Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Entre Rita et mes yeux, un fusil Et celui qui connaît Rita se prosterne Et adresse une prière à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel Moi, j’ai embrassé Rita quand elle était petite Je me rappelle comment elle se colla contre moi Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras Et moi, je me rappelle Rita Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang Ah Rita! Entre nous, mille oiseaux, mille images D’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête Le corps de Rita dans mon sang était célébration de noces Et deux ans durant, je me suis perdue dans Rita Et deux ans durant, Rita a dormi sur mon bras Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice, nous brulâmes dans le vin de (nos) lèvres et nous ressuscitâmes. Ah Rita! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, Hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ? Il était une fois Ô silence du crépuscule Au matin, ma lune a émigré, loin dans ces yeux couleur de miel Et la ville a balayé tous les aèdes…et Rita. Entre Rita et mes yeux, un fusil.
Les États coloniaux ont une durée de vie limitée. Israël ne fait pas exception. Israël apparaîtra triomphant après avoir terminé sa campagne génocidaire à Gaza et en Cisjordanie. Soutenu par les États-Unis, il atteindra son objectif dément. Ses déchaînements meurtriers et sa violence génocidaire extermineront les Palestiniens ou les nettoieront sur le plan ethnique. Son rêve d’un État exclusivement juif, où tous les Palestiniens qui resteront seront privés de leurs droits fondamentaux, se réalisera. Il se délectera de sa victoire sanglante. Il célébrera ses criminels de guerre. Son génocide sera effacé de la conscience publique et jeté dans l’immense trou noir de l’amnésie historique d’Israël. Ceux qui ont une conscience en Israël seront réduits au silence et persécutés.
Mais le temps qu’Israël parvienne à décimer Gaza – Israël parle de plusieurs mois de guerre – il aura signé sa propre condamnation à mort. Sa façade de civilité, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son histoire mythique du courage de l’armée israélienne et de la naissance miraculeuse de la nation juive seront réduits en cendres. Le capital social d’Israël sera épuisé. Il sera révélé comme un régime d’apartheid laid, répressif et rempli de haine, ce qui aliénera les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à mesure que de nouvelles générations arriveront au pouvoir, se distanceront d’Israël comme ils se distancient actuellement de l’Ukraine. Son soutien populaire, déjà érodé aux États-Unis, viendra des fascistes christianisés américains qui voient dans la domination d’Israël sur d’anciennes terres bibliques un signe avant-coureur du second avènement et qui voient dans l’assujettissement des Arabes une forme de racisme et de suprématie de la race blanche.
Le sang et la souffrance des Palestiniens – dix fois plus d’enfants ont été tués à Gaza qu’en deux ans de guerre en Ukraine – ouvriront la voie à l’oubli d’Israël. Les dizaines, voire les centaines de milliers de fantômes auront leur revanche. Israël deviendra synonyme de ses victimes comme les Turcs le sont des Arméniens, les Allemands des Namibiens et plus tard des Juifs, et les Serbes des Bosniaques. La vie culturelle, artistique, journalistique et intellectuelle d’Israël sera exterminée. Israël sera une nation stagnante où les fanatiques religieux, les bigots et les extrémistes juifs qui ont pris le pouvoir domineront le discours public. Il trouvera ses alliés parmi d’autres régimes despotiques. La répugnante suprématie raciale et religieuse d’Israël sera son attribut déterminant, ce qui explique pourquoi les suprématistes blancs les plus rétrogrades des États-Unis et d’Europe, y compris des philosémites tels que John Hagee, Paul Gosar et Marjorie Taylor Greene, soutiennent Israël avec ferveur. La prétendue lutte contre l’antisémitisme est une célébration à peine déguisée du pouvoir blanc.
Les despotismes peuvent exister longtemps après leur date de péremption. Mais ils sont en phase terminale. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit biblique pour voir que la soif de sang d’Israël est contraire aux valeurs fondamentales du judaïsme. L’instrumentalisation cynique de l’Holocauste, notamment en faisant passer les Palestiniens pour des nazis, n’a que peu d’efficacité lorsqu’il s’agit de perpétrer un génocide en direct contre 2,3 millions de personnes enfermées dans un camp de concentration.
Les nations ont besoin de plus que de la force pour survivre. Elles ont besoin d’une mystique. Cette mystique donne un but, une civilité et même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. La mystique offre un espoir pour l’avenir. Elle donne un sens. Elle est source d’identité nationale.
Lorsque les mystiques implosent, lorsqu’elles sont révélées comme des mensonges, un fondement central du pouvoir de l’État s’effondre. J’ai rapporté la mort des mystiques communistes en 1989 lors des révolutions en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera la même lassitude et la même apathie. Il ne sera pas en mesure de recruter des collaborateurs indigènes, tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – honnie par la plupart des Palestiniens – pour faire le travail des colonisateurs. L’historien Ronald Robinson cite l’incapacité de l’Empire britannique à recruter des alliés indigènes comme le moment où la collaboration s’est transformée en non-coopération, un moment déterminant pour le début de la décolonisation. Une fois que la non-coopération des élites autochtones se transforme en opposition active, explique Robinson, le “retrait rapide” de l’Empire est assuré.
Il ne reste plus à Israël que l’escalade de la violence, y compris la torture, qui accélère le déclin. Cette violence généralisée fonctionne à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la “ sale guerre ” menée par la dictature militaire argentine et du conflit britannique en Irlande du Nord. Mais à long terme, elle est suicidaire.
“ On pourrait dire que la bataille d’Alger a été gagnée grâce à l’utilisation de la torture ”, a observé l’historien britannique Alistair Horne, “ mais que la guerre, la guerre d’Algérie, a été perdue ”.
Le génocide de Gaza a fait des combattants du Hamas des héros dans le monde musulman et dans le Sud. Israël peut anéantir les dirigeants du Hamas. Mais les assassinats passés – et actuels – d’un grand nombre de dirigeants palestiniens n’ont guère contribué à émousser la résistance. Le siège et le génocide à Gaza ont produit une nouvelle génération de jeunes hommes et femmes profondément traumatisés et enragés, dont les familles ont été tuées et les communautés anéanties. Ils sont prêts à prendre la place des dirigeants martyrs. Israël a fait grimper les actions de son adversaire dans la stratosphère.
Israël était en guerre contre lui-même avant le 7 octobre. Les Israéliens manifestaient pour empêcher le Premier ministre Benjamin Netanyahou d’abolir l’indépendance de la justice. Ses bigots et fanatiques religieux, actuellement au pouvoir, avaient monté une attaque déterminée contre la laïcité israélienne. L’unité d’Israël depuis les attentats est précaire. C’est une unité négative. Elle est maintenue par la haine. Et même cette haine ne suffit pas à empêcher les manifestants de dénoncer l’abandon par le gouvernement des otages israéliens à Gaza.
La haine est une denrée politique dangereuse. Une fois qu’ils en ont fini avec un ennemi, ceux qui attisent la haine en cherchent un autre. Les “animaux humains” palestiniens, une fois éradiqués ou soumis, seront remplacés par des apostats et des traîtres juifs. Le groupe diabolisé ne peut jamais être racheté ou guéri. Une politique de haine crée une instabilité permanente qui est exploitée par ceux qui cherchent à détruire la société civile.
Le 7 octobre, Israël s’est engagé dans cette voie en promulguant une série de lois discriminatoires à l’encontre des non-Juifs qui ressemblent aux lois racistes de Nuremberg qui privaient les Juifs de leurs droits dans l’Allemagne nazie. La loi sur l’acceptation des communautés permet aux colonies exclusivement juives d’exclure les candidats à la résidence sur la base de “l’adéquation avec la vision fondamentale de la communauté”.
Un grand nombre des jeunes Israéliens les mieux éduqués ont quitté le pays pour des pays comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni, et jusqu’à un million d’entre eux sont partis aux États-Unis. Même l’Allemagne a vu affluer quelque 20 000 Israéliens au cours des deux premières décennies de ce siècle. Environ 470 000 Israéliens ont quitté le pays depuis le 7 octobre. En Israël, les défenseurs des droits de l’homme, les intellectuels et les journalistes – israéliens et palestiniens – sont traités de traîtres dans le cadre de campagnes de diffamation parrainées par le gouvernement, placés sous la surveillance de l’État et soumis à des arrestations arbitraires. Le système éducatif israélien est une machine d’endoctrinement pour l’armée.
L’universitaire israélien Yeshayahu Leibowitz a prévenu que si Israël ne séparait pas l’Église et l’État et ne mettait pas fin à son occupation des Palestiniens, il donnerait naissance à un rabbinat corrompu qui transformerait le judaïsme en un culte fasciste. “Israël ne mériterait pas d’exister et il ne vaudrait pas la peine de le préserver.
La mystique mondiale des États-Unis, après deux décennies de guerres désastreuses au Moyen-Orient et l’assaut du Capitole le 6 janvier, est aussi contaminée que son allié israélien. L’administration Biden, dans sa ferveur à soutenir inconditionnellement Israël et à apaiser le puissant lobby israélien, a contourné le processus d’examen par le Congrès avec le Département d’État pour approuver le transfert de 14 000 cartouches de munitions de chars à Israël. Le secrétaire d’État Antony Blinken a fait valoir qu’”il existe une situation d’urgence qui exige la vente immédiate”. Dans le même temps, il a cyniquement appelé Israël à minimiser les pertes civiles.
Israël n’a aucunement l’intention de minimiser les pertes civiles. Il a déjà tué 18 800 Palestiniens, soit 0,82 % de la population de Gaza – l’équivalent d’environ 2,7 millions d’Étasuniens. 51 000 autres ont été blessés. La moitié de la population de Gaza est affamée, selon les Nations unies. Toutes les institutions et tous les services palestiniens nécessaires à la vie – hôpitaux (seuls 11 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore “partiellement”), stations d’épuration, réseaux électriques, systèmes d’égouts, logements, écoles, bâtiments gouvernementaux, centres culturels, systèmes de télécommunications, mosquées, églises, points de distribution de nourriture des Nations Unies ont été détruits. Israël a assassiné au moins 80 journalistes palestiniens ainsi que des dizaines de membres de leurs familles et plus de 130 travailleurs humanitaires de l’ONU ainsi que des membres de leur famille. Les victimes civiles sont au cœur du problème. Il ne s’agit pas d’une guerre contre le Hamas. C’est une guerre contre les Palestiniens. L’objectif est de tuer ou d’expulser 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.
La mort par balle de trois otages israéliens qui avaient apparemment échappé à leurs ravisseurs et se sont approchés des forces israéliennes, torse nu, en brandissant un drapeau blanc et en appelant à l’aide en hébreu, n’est pas seulement tragique, elle donne un aperçu des règles d’engagement d’Israël dans la bande de Gaza. Ces règles sont les suivantes : tuer tout ce qui bouge.
Comme l’a écrit le général de division israélien à la retraite Giora Eiland, qui a dirigé le Conseil national de sécurité israélien, dans Yedioth Ahronoth, “[L]’État d’Israël n’a pas d’autre choix que de transformer Gaza en un endroit où il est temporairement ou définitivement impossible de vivre… Créer une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre l’objectif”. “Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne peut exister”, a-t-il écrit. Le général de division Ghassan Alian a déclaré qu’à Gaza, “il n’y aura ni électricité ni eau, il n’y aura que de la destruction. Vous vouliez l’enfer, vous l’aurez”.
Les États coloniaux qui perdurent, dont les États-Unis, exterminent par les maladies et la violence la quasi-totalité de leurs populations indigènes. Les fléaux de l’Ancien Monde apportés par les colonisateurs aux Amériques, comme la variole, ont tué environ 56 millions d’indigènes en une centaine d’années en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord. En 1600, il ne restait plus qu’un dixième de la population d’origine. Israël ne peut pas tuer à cette échelle, avec près de 5,5 millions de Palestiniens vivant sous occupation et 9 millions d’autres dans la diaspora.
La présidence Biden, qui, ironiquement, a peut-être signé son propre acte de décès politique, est liée au génocide israélien. Elle tentera de prendre ses distances sur le plan rhétorique, mais en même temps, elle acheminera les milliards de dollars d’armes demandés par Israël – y compris 14,3 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour compléter les 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle – pour “ finir le travail ”. Elle est un partenaire à part entière du projet de génocide israélien.
Israël est un État paria. Cela s’est manifesté publiquement le 12 décembre lorsque 153 États membres de l’Assemblée générale des Nations unies ont voté en faveur d’un cessez-le-feu, seuls 10 États – dont les États-Unis et Israël – s’y étant opposés et 23 s’étant abstenus. La campagne de terre brûlée menée par Israël à Gaza signifie qu’il n’y aura pas de paix. Il n’y aura pas de solution à deux États. L’apartheid et le génocide définiront Israël. Cela présage un long, très long conflit, que l’État juif ne pourra pas gagner en fin de compte.
L'actualité nous oblige à comparer les conflits en Ukraine et en Palestine, Kiev et Gaza.
A Kiev, on se promène dans les rues, on accueille les dirigeants de l'Occident, chefs d'État, ministres, diplomates, généraux, hommes d'affaires. On dit que les boîtes de nuit sont pleines, et on a même découvert, cet été, les images d'une jeunesse faisant la fête dans des piscines. On ne se réfugie même plus dans le métro. On a fini par comprendre que les lieux officiels, les quartiers résidentiels, les zones de fréquentation, n'étaient pas attaqués.
