à Jérusalem, l'itinéraire de procession de Jésus jusqu'à sa crucifixion sur le mont Cavalry), à Nazareth, à la mer de Galilée et au Jourdain - autant d'endroits tirés directement des pages du Nouveau Testament. Ma femme, une fervente orthodoxe géorgienne, était aux anges. Moi, simple historien, j'étais profondément impressionné. "Chaque pierre que vous renversez avec votre pied raconte une histoire", m'a-t-il dit. "Cette terre est pleine d'histoire.
Nous avons rapidement commencé à discuter de l’histoire d’Israël elle-même, en commençant par le quartier où se trouvait l’unité d’exploitation d’images israéliennes avec laquelle j’ai travaillé – Sarona, également connue sous le nom de colonie allemande. Nous avons discuté du mandat britannique lors d'une visite à l'hôtel King David, à Jérusalem, site d'un tristement célèbre attentat terroriste perpétré par Menachem Begin, le futur Premier ministre israélien lauréat du prix Nobel, qui, au moment de l'attentat, en 1946, faisait partie de l'organisation terroriste Irgoun. La plupart des Israéliens se hérisseraient à l’idée que Begin et Irgun soient étiquetés de cette manière. « Écoutez, dit mon hôte, c'était un terroriste. Il avait beaucoup de points communs avec Yassar Arafat.» C’est ce genre d’honnêteté qui m’a fait aimer encore plus mon hôte.
Nous avons discuté de la formation d'Israël lors de la visite du musée Ma'oz Mul 'Aza (la forteresse de Gaza), dans le kibboutz de Kfar Aza, et comparé et contrasté le récit israélien concernant la naissance d'une nation sous le feu (le musée a été construit sur le site du kibboutz de Saad, détruit par l'armée égyptienne en 1948), et la Nakba palestinienne, ou catastrophe, concernant l'expulsion forcée de familles palestiniennes de leurs maisons, y compris à proximité du kibboutz de Kfar Aza (cet Le kibboutz était l'un de ceux ciblés par le Hamas le 8 octobre 2023 et a tragiquement perdu de nombreux habitants à cause des violences perpétrées par les combattants du Hamas.)
Nous avons discuté des paroles de David Ben Gourion, le premier président d’Israël, qui a déclaré : « Si j’étais un dirigeant arabe, je ne signerais jamais d’accord avec Israël. C'est normal; nous avons pris leur pays. C’est vrai que Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela pourrait-il les intéresser ? Notre Dieu n'est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce de leur faute ? Ils ne voient qu'une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi accepteraient-ils cela ?
Une autre citation de Ben Gourion a bien fait comprendre ce point. « N'ignorons pas la vérité entre nous… politiquement, nous sommes les agresseurs et eux se défendent », a-t-il déclaré. "Le pays est à eux, parce qu'ils l'habitent, alors que nous voulons venir nous installer et, selon eux, nous voulons leur enlever leur pays."
« Il avait raison », a dit mon hôte à propos de Ben Gourion. « Israël a une histoire très difficile. »
Les conséquences de cette histoire difficile ont été existentielles pour mon hôte, sa famille et ses compatriotes israéliens. J'étais souvent invité chez lui, dans un petit quartier niché dans les collines qui séparent Tel-Aviv de Jérusalem. Là, j’ai eu droit au genre d’hospitalité que l’on attend de quelqu’un avec qui on partage un lien particulier. Tout en profitant d'un barbecue et en écoutant la musique que sa fille adolescente avait sélectionnée pour notre plus grand plaisir d'écoute, mon hôte a montré les collines surplombant son quartier, où l'on apercevait au loin un village, le minaret révélateur d'une mosquée le révélant arabe.
« C'est la « Ligne verte », a-t-il déclaré en désignant la colline. La « Ligne verte » représentait la frontière originelle d’Israël, établie lors de sa création en 1948. Après la guerre des Six Jours, en 1967, Israël a pris le contrôle du territoire aujourd’hui connu sous le nom de Cisjordanie. Les Palestiniens se battaient pour récupérer leurs terres, pour ramener la frontière entre Israël et la Palestine sur la « Ligne verte ».
« Vous êtes un militaire », dit-il. «C’est les hauteurs. Vous comprenez le risque pour ma famille et mes voisins si un ennemi occupait ce terrain, y installait un mortier ou un tireur d'élite. Nous mourrions tous », a-t-il dit dans un murmure, comme s'il cachait ses paroles à sa femme et à ses enfants.
« Nous avons besoin de paix », a conclu mon hôte. « Le genre de paix qui rend aux Palestiniens leurs terres et permet à ma famille de vivre sans peur. »
Comme la plupart des officiers militaires, mon hôte gardait un air de désintérêt lorsqu’il s’agissait de politique intérieure. Un jour, alors que j'étais assis dans un restaurant local près du quartier de Sarona, mon hôte m'a montré un homme petit et trapu assis quelques tables plus loin. «C'est Ehud Barack», dit-il. Barack avait pris sa retraite de l'armée israélienne au début de 1995, terminant sa carrière en tant que chef d'état-major. « Il entre désormais dans le monde politique », a noté mon hôte. "Il doit maintenant apprendre à mentir."
Même si mon hôte ne m'a pas informé de son affiliation politique (et je ne l'ai pas demandé non plus), deux choses sont devenues très évidentes pour moi. Premièrement, il admirait Yitzhak Rabin, un ancien soldat devenu homme politique. « Il ment, comme tous les autres », observa-t-il un jour. « Mais il ment pour la cause de la paix. Je peux l’accepter.
Et il méprisait absolument Benjamin Netanyahu. « Il causera la destruction d’Israël », a prévenu mon hôte. "Il ne connaît que la haine."
Lors de mes nombreuses visites en Israël, la menace terroriste était une réalité omniprésente. Le 19 octobre 1994, lors de ma première visite en Israël, un kamikaze du Hamas s'est fait exploser dans un bus situé rue Dizengoff, une artère très fréquentée de Tel-Aviv, tuant 22 personnes. Le lieu de l’attaque se trouvait à une courte distance de marche de mon hôtel. Le 24 juillet 1995, lors de ma troisième visite en Israël, un autre terroriste du Hamas s'est fait exploser dans un bus à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel Aviv, tuant six personnes. Lors de ma quatrième visite, le 21 août 1995, un autre kamikaze du Hamas a attaqué un bus à Ramat Eshkol, une banlieue de Jérusalem, tuant cinq personnes.
L’impact de ces attaques sur le peuple israélien était acceptable. Les larmes coulaient à flots alors qu’ils pleuraient les morts. Je me souviens qu’après l’attaque de juillet 1995, j’ai été arrêté par le chauffeur de Tsahal qui devait m’emmener à mon rendez-vous à l’intérieur du Kirya, le campus du quartier général de Tsahal au centre-ville de Tel Aviv. « Notre réunion est-elle annulée ? », ai-je demandé. "Non," répondit-il sombrement. "La vie doit continuer."
Nous arrivâmes au bâtiment où mon hôte entretenait son bureau. Plusieurs femmes soldats de Tsahal travaillaient pour lui. Ils m'ont fait entrer dans la salle d'attente et m'ont offert du thé. J'ai remarqué que leurs yeux étaient rouges et leurs visages sillonnés de larmes. « Dois-je revenir plus tard ? », ai-je demandé à mon hôte lorsqu'il est entré dans la pièce. Il a rappelé les filles dans la pièce. "Scott veut savoir s'il doit revenir plus tard", a-t-il déclaré. "Quelle est votre réponse?"
« Si vous abandonnez, les terroristes gagnent », a répondu une jeune fille. « Nous n’abandonnerons jamais. Nous espérons que vous ne le ferez pas aussi.
Le 4 novembre 1995, mon hôte me reconduisait du Kirya à mon hôtel. Nous sommes passés devant la Place des Rois d'Israël, une grande place publique où des rassemblements politiques étaient souvent programmés. Il y en avait un prévu ce soir-là : un rassemblement en faveur de la paix organisé par les partisans d’Yitzhak Rabin en soutien au processus de paix d’Oslo. Rabin avait rencontré le président de l'OLP, Yassar Arafat, à Washington, DC, le 28 septembre 1995, où les deux hommes avaient signé les accords d'Oslo II.
Les attaques terroristes du Hamas avaient pour objectif de perturber le processus de paix d'Oslo ; Yitzhak Rabin n’a pas faibli dans sa détermination à mener le processus à bien, malgré la forte résistance politique intérieure de son principal rival, Benjamin Netanyahu.
Netanyahu avait mobilisé des extrémistes religieux juifs de droite radicale à sa cause, accusant Rabin d’être éloigné de la tradition juive et des valeurs juives. Mais la posture de Netanyahu est allée au-delà de la simple rhétorique politique et a viré à la violence politique. En mars 1994, près de la ville de Raanana, au nord de Tel Aviv, une marche de protestation a été organisée par le groupe religieux de droite Kahane Chai. Netanyahu a défilé devant la manifestation de Kahane Chai ; derrière lui, un cercueil portait les mots « Rabin cause la mort du sionisme ». Le 5 octobre 1995 – le jour où la Knesset israélienne a voté en faveur d’Oslo II – Netanyahu a organisé un rassemblement de 100 000 personnes dans l’opposition. Netanyahu a exhorté la foule à continuer en criant : « Mort à Rabin ».
"J'ai entendu dire que vous sortiez ce soir avec certains gars", a déclaré mon hôte. J'avais prévu un dîner avec deux jeunes capitaines de RAD et leurs fiancés. « Ne vous approchez pas de cet endroit », m’a ordonné mon hôte en désignant la place des Rois d’Israël. « Rabin s’exprime ici ce soir, et il y a une forte probabilité de violence. Il devrait l'annuler », a poursuivi mon hôte. "Trop de gens lui souhaitent du mal, et il y a trop d'occasions ici de lui faire du mal."
Ce soir-là, peu après 21h30, mes deux amis, leurs fiancés et moi venions de recevoir nos dîners, et nous nous préparions à prendre notre repas, lorsque le propriétaire du restaurant est apparu devant nous. « Yitzhak Rabin a été abattu », a déclaré la propriétaire, les larmes coulant sur son visage. « Il a été transporté à l'hôpital. Il a besoin de nos prières.
Sans un mot, tout le monde se leva de table et quitta le restaurant. Aucune facture n'a été payée. J'ai été déposé à mon hôtel par mes compagnons de table, qui écoutaient la radio et me tenaient au courant des dernières nouvelles.
Le rassemblement a attiré 100 000 personnes et Rabin a prononcé un discours entraînant. "J'ai toujours pensé que la plupart des gens voulaient la paix", a-t-il déclaré à la foule admirative, "et sont prêts à prendre des risques pour l'obtenir".
Un juif religieux de droite, qui croyait agir sur instructions d’un rabbin pour tuer Rabin pour avoir trahi Israël, avait appuyé sur la gâchette du pistolet qui a coûté la vie à Rabin.
A 23h15, la mort d’Yitzhak Rabin a été annoncée à la nation israélienne. Depuis ma chambre d'hôtel où je regardais l'annonce à la télévision, j'entendais les gémissements des femmes qui pleuraient depuis les chambres d'hôtel à côté de moi et dans les rues en contrebas.
Le 5 novembre était une journée de deuil national. Israël a enterré son dirigeant assassiné le lendemain, le 6 novembre.
Le 7 novembre, mon chauffeur était dans le hall et m'a emmené au Kirya. Mon hôte et ses soldats se remettaient au travail. Deux jours plus tard, le 9 novembre, armé des renseignements que les Israéliens avaient recueillis sur l'envoi de dispositifs de guidage et de contrôle de missiles de Russie vers la Jordanie, où ils devaient être transférés en Irak, j'ai traversé le pont Allenby séparant Israël de la Jordanie. où j'ai été récupéré par des agents de sécurité jordaniens. Ce soir-là, j’ai rencontré Ali Shukri, le chef du cabinet privé du roi de Jordanie, et je l’ai convaincu, ainsi que le chef des services de renseignement jordaniens, de lancer un raid dans un entrepôt où les Israéliens pensaient que les composants des missiles étaient stockés. Le raid a été exécuté et plusieurs centaines d'appareils de guidage et de contrôle qui devaient être expédiés en Irak le lendemain ont été saisis.
La nuit suivante, alors que j'attendais dans le noir avant de rentrer en Israël, j'ai réfléchi à la ténacité de mes hôtes israéliens. Ils n’ont pas abandonné, pensais-je.
Nous n’avons pas abandonné.
Pour montrer la mesure de l'homme qui était mon hôte, j'ai raconté une histoire qu'Ali Shukri m'a racontée alors que nous attendions le retour des résultats du raid, à propos de son père, un riche Palestinien de la ville de Jaffa, à côté de la modernité. jour Tel-Aviv. Une rue portait le nom de son père et il m'a demandé si je pouvais aller la visiter en son nom. J'ai fait part de ma demande à mon hôte et, sans hésitation, nous sommes montés dans sa voiture et avons exploré le vieux Jaffa. Les rues avaient toutes été changées en noms hébreux, mais mon hôte s'est approché de plusieurs personnes âgées et leur a demandé si quelqu'un se souvenait des anciens noms de rue. Ils l’ont fait et nous nous sommes vite retrouvés à flâner sur un boulevard bien éclairé.