On prend le train, ou l'avion, pour voyager. Les églises, les monuments, les bâtiments historiques sont là, témoignant du passé slave commun de l'Ukraine et de la Russie. Il y a eu certes des destructions, mais rien à voir avec Gaza. Ici les Russes ont été préoccupés de ne pas insulter l'avenir, de ne pas provoquer une haine éternelle. Ils auraient pu, probablement au début du conflit, causer de grands dommages à Kiev, ils ne l'ont pas fait.
A Gaza il n'y a plus rien, sauf un peuple de résistants
A Gaza, il n'y a plus de mosquées, il n'y a plus d'écoles, il n'y a plus d'universités. A Gaza, il n'y a plus de rues où se promener, il n'y a plus d'immeubles, il n'y a plus de maisons. Ils ont été bombardés, systématiquement, sans pitié, froidement. Il n'y a pas de métro où se réfugier. Les habitants ont essayé innocemment de se réfugier dans les hôpitaux, ou les bâtiments des agences internationales, croyant que certaines règles humanitaires seraient au moins respectées, mais ils ont été bombardés là aussi. Ils ont alors essayé de se réfugier dans les ruines des bâtiments déjà bombardés, en espérant que la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais rien n'y a fait. Ils sont alors partis au Sud comme l'exigeait Israël, mais Israël a bombardé aussi le Sud.
A Gaza, il y a longtemps qu'il n'y a pas de lieu festif comme à Kiev. Y en a-t-il d'ailleurs jamais eu, depuis 30 ans de blocus et de bombardements. Il n'y a plus d'eau, il n'y a plus d'électricité, il n'y a plus de nourriture. Il y a l'odeur putride des corps et de la mort qui monte de partout sans qu'on sached'où elle vient. A Gaza, il n'y a plus rien sauf un peuple de résistants. A Gaza, il n'y a plus de médicaments. Les hôpitaux, quand ils survivent encore, opèrent sans anesthésie, et puis n'opèrent plus. Les médecins, les ambulanciers, les secouristes eux-mêmes sont tués, et aussi les journalistes, et aussi les professeurs, et aussi les femmes, et aussi les vieillards, et aussi... et aussi tout le monde. Israël ne fait pas la discrimination, il tue tout le monde, tout ce qui bouge. Même les siens, quand il pense qu'il le faut. Il a tué trois otages qui s'étaient mis torse nu et avaient brandi un drapeau blanc. L'armée israélienne les a pris pour des Palestiniens, avoue-t-elle, aveu terrible qu'un Palestinien est abattu même les mains levées, même avec un drapeau blanc. Mais ce qu'Israël et les medias affiliés ne veulent pas dire aussi, car dans leur récit l'Israélien est par définition occidental, c'est que les Israéliens ressemblent aux Palestiniens, aux Arabes quand ils sont sans... kippa. Ceci ne rend encore que plus absurde, plus odieux le colonialisme et le racisme israéliens.
Les enfants de Gaza
A Kiev, on s'émeut des enfants du «Donbass» qu'on dit déportés, kidnappés par la Russie. Le procureur général de la Cour pénale internationale s'est senti alors une âme de justicier et a inculpé le président de la Fédération de Russie, à ce sujet, de «crime contre l'humanité». A Gaza, les enfants sont tués par milliers, mais le procureur de la CPI s'est tu. L'Occident politique aussi s'est tu ou a protesté finalement mollement, parlant «de dégâts collatéraux» ou que les «guerres sont nécessairement sales». Israël tue les enfants sans l'ombre d'une compassion. Ne les considèrent-ils pas comme les enfants d'»animaux humains», de la «graine future de terroriste»?
Les enfants blessés sont des dizaines de milliers. A l'hôpital on les opère sans anesthésie. Ils ressentent cette douleur indicible à l'orée de leur vie, les yeux grands ouverts, innocents, incrédules. Le procureur général de la CPI s'est tu. Des centaines d'autres enfants ont disparu, ensevelis quelque part sous les ruines, leurs petits corps faisant désormais partie du mortier des décombres. Le procureur de la CPI s'est tu.
On voit parfois des enfants, miraculeusement indemnes, gratter de leurs petites mains les ruines espérant y trouver leurs parents ou tendre leurs bras suppliants en sanglotant pour chercher un refuge, au moins une explication à toute cette cruauté. Leur mère n'est plus là. Leur père n'est plus là. Les enfants errent dans les décombres de Gaza, cherchant qui peut les recueillir. Ils ont soif et ils boivent l'eau de mer. Ils ont faim. Beaucoup, qui ont échappé aux bombardements, vont mourir de maladie
En Cisjordanie, comme à Gaza, les habitants attendent la peur au ventre les colons armés et les soldats israéliens qui vont venir et décider qui abattre, qui tuer, qui épargner pour l'instant, qui humilier, qui aligner, accroupis, en rangs, nus dans la rue.
Une guerre de pauvres, une guerre de riches
A Kiev, on demande sans arrêt de l'argent à l'Occident, les milliards de dollars coulent à flots, 113 milliards de dollars en novembre 2022, 110 milliards en instance d'approbation par les Etats-Unis et l'Union européenne, 270 milliards d'aide militaire promis par l'ensemble des pays occidentaux en septembre 2023 (*). Mais Israël et l'Occident crient au scandale lorsqu'on apprend que Hamas a reçu quelques millions de dollars. Et jusqu'à présent, on se plaint, à Kiev, de ne pas avoir assez d'armes, de chars, d'obus, de canons, de bazookas, de missiles, d'avions, et d'argent encore et encore. Je me dits que si Hamas avait le centième, non le millième des armes de Kiev, Israël n'y résisterait pas. Cela est évident. Je me dis que si les Palestiniens avaient le millième de l'argent donné à Kiev, ils vaincraient sans coup férir. Je me dis que s'ils avaient l'appui de tout l'Occident comme l'a Kiev, Israël ne résisterait pas comme le font les Palestiniens. J'enfonce une porte ouverte ? Oui, mais cela fait du bien de le dire dans l'océan de mensonges dans lequel on essaie de noyer le combat de Gaza.
A Gaza, on bricole des rockets, des RPG, on se bat avec des armes de fortune, et pourtant on résiste. Pas un pleurnichement, on meurt debout, on s'attaque aux chars à pied, en courant à l'assaut vers eux, et l'ennemi a peur, et l'ennemi recule. De quoi a-t-il peur ? Toute la différence est là. L'ennemi a peur devant une volonté, un désespoir, un espoir, un courage infinis. A Gaza on ne réclame rien. On se bat. On demande seulement aux gens de manifester dans le monde pour Gaza, pour la Palestine. On leur demande de prier pour Gaza. On est en présence d'une détermination incroyable.
La détermination, la conviction c'est d'évidence ce qu'il manque aux dirigeants la plupart repus des Etats arabes voisins. Ils sont comme ces animaux, dans la jungle, qui regardent, immobiles, apeurés, fascinés et tremblants, l'un des leurs être dévoré par les bêtes féroces, dans l'espoir d'être épargnés.
Les deux conflits, Kiev, Gaza, sont différents militairement, humainement. Mais leur simultanéité temporelle amène à réfléchir à la fois sur leurs ressemblances et leurs différences. Certes il y a de chaque côté de l'héroïsme. L'Ukraine n'en manque pas comme la Russie et ils l'ont prouvé dans leur Histoire. Mais de quoi s'agit-il finalement dans le conflit en Ukraine ? Pourquoi se bat-on ainsi à Gaza, pourquoi y a-t-il ici une guerre de pauvres, et là, à Kiev une guerre de riches, à dizaines de milliards de dollars ? S'agit-il, dans les deux cas, à Kiev comme à Gaza, d'une guerre de libération ? Dans les guerres de libération, on s'est battu au début avec des fusils de chasse, des sabres, des machettes. On récupérait les armes sur l'ennemi. Pourquoi l'Ukraine n'est- elle pas capable de mener une guerre de partisans, par exemple au Donbass. La guérilla suppose un appui total de la population, d'y être comme un poisson dans l'eau. Cela amène à s'interroger sur l'appui populaire à Kiev. Sur les sentiments de l'opinion publique russe à l'égard du peuple ukrainien. Russes et Ukrainiens sont-ils à ce point ennemis ? Ou bien, les a-t-on dressés les uns contre les autres ?
Deux poids, deux mesures
A Kiev, et en Israël, il y a le même discours dans les milieux dirigeants. Des deux côtés on dit qu'on combat le terrorisme, pour «défendre la civilisation, les valeurs occidentales», on dit en Israël, qu'on en est «un rempart», face au monde arabe, et à Kiev, un rempart face à la Russie. Kiev et Gaza agissent comme les deux facettes d'un même conflit auquel participe l'Occident.
La Russie a été sanctionnée par «l'Occident politique» pour avoir envahi l'Ukraine, pour avoir violé le droit international. Israël l'a violé cent fois. Les Américains expliquent «qu'il exerce son droit à se défendre» et ils mettent leur veto au Conseil de sécurité chaque fois qu'on veut arrêter le massacre des Palestiniens ou chercher une solution politique. Comme ils le font à Kiev, les principaux dirigeants occidentaux viennent à Tel-Aviv et à Jérusalem, l'un après l'autre, pour soutenir Israël «inconditionnellement».
Chaque jour de guerre d'Israël est un crime de guerre, un crime contre l'humanité, mais on ne songe même pas à interdire à l'État hébreu les jeux olympiques. L'a-t-on fait d'ailleurs un jour, depuis 75 ans que cela dure. Israël participera aux jeux olympiques, drapeaux en tête, mais les athlètes russes eux sont conviés à cacher leur drapeau, à en avoir honte, à ne pas le montrer. Et malheur à un athlète qui refusera de concourir avec un Israélien. Un lutteur algérien a été pour cela suspendu pour dix ans. La Pologne a refusé d'affronter la Russie en éliminatoires de la coupe du monde mais c'est la Russie qui a été suspendue de la compétition.
Quoi qu'il fasse, même s'il s'oppose au monde entier, Israël n'est jamais sanctionné. Les sanctions sont faites pour la Russie, l'Iran, le Yémen, le Venezuela, Cuba, etc. et tous ceux qui soutiendront les Palestiniens. On parle déjà de sanctionner le Yémen du Sud, les Houthis pour avoir déclaré qu'ils attaqueraient les bateaux israéliens jusqu'à ce qu'Israël laisse passer l'approvisionnement de Gaza. Les Occidentaux qui arment Israël, lequel se moque en permanence du droit international, crient que ce droit, que la liberté de commerce sont menacés en mer Rouge par les Houthis. Mais on cherchera à taire, pour l'opinion occidentale, la véritable raison des opérations des Houthis.
Splendide logique d'un Occident en plein délire et qui marche sur la tête. Une phrase a surgi, qui résume désormais la situation d'un monde sous tutelle déclinante de l'Occident: le deux poids deux mesures. Plus besoin de discours, plus besoin d'analyse idéologique ou politique, la phrase résume tout. Il suffit de la dire et tout est dit. Elle désempare l'Occident politique. Elle le rend muet. Elle désamorce toutes ses bombes médiatiques, tous ses mensonges.Tout est devenu clair dans le monde. Mais que de temps, il a fallu pour en arriver à cette conclusion.
Les près de deux millions de Palestiniens citoyens d’Israël subissent une pression croissante de la part de leur gouvernement. Les attaques du 7 octobre précipitent une redéfinition de leur place face à la majorité juive et conduit à s’interroger sur les différentes stratégies de défense de leurs droits en tant que peuple autochtone face à un État colonial.
La couverture médiatique des représailles israéliennes à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, s’est à raison concentrée sur le terrible sort des civils de Gaza, soumis à des bombardements face auxquels les mots manquent. Mais la logique de vengeance et de déshumanisation des Palestiniens à l’œuvre dans le cadre de l’offensive israélienne concerne les civils au-delà de Gaza. Elle a produit, de la part des colons comme des forces armées, un niveau inédit de violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Elle affecte aussi, et cela a été moins fréquemment remarqué, les Palestiniens dits de « 1948 » ou de « l’intérieur », ceux qui possèdent la citoyenneté israélienne — désignés parfois comme « Arabes israéliens », mais qui sont des « Palestiniens israéliens ». Ils représentent environ 20 % de la population d’Israël.
Le statut de cette population dont le rapport avec Israël est complexe est de longue date débattu, en particulier lors des élections. Il a notamment été au cœur des récentes évolutions constitutionnelles, quand Israël a changé sa loi fondamentale pour souligner le caractère juif de l’État. La phase entamée le 7 octobre marque une nouvelle étape. Elle est caractérisée par une pression accrue sur les Palestiniens de l’intérieur à qui il est demandé de faire preuve d’un surcroit de loyauté envers l’État d’Israël. Depuis lors, toute déclaration ou action de solidarité avec les Palestiniens de Gaza se heurte à la répression, comme l’a souligné un récent rapport de l’association Adalah de Haïfa. Rien qu’en octobre, au moins 161 personnes auraient été l’objet d’enquêtes, convoquées par la police ou arrêtées et mises en accusation. Selon le Comité supérieur de suivi des Palestiniens de l’intérieur, une organisation qui publie les chiffres régulièrement, le 8 décembre le total atteint 221 arrestations, 62 inculpations ainsi que 109 licenciements. Celles et ceux arrêté·es l’ont souvent été au moment de manifestations de solidarité avec Gaza, comme cela a été le cas à Oumm Al-Fahm le 19 octobre 2023, où 12 manifestants ont été interpellés. Les inculpations se font également sur la base de la loi antiterroriste de 2016 qui punit l’incitation au terrorisme, l’identification avec une organisation terroriste ou un comportement inapproprié susceptible de nuire à la sécurité publique.
RÉPRESSION ACCRUE
Selon le site Arabes 48, 99 étudiants arabes ont été poursuivis dans les universités et collèges israéliens entre le 7 et le 27 octobre. Parmi eux, 48 ont vu leurs études suspendues. L’activiste des droits humains Maï Younis, de la ville d’Ara, a été inculpée d’incitation et de solidarité avec le Hamas. La chanteuse Dalal Abou Amna a pour sa part fait l’objet d’une assignation à résidence en raison de la citation du Coran « personne ne prévaut sauf Dieu » qu’elle a publiée sur sa page Facebook. L’actrice Maysaa Abdel Hadi a été inculpée pour un simple message sur les réseaux sociaux scandant « Allons-y comme à Berlin », en référence à la destruction du mur de Berlin.
Cette campagne d’intimidation et de persécution s’accompagne déjà de nouvelles mesures législatives. Un projet de loi visant à modifier la loi antiterroriste a été introduit au Parlement et a été adopté en première lecture. Il vise à criminaliser la lecture de médias désignés comme terroristes, avec une peine d’un an de prison.
Face à la violence des images du 7 octobre, les Palestiniens de l’intérieur se trouvent de fait dans une situation complexe, soumis à des injonctions contradictoires. Chacun dans son for intérieur, mais aussi collectivement, semble en quête d’un équilibre entre le maintien de bonnes relations avec les citoyens juifs et la solidarité avec les Palestiniens de Gaza. À cet égard, trois attitudes différentes se dégagent, symptômes d’une place difficile à trouver.
UNE OPTION PRAGMATIQUE
La première est représentée par le Mouvement islamique dirigé par le député Mansour Abbas (La Liste arabe unifiée). Depuis plusieurs années, il estime qu’Israël continuera d’exister pendant longtemps et qu’il est donc préférable d’adopter une approche pragmatique en s’engageant dans la vie politique israélienne, même si cela signifie participer à un gouvernement de coalition. Peu importe que le gouvernement soit de droite ou de gauche, ce qui compte c’est la possibilité d’influencer ses décisions et d’améliorer la situation des Palestiniens de 1948.
Deux jours après l’attaque du Hamas, Mansour Abbas s’est ainsi adressé à sa direction en exigeant la libération de tous les otages :
Je demande instamment aux dirigeants des factions palestiniennes de Gaza de libérer les prisonniers qui sont entre leurs mains. Les valeurs de l’islam nous commandent de ne pas emprisonner les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Malgré une telle position, il est probable que l’option pragmatique est depuis le 7 octobre dans une impasse. En effet, les discours racistes au sein des partis israéliens et la méfiance à l’égard de l’ensemble des voix palestiniennes rendront difficile la reproduction du « gouvernement de changement » dirigé par Naftali Bennett et Yaïr Lapid et qui intégrait le Mouvement islamique de Mansour Abbas.
UNIR LES GAUCHES
La deuxième attitude est incarnée notamment par le Parti communiste et ses alliés. Ceux-ci considèrent le conflit à Gaza comme une extension de la polarisation interne entre le mouvement fasciste de droite représenté par le gouvernement actuel de Benjamin Nétanyahou et le mouvement démocratique. Le PC cherche à élargir sa base populaire pour y inclure les Juifs et les Arabes opposés à la guerre. Le député de la Liste commune Ayman Odeh, représentant cette tendance, lie la guerre actuelle et la réforme judiciaire contestée, souvent décrite comme un coup d’État. Dans un article publié dans Haaretz le 27 octobre, il affirme que « le but du coup d’État était d’expulser les Palestiniens de Cisjordanie, de neutraliser les citoyens arabes et d’empêcher la création d’un État palestinien. Tous ces objectifs sont en train d’être atteints ».
UNE MINORITÉ AUTOCHTONE
Parallèlement à ces deux options, une troisième position, plus diffuse, se dessine et a pris un sens nouveau depuis le 7 octobre. Elle estime que, sur le plan structurel, la minorité palestinienne de l’intérieur est un groupe national ciblé par les institutions de l’État. L’activiste et prisonnier récemment libéré Amir Makhoul explique sur le site d’Al Jazira que l’establishment israélien mène « une campagne d’intimidation contre 48 Palestiniens afin de les empêcher d’entendre le cri de colère contre la guerre ou de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza ». De même, le Centre Mada Al-Carmel pour les études sociales appliquées a publié une prise de position affirmant que le gouvernement israélien a « exploité l’état de choc et de guerre, les crises qui en résultent et le gouvernement d’urgence qu’il a formé, pour effacer la marge politique que les Palestiniens utilisaient pour exercer leurs droits les plus fondamentaux ».
Le cadre législatif, en particulier la loi fondamentale israélienne de 2018 qui définit Israël comme un État-nation pour le peuple juif ne peut être ignoré. Selon cette loi, toutes les ressources doivent être utilisées au profit de la majorité juive. Parallèlement, les institutions n’ont pris aucune mesure significative pour freiner la propagation de la criminalité dans les villes et villages où vivent la majorité des Palestiniens de l’intérieur. Au cours de 2023, ce sont déjà 199 d’entre eux qui ont été victimes d’actes violents parfois inscrits dans des logiques de criminalité liées à la corruption d’État.
La stigmatisation structurelle des Palestiniens israéliens — groupe massivement décrit comme dangereux et déloyal, sorte d’ennemi de l’intérieur — est révélatrice d’une tendance inquiétante qui s’inscrit dans un cadre législatif. La campagne d’intimidation et d’abus rappelle la période de régime militaire imposé à cette population de 1948 à 1966. Ce cadre spécifique est resté en place longtemps après. Ce n’est qu’en 2000 que le tribunal militaire de Lod, chargé de la juger, a été aboli.
Dans ce contexte, la troisième tendance développe un parallèle avec d’autres situations coloniales qui marginalisent, répriment ou effacent les minorités dites nationales ou autochtones. Elle cherche à mettre en avant le caractère autochtone des Palestiniens et entend trouver dans d’autres expériences par exemple en Océanie ou dans les Amériques des leviers de mobilisation ou des mécanismes législatifs pour internationaliser la cause et créer de nouveaux droits.
Une commission d’enquête gouvernementale israélienne qui s’intéressait au soulèvement d’octobre 2000 (dans les villages et villes palestiniennes de l’intérieur s’étaient alors multipliées des manifestations de soutien à la seconde intifada) avait dans son rapport de 2003 utilisé les termes « minorité nationale » et « minorité autochtone » pour définir les Palestiniens. Les rédacteurs précisaient :
Premièrement, la population arabe minoritaire en Israël est une population autochtone qui se considère comme dominée par une majorité qui ne l’est pas. […] La forte adhésion à l’héritage ancestral face aux défis posés par la majorité juive, que la population minoritaire palestinienne considère comme une communauté immigrée, a un statut élevé dans la conscience collective. Cette équation — minorité « autochtone » contre majorité « immigrée » — est susceptible d’accroître les tensions. Deuxièmement, la minorité arabe d’Israël est une succession historique de la majorité de la population de la région. […] Même pendant l’expansion de l’entité juive au cours de la période du mandat, le nombre d’Arabes a toujours dépassé deux fois le nombre de Juifs. Et les troubles qui ont fait d’eux une minorité de 20 % de la population du pays n’ont pas été faciles à résoudre. Dans leur révolution contre cela, ils ont en partie exprimé leur refus d’être appelés « membres de minorités » dans le langage des institutions de l’État. Troisièmement, ces troubles sont le résultat de la grave défaite des Arabes dans leur guerre contre l’entité juive et l’État dans lequel ils se sont retrouvés dans la position d’une minorité qui, en réalité et du fait de sa présence, constitue un rappel constant et tragique de leur chute ; ou, pour reprendre les termes d’un de leurs dirigeants, « l’État a surgi sur les ruines de la société palestinienne ». La création de l’État d’Israël, célébrée par le peuple juif comme l’accomplissement d’un rêve depuis des lustres, implique dans sa mémoire historique le traumatisme collectif le plus brutal de son histoire — la « Nakba ».
La Commission d’enquête israélienne avait alors défini les Palestiniens, citoyens d’Israël, à travers des critères objectifs : l’existence du groupe avant la création de l’État et la séquence historique qui a conduit à sa transformation en un groupe dominé. Elle avait aussi relevé des dynamiques plus subjectives : la prise de conscience croissante par ses membres de leur identité nationale, mais avait néanmoins, sans grande surprise, négligé de lier celle-ci au phénomène colonial.
Cette réflexion sur l’autochtonie semble s’ancrer, par exemple au moment des campagnes électorales ou lors de mobilisations comme en octobre 2021, mais ne trouve pas facilement d’expression politique évidente. La perception d’un racisme profondément enraciné dans les institutions qui se traduit de plus en plus sur le plan législatif vient interroger les stratégies des partis politiques, mais aussi les limites des approches, certes critiques, mais qui œuvrent en faveur de l’intégration.
Il est entendu qu’à la suite des attaques du 7 octobre, les appels à une « seconde Nakba » par des responsables politiques israéliens doivent être pris au sérieux et concernent tant les habitants de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza (dont environ 70 % sont en fait des réfugiés de 1948) que de l’intérieur. S’impose une nouvelle réflexion pour la défense des droits que les Palestiniens ayant la citoyenneté israélienne, confrontés à des logiques et expériences spécifiques, peuvent encourager, en plaidant pour l’internationalisation du conflit et la mise en relief de l’autochtonie du peuple palestinien.
«Notre vie est un voyage. Dans l'Hiver et dans la Nuit. Nous cherchons notre passage. Dans le Ciel où rien ne luit»
Qu'est-il arrivé au grand Louis-Ferdinand Céline, lui qui aurait pu se satisfaire de son chef-d'œuvre «Voyage au bout de la nuit». Il signera son arrêt de mort quand il décidera de s'en prendre aux Juifs en publiant dès 1937 son deuxième pamphlet antisémite «Bagatelles pour un massacre», s'il fut un titre irrévocablement condamné par tout le monde, on ne peut s'empêcher aujourd'hui d'y voir une sentence, un verdict, un diagnostic, une mise en garde au sujet d'un monde truffé d'illusions, de mensonges, de duplicité, de reniement, de lâcheté et de compromission. L'écrivain pestiféré dira : «La seule chose grave à l'heure actuelle, pour un grand homme, savant écrivain, cinéaste, financier, industriel, politicien (mais alors la chose gravissime) c'est de se mettre mal avec les juifs.[...] Faites le clown, l'insurgé, l'intrépide, l'antibourgeois, l'enragé redresseur de torts... le juif s'en fout ! Divertissements... Babillages ! Mais ne touchez pas à la question juive, ou bien il va vous en cuire... Raide comme une balle, on vous fera calancher d'une manière ou d'une autre...» 1 Complètement désabusé, irrémédiablement déçu, Céline s'en prendra pourtant à tout le monde : aux Communistes, aux Français, aux Américains, aux Européens et même à tous les damnés de la terre et aux Juifs... particulièrement aux Juifs.
Néanmoins on ne retiendra que ce crime de lèse-majesté. On mettra sa mutinerie démentielle sous le coup de la frustration, de la paranoïa, de la folie et surtout bien entendu de l'antisémitisme. Il payera très cher son sacrilège. «Fais donc bien gaffe ! Terriblement... Ils appartiennent à la race la plus puissante de l'univers... dont tu n'es de naissance qu'un des domestiques... Ils peuvent pour un mot de traviole te faire virer de ton emploi...te faire crever de faim sans appel...» Quand il dira «Le persécuté c'est moi», Céline sera la risée de tous et pourtant, ils seront plus tard bien nombreux à subir cette «Persécution « et ces «Représailles» typiquement juives.2
Il aura ce courage inouï d'assumer jusqu'au bout ses sentiments. Il dira tout haut ce qu'il pensait tout haut. Posture que peu de personnes pourront assumer et particulièrement la Presse occidentale inconditionnellement pro-israélienne, ces chiens de garde qui constituent les miliciens les plus vils au service d'Israël. Céline n'était pas le seul à avoir décelé le caractère pernicieux de ces infiltrations juives dans le monde de la presse. Adolf Hitler (Mein Kampf) en fera de même : «Ce qui me donna bientôt le plus à réfléchir, ce fut le genre d'activité des Juifs dans certains domaines, dont j'arrivai peu à peu à pénétrer le mystère...Les faits à la charge de la juiverie s'accumulèrent à mes yeux quand j'observai son activité dans la presse, en art, en littérature et au théâtre.»
Le juif Nahum Sokolow fut l'un des pionniers du journalisme en hébreu ; Président de l'Organisation Sioniste Mondiale entre 1931 et 1935, il se consacrera corps et âme à des activités politiques et de propagande en faveur de la cause sioniste, intimement convaincu que la presse et l'information constituaient une arme importante de mobilisation de l'opinion juive. Il considérait celles-ci comme le seul organisme déjà existant de l'Etat juif en création auxquelles il incombera de lourdes responsabilités.