« J’aimerais croire qu’Yitzhak Rabin aurait voulu qu’Ali Shukri puisse marcher lui-même dans cette rue », a observé mon hôte. "Peut-être même vivre dans sa maison familiale."
Nous avons continué à marcher dans la rue silencieuse, seuls dans nos pensées.
Les péchés du père
Le 5 janvier 1996, les forces de sécurité israéliennes ont assassiné Yahya Ayyash, un membre du Hamas connu sous le nom de « L’Ingénieur ». Ayyash était le principal concepteur de bombes du Hamas, et ses bombes étaient responsables de la plupart des actions terroristes menées par le Hamas contre Israël. La sécurité israélienne a pu se procurer un téléphone portable dans lequel une infime quantité d'explosif puissant avait été placée. Après avoir demandé à Ayyash de répondre au téléphone, la sécurité israélienne a déclenché l'explosif, tuant instantanément le fabricant de bombes du Hamas.
Alors qu’Israël est habituellement réticent à assumer la responsabilité d’assassinats ciblés de cette nature, mes hôtes m’ont fait un briefing informel sur la manière dont ils en sont venus à tuer Ayyash. Je suppose qu’ils pensaient que j’avais besoin de savoir, étant donné l’impact de ses attentats à la bombe sur mon travail en Israël.
L’assassinat d’Ayyash a déclenché une réaction violente du Hamas qui, dans les semaines et les mois qui ont suivi, a déclenché une campagne de terreur contre le peuple israélien. Trois attentats terroristes à la bombe, dont deux bus à Jérusalem et un devant le centre Dizengoff à Tel Aviv, survenus entre le 25 février et le 4 mars, tuant 55 personnes et en blessant des centaines d'autres, ont ébranlé la nation et contribué à l'élection de Benjamin Netanyahu au poste de Premier ministre. Ministre lors des élections générales du 29 mai 1996.
La période entre l’élection de Netanyahu et ma démission de l’UNSCOM, en août 1998, a été remplie de troubles et de changements. Le succès de l’opération d’interception en Jordanie a ouvert la voie à des relations encore plus approfondies entre l’UNSCOM et Israël, facilitées par mes relations avec mon hôte israélien. Nous avons pu créer l'équivalent d'une cellule de fusion de renseignements, mêlant exploitation d'images, collecte de SIGINT et renseignements humains pour créer un produit de renseignement qui a aidé l'UNSCOM à ouvrir la question des efforts passés des Irakiens pour dissimuler la vérité sur leurs programmes d'armes de destruction massive. , ainsi que de découvrir des preuves d'activités irakiennes en cours, liées au Bureau de la présidence, qui ont violé les résolutions du Conseil de sécurité concernant les sanctions.
Ma relation de travail avec Moshe Yaalon, le nouveau responsable d’AMAN, était aussi solide qu’on pouvait l’espérer, et Israël a fait tout son possible pour s’assurer que chaque demande de soutien que j’avais formulée serait prise en compte. Et les résultats ont été indéniables : lorsque j’ai commencé mes relations avec les services de renseignement israéliens, en 1994, l’Irak figurait en tête de la liste des menaces contre Israël d’AMAN. En 1998, l’Irak était tombé au cinquième rang, derrière l’extrémisme national d’extrême droite, l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. Cette transformation s’est produite grâce à la compréhension que la coopération entre l’UNSCOM et Israël a permis de réaliser quant aux véritables capacités des programmes d’armes de destruction massive de l’Irak.
Mais en 1998, cette relation, si soigneusement entretenue par mon hôte et moi-même depuis nos premières rencontres en octobre 1994, s'est brusquement arrêtée. Sous la pression des États-Unis, Israël a mis fin à ses relations en matière de renseignement avec l’UNSCOM. En 1998, toute l’équipe d’AMAN qui avait fait fonctionner cette relation, de Moshe Yaalon à Yaakov Amidror, en passant par mon hôte, avait été remplacée. La nouvelle équipe – Amos Malkin à la tête de l’AMAN, Amos Gilad à la tête du RAD et un nouvel « hôte » – a immédiatement mis fin à l’opération de partage de renseignements de l’UNSCOM. J'ai effectué une dernière visite en Israël, début juin 1998, où j'ai été informé par mes homologues de la nouvelle réalité.
Deux mois plus tard, j'ai démissionné de l'UNSCOM, n'étant plus en mesure de mener à bien ma mission de désarmement.
Malgré le caractère abrupt de la fin de ma relation professionnelle avec le gouvernement israélien, j’ai toujours gardé un faible dans mon cœur pour le peuple israélien et, par extension, pour la nation israélienne. Alors même que je regardais Amos Gilad démanteler à lui seul les résultats du travail acharné que mes homologues israéliens et moi-même avions entrepris avec tant de diligence, rejetant les conclusions fondées sur des faits qui voyaient diminuer le profil de menace de l'Irak et élevant une fois de plus l'Irak au statut de une menace digne d'une guerre, je n'ai pas blâmé Israël dans son ensemble, mais plutôt les Israéliens individuels impliqués, en premier lieu l'homme qui avait succédé à Yitzhak Rabin en tant que Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu.
L’incompétence de Netanyahu en tant que leader politique lui a valu d’être démis de ses fonctions en 1999, remplacé par Ehud Barack (qui avait apparemment appris à mentir à un degré suffisant pour être un homme politique israélien). En septembre 2002, Netanyahu a témoigné devant le Congrès américain au sujet du programme d’armes nucléaires de l’Irak. Même s’il l’a fait en tant que simple citoyen, son statut d’ancien Premier ministre a donné à ses propos une crédibilité qu’ils ne méritaient pas.
« Il ne fait aucun doute que Saddam cherche, travaille et progresse vers le développement d’armes nucléaires », a déclaré Netanyahu. "Une fois que Saddam aura l'arme nucléaire, le réseau terroriste aura l'arme nucléaire."
Les déclarations de Netanyahu contredisaient directement les conclusions auxquelles mes collègues israéliens et moi étions parvenus – conclusions partagées par l'Agence internationale de l'énergie atomique, chargée de superviser le démantèlement du programme nucléaire irakien – selon lesquelles le programme nucléaire irakien avait été éliminé et qu'il n'y avait pas de preuve de sa reconstitution.
Mais le travail de Netanyahu ne consistait pas à dire la vérité sur le programme nucléaire irakien, mais plutôt à utiliser la peur générée par le spectre d’une arme nucléaire irakienne pour justifier une guerre avec l’Irak qui éliminerait Saddam Husein du pouvoir. « Si vous éliminez Saddam, le régime de Saddam, je vous garantis que cela aura d’énormes répercussions positives sur la région », a déclaré Netanyahu à son auditoire réceptif au Congrès. « Et je pense que les gens assis juste à côté en Iran, les jeunes et bien d’autres, diront que le temps de tels régimes, de tels despotes est révolu. »
Benjamin Netanyahu, le monstre complice de l'assassinat de I. Rabin, témoignant devant le Congrès, 2002 |
En regardant aujourd’hui les conséquences horribles de l’invasion et de l’occupation illégales de l’Irak par les États-Unis, et un régime iranien fermement ancré derrière un programme nucléaire qui ne va pas disparaître, on peut clairement voir que Benjamin Netanyahu avait tort sur tout. Mais tel a été son modus operandi depuis le début : exagérer et mentir sur les menaces auxquelles Israël est confronté pour justifier une action militaire qui aboutissait invariablement à un désastre.
Dans les années entre ma démission de l'UNSCOM et le début de l'invasion de l'Irak menée par les États-Unis, je me rendais souvent à Washington, DC, où je cherchais à rencontrer des représentants et des sénateurs des deux partis pour les informer des faits concernant l'Irak. armes de destruction massive. À chaque étape, j’ai été harcelé par des équipes d’agents de l’American Israel Public Action Committee, ou AIPAC. Dès que je quittais le bureau d’un élu, l’équipe de l’AIPAC se glissait derrière moi et rappelait à la personne en question qui avait rédigé les chèques ayant payé sa réélection.
Des années plus tard, j'ai regardé une vidéo de 2001 dans laquelle Netanyahu se vantait de la facilité avec laquelle les États-Unis peuvent être contrôlés, au point qu'il savait qu'il pourrait s'en tirer en sabotant ouvertement le plus grand héritage d'Yitzhak Rabin – les accords d'Oslo – en sachant très bien que les États-Unis le soutiendraient. vers le bas. « Je n’avais pas peur d’affronter Clinton », s’est vanté Netanyahu. «Je sais ce qu'est l'Amérique. L’Amérique est quelque chose qui peut facilement être déplacé. Déplacé dans la bonne direction.
L’Amérique est entrée en guerre contre l’Irak à cause d’Israël – des mensonges racontés par Netanyahu et de la manipulation par Israël, par l’intermédiaire de son mandataire américain, l’AIPAC, du devoir de surveillance responsable du Congrès envers le peuple américain.
Afin que quiconque ne pense pas que l’AIPAC agissait de son propre gré, le FBI a découvert des preuves de collusion entre des responsables de l’AIPAC et un diplomate israélien, Naor Gilon, concernant le transfert d’informations classifiées vers Israël.
Naor Gilon était mon point de contact à la Mission israélienne auprès de l'ONU, à New York.
La différence entre moi et l’AIPAC, cependant, était que tous mes contacts étaient approuvés par l’ONU et la CIA.
L’AIPAC était simplement un atout israélien en freelance.
Dire que j’étais furieux contre Israël pour son ingérence dans la politique étrangère et de sécurité nationale des États-Unis est un euphémisme. Malgré cela, j’ai continué à me tenir aux côtés d’Israël.
Le 13 novembre 2006, j’ai pris la parole à l’école des affaires internationales de l’Université Columbia. Le sujet était le programme nucléaire iranien. J’ai commencé mon discours en abordant ce que j’ai appelé « l’éléphant dans la pièce : Israël ». Israël, ai-je dit, était un allié proche des États-Unis, et si les choses se gâtaient et qu’Israël et l’Iran en venaient aux mains, alors les « préoccupations légitimes de sécurité nationale » d’Israël seraient les nôtres et pourraient même provoquer la guerre.
Mais mon soutien n’était pas inconditionnel : contrairement à l’administration Clinton, je ne pouvais pas être facilement déplacé. « Israël, ai-je dit, est ivre d’orgueil, d’arrogance et de pouvoir. Je m'inspire du vieil adage selon lequel "les amis ne laissent pas leurs amis conduire ivres". Par conséquent, en tant qu'ami d'Israël, je crois que nous avons la responsabilité de retirer les clés du contact et d'arrêter le bus qu'ils conduisent, car sinon il se dirige droit vers une falaise.
J’étais très préoccupé à l’époque par le fait qu’Israël était en train de répéter ses actions qui ont précédé la guerre en Irak, en fabriquant des renseignements (Amos Gild était, à cette époque, le tsar israélien du « renseignement et de la sécurité », ayant été transféré au poste de chef du bureau des affaires politiques et militaires) et en diffusant un faux discours parmi les législateurs américains et les organismes internationaux, comme l'AIEA.
Mais quelque chose d’autre me rongeait aussi.
En octobre 1997, je travaillais avec les Israéliens sur une nouvelle opération en Roumanie, traquant une délégation irakienne qui avait l'intention d'acheter une part majoritaire dans une entreprise aérospatiale roumaine dans le but d'acquérir une technologie de missiles balistiques d'une manière qui violait les sanctions. Le mois précédent, une équipe israélienne avait bâclé l’assassinat d’un haut responsable du Hamas à Amman, en Jordanie. Les assassins potentiels avaient empoisonné leur cible, Khaled Mashal, mais avaient été capturés par les gardes du corps de Mashal avant de pouvoir s’échapper. Un roi jordanien furieux a exigé qu'Israël fournisse l'antidote au poison utilisé sur Mashal en échange des agents israéliens capturés. L’affaire a été résolue, mais au prix d’un énorme embarras pour Israël.
Benjamin Netanyahu avait ordonné le meurtre de Khaled Mashal, m’a dit mon hôte.
"C'est à prévoir," répondis-je.
"Est-ce que c'est?" » a demandé mon hôte. « Savez-vous que le Hamas a été créé par Israël ?