Céline décrivait en 1937 dans son livre «Bagatelles pour un massacre» ce Juif félon qui crie au viol et ameute le monde «La petite histoire lamentable du persécuté juif, la jérémiade juive, [...] Seuls les malheurs de Juifs le touchent à coup sûr ! Le récit de ces «horreurs» le trouve sans méfiance, sans résistance, sans scepticisme. Il avale tout. Les malheurs juifs font partie de la légende...la seule légende d'ailleurs à laquelle croit encore l'Aryen...Suprême miracle !... Quand le volé, le pillard juif hurle au secours, la poire aryenne sursaute d'emblée... C'est ainsi que les Juifs possèdent toute la richesse, tout l'or du monde. L'agresseur hurle qu'on l'égorge ! Le truc est vieux comme Moïse...il fonctionne toujours...»
Les Sionistes veilleront à mettre en pratique la doctrine médiatique et propagandiste de Nahum Sokolow : susciter l'émoi, la compassion mondiale et la mobilisation du monde occidental.
Cette technique nommé «Hasbara» («Explication» en hébreu) préconisée par Nahum Sokolow constituera la feuille de route d'Israël en matière de propagande. Deux semaines après l'attaque du Hamas, le lundi 23 octobre, 150 journalistes internationaux seront conviés à la base militaire de Glilot, dans le nord de Tel-Aviv pour le visionnage d'une compilation de vidéos «d'assassinats et d'exactions du Hamas». Une séance de 40 minutes censée horrifier et rallier les plus sceptiques, les retardataires. Cette communication de propagande institutionnalisée est orchestrée par le gouvernement et l'armée israélienne à travers les ministères des Affaires étrangères et des Affaires stratégiques. La «hasbara» peut prendre différentes formes : diffusion d'images par l'armée, diffusion de vidéos en pre-roll sur YouTube ou dans les jeux vidéo, mise à disposition d'experts pour les médias étrangers, campagne de communication relayée par des influenceurs.
Que valent 40 minutes de prétendus massacres théâtralisés face à une extinction lente et insoutenable de tout un peuple, une sournoise épuration ethnique qui dure depuis 75 ans.
Cette guerre médiatique où « la Pornographie de l'horreur» instrumentalisée à outrance focalisera nos jugements sur l'aspect extrêmement violent des affrontements et aura pour effet d'éluder la question centrale : celle d'une occupation illégitime et criminelle meurtrière qui dure depuis 75 ans, inédite, utilisant les stratagèmes les plus lâches tels qu'ils ont été décrits par Louis-Ferdinand Céline en 1937. Une occupation condamnée depuis des décennies par l'ONU et différentes instances internationales.3
La riposte disproportionnée et largement barbare sur Ghaza où périront pêle-mêle, enfants, femmes, vieillards, journalistes, personnel hospitalier, amenuise énormément les chances d'Israël de gagner cette fois-ci la bataille médiatique. On finira par admettre ce qu'on lit un peu partout dans les médias : La «Nazification d'Israël».
L'association américaine Committee to Protect Journalists (Comité pour la protection des journalistes, CPJ) recensera la mort de plus de 61 journalistes et professionnels des médias à Gaza depuis le 7 octobre. L'un des bilans les plus meurtriers de ce siècle. «Israël éradique le journalisme à Gaza», alertait le 22 novembre dernier Reporters sans frontières (RSF). Bien évidemment, la propagande israélienne et sa «Hasbara» veilleront à ne point aborder ce sujet très sensible. En définitive, le temps finira par confirmer et accréditer les avertissements de Louis-Ferdinand Céline.
Le philosophe Jean-Paul Sartre sera plus avisé quand il publiera en 1946 son livre «Réflexions sur la question juive». Le philosophe existentialiste, tel un sociologue et un psychanalyste présentera l'antisémitisme ou notre incurable et immémoriale méfiance à l'égard du Juif comme une maladie mentale de l'humanité. «Si le Juif n'existait pas, l'antisémite l'inventerait. Il devient évident pour nous qu'aucun facteur externe ne peut introduire dans l'antisémite son antisémitisme. L'antisémitisme est un choix libre et total de soi-même, attitude globale que l'on adopte. La passion antisémite devance les faits qui devraient la faire naître, elle va les chercher pour s'en alimenter, elle doit même les interpréter à sa manière pour qu'ils deviennent vraiment offensants.»4
Estimant avoir une dette à l'égard des Juifs pour quelques indélicatesses qu'on pourrait lui reprocher, Jean-Paul Sartre va plus loin encore, il présente le Juif comme une victime absolue, confronté à un dilemme insurmontable, coincé entre un antisémite pathologique qui le traquera inlassablement tant qu'il trimbalera ostensiblement sa judéité source de tous ses malheurs et entre un Démocrate qui lui propose de manière faussement amicale la Métamorphose, un Démocrate qui ne le respecte pas pour autant, condescendant et méprisant, cherchant à faire de lui une entité abstraite, invisible et intraçable. La deuxième option était loin d'être une proposition méprisante, un affront à l'authenticité du Juif; bien au contraire, c'était une arme absolue que le Juif fera sienne.
Sartre dira : «C'est donc l'idée qu'on se fait du Juif qui semble déterminer l'histoire, non la donnée historique qui fait naître l'idée.» Nul ne peut douter que depuis 1948, ce n'est pas uniquement cette viscérale haine du juif (pathologique, injustifiée) qui animera la colère des Palestiniens mais ce sont bel et bien ces incessantes et flagrantes violations du droit international commises par Israël à l'égard du peuple palestinien. Sartre aurait dû savoir que le premier antisémite c'est Dieu lui même, le Dieu de Moïse et de Jésus. Sartre aurait dû consulter Moïse à propos d'Israël pour vérifier si leur prophète, Juif lui aussi, avait quelques préjugés à l'égard de son peuple, préjugés qui auraient pu susciter les déceptions et les ressentiments du Libérateur hébreu.
«Et l'Éternel dit à Moïse: Dis aux enfants d'Israël: Vous êtes un peuple au cou roide; si je montais un seul instant au milieu de toi, je te consumerais. Ote maintenant tes ornements de dessus toi, et je verrai ce que je te ferai.» (Exode 33:3-5)
«Bagatelles pour un massacre», c'est la réponse rébarbative, irresponsable et insultante de l'Occident face au génocide de Ghaza. Avec une placidité incroyable, on s'évertuera à relativiser, justifier et pour finir cautionner et légitimer l'horreur sioniste.
«Bagatelles pour un massacre», c'est le pied de nez israélien aux multiples condamnations émises par l'ONU depuis 1948.
En Occident, on ne soutient pas Israël parce qu'on aime particulièrement les Juifs, l'histoire nous prouve le contraire par le biais de tous les pogroms dont ils ont fait l'objet. En Occident, on soutient Israël parce qu'on déteste viscéralement les Arabes et les Musulmans. On soutient Israël parce qu'il représente pour l'Occident beaucoup plus d'intérêt par apport aux Arabes dont on pille les ressources depuis des dizaines d'années sans être obligé de leur manifester en retour un soutien quelconque. On ne pourrait même pas qualifier la mobilisation inconditionnelle de certains pays occidentaux de croisade moderne puisque leur allégeance insensée à Israël n'est pas motivée par des considérations d'ordre religieux (Israël tape même sur les chrétiens en Cisjordanie et aspire à un grand Israël rempli uniquement de Juifs).
On soutient Israël parce que les Juifs ont su développer laborieusement toutes les techniques nécessaires qui leur permettent d'impacter les décisions politiques mondiales et d'acheter par tous les moyens possibles la sympathie, l'empathie et l'allégeance des pays occidentaux, à influer voire manipuler et gérer tout ce qui s'avère depuis la 2ème guerre mondiale fondamental : les finances et le nouvel ordre économique mondial, les médias, les arts et la politique, l'art de comploter, d'anticiper et pénétrer les arcanes du Pouvoir, qualités que les Arabes n'ont jamais pu ou su développer hormis bien entendu piller et dilapider les richesses de leurs pays et tabasser leurs peuples. Céline ne délirait pas, il n'y aura pas que la Presse qui sera une chasse gardée juive, tout le monde sera mobilisée pour la cause juive en y employant tous les moyens, même et surtout les plus immoraux.
Céline dira en 1937 «les rares échappés aux grandes hécatombes, qui végètent encore un peu dans les bureaux... les ambassades... doivent donner les preuves quotidiennes de soumission la plus absolue, la plus rampante, la plus éperdue, à l'idéal juif, c'est-à-dire à la suprématie de la race juive dans tous les domaines : culturels, matériels, politiques. Le Juif est dictateur dans l'âme, vingt-cinq fois comme Mussolini. La démocratie partout et toujours n'est jamais que le paravent de la dictature juive.»
Sartre disait en 1946 dans ses «Réflexions sur la question juive» « Pas un Français ne sera en sécurité tant qu'un Juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie ».
Aujourd'hui peut-être que Sartre aurait dit, inspiré par ce Droit qui exigeait hier de chacun de nous de dénoncer l'oppression que subissait le peuple juif et surtout après avoir constaté que depuis 1948 des dizaines de résolutions de l'Onu condamnant Israël ont été complètement ignorées, «Pas un Français ni quiconque dans le monde ne sera en sécurité tant qu'Israël persiste à décimer sauvagement le peuple palestinien, à huis clos»
« Il y a des dizaines d'années, j'ai écrit que ceux qui se revendiquent «partisans d'Israël» sont en réalité les partisans de sa dégénérescence morale et de sa probable future autodestruction. Malheureusement, ce jugement semble de plus en plus plausible. »
Noam Chomsky «Palestine - L'état de siège.» (2013)
Notes de Renvoi:
1- Louis-Ferdinand Céline, «Bagatelles pour un massacre», Editions Denoël, Paris, 1937.
2- L'ancien Président américain Jimmy Carter, les professeurs émérites John J. Mearfsheimer et Stephen M.Walt, le réalisateur américain Oliver Stone, l'humoriste Dieudonné, l'écrivain Roger Garaudy, le légendaire Abbé Pierre si vénéré, la célèbre journaliste Helen Thomas correspondante accréditée à la Maison Blanche de 1960 à 2010, la célèbre journaliste Octavia Nasr qui a exercé pendant 20 ans, comme reporter chez CNN, rédacteur-en-chef du département Proche-Orient... et des centaines d'autres personnes ; récemment l'actrice Susan Sarandon, l'actrice mexicaine Melissa Barrera. Coresponsable du département films à la CAA, Maha Dakhil, qui représente Tom Cruise qui s'est opposé à son licenciement, a dû démissionner du conseil d'administration pour avoir comparé l'intervention armée israélienne à un génocide. Elle ne pourra garder son poste d'agent grâce à l'intervention de l'Acteur.
- Voir à ce sujet : «L'incroyable autodafé sioniste» par Mazouzi Mohamed, «Le Quotidien d'Oran» du 26 Juillet 2014.
3- Voir «Ghaza, la Solution finale», par Mazouzi Mohamed, «Le Quotidien d'Oran» du 14 Novembre 2023.
4- Jean-Paul Sartre, «Réflexions sur la question juive», Éditions Gallimard, Paris ,1946.
L'armée sioniste continue son génocide à Ghaza pour le 75e jour depuis le début de l'agression. Hier, des hôpitaux et centres de santé, une mosquée et le siège du Croissant-Rouge palestinien au nord de labande ont été ciblés par des bombardements israéliens, faisant des dizaines de martyrs et de
blessés.
La diffusion des informations sur les conséquences de ces attaques était difficile étant donné que les réseaux de communication et les services Internet ont été, une nouvelle fois, coupés dans toutes les zones de la bande de Ghaza. Hier, le ministère de la Santé de la bande de Ghaza a appelé les organisations de défense des droits humains à ouvrir une enquête urgente sur le massacre commis par les soldats de l'occupation à l'hôpital Kamel Adwan, dans le nord de la bande. Le ministère sollicite une enquête indépendante pour répondre aux allégations de l'armée sioniste. La même source a souligné que «l'armée israélienne a usé d'intimidation et de torture, à l'encontre du directeur de l'hôpital, Ahmed Al-Kahlot, afin de l'obliger de faire une déclaration qui soit conforme au récit de l'occupation».
Pour rappel, les forces d'occupation se sont retirées de l'hôpital Kamel Adwan samedi dernier après un siège qui a duré 5 jours, au cours duquel elles ont écrasé les tentes des déplacés avec des bulldozers les enterrant vivants.
Un autre hôpital a été la cible, hier, de bombardements sionistes. Deux journalistes ont été blessés lors de raids israéliens à proximité de l'hôpital koweïtien de Rafah, au sud de Ghaza, que l'armée israélienne avait désigné comme «zone de sécurité» pour demander aux Ghazaouis de quitter le nord de la bande assiégée.
D'autres bombardements à Rafah ont fait des dizaines de martyrs et de blessés. Selon le journaliste Hani Mahmoud, le va-et-vient des ambulances vers l'hôpital avec davantage de blessés est incessant.
«Je vois davantage de gens portant des blessés. Il y a un groupe de personnes qui courent et transportent ce qui semble être un cadavre à l'hôpital (koweitien)», lit-on dans son témoignage publié sur le «Live Updates» d'Al Jazeera English.
Selon d'autres sources, les bombardements à Rafah ont visé également une mosquée faisant au moins 4 martyrs et des dizaines de blessés et de disparus sous les décombres.
Au nord de Ghaza, à Jabalia précisément, les forces d'occupation assiègent depuis hier un centre des ambulances relevant du Croissant-Rouge palestinien, avec «127 personnes à l'intérieur, dont des ambulanciers et des personnes déplacées».
Le directeur de la Société du Croissant-Rouge dans le nord de Ghaza, Mohamed Salah, décrit, dans un appel à Al Jazeera, une «situation humanitaire catastrophique jamais vécue auparavant».
«De là où je vous parle, je suis assiégé dans la région de Zammou, à l'est de Jabalia. Nous ne prodiguons que des premiers soins simples aux blessés. Le service des ambulances a été interrompu en raison du siège des blindés de l'occupation venant de toutes les directions. Nous souffrons d'une grande pénurie d'outils médicaux. Nous n'avons jamais été témoins d'une situation humanitaire aussi catastrophique», a-t-il ajouté.
Le Croissant-Rouge palestinien visé par des raids
Toujours à Jabalia, selon le correspondant d'Al Jazeera sur place, le seul centre médical de la localité qui accueillait des personnes blessées et des déplacés a été vidé de ses occupants en raison des bombardements intensifs de l'aviation sioniste. Le correspondant a également rapporté qu'il y avait des martyrs et des blessés dans un bombardement israélien qui a visé plusieurs maisons à Jabalia al-Balad.
Auparavant, l'antenne du Croissant-Rouge palestinien à Khan Younes a annoncé 12 blessés parmi son personnel médical et des personnes déplacées suite à des bombardements d'avions de l'occupation visant son siège et les environs de l'hôpital Al Amal. La même source a indiqué que son quartier général abrite actuellement environ 14.000 personnes déplacées.
L'hôpital Al Ahli, l'un des derniers partiellement fonctionnels, au nord de la bande de Ghaza est depuis mardi hors service après avoir été pris d'assaut par les troupes israéliennes après avoir été bombardé par l'artillerie. Son directeur, Fadel Naïm, a déclaré à l'agence de presse AFP, que des soldats sionistes ont attaqué l'hôpital arabe Al Ahli et arrêté des médecins, du personnel médical et des patients, détruisant une partie de la cour et du bâtiment. « Nous ne pouvons accueillir aucun patient ni blessé », a ajouté M. Naïm, précisant que selon ses informations, «il y aurait des dizaines de blessés dans les rues aux alentours».
Intenses combats au sol
La journée de mercredi a été marquée aussi par d'intenses combats au sol entre les hommes des factions de la résistance palestinienne et les soldats de l'occupation sur plusieurs fronts dans la bande de Ghaza.
Hier, les Brigades Al-Qods, la branche militaire du Mouvement du Jihad islamique, ont affirmé avoir ciblé deux véhicules militaires israéliens avec des obus «Tandem» dans la zone d'Al-Mughraqa, au centre de l'enclave assiégée.
De leur côté, les Brigades Al-Qassam, la branche armée du Mouvement Hamas, ont annoncé que leurs combattants ont fait sauter l'ouverture d'un tunnel à l'est de Khan Younes immédiatement après l'avancée d'une force d'occupation vers elles. L'opération a fait, selon la même source, «des morts et des blessés» parmi les soldats israéliens.
Hier également, l'armée israélienne a reconnu que 29 de ses soldats avaient été blessés lors des combats au cours des dernières 24 heures. Dans la même journée, l'armée sioniste a annoncé la mort de deux officiers dans le sud de Ghaza.
Le journaliste Hani Mahmoud a annoncé pour sa part de «nouveaux violents bombardements, à Rafah, très proches de la frontière avec l'Egypte».
Al Jazeera English annonce aussi que «d'intenses combats ont lieu en ce moment, à Beit Hanoun au nord de Ghaza, entre combattants palestiniens et forces sionistes, impliquant des mitrailleuses lourdes».
Un document confidentiel, mis au point par un think tank de Riyad, esquisse un plan de sortie de crise à Gaza. En plus de l’exfiltation des cadres du mouvement islamiste vers l’Algérie, il suggère de déployer une force de maintien de la paix arabe dans l’enclave palestinienne.
Des ambulances et des camions sont garés du côté égyptien du poste-frontière de Rafah au sud de la bande de Gaza, dans la province du Sinaï, le 27 novembre 2023. KHALED DESOUKI / AFP
Sur le dossier brûlant de la guerre à Gaza, l’Arabie saoudite joue une partition singulière. Elle préside le comité arabo-islamique, mis en place à l’issue d’un sommet à Riyad, à la mi-novembre, qui fait la tournée des capitales occidentales pour plaider la cause du cessez-le-feu à Gaza. Dans le même temps, elle multiplie les envois d’aide humanitaire vers la bande côtière palestinienne. En deux mois et demi de guerre, trente-trois avions-cargos saoudiens, chargés à ras bord de matériel de première urgence, se sont déjà posés sur l’aéroport d’El-Arich, dans le Sinaï égyptien et quatre bateaux ont accosté à Port-Saïd, sur le canal de Suez.
En coulisses, l’Arabie saoudite s’efforce aussi de trouver une solution au conflit, dont le bilan humain, côté palestinien, approche des 20 000 morts. Le Monde s’est procuré un document confidentiel, élaboré par Abdelaziz Al-Sager, le directeur d’un centre de réflexion saoudien, le Gulf Research Center, qui esquisse un plan de sortie de crise. Le texte a été élaboré dans la foulée d’une rencontre, le 19 novembre à Riyad, entre M. Al-Sager et Anne Grillo, la directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay. Il a été ensuite transmis au ministère des affaires étrangères français.
Le document suggère des pistes pour arrêter les hostilités à Gaza et stabiliser l’enclave. La plus singulière est l’évacuation vers Alger « des dirigeants militaires et sécuritaires du Hamas », une formule qui désigne probablement Mohammed Deif, le commandant des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste, et possiblement aussi Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, très proche de l’aile militaire.
Déploiement d’une force arabe
L’Algérie est citée comme une possible destination d’exil pour ces hommes en raison de ses bonnes relations avec le Qatar et l’Iran, « les principaux partisans du mouvement Hamas », et de sa « capacité sécuritaire », qui lui permettrait de « contrôler les activités de ces dirigeants ». L’idée n’est pas sans rappeler l’évacuation en bateau, en 1982, de Yasser Arafat et des fedayins palestiniens, de la ville de Beyrouth, alors assiégée par l’armée israélienne. Le chef de l’Organisation de libération de la Palestine et ses troupes avaient rallié Athènes, sous escorte de la marine française, avant de s’installer à Tunis.
Parmi les autres points évoqués dans l’ébauche de plan de M. Al-Sager figure le déploiement dans Gaza de forces arabes de maintien de la paix, sous mandat des Nations unies, et la création d’un « conseil de transition conjoint », réunissant les principaux partis de Gaza (Hamas, Jihad islamique et Fatah), chargé de gérer l’enclave pendant quatre ans et d’organiser des scrutins présidentiel et parlementaire.
Le statut exact de ce document pose question. A-t-il été approuvé par le pouvoir saoudien ou bien s’agit-il d’une initiative purement personnelle ? Quelle suite lui a-t-il été donné ? Ni Mme Grillo ni M. Al-Sager n’ont répondu aux questions du Monde. Le système policier et ultracentralisé mis en place par Mohammed Ben Salman, l’homme fort de la couronne, et le fait que M. Al-Sager ait transmis ses suggestions au Quai d’Orsay incitent à penser que le ministère des affaires étrangères saoudien n’est pas totalement étranger à sa démarche.
Une défaite politique en temps de guerre ne se joue pas seulement sur le terrain militaire. Dans les guerres anticoloniales, la défaite du colonisateur est le produit de plusieurs facteurs. D’abord, son incapacité à vaincre en décimant la totalité des combattants, sa difficulté à supporter des pertes humaines et matérielles qui produisent des effets politiques dans sa propre société, son isolement diplomatique dans le monde. C’est exactement l’expérience de l’Algérie qui a mené la France à négocier avec les «terroristes». Je fais référence à la guerre d’Algérie parce qu’Israël est en train de vivre une expérience coloniale, quand bien même il s’en défend. Je me contenterai d’analyser la défaite qui menace Israël en m’appuyant sur l’histoire même de son armée, sans oublier l’histoire militaire et l’art de la guerre qui donnent de repères pour qualifier une défaite politique.
La configuration territoriale d’Israël, absence de profondeur stratégique doublée d’un encerclement de pays hostiles, est un facteur qui lui a imposé de choisir l’attaque comme stratégie. Encore faut-il avoir les moyens de cette stratégie et disposer du temps nécessaire pour atteindre des objectifs. Si les moyens militaires d’une stratégie d’attaque, en l’occurrence l’aviation et les blindés, étaient et sont à la portée d’Israël, le temps, denrée qui ne s’achète pas dans un supermarché, semble manquer aux généraux de son armée. Car seuls les hommes et femmes peuvent alimenter la durée d’une guerre. Et les hommes et les femmes ne se remplacent pas facilement dans une guerre, aussi bien dans les armées que dans l’économie du pays. Une économie dépend des bras et cerveaux qui la font marcher. Et Israël a mobilisé quelque 360 000 réservistes, en plus de son armée professionnelle composée de 180 000 soldats, autant de main-d’œuvre qui a déserté le marché du travail.
L’utilisation de l’aviation de guerre qui massacre par milliers des civils n’a pas fait avancer les buts de guerre annoncés par Netanyahou, à savoir la liquidation de la résistance et la libération des captifs. Et, quand, le 27 octobre, les troupes ennemies se sont affrontées sur les champs de bataille terrestre, le ton des chefs de l’armée israélienne était moins spartiate et leur rengaine de victoire était entachée d’un manque de crédibilité. Car des champs de bataille parvenaient des chiffres des pertes en homme et en matériels de plus en plus lourdes – nous verrons plus loin comment dans les guerres asymétriques, notamment dans une guerre urbaine, les tactiques de défense favorisent ceux qui connaissent leur territoire.
Outre ces pertes, Israël fait face à d’autres paramètres qui compliquent l’équation de son agression dont la facture politique et militaire va l’inciter à baisser le niveau de ses prétentions militaires et politiques. Il y a les bruits qui s’échappent des bureaux du gouvernement, portant sur les divergences sur la conduite de la guerre. Ces divergences opposent de vieux rivaux, l’ancien ministre de la Défense, Gantz, et Netanyahou. La façade d’unité affichée publiquement ne trompe personne. Elles suscitent plutôt des appels à la démission, notamment de la part de certaines familles des captifs de la résistance. Et l’ami américain n’est pas absent dans ce rejet de Netanyahou et le pousse à changer de gouvernement et renvoyer les ministres d’extrême-droite. Bref, les Américains se permettent tout car Israël leur doit tout, dollars et munitions pour continuer sa guerre. Car Biden se moque royalement du destin de Netanyahou qui est, à ses yeux, une mauvaise carte pour Israël, mais surtout un danger pour sa réélection et les intérêts américains au Moyen-Orient.
Toute cette litanie de contraintes et d’obstacles, pertes militaires, pressions des familles et de l’Oncle Sam, ont d’ores et déjà produit leurs effets. Ainsi, on apprend dans la presse que le Qatar et l’Egypte sont sollicités pour que les négociations sur les captifs reprennent. On a remarqué aussi, et ce n’est pas un hasard, que la réponse de la résistance a été rapide. Il n’y aura pas de libération des captifs sans un cessez-le-feu permanent et la fin du blocus de Gaza. Entre la demande d’Israël de reprise des négociations et le non catégorique de la résistance, on devine que les buts de guerre claironnés jusqu’à saturation dans les canaux de la propagande sont loin de sourire à Netanyahou. Les réalités du terrain, les pressions diplomatiques des Etats (vote de l’ONU), les manifestations dans le monde et surtout l’interdiction par les Américains d’élargir le conflit au Liban, ont réduit la marge de manœuvre et les capacités de réaction d’Israël. On le voit dans la faiblesse de sa riposte contre le Yémen et l’éparpillement de son armée sur trois fronts, Gaza, le reste de la Palestine et le Liban, d’où la prudence d’Israël à l’égard du Hezbollah et ses appels à la France pour faire évacuer la frontière par ledit Hezbollah. On peut toujours rêver, c’est gratuit ! Le «casse-tête» yéménite dans le Golfe, les bombardements des bases américaines en Irak et en Syrie suffisent à la peine des Américains.
L’ampleur de la prodigieuse opération du 7 octobre a tout de suite dépassé les frontières de la Palestine. Le monde entier avait les yeux braqués sur l’Etat d’Israël et cherchait à savoir la nature de sa récréation. Le bilan des pertes civiles et militaires de la seule journée du 7 octobre indiquait à Israël qu’il n’avait pas affaire à des amateurs. Les effets politiques et psychologiques déchirent la société israélienne et sèment l’inquiétude. Quant à l’Occident, atteint de migraine ukrainienne, la guerre menée par Israël fait détourner le regard de «l’exemple et courageux» Ukraine. Cependant, des voix souterraines émergent ici et là, réveillées par le vieux et antique réflexe de préservation des intérêts des Etats. Après deux mois de guerre impitoyable, beaucoup de stratèges, aussi bien étrangers qu’israéliens, doutent d’une victoire d’Israël. Ils analysent simplement ce conflit de nature asymétrique entre la faible Palestine et le puissant Israël. L’histoire et la géopolitique de la région et la présence de grandes puissances dans la région rétablissent quelque peu le rapport du faible au fort qui existe entre un mouvement de libération et une puissance occupante. Le monde entier connaît la résistance d’un peuple qu’on ne peut dorénavant chasser de sa terre. Il y a bien les zombis-colons qui déracinent ses oliviers, mais en vain car les Palestiniens restent accrochés à leur terre.