Cela m'a terrassé. J'avais été emmené dans un musée à l'intérieur du Kirya, où étaient exposés des armes, des uniformes et d'autres pièces d'équipement qui avaient été capturées aux terroristes du Hamas. Le Hamas a commis de nombreuses atrocités contre le peuple israélien pendant mon séjour en Israël. Je les voyais comme les ennemis d'Israël,
Et maintenant, on me disait qu’Israël avait participé à la création du Hamas. L’intention, m’a dit mon hôte, était de créer une division politique au sein de la direction politique palestinienne et de diluer le pouvoir et l’influence de l’organisation Fatah de Yassar Arafat. En cela, ils avaient apparemment réussi. Mais la réponse violente du Hamas aux accords d’Oslo a amené Israël à repenser cette relation, et bientôt Israël s’est retrouvé en guerre ouverte contre leur création.
J'étais prêt à considérer le lien entre Israël et le Hamas comme une expérience politique qui avait mal tourné quand, en 2006, il semblait qu'Israël avait pardonné au Hamas son passé violent, s'efforçant de créer les conditions qui ont aidé le Hamas à obtenir la majorité des sièges au Parlement palestinien. En 2007, cependant, les mauvaises relations entre le Hamas et le Fatah se sont encore détériorées, conduisant à une guerre civile entre les deux factions qui a conduit à la scission de l'entité palestinienne en deux moitiés : l'une, dirigée par le Fatah, était située à l'ouest. Bank, tandis que l'autre, dirigée par le Hamas, opérait à Gaza.
Il est apparu plus tard que ce conflit fratricide entre Palestiniens avait été orchestré par Israël pour diviser le corps politique palestinien, l’affaiblir tout en offrant à Israël l’opportunité d’améliorer ses relations avec le Fatah au motif que l’ennemi de mon ennemi est mon ami.
Au cours des quinze années qui ont suivi, j’ai vu Israël exploiter son contrôle sur le Fatah et son animosité envers le Hamas dans un cycle de violence sans fin qui aboutissait toujours à ce que la cause palestinienne fasse davantage de compromis, ce qui aboutissait à davantage de compromis. territoire perdu – et encore plus de vies perdues. Les conflits à Gaza de 2014 et 2021 ont été révélateurs par leur violence contre les civils palestiniens qui y vivaient, violence qui a été largement ignorée en Occident alors que les gens sont devenus immunisés contre la vue d’enfants palestiniens morts.
Au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël le 8 octobre 2023, la mémoire musculaire de mon cœur et de mon cerveau m’a dit que je devais me tenir aux côtés d’Israël dans sa réponse à cette atrocité.
Mais j’ai ensuite vu des généraux et des hommes politiques israéliens plaider ouvertement en faveur des crimes de guerre à la télévision nationale, qualifiant les Palestiniens d’« animaux » et plaidant ouvertement pour leur élimination.
J'ai vu les Israéliens mentir sur la nature des attaques du Hamas, transformant ce qui avait été une attaque sans faille contre une série de colonies militarisées et de points forts militaires qui encerclaient le camp de concentration ouvert qu'était Gaza, en un récit de soif de sang incontrôlée qui a ensuite été alimenté. à un public occidental inconditionnel par des médias de masse complaisants.
J’ai observé comment le monde a réagi au choc généré par la fiction de 40 bébés israéliens décapités, tout en gardant le silence sur la mort réelle de près de 400 enfants palestiniens tués – non, assassinés – par les attaques aériennes israéliennes.
Enfants palestiniens tués par des bombes israéliennes, Gaza, octobre 2023 |
Et j’ai décidé que je ne pouvais plus rester aux côtés d’Israël.
Je suis arrivé tard à la cause palestinienne. J'étais trop absorbé par la saga israélienne, trop investi dans le fantasme israélien, pour voir la forêt derrière les arbres. J’étais trop occupé à haïr le Hamas pour réaliser que je devrais plutôt haïr ce qui a permis au Hamas de commettre les crimes qu’il a commis au cours des quatre dernières décennies.
En termes simples, j'étais aveugle à la tragédie du peuple palestinien.
Aujourd'hui, je sais que les seules véritables victimes de la saga israélienne (en dehors des enfants de tous horizons qui sont pris dans les événements tragiques que leur imposent des adultes qui prétendent travailler pour un avenir radieux, mais qui ne font que donner la mort) et destruction) sont le peuple palestinien.
Au moins les pères fondateurs d’Israël ont été assez honnêtes pour le reconnaître.
Les sionistes d’aujourd’hui n’ont pas le caractère moral nécessaire pour admettre qu’Israël ne peut être construit et maintenu qu’au prix d’une Palestine viable, libre et indépendante, qu’Israël ne permettra jamais qu’une telle Palestine existe et que s’il existe un Israël sioniste, il n’y aura jamais de Palestine indépendante.
Les péchés des pères sont réels, surtout lorsqu’il s’agit des pères fondateurs d’Israël et des crimes qu’ils ont commis contre le peuple palestinien. Moshe Dyan l’a admis. David Ben Gourion aussi. C’étaient des hommes – fondamentalement erronés dans leurs idéologies et leurs motivations, mais honnêtement.
Benjamin Netanyahu et ses collègues politiques israéliens des temps modernes, quelle que soit leur affiliation politique, ne jouissent pas d’une telle intégrité. Ce sont des menteurs invétérés, des hommes et des femmes qui promettent une chose, puis en font une autre, lorsqu’il s’agit de l’avenir de la Palestine, tout en conduisant Israël sur la voie d’une guerre permanente.
Je suis arrivé tardivement à la cause palestinienne, mais maintenant que je suis ici, je peux dire ceci : la meilleure façon de vaincre à la fois le Hamas et l’Israël sioniste est de soutenir un État palestinien libre et indépendant.
Je n’ai jamais soutenu le Hamas et je ne le ferai jamais.
J’ai déjà été aux côtés d’Israël, mais je ne le ferai plus jamais.
Depuis quatre décennies maintenant, la collusion entre Israël et le Hamas suit son cours tragique, chaque camp proclamant son désir de détruire l’autre, et pourtant chaque camp connaît la terrible vérité : l’un ne peut exister sans l’autre.
Le problème israélo-palestinien est devenu un cycle sans fin de violence qui se nourrit de la douleur et des souffrances du peuple palestinien. Il est temps de mettre un terme à ce cycle.
À partir de maintenant, je serai toujours aux côtés du peuple palestinien, convaincu que la seule voie vers la paix au Moyen-Orient est celle qui passe par une patrie palestinienne viable, dont la capitale est fermement et à jamais ancrée à Jérusalem-Est.
De cette façon, le Hamas sera privé de ses droits en tant qu’organisation terroriste – un État palestinien légitime supprime l’état de conflit perpétuel auquel le Hamas contribue, un statut qui est justifié par la poursuite d’un État palestinien légitime qu’Israël sioniste ne permettra jamais d’exister.
Un État palestinien légitime délégitimise la notion d’entité israélienne sioniste qui, par définition, ne peut exister que par l’exploitation perpétuelle du peuple palestinien. Benjamin Netanyahu a réussi à maintenir la version moderne de l’État sioniste israélien en générant la peur à travers le cycle sans fin de violence menée par le Hamas.
Supprimez la menace posée par le Hamas, et l’Israël sioniste ne pourra plus aveugler les citoyens d’Israël et du monde sur la réalité proche de l’apartheid de l’existence israélienne actuelle. L’humanité fondamentale obligera l’Israël sioniste à se débarrasser de son idéologie sioniste, tout comme l’Afrique du Sud de l’apartheid se débarrasse de son horrible héritage de suprématie blanche. L'Israël post-sioniste sera contraint par la nécessité d'apprendre à coexister avec ses voisins non juifs de manière pacifique et prospère, non pas en tant qu'État colonial d'apartheid, mais en tant que partenaires égaux dans l'expérience de vie qui aura collectivement saisi les gens qui appellent la Sainte Terre à la maison.
Les paroles de la grande chanson de Roger Waters, The Gunner’s Dream, nous viennent à l’esprit lorsque l’on imagine un tel endroit :
Vous pouvez vous détendre
des deux côtés des voies
Et les maniaques
ne faites pas de trous dans les musiciens avec la télécommande
Et tout le monde a recours à la loi
Et plus personne ne tue les enfants
Je me tiens aux côtés de la Palestine parce que je veux vivre dans un monde où les enfants ne sont plus arrachés des meubles tachés de sang éparpillés dans un kibboutz saccagé par des hommes armés du Hamas, ou extraits, brisés et noircis par la suie, des restes d'une maison pulvérisée par les forces israéliennes. des bombes.
Plus personne ne tue les enfants.
Ces paroles peuvent provenir de The Gunner’s Dream, mais elles devraient faire partie intégrante des rêves de tout être humain vivant qui prétend s’accrocher à un lambeau d’humanité et de compassion pour ses semblables.
Je me tiens aux côtés de la Palestine parce que je veux vivre dans un monde où les enfants ne sont plus arrachés des meubles tachés de sang éparpillés dans un kibboutz saccagé par des hommes armés du Hamas, ou extraits, brisés et noircis par la suie, des restes d'une maison pulvérisée par les forces israéliennes. des bombes.
Plus personne ne tue les enfants.
Plus personne ne tue les enfants.
Ces paroles peuvent provenir de The Gunner’s Dream, mais elles devraient faire partie intégrante des rêves de tout être humain vivant qui prétend s’accrocher à un lambeau d’humanité et de compassion pour ses semblables.
Je suis aux côtés de la Palestine, parce que je défends les enfants d'Israël et de la Palestine, sachant très bien que la seule chance qu'ils ont d'un avenir où ils pourront vivre ensemble en tant que voisins unis dans la paix, au lieu d'ennemis unis dans la guerre, est une paix libre. et la Palestine indépendante pour exister.
https://libertesconquises.blogspot.com/2023/10/si-israel-metait-conte-1.html
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Rédigé le 11/12/2023 à 18:51 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Vincent Liechti a rédigé cet article que je vous propose de consulter
Toute mon empathie au professeur de français poète anticolonialiste et pacifiste gazaoui Ziad Medoukh qui vient de perdre dans un seul bombardement israélien 7 personnes de sa famille et son propre appartement. Cessez-le-feu ! Fin du blocus ! Libération des otages israéliens et de tous les prisonniers politiques palestiniens ! Reconnaissance de l'état de Palestine sur tout le territoire occupé depuis 1967, c'est ça le chemin de la paix !
La Palestine sera toujours debout
Vincent Liechti
https://www.facebook.com/reel/2099594637063077
Par micheldandelot1 dans Accueil le 10 Décembre 2023 à 13:08
http://www.micheldandelot1.com/
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Rédigé le 10/12/2023 à 11:11 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Gaa, la guerre qui divise les pays du Moyen-Orient | Géopolitis
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Rédigé le 09/12/2023 à 19:31 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
L’enquête menée par +972 et Local Call est basée sur des conversations avec sept membres actuels et anciens de la communauté du renseignement israélien – y compris des membres du renseignement militaire et de l’armée de l’air – impliqués dans les opérations israéliennes dans la bande assiégée. S’y ajoutent des témoignages, des données et des informations de provenance palestinienne, des documents fournis depuis la bande de Gaza, ainsi que des déclarations officielles du porte-parole de Tsahal et d’autres institutions de l’État israélien.
Comparée aux précédentes attaques israéliennes contre Gaza, la guerre actuelle – qu’Israël a baptisée « Operation Iron Sword » et qui a débuté à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre – a vu l’armée étendre considérablement ses bombardements sur Gaza aux cibles qui ne sont pas clairement de nature militaire. Il s’agit notamment de résidences privées ainsi que de bâtiments publics, d’infrastructures et d’immeubles de grande hauteur, que l’armée définit, selon des sources, comme des « cibles de pouvoir » (« matarot otzem »).
Le bombardement de tels « cibles de pouvoir », selon des sources du renseignement qui ont eu une expérience directe de son application à Gaza dans le passé, vise principalement à nuire à la société civile palestinienne : à « créer un choc » qui, entre autres, comme l’a spécifié une source, aura une forte résonance susceptible « d’amener les civils à faire pression sur le Hamas ».
Plusieurs sources, qui ont parlé au +972 et à Local Call sous couvert d’anonymat, ont confirmé que l’armée israélienne dispose de fichiers sur la grande majorité des cibles potentielles à Gaza – y compris les maisons d’habitation – qui stipulent le nombre de civils susceptibles d’être tués lors d’une attaque contre une cible particulière. Ce nombre est calculé et connu à l’avance des unités de renseignement de l’armée, qui savent donc, peu avant de lancer une attaque, combien de civils sont susceptibles d’être tués.
Des Palestiniennes réagissent aux ravages causés par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 novembre 2023. (Abed Rahim Khatib/Flash90)
Des Palestiniennes réagissent aux ravages causés par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 novembre 2023. (Abed Rahim Khatib/Flash90)
Dans un cas évoqué par nos sources, le commandement militaire israélien a sciemment approuvé le meurtre de centaines de civils palestiniens dans le but d’assassiner un seul haut commandant militaire du Hamas. « Les chiffres sont passés de dizaines de morts civiles [considérées acceptables] lors d’opérations précédentes comme dommages collatéraux dans le cadre d’une attaque contre un haut responsable, à des centaines de morts civiles autorisées comme dommages collatéraux », a déclaré une source.