Les vrais spécialistes de l’histoire et de la géopolitique mettent en perspective l’opération du 7 octobre, en tenant compte des volcans qui se réveillent un peu partout. Et la situation actuelle rappelle celle de la chute, en 1920, de l’empire ottoman au Moyen-Orient, qui ouvrit la porte à un double mouvement : l’entrée de puissances occidentales impérialistes et la naissance de mouvements nationalistes qui mirent fin à une partie des monarchies de la région. Le 7 octobre en Palestine et ses retombées mondiales font ainsi entrer dans le jeu stratégique de la région des acteurs étatiques (Iran, Irak, Syrie) et de résistance (Palestiniens, Libanais, Yéménites). Mais aussi des puissances étrangères qui ont également des intérêts dans «nos» deux mondes parallèles, la fin d’un monde en voie de dédollarisation et un monde multilatéral qui fait entendre sa voix. Dans ce monde qui émerge, la Palestine apporte sa petite pierre avec le 7 octobre, mais aussi avec la stratégie de son combat dont la durée sur le terrain militaire participe à l’échec d’une aventure coloniale moderne. Dans cet Occident qui a des liens avec le colonialisme classique, il a tout intérêt à changer la posture de l’autruche qui met la tête dans le sable et à s’ouvrir aux droits des Palestiniens par des mesures concrètes.
L’art de la guerre appliqué par la résistance
Les Palestiniens ont étudié les forces et les faiblesses de leur ennemi. Sa puissance militaire et ses soutiens politiques, économiques et idéologiques lui permettent d’afficher son arrogance et de faire taire les «récalcitrants». Mais ses atouts ne l’ont pas mis à l’abri des surprises et des ruses de l’histoire. Et l’opposé de ces atouts se nomme peuple palestinien et soutiens des peuples du monde arabe, hostilité des pays voisins, étroitesse de son territoire. Toutes ces données ont poussé Israël à opter pour une stratégie d’attaque et à se doter de deux armes adaptées à cette stratégie : l’aviation et les blindés. Face à cette stratégie de l’ennemi, les Palestiniens ont opté pour d’autres chemins de lutte. Il leur fallait tenir compte de la dispersion géographique de leur peuple, tirer les leçons du combat mené à partir des pays voisins et «frères», s’apercevoir des limites du soutien des Etats arabes empêtrés et dépendants de l’Occident, etc.
Ici, j’ouvre une parenthèse sur l’hypothèse des accords d’Oslo. Ont-ils été signés par l’OLP dirigée par Arafat dans l’unique but de faire entrer une toute petite partie de leur peuple doté d’armes prévues par les accords d’Oslo pour leurs services de sécurité ? En clair, ces accords permettraient de ne plus lutter de l’extérieur mais de l’intérieur, d’où le déclenchement des intifadas. L’histoire et l’avenir nous le diront. Depuis les accords d’Oslo, la résistance, sous toutes ses formes, se déroule principalement en Palestine. A Gaza mais aussi dans des villes en principe gérées par l’autorité palestinienne, de véritables bastions armés s’opposent à l’entrée des troupes israéliennes. Mais c’est à Gaza que la résistance a trouvé les moyens de faire face militairement à l’ennemi pour qu’il ne s’aventure pas dans Gaza quand ça lui chante.
Quelle est l’arme imaginée par la résistance pour calmer les ardeurs de l’ennemi comme le fit le Hezbollah en 2006 ? Puisque Gaza est encerclée par terre et mer, la résistance construit une ville souterraine qui échappe aux satellites de l’ennemi et à ses bombes. Fini donc le confort et la sécurité à partir du ciel pour déloger les Palestiniens de leurs tunnels, Israël doit renouer avec la guerre terrestre en envoyant ses soldats au corps à corps. Et dans cette guerre, même avec les équipements qui protègent et facilitent les conditions du combat, à la fin des fins, ses soldats marchent à pied contre des ennemis qui viennent à leur rencontre. Dans la guerre asymétrique actuelle, le déséquilibre de l’armement des Palestiniens est compensé par un allié précieux : le temps qui taraude l’ennemi qui ne peut mobiliser des bras et des cerveaux sans risquer la paralysie de l’économie – ne pas oublier les contradictions politiques de la société israéliennes citées plus haut.
Ainsi, la ville souterraine de Gaza devient une sorte de profondeur stratégique de la résistance, où les combattants vivent en protégeant leurs structures de combat et de commandement et en sortent pour affronter l’ennemi. Et sur la terre ferme, les adversaires utilisent leurs «secrets» pour se terrasser mutuellement. Sur un champ de bataille en ruine à cause des bombardements, les atouts d’Israël – avions, hélicoptères et drones – ne donnent pas leur pleine potentialité de peur de toucher ses propres troupes. En revanche, les Palestiniens connaissent le terrain, ont fait des ruines leur zone de protection d’où ils tirent sur l’ennemi et ses blindés. Dans ces zones de désolation et de ruine, l’ennemi ne peut construire de solides campements où se regroupent ses soldats qui deviennent des cibles faciles.
«Un général doit mettre son attention à procurer à ses troupes des campements avantageux car c’est de là principalement que dépend la réussite de ses projets et de toutes ses entreprises.» (L’art de la guerre de Sun Tzu) (1). Dans cette guerre asymétrique, «un ennemi surpris est à demi vaincu ; il n’en est pas de même s’il a le temps de se reconnaître.» (Idem). Ainsi, les Palestiniens appliquent la tactique «surprendre l’ennemi, le frapper et disparaître». Disparaître sous terre et donc être invisible à l’ennemi, lequel avance à découvert au milieu de ruines minées. Voilà pourquoi la presse israélienne, en diffusant les pertes officielles, les accompagnent de phrases ainsi libellées : «Les batailles féroces dans le nord de Gaza entraînent des pertes cruelles.» «Féroces» et «cruelles», deux mots qui signifient que l’aventure en terre gazaouie n’est pas un chemin parsemé de fleurs.
En guise de conclusion, si les pertes continuent d’augmenter, les tirs amis et autres bavures prévues par a recommandation dite Hannibal (sacrifier le soldat et ne pas le laisser se faire prisonnier) se multiplient, engendrant la colère des familles des prisonniers. Si les Américains font appliquer leur désir d’arrêter la guerre début 2024, Netanyahou aura ses «otages» libérés. Mais la nouvelle phase politique, qui s’ouvrira notamment avec «l’avenir de Gaza» cher aux Américains se fera sans Netanyahou, mais certainement pas sans les véritables représentants de la Palestine. Sans être devin, la résistance sera toujours là car les Palestiniens, depuis 1948, ne veulent plus transporter de clé dans leurs poches (2). Le 7 octobre a ébranlé l’édifice de la colonisation et la Palestine ne sera plus ensevelie par les petites lâchetés d’un monde qui assure sa tranquillité sur le dos des sacrifices des peuples et l’exploitation de leurs richesses.
A. A.
1) Des reportages télé ont montré des troupes israéliennes faisant quelques kilomètres pour aller se reposer en Israël. Faire des campements dans un territoire ennemi si petit au milieu de ruines est risqué. Les vidéos de la résistance montrent des combattants sortant des tunnels ou bien embusqués dans des ruines, visant des chars ou attaquant des tentes de soldats israéliens.
2) Les Palestiniens chassés de leurs maisons en 1948 avaient emporté avec eux la clé de leur maison dans l’espoir de les retrouver de retour de leur exil forcé. Tout un symbole.
Que s'est-il passé réellement le 7 octobre. La réponse à cette question est cruciale. En effet le récit officiel Israélien sur l'attaque menée ce jour autour de Gaza par les combattants palestiniens du Hamas a joué un rôle essentiel dans la justification de ce qui apparait, dès à présent, comme l'une des opérations militaires les plus sanglantes, les plus cruelles et sauvages de l'Histoire contre une population.
Nous donnons à lire ici, aux lecteurs du Quotidien d'Oran, le résultat d'une enquête de grande qualité au sujet de ces évènements du 7 Octobre. Cette enquête a été menée par un journaliste, Asa Winstanley, bien connu par ses articles sur la question palestinienne. Elle a été méticuleuse, méthodique. Elle s'appuie sur une grande richesse de documents, visuels, sonores, écrits.
Nous publions aujourd'hui la deuxième partie de cetteenquête, la première ayant été publié le Jeudi 14 décembre 2023. (Djamel Labidi)
Les forces terrestres israéliennes ont également tué de nombreux civils israéliens. La première preuve révélée a été le témoignage de Yasmin Porat, une survivante du kibboutz Beeri, l'une des dizaines de colonies israéliennes le long de la frontière avec Gaza que les combattants palestiniens ont attaquées le 7 octobre.
Le récit de Porat a été diffusé en hébreu à la radio israélienne, mais est devenu viral au niveau international (23) lorsque The Electronic Intifada l'a traduit en anglais le 16 octobre (24). Participant à la rave Supernova, Porat s'est enfui vers Beeri, à proximité, peu après le début de l'assaut.
Le témoignage d'une survivante Yasmin Porat
Elle et une douzaine d'autres Israéliens ont été capturés par des combattants palestiniens qui, a-t-elle insisté, «ne nous ont pas maltraités. Ils nous ont traités avec beaucoup d'humanité. Porat a expliqué que leur objectif «était de nous kidnapper à Gaza. Pas pour nous assassiner. Les combattants avaient apparemment l'intention de les libérer au bout d'un jour.
Les détenus ont été autorisés à s'asseoir dehors pour attendre l'arrivée des négociateurs en otages. Il semble que les Palestiniens souhaitaient une sortie négociée.
Mais avec l'arrivée des forces spéciales, connues sous le nom de YAMAM, les choses se sont rapidement détériorées.
Les « négociateurs » ont annoncé leur présence par une pluie de coups de feu surprise.
« Soudain, une volée de balles du YAMAM nous a tiré dessus. Nous avons tous commencé à courir pour nous mettre à l'abri », a déclaré Porat à la télévision israélienne.
Un bâtiment apparemment rasé par les bombardements israéliens peut être vu dans une vidéo (25) tournée à Kfar Azza.
Porat a insisté sur le fait que les tirs aveugles « ont éliminé tout le monde, y compris les otages, car il y avait des tirs croisés très, très intenses ». Elle a vu des cadavres au sol.
La fusillade qui a suivi a duré une demi-heure, culminant avec deux obus de char tirés sur la maison où ils étaient détenus. Porat elle-même n'a survécu que parce qu'elle avait développé un lien avec un combattant palestinien parlant hébreu qui s'est finalement rendu.
Il semble que certains incidents involontaires de « tirs amis » se soient produits dans la réponse chaotique israélienne à l'offensive du 7 octobre. Mais il semble que le massacre de civils israéliens par l'armée israélienne puisse aussi être le résultat d'une politique calculée - ou, comme l'a dit le major Graeme, « se poursuivre comme s'il n'y avait pas d'otages ».
Le lieutenant-colonel Salman Habaka s'est précipité au kibboutz Beeri avec deux chars ce matin-là: «Je suis arrivé à Beeri pour voir le général de brigade Barak Hiram et la première chose qu'il me demande est de tirer un obus sur une maison», a-t-il déclaré, selon (26)The Guardian.» Nous sommes allés de maison en maison pour libérer les otages. Et c'est ainsi que se sont déroulés les combats jusqu'au soir. Dans les kibboutz et dans les rues.»
Bâtiments de kibboutz bombardés
Des photos publiées en ligne par Israël et une vidéo publiée (27) par The Telegraph montrent plusieurs bâtiments du kibboutz Beeri qui semblent avoir été bombardés par Israël.
Pendant cette période, selon (28) Haaretz (dans un article qui, là encore, n'a été publié qu'en hébreu), les commandants israéliens à Beeri « ont pris des décisions difficiles - notamment bombarder des maisons avec tous leurs occupants à l'intérieur afin d'éliminer les terroristes ainsi que les otages ».
Cela suggère qu'il y a eu une décision calculée de la part des officiers israéliens d'« éliminer » les détenus israéliens plutôt que de les laisser tomber entre les mains des Palestiniens à Gaza où ils pourraient être utilisés comme levier dans les négociations sur les prisonniers.
Selon (29) The Guardian, 108 habitants du kibboutz Beeri ont été tués lors de l'assaut. « Les corps des morts », a expliqué le journal après une tournée médiatique menée par l'armée le 10 octobre, « ont été amenés et disposés en attendant d'être récupérés » dans la salle à manger commune du kibboutz.
Mais selon (30) (31) le major Graeme dans la vidéo YouTube du 15 octobre, « un grand nombre » de détenus israéliens ont d'abord été détenus vivants par le Hamas dans la salle à manger de Be'eri.
«La salle à manger a été prise d'assaut par les forces spéciales», a-t-il expliqué. « D'après ce que j'ai compris, la majorité des otages ont été tués lors de cette tentative de sauvetage. Ils n'en ont sauvé que quatre Je pense que c'est 14 qui ont été tués.»
Les tactiques militaires brutales et aveugles d'Israël dans le kibboutz Beeri ont été répétées dans d'autres colonies frontalières de Gaza.