« Rien n’arrive par hasard », a déclaré une autre source. « Lorsqu’une fillette de 3 ans est tuée dans une maison à Gaza, c’est parce que quelqu’un dans l’armée a décidé que ce n’était pas grave qu’elle soit tuée – que c’était un prix qui valait la peine d’être payé pour frapper [une autre] cible. Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des fusées aléatoires. Tout est intentionnel. Nous savons exactement l’étendue des dommages collatéraux qu’il y aura dans chaque maison. »
Selon l’enquête, une autre raison expliquant le grand nombre de cibles et les dommages considérables causés à la vie civile à Gaza est l’utilisation généralisée d’un système appelé Habsora (« L’Évangile »), qui repose en grande partie sur l’intelligence artificielle et peut « générer » des cibles presque automatiquement à un rythme qui dépasse de loin ce qui était auparavant possible. Ce système d’IA, tel que décrit par un ancien officier du renseignement, facilite rien moins qu’une « usine d’assassinats de masse ».
Toujours selon nos sources, l’utilisation croissante de systèmes basés sur l’IA comme Habsora permet à l’armée de mener des frappes massives contre des résidences où vit un seul membre du Hamas, même s’il s’agit de jeunes membres de l’organisation. Pourtant, les témoignages de Palestiniens et de Palestiniennes à Gaza suggèrent que depuis le 7 octobre, l’armée a également attaqué de nombreuses résidences privées où ne résidait aucun membre connu ou soupçonné membre du Hamas ou de tout autre groupe militant. De telles frappes, ont confirmé des sources au +972 et à Local Call, peuvent tuer en connaissance de cause des familles entières.
Dans la majorité des cas, ajoutent les sources, l’activité militaire n’est pas menée à partir de ces foyers ciblés. « Je me souviens avoir pensé que c’était comme si [des militants palestiniens] bombardaient toutes les résidences privées de nos familles lorsque nous [les soldats israéliens] retournions dormir à la maison le week-end », se souvient une source critique de cette pratique.
Une autre source a déclaré qu’un officier supérieur du renseignement avait affirmé à ses officiers après le 7 octobre que l’objectif étant de « tuer autant de membres du Hamas que possible », les critères concernant le fait de nuire aux civils palestiniens avaient été considérablement assouplis. Ainsi, il existe « des cas dans lesquels nous bombardons en nous basant sur une localisation plutôt approximative de l’endroit où se trouve la cible, tuant ainsi des civils. Cela est souvent fait pour gagner du temps, là où avec un peu plus de travail, on aurait pu obtenir un repérage plus précis », a expliqué la source.
Le résultat de ces politiques est une perte stupéfiante de vies humaines à Gaza depuis le 7 octobre. Plus de 300 familles ont perdu 10 de leurs membres ou plus dans les bombardements israéliens au cours des deux derniers mois – un nombre qui est 15 fois plus élevé que celui de la guerre la plus meurtrière menée par Israël contre Gaza jusqu’à là, en 2014. Au moment de la rédaction de cet article, environ 15 000 Palestiniens et Palestiniennes auraient été tué.e.s dans la guerre, et ce n’est pas fini.
« Tout cela est en vif contraste avec le protocole utilisé par Tsahal dans le passé », a expliqué une source. « On a le sentiment que les hauts responsables de l’armée sont conscients de leur échec du 7 octobre et se demandent comment donner au public israélien une image [de la victoire] qui sauvera leur réputation. »
Israël a lancé son assaut sur Gaza au lendemain de l’offensive du 7 octobre menée par le Hamas dans le sud d’Israël. Au cours de cette attaque, sous une pluie de tirs de roquettes, des militants palestiniens ont massacré plus de 840 civils et tué 350 soldats et membres du personnel de sécurité, enlevé environ 240 personnes – civils et militaires – les amenant à Gaza, et commis des violences sexuelles de tout genre, notamment des viols, selon un rapport de l’ONG Physicians for Human Rights Israël.
Dès le lendemain de l’attaque du 7 octobre, les décideurs israéliens ont ouvertement déclaré que la réponse serait d’une ampleur complètement différente des précédentes opérations militaires à Gaza, dans le but déclaré d’éradiquer totalement le Hamas. « On se concentre sur les dommages infligés et non sur l’exactitude », a déclaré le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, le 9 octobre. L’armée a rapidement traduit ces déclarations en actions.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre sans portefeuille Benny Gantz tiennent une conférence de presse conjointe au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 11 novembre 2023. (Marc Israel Sellem/POOL)
Selon les sources qui ont parlé au +972 et à Local Call, les cibles à Gaza qui ont été frappées par l’aviation israélienne peuvent être grossièrement divisées en quatre catégories. La première concerne les « cibles tactiques », qui comprennent des cibles militaires standard telles que des cellules militantes armées, des entrepôts d’armes, des lance-roquettes, des lanceurs de missiles antichar, des fosses de lancement, des mortiers, des quartiers généraux militaires, des postes d’observation, etc.
La seconde concerne les « cibles souterraines » – principalement les tunnels que le Hamas a creusés sous les quartiers de Gaza, y compris sous les habitations civiles. Des frappes aériennes sur ces cibles pouvaient entraîner l’effondrement des maisons situées au-dessus ou à proximité des tunnels.
Le troisième concerne les « cibles de pouvoir », qui comprennent les grands immeubles et les tours résidentielles au cœur des villes, ainsi que les bâtiments publics tels que les universités, les banques et les bureaux gouvernementaux. Selon trois sources du renseignement qui ont participé à la planification ou à la conduite de frappes contre des cibles de pouvoir dans le passé, l’idée derrière l’attaque de telles cibles est qu’une attaque délibérée contre la société palestinienne exercera une « pression civile » sur le Hamas.
La dernière catégorie est constituée des « maisons des familles» ou des « maisons de membres du Hamas ». Le but déclaré de ces attaques est de détruire des résidences privées afin d’assassiner un seul résident soupçonné d’être un membre du Hamas ou du Jihad islamique. Cependant, dans la guerre actuelle, des témoignages palestiniens affirment que certaines des familles tuées ne comprenaient aucun membre de ces organisations.
Au début de la guerre actuelle, l’armée israélienne semble avoir accordé une attention particulière aux troisième et quatrième catégories de cibles. Selon les déclarations du porte-parole de Tsahal le 11 octobre, au cours des cinq premiers jours de combat, la moitié des cibles bombardées – 1 329 sur un total de 2 687 – étaient considérées comme des « cibles de pouvoir ».
Des Palestiniens longent les décombres de bâtiments détruits par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 novembre 2023. (Atia Mohammed/Flash90)
« On nous demande de rechercher des immeubles de grande hauteur dotés d’un demi-étage pouvant être attribué au Hamas », a déclaré une source ayant participé aux précédentes offensives israéliennes à Gaza. « Parfois, il s’agit du bureau du porte-parole d’un groupe militant ou d’un point de rencontre des agents. J’ai compris que l’histoire du demi-étage est un prétexte qui permet à l’armée de causer beaucoup de destructions à Gaza. C’est ce qu’ils nous ont expliqué. »
« S’ils admettaient au monde entier que les bureaux [du Jihad islamique] au 10ème étage ne sont pas une cible importante, mais que leur existence est une justification pour démolir tout l’immeuble dans le but de faire pression sur les familles civiles qui y vivent afin qu’elles fassent à leur tour pression sur les organisations terroristes, cela serait considéré comme du terrorisme. Donc ils ne le disent pas », a ajouté la source.
Diverses sources ayant servi dans les unités de renseignement de Tsahal ont déclaré qu’au moins jusqu’à la guerre actuelle, les protocoles de l’armée autorisaient l’attaque de « cibles de pouvoir » uniquement lorsque les bâtiments étaient vides de résidents au moment de l’attaque. Cependant, des témoignages et des vidéos provenant de Gaza suggèrent que depuis le 7 octobre, certaines de ces cibles ont été attaquées sans prévenir leurs occupants, tuant ainsi des familles entières.
Qu’il existe un ciblage à grande échelle des résidences peut être déduit de données publiques et officielles. Selon le bureau des Médias du gouvernement à Gaza – qui fournit le bilan des morts depuis que le ministère de la Santé de Gaza a cessé de le faire le 11 novembre en raison de l’effondrement des services de santé dans la bande – au moment où le cessez-le-feu temporaire est entré en vigueur le 23 novembre, Israël avait tué 14 800 Palestiniens à Gaza ; environ 6 000 d’entre eux étaient des enfants et 4 000 des femmes, ce qui représente plus de 67% du total. Les chiffres fournis par le ministère de la Santé et le bureau des Médias du gouvernement – qui relèvent tous deux du gouvernement du Hamas – ne s’écartent pas de manière significative des estimations israéliennes.
Le ministère de la Santé de Gaza ne précise pas non plus combien de morts appartenaient aux branches militaires du Hamas ou du Jihad islamique. L’armée israélienne estime avoir tué entre 1 000 et 3000 militants palestiniens armés. Selon les médias israéliens, certains des militants morts sont enterrés sous les décombres ou à l’intérieur du système de tunnels souterrains du Hamas et n’ont donc pas été comptabilisés dans les décomptes officiels.
Des Palestiniens tentent d’éteindre un incendie après une frappe aérienne israélienne sur une maison du camp de réfugiés de Shaboura, dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 17 novembre 2023. (Abed Rahim Khatib/Flash90)
Les données de l’ONU pour la période allant jusqu’au 11 novembre, date à laquelle Israël avait déjà tué 11 078 Palestiniens et Palestiniennes à Gaza, indiquent qu’au moins 312 familles ont perdu 10 personnes ou plus dans l’actuelle attaque israélienne. (À titre de comparaison, lors de l’Operation Protective Edge » en 2014, 20 familles à Gaza ont perdu 10 personnes ou plus.) Au moins 189 familles ont perdu entre six et neuf personnes selon les données de l’ONU, tandis que 549 familles ont perdu entre deux et cinq personnes. Aucune mise à jour détaillée des données n’a encore été fournie concernant les chiffres des victimes publiés depuis le 11 novembre.
Les attaques massives contre des cibles dit « de pouvoir » et contre des résidences privées ont eu lieu au moment même où l’armée israélienne, le 13 octobre, appelait les 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza – la plupart résident de la ville de Gaza – à quitter leurs maisons et à déménager au sud de la bande. À cette date, un nombre record de cibles de pouvoir avaient déjà été bombardées et plus de 1 000 Palestiniens et Palestiniennes, dont des centaines d’enfants, avaient déjà trouvé la mort .
Au total, selon l’ONU, 1,7 million de Palestiniens et de Palestiniennes, soit la grande majorité de la population de la bande, ont été déplacé.e.s à l’intérieur de Gaza depuis le 7 octobre. L’armée a affirmé que la demande d’évacuer le nord de la bande visait à protéger les vies civiles. La population palestinienne considère cependant ce déplacement massif comme faisant partie d’une « nouvelle Nakba » – une tentative de nettoyage ethnique d’une partie ou de la totalité du territoire.
Selon l’armée israélienne, au cours des cinq premiers jours de combat, elle a largué 6 000 bombes sur la bande de Gaza, pour un poids total d’environ 4 000 tonnes. Les médias ont rapporté que l’armée avait anéanti des quartiers entiers. Selon le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme, basé à Gaza, ces attaques ont conduit à « la destruction complète des quartiers résidentiels, à la destruction des infrastructures et au massacre des habitants ».
Comme documenté par Al Mezan et par de nombreuses images provenant de Gaza, Israël a bombardé l’Université islamique de Gaza, l’Association du barreau palestinien, un bâtiment de l’ONU dédié à un programme éducatif pour étudiants d’exception, un bâtiment appartenant à la Société palestinienne de télécommunications, le ministère de l’Économie nationale, le ministère de la Culture, des routes et des dizaines d’immeubles et de maisons – en particulier dans les quartiers nord de Gaza.
Ce qui reste de la mosquée Al-Amin Muhammad qui a été détruite lors d’une frappe aérienne israélienne le 20 octobre, camp de réfugiés de Khan Younis, sud de la bande de Gaza, le 31 octobre 2023. (Mohammed Zaanoun/Activestills)
Au cinquième jour des combats, le porte-parole de Tsahal a distribué aux journalistes militaires en Israël des images satellite « d’avant et d’après » de certains quartiers du nord de la bande de Gaza, comme Shuja’iyya et Al-Furqan (surnommé d’après une mosquée de la région) dans la ville de Gaza, des images montrant des dizaines de maisons et de bâtiments détruits. L’armée israélienne a déclaré avoir frappé 182 cibles de pouvoir à Shuja’iyya et 312 cibles de pouvoir à Al-Furqan.
Le chef d’état-major de l’armée de l’air israélienne, Omer Tishler, a déclaré aux journalistes militaires que toutes ces attaques visaient une cible militaire légitime, mais aussi que des quartiers entiers avaient été attaqués « à grande échelle et non de manière chirurgicale ». Notant que la moitié des cibles militaires jusqu’au 11 octobre étaient des cibles de pouvoir, le porte-parole de Tsahal a déclaré que « des quartiers qui servent de nids terroristes au Hamas » ont été attaqués et que des dommages ont été causés au « quartiers généraux opérationnels », aux « moyens opérationnels » et aux « moyens utilisés par des organisations terroristes à l’intérieur d’immeubles résidentiels ». Le 12 octobre, l’armée israélienne a annoncé avoir tué trois « hauts responsables du Hamas », dont deux faisaient partie de l’aile politique du groupe.
Pourtant, malgré les bombardements israéliens effrénés, les dégâts causés à l’infrastructure militaire du Hamas dans le nord de Gaza au cours des premiers jours de la guerre semblent avoir été très minimes. En effet, des sources du renseignement ont déclaré à +972 et Local Call que les cibles militaires au cœur des cibles du pouvoir ont déjà été utilisées à plusieurs reprises comme prétexte pour nuire à la population civile. « Le Hamas est partout à Gaza ; il n’y a aucun bâtiment qui n’ait quelque chose du Hamas, donc si vous voulez transformer un grand immeuble en cible, pas de problème », a déclaré un ancien responsable des renseignements.
« Ils ne frapperont jamais un grand immeuble qui n’a pas quelque chose qui permet de le définir comme cible militaire », a déclaré une autre source de renseignement qui a organisé des frappes précédentes contre des cibles du pouvoir. « Il y aura toujours un étage [qui est associé au Hamas] quelque part dans les grands immeubles. Mais pour l’essentiel, lorsqu’il s’agit d’objectifs de pouvoir, il est clair que l’objectif n’a pas une valeur militaire telle que pourrait se justifier une attaque qui ferait tomber tout un bâtiment vide au milieu d’une ville à l’aide de six avions et des bombes pesant plusieurs tonnes. »
En effet, selon des sources qui ont participé à la compilation des cibles de pouvoir lors des guerres précédentes, bien que le fichier des cibles contienne généralement un lien quelconque avec le Hamas ou avec d’autres groupes militants, la frappe de la cible fonctionne principalement comme un « moyen permettant d’infliger des dommages à la société civile. » Les sources ont compris, certaines explicitement, d’autres implicitement, que le véritable objectif de ces attaques est de nuire aux civils.
Des survivants palestiniens sont sortis des décombres des maisons détruites lors d’une frappe aérienne israélienne dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023. (Abed Rahim Khatib/Flash90)
En mai 2021, par exemple, Israël a été fortement critiqué pour avoir bombardé la tour Al-Jalaa , qui abritait d’importants médias internationaux tels qu’Al Jazeera, l’AP et l’AFP. L’armée a affirmé que le bâtiment était une cible militaire du Hamas; des sources ont déclaré à +972 et à Local Call qu’il s’agissait en fait d’une cible de pouvoir.
« Le sentiment est que cela fait vraiment mal au Hamas lorsque des grands immeubles sont démolis, car cela crée une réaction publique dans la bande de Gaza et effraie la population », a déclaré l’une des sources. « Ils veulent donner aux citoyens de Gaza le sentiment que le Hamas ne contrôle pas la situation. Parfois, ils ont fait tomber des bâtiments, parfois des bureaux de poste et des bâtiments gouvernementaux. »
Bien qu’il soit sans précédent que l’armée israélienne attaque plus de 1 000 cibles de pouvoir en cinq jours, l’idée de provoquer une dévastation massive des zones civiles à des fins stratégiques avait déjà été formulée lors d’opérations militaires antérieures à Gaza, finement mise au point dans la dite Doctrine Dahiya de la Seconde Guerre du Liban de 2006.
Selon cette doctrine – développée par l’ancien chef d’état-major de Tsahal Gadi Eizenkot, aujourd’hui membre de la Knesset et de l’actuel cabinet de guerre – dans une guerre contre des groupes guérillas tels que le Hamas ou le Hezbollah, Israël doit utiliser une force disproportionnée et écrasante, ciblant des infrastructures civiles et gouvernementales dans une optique de dissuasion, pour pousser la population civile à faire pression sur les groupes militants pour qu’ils mettent fin à leurs attaques. Le concept de « cibles de pouvoir » semble être issu de cette même logique.
La première fois que l’armée israélienne a défini publiquement des cibles de pouvoir à Gaza, c’était à la fin de l’opération Protective Edge en 2014. L’armée a bombardé quatre bâtiments au cours des quatre derniers jours de la guerre – trois immeubles résidentiels à plusieurs étages dans la ville de Gaza et un grand immeuble à Rafah. Les responsables de la sécurité avaient expliqué à l’époque que les attaques visaient à faire comprendre à la population palestinienne de Gaza que « plus rien n’est à l’abri » et à faire pression sur le Hamas pour qu’il accepte un cessez-le-feu. « Les preuves que nous avons recueillies montrent que la destruction massive [des bâtiments] a été effectuée délibérément et sans aucune justification militaire », a indiqué un rapport d’Amnesty fin 2014.
La fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a atteint la tour Al-Jalaa, qui abrite des appartements et plusieurs médias, dont Associated Press et Al Jazeera, ville de Gaza, le 15 mai 2021. (Atia Mohammed/Flash90)
Lors d’une autre escalade de violence qui a débuté en novembre 2018, l’armée a de nouveau attaqué des cibles du pouvoir. Cette fois-là, Israël a bombardé des immeubles de grande hauteur, des centres commerciaux et le bâtiment de la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas. « Attaquer des cibles de pouvoir produit un effet très significatif chez l’adversaire », a déclaré à l’époque un officier de l’armée de l’air. « Nous l’avons fait sans tuer personne et nous avons fait en sorte que le bâtiment et ses environs soient préalablement évacués. »
Les opérations précédentes ont également montré à quel point le fait de frapper ces cibles vise non seulement à nuire au moral de la population palestinienne, mais aussi à relever le moral en Israël. Haaretz a révélé que lors de l’opération Gardien des murs en 2021, l’unité du porte-parole de Tsahal a mené une opération psychologique (un « psy-op ») en direction des citoyen.ne.s israélien.ne.s afin de les sensibiliser davantage aux opérations de Tsahal à Gaza et aux dommages qu’elles ont provoqués dans la population palestinienne. Les soldats, qui ont utilisé de faux comptes de réseaux sociaux pour dissimuler l’origine de la campagne, ont téléchargé des images et des clips des frappes militaires à Gaza sur Twitter, Facebook, Instagram et TikTok afin de démontrer les prouesses de l’armée au public israélien.
Lors de l’assaut de 2021, Israël a frappé neuf cibles définies comme des cibles de pouvoir – toutes des immeubles de grande hauteur. « L’objectif était de faire effondrer des grands immeubles afin de faire pression sur le Hamas, et aussi pour que le public [israélien] voie une image de victoire », a déclaré une source des services de sécurité à +972 et à Local Call.
Cependant, la source a poursuivi, « cela n’a pas fonctionné. En tant que personne ayant suivi le Hamas, j’ai pu constater à quel point ils faisaient peu état des civils et des bâtiments qui ont été démolis. Parfois, l’armée trouvait quelque chose de lié au Hamas dans un grand immeuble, mais il aurait été possible d’atteindre cette cible spécifique avec des armes plus précises. En fin de compte, ils ont démoli un grand immeuble simplement pour le plaisir. »
Non seulement la guerre actuelle a vu Israël attaquer un nombre sans précédent de cibles de pouvoir, mais elle a également vu l’armée abandonner ses politiques antérieures visant à éviter de nuire aux civils. Alors qu’auparavant la procédure officielle de l’armée était qu’il était possible d’attaquer des cibles de pouvoir seulement après que tous les civils en aient été évacués, les témoignages d’habitants palestiniens de Gaza indiquent que, depuis le 7 octobre, Israël a attaqué des immeubles alors que leurs habitants étaient encore à l’intérieur et sans avoir pris des mesures significatives pour les évacuer, entraînant de nombreuses morts civiles.
Des Palestiniens devant les décombres d’un bâtiment détruit après une frappe aérienne israélienne dans le centre de la bande de Gaza, le 5 novembre 2023. (Atia Mohammed/Flash90)
De telles attaques aboutissent très souvent au meurtre de familles entières, comme cela a été le cas lors d’offensives précédentes ; selon une enquête menée par l’AP après la guerre de 2014, environ 89% des personnes tuées dans les bombardements aériens sur des maisons étaient des résidents non armés, et la plupart étaient des enfants et des femmes.
Tishler, le chef d’état-major de l’armée de l’air, a confirmé un changement de politique, déclarant aux journalistes que la politique de « frappe sur le toit » de l’armée – il s’agit d’une petite frappe initiale sur le toit d’un immeuble pour avertir les résidents que leur immeuble est sur le point d’être bombardé– n’est plus utilisé « s’il y a un ennemi ». La frappe d’avertissement sur le toit, a déclaré Tishler, est « un terme qui s’applique aux cycles [de combats] et non à la guerre ».
Les sources qui ont déjà travaillé sur des cibles de pouvoir ont déclaré que la stratégie éhontée de la guerre actuelle pourrait représenter une évolution dangereuse l’attaque de cibles de pouvoir était initialement destiné à « choquer » Gaza mais pas nécessairement à tuer un grand nombre de civils. « Les cibles ont été conçues en partant du principe que les immeubles seraient évacués de leurs habitants. En conséquence, lorsque nous travaillions sur [la compilation des cibles], il n’y avait aucune inquiétude quant au nombre de civils qui seraient blessés – on savait que le nombre serait toujours zéro », a déclaré une source avec une solide connaissance de cette tactique.
« Ce schéma prévoyait une évacuation totale [des bâtiments ciblés], qui prendrait deux à trois heures, pendant laquelle les habitants seraient appelés [par téléphone pour évacuer], des missiles d’avertissement seraient tirés, et pendant laquelle nous vérifierions également avec des images de drones que les gens quittaient effectivement l’immeuble», a ajouté la source.
Cependant, des éléments de preuve provenant de Gaza suggèrent que certains grands immeubles – dont nous supposons qu’ils étaient des cibles de pouvoir – ont été détruits sans avertissement préalable. +972 et Local Call ont localisé au moins deux cas au cours de la guerre actuelle où des immeubles résidentiels entiers ont été bombardés et se sont effondrés sans avertissement, et un cas où, selon les indices, un immeuble de grande hauteur s’est effondré sur des civils qui se trouvaient à l’intérieur.
La dévastation est visible dans le quartier d’Al-Rimal, au cœur de la ville de Gaza, après les bombardements israéliens, le 23 octobre 2023. (Mohammed Zaanoun/Activestills)
Le 10 octobre, Israël a bombardé le bâtiment Babel à Gaza, selon le témoignage de Bilal Abu Hatzira, qui a sauvé les corps des ruines cette nuit-là. Dix personnes ont été tuées dans l’attaque du bâtiment, dont trois journalistes.
Le 25 octobre, le bâtiment résidentiel Al-Taj de douze étages, dans la ville de Gaza, a été entièrement bombardé, tuant sans avertissement toutes les familles qui y vivaient. Selon les témoignages d’habitants, environ 120 personnes ont été ensevelies sous les ruines de leurs appartements. Yousef Amar Sharaf, un habitant d’Al-Taj, a écrit sur X (ancien Twitter) que 37 membres de sa famille qui vivaient dans le bâtiment ont été tués dans l’attaque : « Mon Cher Père et ma mère, ma femme bien-aimée, mes fils et la plupart de mes frères et leurs familles. » Les habitants ont déclaré que de nombreuses bombes avaient été larguées, endommageant ou détruisant également les appartements des immeubles voisins.
Six jours plus tard, le 31 octobre, un immeuble résidentiel de huit étages, Al-Mohandseen, a été bombardé sans préavis. Entre 30 et 45 corps auraient été retrouvés dans les ruines le premier jour. Un bébé a été retrouvé vivant, sans ses parents. Les journalistes ont estimé que plus de 150 personnes avaient été tuées dans l’attaque, nombre d’entre elles restant ensevelies sous les décombres.
Le bâtiment se trouvait autrefois dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au sud de Wadi Gaza – dans la prétendue « zone de sécurité » vers laquelle Israël dirigeait les Palestiniens et Palestiniennes qui ont fui leurs maisons dans le nord et le centre de Gaza – et servait donc, selon des témoignages, d’abri temporaire aux déplacé.e.s.