28 hélicoptères de combat ont tiré
L'Electronic Intifada a examiné chaque vidéo et photo publiée sur X (anciennement Twitter) entre le 7 et le 27 octobre par trois comptes officiels israéliens : @Israel, @IDF et @IsraelMFA. Nous avons également procédé à un examen approfondi des reportages des grands médias sur l'assaut contre le kibboutz Be'eri et d'autres colonies frontalières de Gaza.
Nous avons trouvé une multitude de preuves visuelles pour étayer les récits de Yasmin Porat et d'autres selon lesquels l'armée israélienne a attaqué ses propres colonies. Ces indications importantes selon lesquelles Israël a tué ses propres civils sont généralement enfouies sous des couches de propagande officielle israélienne d'atrocités (32) accusant le Hamas. L'armée israélienne a traité la colonie frontalière de Kfar Azza (en hébreu pour « Village de Gaza ») d'une manière tout aussi brutale que le kibboutz Be'eri.
Un reportage vidéo publié (33) par le Washington Post le 10 octobre a brièvement révélé deux bâtiments détruits dans la colonie, qui semblent tous deux avoir été bombardés par des chars.
Israël affirme que les combattants du Hamas ont incendié des bâtiments dans les colonies. Bien que d'autres bâtiments dans la vidéo semblent avoir été incendiés, au moins deux des bâtiments détruits ont été entièrement ou partiellement réduits en ruines. L'un d'entre eux a été presque totalement rasé, d'une manière étonnamment similaire aux frappes aériennes israéliennes qui anéantissent actuellement Gaza.
La vidéo est loin d'être unique . (34)
L'ampleur des destructions ne peut être expliquée de manière adéquate par les incendies ou par les armes légères (35) dont les combattants palestiniens étaient armés (36) ce jour-là - fusils, grenades, grenades propulsées par fusée et, dans quelques cas, mitrailleuses montées sur camions.
En revanche, cela peut s'expliquer par le type d'armement connu pour avoir été utilisé par Israël : obus de char, missiles Hellfire tirés depuis plus de deux douzaines d'hélicoptères Apache. Ces hélicoptères sont également armés de mitrailleuses de 30 mm qui tirent des obus dont chacun est « comme une grenade à main» (37), comme l'a dit le journal israélien Ynet. Ces canons dévastateurs conçus pour détruire les chars et capables de tirer environ 600 coups par minute sont présentés dans la vidéo ci-dessus.
Le 7 octobre, «28 hélicoptères de combat ont tiré au cours de la journée toutes les munitions qui se trouvaient dans leur ventre, dans une nouvelle course pour se réarmer», a rapporté Ynet.
A suivre
*Asa Winstanley L'Intifada électronique 23 novembre 2023
Avec des recherches supplémentaires réalisées par Ali Abunimah, Michael F. Brown, Tamara Nassar, Jon Elmer, Maureen Murphy et RefaatAlareer.
Traduit de l'anglais: https://electronicintifada.net/content/evidence-israel-killed-its-own-citizens-7-october/41156
Asa Winstanley est un journaliste d'investigation vivant à Londres qui écrit sur la Palestine et le Moyen-Orient. Il visite la Palestine depuis 2004 et est originaire du sud du Pays de Galles. Il écrit pour le site d'information palestinien primé The Electronic Intifada, où il est rédacteur adjoint et chroniqueur hebdomadaire pour le Middle East Monito
Que s'est-il passé réellement le 7 octobre. La réponse à cette question est cruciale. En effet le récit officiel israélien sur l'attaque menée ce jour autour de Gaza par les combattants palestiniens du Hamas a joué un rôle essentiel dans la justification de ce qui apparait, dès à présent, comme l'une des opérations militaires les plus sanglantes, les plus cruelles et sauvages de l'Histoire contre une population. Nous donnons à lire ici, aux lecteurs du Quotidien d'Oran, le résultat d'une enquête de grande qualité au sujet de ces évènements du 7 Octobre. Cette enquête a été menée par un journaliste, Asa Winstanley, bien connu par ses articles sur la question palestinienne. Elle a été méticuleuse, méthodique. Elle s'appuie sur une grande richesse de documents, visuels, sonores, écrits. Elle a recours même, quand cela est nécessaire pour certains évènements, à un éclairage historique. Les sources de cette enquête sont des Palestiniens, des Juifs, des Israéliens, des gens de différentes origines de différents pays, journalistes, reporters, ou témoins, ou spécialistes de de la question palestinienne. Quand on entre dans cette enquête on frémit, on est stupéfait, presque incrédule, horrifié, par tant de cynisme. Les preuves sont là, accumulées, vérifiables. Ne serait-on pas alors devant l'une des plus grandes mystifications, l'une des plus grandes manipulations de l'Histoire ? Il faut la lire et se faire soi-même une opinion.
Ce texte comporte une présentation particulière. Un grand nombre de notes. Il était, en effet, à l'origine, électronique avec des liens internet directement dans le texte. Ceci n'est pas possible dans une édition papier. Ces notes ont donc été mises en bas de page. Il suffira de faire un copier-coller en ligne, sur Internet, pour avoir accès à leur contenu. Leur consultation est absolument nécessaire pour connaitre la vérité. Elles donnent en effet accès aux preuves matérielles, concrètes, vidéos, images, témoignages, de ce qui est dit dans le texte et de ce qui s'est passé le 7 Octobre. (Djamel Labidi)
Un major de l'armée israélienne à la retraite a admis qu'Israël avait probablement tué certains des 1200 Israéliens que le gouvernement prétend qu'ils ontété assassinés par le Hamas le 7 octobre. Ces aveux, découverts par The Electronic Intifada(1), sont l'une des confirmations les plus élevées à ce jour qu'Israël a tué un grand nombre, sinon la plupart, des civils morts au cours de l'offensive palestinienne. Le major Graeme Samedi, il a été révélé qu'une source officielle israélienne avait conclu pour la première fois (2) que les tirs israéliens avaient touché au moins certains Israéliens. Cet ensemble croissant de preuves sape le récit officiel israélien selon lequel de sauvages terroristes palestiniens envahissent Israël et sont déterminés à massacrer des civils. Le Hamas maintient (3) que ses cibles étaient militaires et qu'il n'a pas intentionnellement tué des civils. L'aveu de l'officier israélien est apparu dans une série de vidéos publiées le 7 octobre par Legacy Conversations (4), une obscure chaîne YouTube (5) gérée par des vétérans de l'armée et de la police du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Leur invité vedette est un homme né en Afrique du Sud qui s'est installé (5/a) en Israël à l'âge de 18 ans et a passé 29 ans dans l'armée. Il a participé à l'invasion du Liban en 2006 et à l'invasion de Gaza en 2014. Le vétéran se fait appeler « Major Graeme », et se sert de pseudonymes probables que sont « Graeme Ipp » et (5/b) « Graeme I ». Dans une vidéo publiée (5/c) seulement une semaine après le 7 octobre, le major Graeme a déclaré que les détenus Israéliens détenus par les Palestiniens avaient été « probablement tués par des frappes aériennes israéliennes lorsque l'armée de l'air israélienne a attaqué des véhicules qui rentraient à Gaza ». S'exprimant près de deux semaines avant le début de l'incursion terrestre ((5/d) plus large d'Israël dans le nord de Gaza, le major Graeme a expliqué qu'après les frappes aériennes, « il y avait là des corps que les forces spéciales sont allées récupérer ». Des otages brûlés vifs par les bombardements dans les colonies S'il est exact, ce récit suggère qu'Israël tente de dissimuler les preuves selon lesquelles - intentionnellement ou non - il a tué ses propres civils le 7 octobre. Ce récit souligne à tout le moins la nécessité urgente d'une enquête internationale sur ce qui s'est réellement passé le 7 octobre. Un groupe anonyme d'Israéliens a écrit une lettre ouverte (6) appelant à une enquête indépendante. Mais il semble peu probable qu'Israël autorise cela et semble dissimuler les preuves, enterrant certains corps avant qu'ils ne soient identifiés. Israël n'a également fait aucun effort (6/a) pour recueillir des preuves médico-légales auprès des organismes appuyant ses allégations de viols et d'agressions sexuelles par des Palestiniens. Après avoir affirmé (6/b) pendant plus de trois semaines qu'« au moins 1 400 » Israéliens avaient été tués, Israël a officiellement révisé le 10 novembre son bilan (6/c) à « environ 1 200 ». Le porte-parole israélien Mark Regev a admis par inadvertance la semaine dernière que 200 (7) des morts « avaient été si gravement brûlés que nous pensions qu'ils étaient les nôtres, en fin de compte, apparemment, il s'agissait de terroristes du Hamas ». Cela indique que les bombardements israéliens sur les colonies frontalières de Gaza ont été si intenses et aveugles qu'ils ont brûlé vifs de nombreux otages israéliens ainsi que les combattants palestiniens. La suggestion du major Graeme semble être confirmée par une vidéo précédente et graphique publiée par Israël d'une voiture bombardée contenant des cadavres calcinés. Mais les cadavres dans la vidéo semblent avoir été instantanément incinérés par une explosion massive de bombe. Deux des cadavres incinérés - probablement des otages israéliens - se trouvaient sur la banquette arrière au moment de l'impact. Les corps semblent figés dans une douleur voyante, mais instantanée. La voiture montre également des signes d'avoir été bombardée depuis les airs, avec le toit complètement tordu et détruit. Une vidéo de plusieurs frappes aériennes similaires (7/a) a été mise en ligne par l'armée israélienne dans la matinée du 7 octobre. Le message affirmait que les véhicules étaient « des cibles de l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza ». Si ces véhicules contenaient des détenus israéliens sous la garde de combattants palestiniens retournant à Gaza, il est probable qu'ils aient tous été tués par Israël - mais cela s'est ensuite ajouté au bilan des morts israéliens « assassinés par le Hamas ». Depuis le 7 octobre, de plus en plus de preuves ont été rapportées en hébreu indiquant qu'un nombre important, quoique indéterminé, d'Israéliens ont été tués par les forces israéliennes lors de l'assaut du 7 octobre. Ces récits ont été rapportés en anglais principalement par des médias indépendants, notamment The Electronic Intifada (8), Mondoweiss (9), The Grayzone (10) et The Cradle (11 ). Un élément clé de ces preuves a été traduit en anglais (12) par The Electronic Intifada le 11 novembre. Le média israélien Ynet a cité (13) le commandant d'un escadron (14) d'hélicoptères israélien qui a déclaré que le 7 octobre, l'armée de l'air avait envoyé plus de deux douzaines d'hélicoptères d'attaque - ainsi que des drones Elbit - pour tirer tout le long de la frontière de Gaza en utilisant des missiles Hellfire et des mitrailleuses. «Tirez sur tout ce que vous voyez» Selon le récit d'Ynet d'une évaluation préliminaire de l'armée de l'air, « il était très difficile de faire la distinction entre les terroristes et les soldats ou civils [israéliens] », mais il a ordonné à ses pilotes « de tirer sur tout ce qu'ils voyaient dans la zone de la clôture », avec Gaza de toute façon. « La fréquence des tirs sur des milliers de terroristes était énorme au début, et ce n'est qu'à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à choisir soigneusement leurs cibles », rapporte le journal, citant une enquête de l'armée de l'air israélienne. La justification de cette attaque apparemment aveugle était « d'arrêter le déluge de terroristes et les masses meurtrières qui affluaient sur le territoire israélien par les trous de la clôture ». Mais étant donné que les combattants palestiniens revenaient à Gaza avec des détenus israéliens exactement au même moment où d'autres Palestiniens arrivaient de Gaza ce jour-là, tirer sur « tout » dans la zone de la barrière inclurait nécessairement les détenus israéliens. Selon l'armée de l'air, au cours des quatre premières heures, ses pilotes « ont attaqué environ 300 cibles, la plupart en territoire israélien ». La rave Supernova s'est également déroulée très près de la barrière frontalière - entre celle-ci et la colonie israélienne voisine du kibboutz Beeri. Israël avait initialement affirmé (14/a) que 260 Israéliens y étaient morts. Ce nombre est ensuite passé à 364 (15). Samedi, une source policière a confirmé pour la première fois qu'Israël avait tué certains de ses propres habitants lors de la rave du 7 octobre. Le journal israélien Haaretz a rapporté qu'une enquête policière avait conclu qu'un (16) « hélicoptère de combat israélien arrivé sur les lieux et ayant tiré sur des terroristes avait apparemment également touché certains participants au festival ». Une deuxième source policière anonyme (16/a) a critiqué Haaretz et a semblé revenir sur cette déclaration le lendemain, mais n'a pas nié qu'Israël avait tué certains Israéliens. Des images israéliennes diffusées (17) le même jour que l'article de Ynet mentionné ci-dessus montraient ce que l'armée de l'air prétendait être des attaques contre « des terroristes palestiniens s'infiltrant en Israël dans la matinée du 7 octobre ». Les images semblent montrer des frappes aériennes extrêmement aveugles sur plusieurs voitures civiles, similaires à celles montrées dans la vidéo graphique des cadavres incinérés, ainsi que des tirs de mitrailleuses sur des personnes fuyant et marchant à pied. Le champ labouré dans la vidéo ressemble beaucoup à d'autres images publiées en ligne (18) de rave-goers israéliens fuyant l'événement Supernova. Une voiture civile le long de la frontière de Gaza un instant avant qu'elle ne soit détruite par l'armée de l'air israélienne. Alors que la campagne génocidaire d'Israël contre Gaza a coûté la vie à au moins 14 000 Palestiniens (18/a), les détenus israéliens à Gaza ont également été victimes des bombardements aveugles d'Israël. La branche armée du Hamas affirme que (19) 60 Israéliens ont été tués jusqu'à présent par les frappes aériennes israéliennes sur Gaza. Dans la série YouTube sud-africaine, le major Graeme explique la logique militaire. « Malgré toutes les difficultés et la douleur qu'implique une décision comme celle-là, l'armée israélienne continue comme s'il n'y avait pas d'otages », a-t-il déclaré. Israël « ne peut tout simplement pas se permettre... de permettre au Hamas d'utiliser avec succès ces boucliers humains [israéliens]... cela n'arrive pas. Alors c'est tout.» Il a également déclaré que « certains contrôles et limitations » des frappes aériennes israéliennes avaient été supprimés. La «directive Hannibal» Le major Graeme faisait peut-être référence à une doctrine militaire israélienne secrète et de longue date connue sous le nom de Directive Hannibal (20), du nom d'un ancien général carthaginois qui s'est empoisonné plutôt que d'être capturé. Israël a établi une doctrine visant à décourager les combattants de la résistance arabe (21) de capturer des soldats israéliens qui pourraient ensuite être échangés dans le cadre d'échanges négociés de prisonniers. En 2011, Israël a libéré 1 027 prisonniers palestiniens (21/a) en échange d'un seul soldat israélien capturé (21/b). La directive Hannibal a fait l'objet d'une surveillance mondiale accrue après qu'elle ait été utilisée pour tuer un soldat israélien lors de l'invasion de Gaza en 2014. En 2016, l'armée israélienne a déclaré que « l'ordre tel qu'il est compris aujourd'hui » serait annulé. « Cette décision ne constitue pas nécessairement un changement complet de politique mais une clarification », a rapporté (21c) le Times of Israel. Mais la doctrine semble désormais avoir été relancée. S'exprimant en hébreu sur un podcast de Haaretz, le colonel de réserve de l'armée de l'air NofErez a déclaré que (22) ce qui s'est passé près de la clôture était un « Hannibal de masse » et qu'ils avaient imaginé des scénarios similaires pendant 20 ans.