Selon une enquête d’Amnesty International, Israël a bombardé, le 9 octobre, au moins trois immeubles à plusieurs étages, ainsi qu’un marché aux puces ouvert dans une rue bondée du camp de réfugiés de Jabaliya, tuant au moins 69 personnes. « Les corps étaient brûlés… Je ne voulais pas regarder, j’avais peur de regarder le visage d’Imad », a déclaré le père d’un enfant abattu. « Les corps étaient jonchés sur le sol. Tout le monde cherchait ses enfants dans ces tas. Je n’ai reconnu mon fils qu’à son pantalon. Je voulais l’enterrer immédiatement, alors j’ai porté mon fils et je l’ai sorti de là. »
Un tank israélien à l’intérieur du camp de réfugiés d’Al-Shati, au nord de la bande de Gaza, le 16 novembre 2023. (Yonatan Sindel/Flash90)
Selon l’enquête d’Amnesty, l’armée a déclaré que l’attaque contre la zone du marché visait une mosquée « où se trouvaient des membres du Hamas ». Pourtant, selon la même enquête, les images satellites ne montrent pas de mosquée à proximité.
Le porte-parole de Tsahal n’a pas répondu aux questions du +972 et de Local Call concernant des attaques spécifiques, mais a déclaré de manière plus générale que « Tsahal a fourni des avertissements sous des modes divers avant les attaques et, lorsque les circonstances le permettaient, a également adressé des avertissements individuels par le biais d’appels téléphoniques aux personnes qui étaient sur ou à proximité des cibles (il y eut plus de 25 000 conversations en direct pendant la guerre, en plus des millions de conversations enregistrées, de SMS et de tracts largués depuis les airs dans le but d’avertir la population). En général, Tsahal s’efforce de réduire autant que possible les dommages causés aux civils dans le cadre des attaques, malgré le défi de combattre une organisation terroriste qui utilise les citoyens de Gaza comme boucliers humains. »
Selon le porte-parole de Tsahal, à la date du 10 novembre, Israël avait attaqué, au cours des 35 premiers jours de combat, un total de 15 000 cibles à Gaza. Selon plusieurs sources, il s’agit d’un chiffre très élevé par rapport aux quatre opérations majeures précédentes dans la bande de Gaza. Lors de l’opération Guardian of the Walls en 2021, Israël a attaqué 1 500 cibles en 11 jours. Lors de Protective Edge en 2014, qui a duré 51 jours, Israël a frappé entre 5 266 et 6 231 cibles. Durant l’opération Pillar of Defense en 2012, environ 1 500 cibles ont été attaquées en huit jours. Et lors de Cast Lead en 2008, Israël a frappé 3 400 cibles en 22 jours.
Des sources de renseignement ayant servi lors des opérations précédentes ont également déclaré à +972 et à Local Call que, 10 jours en 2021 et trois semaines en 2014 avec, pour chaque opération, un taux d’attaque de 100 à 200 cibles par jour, ont suffi pour conduire à une situation où l’armée de l’air israélienne n’avait plus de cibles de valeur militaire. Pourquoi, alors, après presque deux mois, l’armée israélienne n’est-elle pas encore à court de cibles dans la guerre actuelle ?
La réponse réside peut-être dans une déclaration du porte-parole de Tsahal du 2 novembre, qui explique que l’armée utilise désormais le système d’intelligence artificielle Habsora (« L’Évangile »), lequel, selon le porte-parole, « permet d’utiliser des outils automatiques pour produire des cibles à un rythme rapide, et œuvre à l’amélioration d’un matériel de renseignement précis et de haute qualité en fonction des besoins [opérationnels] ».
Artillerie israélienne stationnée près de la barrière de Gaza, dans le sud d’Israël, le 2 novembre 2023. (Chaim Goldberg/Flash90)
Dans le communiqué, un haut responsable du renseignement aurait déclaré que grâce à Habsora, des cibles sont créées pour des frappes de précision « qui infligent de gros dégâts à l’ennemi mais des dégâts minimes aux non-combattants. Les membres du Hamas ne sont jamais à l’abri, où qu’ils se cachent ».
Selon des sources de renseignement, Habsora génère, entre autres, des recommandations automatiques ciblant, en vue de les attaquer, des résidences privées où vivent des personnes soupçonnées d’être des membres du Hamas ou du Jihad islamique. Israël mène alors des opérations d’assassinats à grande échelle en bombardant massivement ces maisons d’habitation.
Habsora, a expliqué l’une des sources, traite d’énormes quantités de données que « des dizaines de milliers d’agents de renseignement ne pourraient pas traiter » et recommande des sites de bombardement en temps réel. Étant donné que la plupart des hauts responsables du Hamas se dirigent vers les tunnels souterrains au début de toute opération militaire, affirment les sources, l’utilisation d’un système comme Habsora permet de localiser et d’attaquer les maisons d’agents relativement juniors.
Un ancien officier des renseignements a expliqué que le système Habsora permet à l’armée de gérer une « usine d’assassinats de masse », dans laquelle « l’accent est mis sur la quantité et non sur la qualité ». Un œil humain « surveille les cibles avant chaque attaque, mais il n’a pas besoin de passer beaucoup de temps là-dessus ». Étant donné qu’Israël estime qu’il y a environ 30 000 membres du Hamas à Gaza et qu’ils sont tous condamnés à mort, le nombre de cibles potentielles est énorme.
En 2019, l’armée israélienne a créé un nouveau centre visant à utiliser l’IA pour accélérer la génération de cibles. « La Targets Administrative Division est une unité qui comprend des centaines d’officiers et de soldats et qui s’appuie sur des capacités d’IA », a déclaré l’ancien chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kochavi, dans un entretien approfondi avec Ynet plus tôt cette année
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Des Palestiniens recherchent des blessé.e.s après une frappe aérienne israélienne sur une maison du camp de réfugiés de Shaboura, dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 novembre 2023. (Abed Rahim Khatib/Flash90)
« Il s’agit d’une machine qui, avec l’aide de l’IA, traite beaucoup de données mieux et plus rapidement que n’importe quel humain, et les traduit en cibles d’attaque », a poursuivi Kochavi. « Le résultat a été que lors de l’opération Guardian of the Walls [en 2021], cette machine, dès son activation, a généré 100 nouvelles cibles chaque jour. Vous voyez, dans le passé, il y eut des moments à Gaza où nous pouvions créer au mieux 50 cibles par an. Et voilà que cette machine peut produire 100 cibles en une journée. »
« Nous préparons les cibles automatiquement et travaillons suivant une liste de contrôle », a déclaré, à +972 et à Local Call, l’une des sources qui a travaillé dans la nouvelle Targets Administrative Division. «C’est vraiment comme une usine. Nous travaillons rapidement et nous n’avons pas le temps d’approfondir la cible. Nous sommes plutôt jugés en fonction du nombre de cibles que nous parvenons à générer. »
Un haut responsable militaire en charge de la banque de cibles au Jerusalem Post plus tôt cette année a déclaré que, grâce aux systèmes d’IA de l’armée, pour la première fois, l’armée peut générer de nouvelles cibles à un rythme plus rapide qu’elle n’attaque. Une autre source a déclaré que l’on doit à la doctrine Dahiya cette volonté de générer automatiquement un grand nombre de cibles.
Les systèmes automatisés comme Habsora ont ainsi grandement facilité le travail des officiers du renseignement israélien dans la prise de décisions lors des opérations militaires, y compris lorsqu’il s’agit de calculer les pertes potentielles. Cinq sources différentes ont confirmé que le nombre de civils susceptibles d’être tués lors d’attaques contre des résidences privées est connu à l’avance des renseignements israéliens et apparaît clairement dans le dossier « cibles » dans la catégorie des « dommages collatéraux ».
Selon ces sources, il existe des degrés de dommages collatéraux qui permettent à l’armée de déterminer s’il est possible d’attaquer une cible à l’intérieur d’une résidence privée. « Lorsque la directive générale lit : « dommages collatéraux 5« , cela signifie que nous sommes autorisés à frapper toutes les cibles qui tueront cinq civils ou moins – c’est-à-dire que nous pouvons agir sur tous les fichiers de cibles qui rentrent dans cette case », a déclaré l’une des sources.
Des Palestiniens se rassemblent autour des restes d’une tour abritant des bureaux qui, selon des témoins, a été détruite par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, le 26 août 2014. (Emad Nassar/Flash90)
« Dans le passé, nous ne marquions pas régulièrement les maisons des membres subalternes du Hamas pour les bombarder », a déclaré un responsable de la sécurité qui a participé à des attaques de cibles lors d’opérations précédentes. « À mon époque, si la maison sur laquelle je travaillais portait la mention « dommages collatéraux 5 », elle ne serait pas toujours approuvée [pour attaque] ». On avait le feu-vert, a-t-il expliqué, seulement si l’on savait qu’un haut commandant du Hamas vivait dans la maison.
« D’après ce que je comprends, aujourd’hui, ils peuvent marquer toutes les maisons de [tout membre militaire du Hamas, quel que soit son rang] », a poursuivi la source. « Cela fait beaucoup de maisons. Les membres du Hamas qui ne comptent vraiment pour rien vivent dans des maisons à travers tout Gaza. Alors ils marquent la maison, la bombardent et tuent tout le monde qui s’y trouve. »
Le 22 octobre, l’armée de l’air israélienne a bombardé le domicile du journaliste palestinien Ahmed Alnaouq, dans la ville de Deir al-Balah. Ahmed est un ami proche et un collègue. Il y a quatre ans, nous avons fondé une page Facebook en hébreu intitulée Across the Wall dans le but de faire entendre au public israélien les voix palestiniennes de Gaza.
La frappe du 22 octobre a fait chuter des blocs de béton sur toute la famille d’Ahmed, tuant son père, ses frères, ses sœurs et tous leurs enfants, y compris des bébés. Seule sa nièce de 12 ans, Malak, a survécu dans un état critique, le corps gravement brûlé. Quelques jours plus tard, Malak aussi est morte.
Vingt et un membres de la famille d’Ahmed ont été tués au total, enterrés sous leur maison. Aucun d’entre eux n’était militant. Le plus jeune avait 2 ans ; l’aîné, son père, en avait 75. Ahmed, qui vit actuellement au Royaume-Uni, est désormais le seul membre survivant de sa famille.
L’hôpital Al-Nasser de Khan Younis regorge de corps de Palestiniens et de Palestiniennes tué.e.s ou blessé.e.s pendant la nuit lors de frappes aériennes israéliennes dans la bande de Gaza, le 25 octobre 2023. (Mohammed Zaanoun/Activestills)
Le groupe WhatsApp de la famille d’Ahmed avait pour nom Better Together (« Mieux ensemble »). Le dernier message qui y apparaît a été envoyé par lui, peu après minuit, la nuit où il a perdu sa famille. « Quelqu’un peut-il me dire que tout va bien », a-t-il écrit. Personne n’a répondu. Il s’est endormi, mais s’est réveillé paniqué à 4 heures du matin. Trempé de sueur, il a de nouveau vérifié son téléphone. Silence. Puis il a reçu un message d’un ami lui annonçant la terrible nouvelle.
Le cas d’Ahmed est courant à Gaza ces jours-ci. Dans des interviews à la presse, les responsables des hôpitaux de Gaza ont repris la même description : les familles entrent dans les hôpitaux comme une succession de cadavres, un enfant suivi de son père suivi de son grand-père. Les corps sont tous recouverts de saleté et de sang.
Selon d’anciens officiers des renseignements israéliens, dans de nombreux cas où une résidence privée est bombardée, le but est « l’assassinat de membres du Hamas ou du Jihad », et ces cibles ne sont attaquées que lorsque l’agent du groupe militant entre dans la maison. Les chercheurs en renseignement savent si les membres de la famille ou les voisins de l’agent risquent également de mourir lors d’une attaque, et ils savent comment calculer combien d’entre eux pourraient mourir. Chacune des sources a précisé qu’il s’agit à chaque fois de résidences privées, où, dans la majorité des cas, aucune activité militaire n’est menée.
+972 et Local Call ne disposent pas de données sur le nombre d’agents de la branche militaire des groupes jihadistes qui ont effectivement été tués ou blessés par des frappes aériennes contre des résidences privées au cours de la guerre actuelle, mais il existe de nombreuses preuves que, dans de multiples cas, il n’y avait présent aucun membre du Hamas ou du Jihad islamique, qu’il s’agisse de la branche militaire ou politique de ceux-ci.
Le 10 octobre, l’armée de l’air israélienne a bombardé un immeuble dans le quartier de Sheikh Radwan à Gaza, tuant 40 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Dans l’une des vidéos choquantes prises après l’attaque, on voit des gens crier, tenant ce qui semble être une poupée retirée des ruines de la maison et la passant de main en main. Lorsque le champ s’élargit, on voit qu’il ne s’agit pas d’une poupée, mais du corps d’un bébé.
Les services de secours palestiniens retirent les corps des membres de la famille Shaaban, tous les six tués lors d’une frappe aérienne israélienne sur le quartier de Sheikh Radwan, à l’ouest de Gaza, le 9 octobre 2023. (Mohammed Zaanoun)
L’un des habitants a déclaré que 19 membres de sa famille avaient été tués lors de la frappe. Un autre survivant a écrit sur Facebook qu’il n’avait retrouvé que l’épaule de son fils dans les décombres. Amnesty a enquêté sur l’attaque et a découvert qu’un membre du Hamas vivait à l’un des étages supérieurs du bâtiment, mais n’était pas présent au moment de l’attaque.
Le bombardement des maisons d’habitation où sont censés vivre des membres du Hamas ou du Jihad islamique est probablement devenu une politique plus concertée de Tsahal au moment de Operation Protective Edge en 2014. À l’époque, 606 Palestiniens et de Palestiniennes – environ un quart des civils tués au cours des 51 jours de combat – étaient membres de familles dont les maisons ont été bombardées. Un rapport de l’ONU de 2015 l’a défini à la fois comme un possible crime de guerre et comme « une nouvelle modalité » d’action qui « a conduit à la mort de familles entières ».
En 2014, 93 bébés ont été tués à la suite de bombardements israéliens contre des maisons d’habitation, dont 13 avaient moins d’un an. Il y a un mois, 286 bébés âgés de 1 an ou moins avaient déjà été identifiés comme ayant été tués à Gaza, selon une liste d’identité détaillée comportant l’âge des victimes publiée par le ministère de la Santé de Gaza le 26 octobre. Depuis, ce nombre a probablement doublé ou triplé. .
Cependant, dans de nombreux cas, et notamment lors des attaques actuelles contre Gaza, l’armée israélienne a mené des attaques qui ont frappé des résidences privées même en l’absence de cible militaire connue ou claire. Par exemple, selon le Comité pour la protection des journalistes, à la date du 29 novembre, Israël avait tué 50 journalistes palestiniens et palestiniennes à Gaza, dont certain.e.s à la maison avec leurs familles.
Roshdi Sarraj, 31 ans, journaliste de Gaza né au Royaume-Uni, a fondé un média à Gaza appelé « Ain Media ». Le 22 octobre, une bombe israélienne a frappé la maison de ses parents où il dormait, le tuant. La journaliste Salam Mema est également morte sous les ruines de sa maison bombardée. Parmi ses trois jeunes enfants, Hadi, 7 ans, est décédé, tandis que Sham, 3 ans, n’a pas encore été retrouvée dans les décombres. Deux autres journalistes, Duaa Sharaf et Salma Makhaimer, ont été tuées avec leurs enfants à leur domicile.
Un avion de guerre israélien survole la bande de Gaza, le 13 novembre 2023. (Yonatan Sindel/Flash90)
Les analystes israéliens ont admis que l’efficacité militaire de ce type d’attaques aériennes disproportionnées est limitée. Deux semaines après le début des bombardements à Gaza (et avant l’invasion terrestre) — après que les corps de 1 903 enfants, environ 1 000 femmes et 187 hommes âgés aient été dénombrés dans la bande de Gaza — le commentateur israélien Avi Issacharoff a tweeté : « Aussi dur que c’est à entendre, au 14e jour de combats, il ne semble pas que la branche militaire du Hamas ait été significativement touchée. Le préjudice le plus important causé aux dirigeants de la branche militaire est l’assassinat du [commandant du Hamas] Ayman Nofal. »
Les militants du Hamas opèrent régulièrement à partir d’un réseau complexe de tunnels construits sous de vastes étendues de la bande de Gaza. Ces tunnels, comme l’ont confirmé les anciens officiers des renseignements israéliens avec qui nous avons parlé, passent également sous les maisons et les routes. Par conséquent, les tentatives israéliennes de les détruire par des frappes aériennes sont susceptibles, dans de nombreux cas, de conduire à la mort de civils. C’est peut-être une autre raison du nombre élevé de familles palestiniennes anéanties lors de l’offensive actuelle.
Les agents du renseignement interrogés pour cet article ont déclaré que la façon dont le Hamas a conçu le réseau de tunnels à Gaza exploite sciemment la population civile et ses infrastructures en surface. Ces affirmations ont également servi de base à la campagne médiatique menée par Israël en ce qui concerne les attaques et raids contre l’hôpital Al-Shifa et les tunnels découverts sous celui-ci.
Israël a également attaqué un grand nombre de cibles militaires : membres armés du Hamas, sites de lancement de roquettes, tireurs d’élite, escouades antichars, quartiers généraux militaires, bases, postes d’observation, etc. Depuis le début de l’invasion terrestre, des bombardements aériens et des tirs d’artillerie lourde ont été utilisés pour soutenir les troupes israéliennes sur le terrain. Les experts en droit international estiment que ces cibles sont légitimes, à condition que les frappes respectent le principe de proportionnalité.
En réponse à une demande du +972 et de Local Call pour cet article, le porte-parole de Tsahal a déclaré : « Tsahal est attaché au droit international et agit conformément à celui-ci. Ce faisant, il attaque des cibles militaires et n’attaque pas des civils. L’organisation terroriste Hamas place ses agents et ses moyens militaires au cœur de la population civile. Le Hamas utilise systématiquement la population civile comme bouclier humain et mène les combats depuis des bâtiments civils, y compris des sites sensibles tels que des hôpitaux, des mosquées, des écoles et des installations de l’ONU. »
Les sources du renseignement qui ont parlé au +972 et à Local Call ont également affirmé que dans de nombreux cas, le Hamas « met délibérément en danger la population civile de Gaza et tente d’empêcher par la force les civils d’évacuer ». Deux sources ont déclaré que les dirigeants du Hamas « comprennent que les dommages causés aux civils par Israël leur donnent une légitimité dans les combats ».
Des destructions causées par les bombardements israéliens sont visibles à l’intérieur du camp de réfugiés d’Al-Shati, au nord de la bande de Gaza, le 16 novembre 2023. (Yonatan Sindel/Flash90)
Cependant, même si c’est difficile à imaginer aujourd’hui, l’idée de larguer une bombe d’une tonne visant à tuer un membre du Hamas qui finira par tuer une famille entière au nom des « dommages collatéraux » n’a pas toujours été aussi facilement acceptée par de larges pans de la société israélienne. En 2002, par exemple, l’armée de l’air israélienne a bombardé la maison de Salah Mustafa Muhammad Shehade, alors chef des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas. La bombe l’a tué, ainsi que sa femme Eman, sa fille Laila, âgée de 14 ans, et 14 autres civils, dont 11 enfants. Ce meurtre a provoqué un tollé public en Israël et dans le monde, et Israël a été accusé de crimes de guerre.
Ces critiques ont conduit l’armée israélienne à décider en 2003 de larguer une bombe plus petite, d’un quart de tonne seulement, sur une réunion de hauts responsables du Hamas – dont l’insaisissable chef des Brigades Al-Qassam, Mohammed Deif – qui avait lieu dans un immeuble résidentiel à Gaza, malgré la crainte qu’il ne soit pas assez puissant pour les tuer. Dans son livre To Know Hamas , le journaliste israélien chevronné Shlomi Eldar a écrit que la décision d’utiliser une bombe relativement petite était due au précédent de Shehade et à la crainte qu’une bombe d’une tonne ne tue également les civils présents dans le bâtiment. L’attaque a échoué et les officiers seniors de la branche militaire ont ont pu fuir les lieux.
En décembre 2008, lors de la première guerre majeure menée par Israël contre le Hamas après sa prise du pouvoir à Gaza, Yoav Gallant, qui dirigeait à l’époque le commandement sud de Tsahal, a déclaré que pour la première fois, Israël « frappait les maisons d’habitation » de hauts responsables du Hamas dans le but de les détruire, mais sans nuire à leurs familles. Gallant a souligné que les maisons ont été attaquées après que les familles aient été averties par une « frappe sur le toit », ainsi que par un appel téléphonique, une fois bien établi qu’une activité militaire du Hamas avait bien lieu à l’intérieur de la maison.
Après Protective Edge en 2014, au cours de laquelle Israël a commencé à frapper systématiquement les maisons d’habitations depuis les airs, des groupes de défense des droits humains comme B’Tselem ont recueilli des témoignages de Palestiniens et de Palestiniennes ayant survécu à ces attaques. Les survivants ont déclaré que les maisons se sont effondrées sur elles-mêmes, que des éclats de verre ont entaillé les corps de ceux et de celles qui se trouvaient à l’intérieur, que les débris « sentaient le sang » et que des gens ont été enterrés vivants.
Cette politique meurtrière se poursuit aujourd’hui – en partie grâce à l’utilisation d’armes destructrices et de technologies sophistiquées comme Habsora, mais aussi grâce à un establishment politique et sécuritaire qui a relâché les rênes qui refrénaient auparavant la machine militaire israélienne. Quinze ans après avoir insisté que l’armée s’efforçait de minimiser les dommages causés aux civils, Gallant, aujourd’hui ministre de la Défense, a clairement changé de ton. « Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence », a-t-il déclaré après le 7 octobre.
Source : +972Mag
Traduction BM pour Agence média Palestine. Publié le 03/12/2023
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Rédigé le 08/12/2023 à 20:07 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
L’actualité palestinienne depuis le 7 octobre n’est pas sans conséquence sur la scène nationale égyptienne. La solidarité avec la Palestine mobilise le Syndicat des journalistes qui joue les trouble-fêtes pour le rég ime, à la veille d’une élection présidentielle dont le résultat est connu d’avance.
Après des années d’inaction politique, le Comité populaire de soutien à la Palestine refait son apparition en Égypte. Fondé il y a des années par plusieurs mouvances politiques et personnalités publiques, ce comité retrouve de sa vigueur à la lumière de la guerre sur Gaza. Dans la rue égyptienne, on a vu réapparaître les manifestations de solidarité avec la Palestine, réclamant l’ouverture du passage de Rafah et l’affrètement de convois de secours humanitaire à destination d’El-Arich, ou prônant le boycott des marchandises israéliennes ou des produits issus de pays dont les gouvernements soutiennent l’État d’Israël. Le phénomène est tel que même l’élection présidentielle, qui aura lieu du 10 au 12 décembre 2023 et pour laquelle l’État a mobilisé toute sa capacité de propagande politique, a été reléguée au second plan.
Le mouvement de solidarité qui se manifeste en Égypte — et dont le Syndicat des journalistes est à la pointe — n’est évidemment qu’un élément parmi d’autres de la vague de solidarité mondiale qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes à l’échelle internationale. C’est ainsi qu’on a vu les dockers et les activistes du mouvement de solidarité avec la Palestine mener une grève et des actions de protestation contre l’envoi de fret et d’armement à destination d’Israël, notamment dans les ports de Barcelone et d’Oakland aux États-Unis. Des incidents ont également eu lieu dans divers ports de Suède, d’Afrique du Sud, du Canada et de Belgique, où les syndicats de dockers ou de manutentionnaires aéroportuaires ont refusé d’effectuer le chargement ou le déchargement de navires ou d’avions chargés d’armes à destination d’Israël, dans des scènes qui rappellent les mouvements d’opposition à la guerre du Vietnam. À l’aune de la frilosité qui régnait auparavant au sein des mouvements de solidarité en Égypte, le rôle primordial du Syndicat des journalistes ressort avec une force particulière.
Le siège du syndicat est en effet devenu le cœur battant du mouvement de solidarité avec Gaza. Au début des bombardements qui ont suivi l’opération du 7 octobre, ce lieu a servi d’avant-poste aux différentes parties qui se sont mobilisées pour apporter soutien et solidarité, et également pour protester contre la fermeture du point de passage de Rafah. Cela en plus de la mission première du syndicat en tant qu’instance professionnelle chargée de la défense des journalistes, mission qu’il exerce depuis deux mois ; soit en condamnant les positions pro-israéliennes adoptées par les médias internationaux ; soit en défendant une couverture objective des événements se déroulant dans la bande de Gaza.
Cette position constitue un tournant important pour cette institution, après le recul que ses activités ont enregistré ces dernières années. Le syndicat est ainsi devenu un havre d’accueil en invitant les journalistes et les activistes à venir manifester devant son siège pour proclamer leur solidarité avec la Palestine.
Le sit-in de protestation du 18 octobre 2023 regroupant des milliers de manifestants issus de tout le spectre des mouvements sociaux a connu, malgré les entraves que connaissent les manifestations qui ne sont pas organisées à l’initiative du régime, une participation massive, une première depuis des années. Dans la foulée, plusieurs marches de protestation ont été organisées après la prière du vendredi 20 octobre au départ de la mosquée d’Al-Azhar et d’autres mosquées au Caire et dans d’autres gouvernorats. Partis de l’intérieur des lieux de culte, les défilés ont emprunté un itinéraire qui les a conduits jusqu’à la place Tahrir.
En plus du sit-in, le siège du syndicat a abrité plusieurs actions de solidarité avec la Palestine, comme la conférence organisée dans les premiers jours des bombardements israéliens afin de dénoncer le parti pris des médias occidentaux. Une deuxième conférence s’est attachée à rendre un hommage posthume aux journalistes assassinés à Gaza, sans oublier la journée de solidarité du 11 novembre et les différentes tables rondes consacrées à la question palestinienne qui ont eu lieu à l’occasion. Le siège du syndicat est également devenu un centre de collecte de dons pour Gaza, avec l’objectif d’en faire partir un convoi jusqu’au point de passage de Rafah, en coordination avec d’autres syndicats professionnels, comme ceux des médecins, des avocats ou des commerçants. « Une caravane pour la conscience du monde » devait d’ailleurs partir du Caire pour rallier le point de passage de Rafah afin de briser le siège imposé sur Gaza. Cette tentative n’a pas été couronnée de succès, malgré les soutiens exprimés en sa faveur, aussi bien localement qu’à l’échelle internationale, faute d’avoir pu obtenir de l’État les autorisations requises.
Depuis 2013, l’Égypte a connu une répression de toute forme d’action politique non initiée par le régime en place, et le mot d’ordre de la « guerre contre le terrorisme » a régné en maître sur la vie publique, au point que toute voix d’opposition s’est vue accusée de soutenir le terrorisme. Le Syndicat des journalistes n’a pas été épargné par ce virage répressif, mais il l’a subi de manière graduelle et avait, dans un premier temps, réussi à maintenir une partie de son action. Il était devenu le dernier espace de protestation après la promulgation de la loi de novembre 2013 qui a drastiquement réduit le droit de manifester pacifiquement. Ceux et celles qui se hasarderaient encore à manifester sans autorisation — une décision qui relève de manière arbitraire du bon vouloir des forces de sécurité — risquaient désormais une peine allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Ainsi, le 8 avril 2016, il n’y avait que le siège du syndicat pour accueillir la manifestation non autorisée contre l’accord de redéfinition des frontières maritimes entre l’Égypte et l’Arabie saoudite, par lequel l’Égypte renonçait à sa souveraineté sur les îles de Tiran et Sanafir en mer Rouge.
Mais début mai 2016, deux journalistes qui étaient recherchés par les forces de sécurité pour avoir participé à une manifestation illégale trouvent refuge dans les locaux du syndicat. La police décide alors d’envahir les lieux de force et de procéder à leur arrestation. Cet événement marquera un tournant et pour le syndicat et pour la vie politique égyptienne en général. Par la suite, la police a arrêté le président du Syndicat Yahya Qallach, parachevant le verrouillage des espaces de protestation.
Le rôle particulier que le Syndicat des journalistes occupe historiquement dans l’espace public égyptien en a fait une cible pour le régime, qui est allé jusqu’à la confiscation de son siège. C’est ainsi que le bâtiment a été mis en travaux de 2018 jusqu’au début 2023. L’organisme a également été mis sous la tutelle complète du pouvoir auquel les dirigeants et une partie des conseils d’administration étaient acquis.
Le changement a commencé au premier trimestre 2023 avec les dernières élections syndicales, qui ont abouti à un bouleversement radical. Le candidat soutenu par l’État pour diriger le syndicat a perdu face au candidat de l’opposition, Khaled Al-Balchi. Une victoire d’autant plus remarquable que ce dernier n’est autre que l’un des deux journalistes arrêtés en 2016 dans les locaux du syndicat.
C’est également la première fois que les élections sont remportées par un journaliste indépendant non affilié aux grands groupes de presse placés sous tutelle de l’État, lesquels offrent naturellement un réservoir de votes confortable aux candidats issus de leurs rangs. Plus important, l’homme était un opposant classé comme appartenant à la gauche radicale.
Cette élection a eu un impact concret et immédiat sur l’activité de l’institution, qui s’est montrée plus à l’écoute des journalistes et de leurs problèmes. Ainsi a-t-elle joué un rôle essentiel dans le soutien aux grèves et aux protestations qui ont eu lieu dans de nombreuses entreprises de presse, comme la BBC arabe, le bureau de Reuters au Caire ou encore le journal Al-Wafd. Le syndicat a de surcroît pris la tête des négociations menées tant avec les employeurs qu’avec l’État, notamment au sujet du statut des journalistes, et obtenu des avancées extrêmement satisfaisantes. Par ailleurs, il s’est davantage investi dans les affaires publiques, ce qui l’a propulsé au-devant de la scène au moment du déclenchement de la guerre contre Gaza. Cependant, le fait que les autres espaces traditionnels de soutien à la Palestine soient structurellement affaiblis a empêché la propagation, l’intensification et la pérennisation du mouvement de solidarité.
Entre les années 1970 et 2013, les espaces traditionnels de solidarité avec la Palestine étaient disséminés au sein des syndicats professionnels — comme ceux des journalistes, des avocats, des ingénieurs, des médecins —, mais aussi des universités égyptiennes. La question palestinienne a été pendant longtemps le principal moteur du mouvement étudiant. Le mouvement de solidarité a également essaimé dans les quartiers du Caire et d’autres villes à travers les pays, sans parler des partis politiques d’opposition. Cette diversité et cette large diffusion ont assuré au mouvement un degré important de flexibilité et de variété dans ses modes d’action, tout comme elles ont permis sa présence dans tous les milieux sociaux, ce qui lui donnait nécessairement un impact plus fort.
Or, la plupart de ces espaces traditionnels ont disparu ou, à tout le moins, ils se sont considérablement affaiblis. Les universités égyptiennes, qui étaient naguère le foyer du mouvement étudiant n’ont enregistré aucune action notable, à part quelques tentatives dans certaines universités privées qui échappent partiellement à l’emprise des services de sécurité, comme l’Université américaine du Caire. Aux sièges des partis, la solidarité a principalement consisté dans quelques réunions du Comité populaire et la collecte de dons.
Au fond, le mouvement de solidarité avec la Palestine a été un révélateur des maux qui ont frappé la vie politique égyptienne depuis une décennie. Il faut dire que la poigne de fer sécuritaire imposée par le régime a isolé les partis politiques de leur base, et les a cantonnés à l’intérieur de leurs sièges, tout en paralysant presque entièrement le mouvement étudiant et en prohibant toute action collective au sein des syndicats professionnels.
En plus de cette emprise de l’appareil sécuritaire, on ne peut évidemment ignorer le vide laissé par les Frères musulmans, interdits de toute vie politique et publique dans le pays, et qui avait une influence importante — allant dans certains cas jusqu’à la mainmise — dans les syndicats, les universités, les villes et les quartiers. En dépit de ses multiples manœuvres opportunistes, réactionnaires ou réformistes, force est de constater que le vide qu’elle laisse ne fait que bénéficier aux forces les plus opportunistes, les plus réactionnaires, voire les plus despotiques.
La mutation intervenue au sein du Syndicat des journalistes et son rôle moteur dans la solidarité avec la Palestine ont été précédés par des tentatives d’autres syndicats, comme ceux des avocats, des ingénieurs ou des médecins — pour libérer l’action syndicale de l’emprise des appareils étatiques, tentatives qui dans certains cas ont été couronnées de succès. Cela montre bien que la mutation touchant le Syndicat des journalistes n’est pas isolée des changements qui se produisent ailleurs dans la société, quoiqu’à un rythme plus lent. Si un seul syndicat a été en mesure de donner le baiser de la résurrection à l’espace public, il n’est pas interdit de penser que d’autres changements pourraient entraîner un bouleversement plus important de la situation.
MOSTAFA BASSIOUNY
https://orientxxi.info/magazine/egypte-pour-gaza-le-syndicat-des-journalistes-ouvre-une-breche-dans-la-chape-de,6930
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Rédigé le 08/12/2023 à 11:39 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
http://www.micheldandelot1.com/assaut-israelien-dans-le-sud-de-gaza-les-hopitaux-submerges-de-victime-a215085453
Plusieurs dizaines de martyrs sont tombés dans les bombardements de l'armée sioniste ciblant plusieurs villes du nord et du sud de Ghaza, dans la nuit de mardi à mercredi. Selon le Directeur général du ministère de la Santé, Mounir Al-Barsh, une centaine de corps de martyrs se trouvent dans le seul hôpital Kamel Adwan que l'armée d'occupation refuse de laisser les enterrer. A Khan Younes, le directeur de l'hôpital européen, Dr Youssef Al-Akkad, a fait état d'un «nombre important» de martyrs et de blessés, dus aux bombardements intenses qu'a connus la ville, qui ont été transportés à son établissement. Selon Al Jazeera, d'autres bombardements de l'armée sioniste ont eu lieu dans les quartiers Al-Yarmouk, Al-Sahaba, Al-Nafaq et dans le camp d'Ennousseirat. Mardi soir, des témoins sur place ont fait état de «6 martyrs et des blessés» à Jabaliya et à Cheikh Redwan (nord de Ghaza). L'armée sioniste a également bombardé par trois obus de char les environs immédiats de l'hôpital Kamal Adwan, et deux autres obus sur la maison de la famille Houila, faisant un grand nombre de martyrs et de blessés. L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a qualifié ces bombardements «d'attaques aveugles» dans une tentative de «forcer les déplacements des habitants de Ghaza». «Les attaques aveugles, les déplacements forcés et les attaques contre les hôpitaux et le personnel médical à Ghaza doivent cesser maintenant», a déclaré hier MSF. De son côté, le Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a déclaré «qu'il existe un risque croissant d'atrocités criminelles commises à Ghaza». Quant à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA), il estime qu'avec une «nouvelle vague de déplacements», c'est «l'ensemble de la bande de Ghaza (qui) est devenu l'un des endroits les plus dangereux au monde et qu'il n'existe aucune zone de sécurité». Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lui aussi appelé de à «un cessez-le-feu humanitaire de toute urgence à Ghaza», expliquant que «la distribution de l'aide y est devenue presque impossible mettant en danger la vie des travailleurs humanitaires». A noter que depuis le 7 octobre, pas moins de 61% des habitations et unités résidentielles à Ghaza ont été détruites. «Sur les 305.000 habitations touchées, 52.000 ont été complètement détruites et 253.000 sont partiellement endommagées», a déclaré mardi un responsable du bureau de presse du gouvernement lors d'une conférence de presse.
Amnesty : les armes américaines «ont facilité les massacres de civils»
Dans un communiqué rendu public mardi, Amnesty International (AI) affirme avoir enquêté sur deux frappes «aériennes meurtrières et illégales contre des maisons peuplées de civils» à Ghaza, par l'armée israélienne, et qui ont fait des dizaines de morts et des blessés, utilisant des munitions américaines. Selon AI, les munitions sont de types JDAM (Joint Direct Attack Munition, une bombe guidée par GPS produite par Boeing, ndlr).
Le communiqué évoque la nécessité d'ouvrir une enquête sur ces attaques qui peuvent être qualifiées de «crimes de guerre». «Des munitions d'attaque directe conjointe (JDAM) de fabrication américaine ont été utilisées par l'armée israélienne lors de deux frappes aériennes meurtrières et illégales contre des maisons peuplées de civils dans la bande de Ghaza, a découvert Amnesty International sur la base d'une nouvelle enquête sur ces frappes», lit-on dans le communiqué rendu public le 5 décembre. Le communiqué précise que «les codes gravés sur les plaques des deux lots de ferrailles récupérées, 70P862352, sont associés à JDAM et à Boeing, le constructeur». L'ONG estime que ces «frappes aériennes étaient soit des attaques directes contre des civils ou des biens à caractère civil, soit des attaques aveugles» et demande qu'une «enquête soit menée sur ces frappes en tant que crimes de guerre». Amnesty précise que la première attaque, qui a eu lieu le 10 octobre, «a ciblé la maison de la famille al Najjar à Deir al Balah, et a tué 24 personnes».
La deuxième a eu lieu le 22 octobre, «contre la maison de la famille Abu Mu'eileq, dans la même ville, (et) a tué 19 personnes». «Les deux maisons se trouvaient au sud de Wadi Ghaza, dans la zone où, le 13 octobre, l'armée israélienne avait ordonné aux habitants du nord de la bande de s'installer», précise l'ONG. L'enquête d'Amnesty a permis de trouver des «fragments distinctifs de la munition dans les décombres de maisons détruites (
) à la suite de deux frappes qui ont tué un total de 43 civils : 19 enfants, 14 femmes et 10 hommes». Amnesty International affirme n'avoir trouvé «aucune indication qu'il y avait des objectifs militaires sur les sites des deux frappes ou que les personnes se trouvant dans les bâtiments étaient des cibles militaires légitimes». «Le fait que des munitions fabriquées aux États-Unis soient utilisées par l'armée israélienne dans des attaques illégales ayant des conséquences mortelles pour les civils devrait être un signal d'alarme urgent pour l'administration Biden. Les armes fabriquées aux États-Unis ont facilité les massacres de familles élargies», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International. Au 61e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de martyrs dans les bombardements sauvages de l'armée sioniste dépasse les 16.300, dont plus de 7.112 enfants et plus de 4.885 femmes, ainsi que plus de 43.616 blessés. Plus de 50.000 tonnes d'explosifs ont été larguées sur Ghaza, un territoire d'une superficie de 360 km² occupé par 2,3 millions d'habitants.
par Mohamed Mehdi
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5325734
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Rédigé le 06/12/2023 à 19:42 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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