(à suivre)
Que s'est-il passé réellement le 7 octobre. La réponse à cette question est cruciale. En effet le récit officiel israélien sur l'attaque menée ce jour autour de Gaza par les combattants palestiniens du Hamas a joué un rôle essentiel dans la justification de ce qui apparait, dès à présent, comme l'une des opérations militaires les plus sanglantes, les plus cruelles et sauvages de l'Histoire contre une population. Nous donnons à lire ici, aux lecteurs du Quotidien d'Oran, le résultat d'une enquête de grande qualité au sujet de ces évènements du 7 Octobre. Cette enquête a été menée par un journaliste, Asa Winstanley, bien connu par ses articles sur la question palestinienne. Elle a été méticuleuse, méthodique. Elle s'appuie sur une grande richesse de documents, visuels, sonores, écrits. Elle a recours même, quand cela est nécessaire pour certains évènements, à un éclairage historique. Les sources de cette enquête sont des Palestiniens, des Juifs, des Israéliens, des gens de différentes origines de différents pays, journalistes, reporters, ou témoins, ou spécialistes de de la question palestinienne. Quand on entre dans cette enquête on frémit, on est stupéfait, presque incrédule, horrifié, par tant de cynisme. Les preuves sont là, accumulées, vérifiables. Ne serait-on pas alors devant l'une des plus grandes mystifications, l'une des plus grandes manipulations de l'Histoire ? Il faut la lire et se faire soi-même une opinion. Ce texte comporte une présentation particulière. Un grand nombre de notes. Il était, en effet, à l'origine, électronique avec des liens internet directement dans le texte. Ceci n'est pas possible dans une édition papier. Ces notes ont donc été mises en bas de page. Il suffira de faire un copier-coller en ligne, sur Internet, pour avoir accès à leur contenu. Leur consultation est absolument nécessaire pour connaitre la vérité. Elles donnent en effet accès aux preuves matérielles, concrètes, vidéos, images, témoignages, de ce qui est dit dans le texte et de ce qui s'est passé le 7 Octobre. (Djamel Labidi) Un major de l'armée israélienne à la retraite a admis qu'Israël avait probablement tué certains des 1200 Israéliens que le gouvernement prétend qu'ils ontété assassinés par le Hamas le 7 octobre. Ces aveux, découverts par The Electronic Intifada(1), sont l'une des confirmations les plus élevées à ce jour qu'Israël a tué un grand nombre, sinon la plupart, des civils morts au cours de l'offensive palestinienne. Le major Graeme Samedi, il a été révélé qu'une source officielle israélienne avait conclu pour la première fois (2) que les tirs israéliens avaient touché au moins certains Israéliens. Cet ensemble croissant de preuves sape le récit officiel israélien selon lequel de sauvages terroristes palestiniens envahissent Israël et sont déterminés à massacrer des civils. Le Hamas maintient (3) que ses cibles étaient militaires et qu'il n'a pas intentionnellement tué des civils. L'aveu de l'officier israélien est apparu dans une série de vidéos publiées le 7 octobre par Legacy Conversations (4), une obscure chaîne YouTube (5) gérée par des vétérans de l'armée et de la police du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Leur invité vedette est un homme né en Afrique du Sud qui s'est installé (5/a) en Israël à l'âge de 18 ans et a passé 29 ans dans l'armée. Il a participé à l'invasion du Liban en 2006 et à l'invasion de Gaza en 2014. Le vétéran se fait appeler « Major Graeme », et se sert de pseudonymes probables que sont « Graeme Ipp » et (5/b) « Graeme I ». Dans une vidéo publiée (5/c) seulement une semaine après le 7 octobre, le major Graeme a déclaré que les détenus Israéliens détenus par les Palestiniens avaient été « probablement tués par des frappes aériennes israéliennes lorsque l'armée de l'air israélienne a attaqué des véhicules qui rentraient à Gaza ». S'exprimant près de deux semaines avant le début de l'incursion terrestre ((5/d) plus large d'Israël dans le nord de Gaza, le major Graeme a expliqué qu'après les frappes aériennes, « il y avait là des corps que les forces spéciales sont allées récupérer ». Des otages brûlés vifs par les bombardements dans les colonies S'il est exact, ce récit suggère qu'Israël tente de dissimuler les preuves selon lesquelles - intentionnellement ou non - il a tué ses propres civils le 7 octobre. Ce récit souligne à tout le moins la nécessité urgente d'une enquête internationale sur ce qui s'est réellement passé le 7 octobre. Un groupe anonyme d'Israéliens a écrit une lettre ouverte (6) appelant à une enquête indépendante. Mais il semble peu probable qu'Israël autorise cela et semble dissimuler les preuves, enterrant certains corps avant qu'ils ne soient identifiés. Israël n'a également fait aucun effort (6/a) pour recueillir des preuves médico-légales auprès des organismes appuyant ses allégations de viols et d'agressions sexuelles par des Palestiniens. Après avoir affirmé (6/b) pendant plus de trois semaines qu'« au moins 1 400 » Israéliens avaient été tués, Israël a officiellement révisé le 10 novembre son bilan (6/c) à « environ 1 200 ». Le porte-parole israélien Mark Regev a admis par inadvertance la semaine dernière que 200 (7) des morts « avaient été si gravement brûlés que nous pensions qu'ils étaient les nôtres, en fin de compte, apparemment, il s'agissait de terroristes du Hamas ». Cela indique que les bombardements israéliens sur les colonies frontalières de Gaza ont été si intenses et aveugles qu'ils ont brûlé vifs de nombreux otages israéliens ainsi que les combattants palestiniens. La suggestion du major Graeme semble être confirmée par une vidéo précédente et graphique publiée par Israël d'une voiture bombardée contenant des cadavres calcinés. Mais les cadavres dans la vidéo semblent avoir été instantanément incinérés par une explosion massive de bombe. Deux des cadavres incinérés - probablement des otages israéliens - se trouvaient sur la banquette arrière au moment de l'impact. Les corps semblent figés dans une douleur voyante, mais instantanée. La voiture montre également des signes d'avoir été bombardée depuis les airs, avec le toit complètement tordu et détruit. Une vidéo de plusieurs frappes aériennes similaires (7/a) a été mise en ligne par l'armée israélienne dans la matinée du 7 octobre. Le message affirmait que les véhicules étaient « des cibles de l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza ». Si ces véhicules contenaient des détenus israéliens sous la garde de combattants palestiniens retournant à Gaza, il est probable qu'ils aient tous été tués par Israël - mais cela s'est ensuite ajouté au bilan des morts israéliens « assassinés par le Hamas ». Depuis le 7 octobre, de plus en plus de preuves ont été rapportées en hébreu indiquant qu'un nombre important, quoique indéterminé, d'Israéliens ont été tués par les forces israéliennes lors de l'assaut du 7 octobre. Ces récits ont été rapportés en anglais principalement par des médias indépendants, notamment The Electronic Intifada (8), Mondoweiss (9), The Grayzone (10) et The Cradle (11 ). Un élément clé de ces preuves a été traduit en anglais (12) par The Electronic Intifada le 11 novembre. Le média israélien Ynet a cité (13) le commandant d'un escadron (14) d'hélicoptères israélien qui a déclaré que le 7 octobre, l'armée de l'air avait envoyé plus de deux douzaines d'hélicoptères d'attaque - ainsi que des drones Elbit - pour tirer tout le long de la frontière de Gaza en utilisant des missiles Hellfire et des mitrailleuses. «Tirez sur tout ce que vous voyez» Selon le récit d'Ynet d'une évaluation préliminaire de l'armée de l'air, « il était très difficile de faire la distinction entre les terroristes et les soldats ou civils [israéliens] », mais il a ordonné à ses pilotes « de tirer sur tout ce qu'ils voyaient dans la zone de la clôture », avec Gaza de toute façon. « La fréquence des tirs sur des milliers de terroristes était énorme au début, et ce n'est qu'à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à choisir soigneusement leurs cibles », rapporte le journal, citant une enquête de l'armée de l'air israélienne. La justification de cette attaque apparemment aveugle était « d'arrêter le déluge de terroristes et les masses meurtrières qui affluaient sur le territoire israélien par les trous de la clôture ». Mais étant donné que les combattants palestiniens revenaient à Gaza avec des détenus israéliens exactement au même moment où d'autres Palestiniens arrivaient de Gaza ce jour-là, tirer sur « tout » dans la zone de la barrière inclurait nécessairement les détenus israéliens. Selon l'armée de l'air, au cours des quatre premières heures, ses pilotes « ont attaqué environ 300 cibles, la plupart en territoire israélien ». La rave Supernova s'est également déroulée très près de la barrière frontalière - entre celle-ci et la colonie israélienne voisine du kibboutz Beeri. Israël avait initialement affirmé (14/a) que 260 Israéliens y étaient morts. Ce nombre est ensuite passé à 364 (15). Samedi, une source policière a confirmé pour la première fois qu'Israël avait tué certains de ses propres habitants lors de la rave du 7 octobre. Le journal israélien Haaretz a rapporté qu'une enquête policière avait conclu qu'un (16) « hélicoptère de combat israélien arrivé sur les lieux et ayant tiré sur des terroristes avait apparemment également touché certains participants au festival ». Une deuxième source policière anonyme (16/a) a critiqué Haaretz et a semblé revenir sur cette déclaration le lendemain, mais n'a pas nié qu'Israël avait tué certains Israéliens. Des images israéliennes diffusées (17) le même jour que l'article de Ynet mentionné ci-dessus montraient ce que l'armée de l'air prétendait être des attaques contre « des terroristes palestiniens s'infiltrant en Israël dans la matinée du 7 octobre ». Les images semblent montrer des frappes aériennes extrêmement aveugles sur plusieurs voitures civiles, similaires à celles montrées dans la vidéo graphique des cadavres incinérés, ainsi que des tirs de mitrailleuses sur des personnes fuyant et marchant à pied. Le champ labouré dans la vidéo ressemble beaucoup à d'autres images publiées en ligne (18) de rave-goers israéliens fuyant l'événement Supernova. Une voiture civile le long de la frontière de Gaza un instant avant qu'elle ne soit détruite par l'armée de l'air israélienne. Alors que la campagne génocidaire d'Israël contre Gaza a coûté la vie à au moins 14 000 Palestiniens (18/a), les détenus israéliens à Gaza ont également été victimes des bombardements aveugles d'Israël. La branche armée du Hamas affirme que (19) 60 Israéliens ont été tués jusqu'à présent par les frappes aériennes israéliennes sur Gaza. Dans la série YouTube sud-africaine, le major Graeme explique la logique militaire. « Malgré toutes les difficultés et la douleur qu'implique une décision comme celle-là, l'armée israélienne continue comme s'il n'y avait pas d'otages », a-t-il déclaré. Israël « ne peut tout simplement pas se permettre... de permettre au Hamas d'utiliser avec succès ces boucliers humains [israéliens]... cela n'arrive pas. Alors c'est tout.» Il a également déclaré que « certains contrôles et limitations » des frappes aériennes israéliennes avaient été supprimés. La «directive Hannibal» Le major Graeme faisait peut-être référence à une doctrine militaire israélienne secrète et de longue date connue sous le nom de Directive Hannibal (20), du nom d'un ancien général carthaginois qui s'est empoisonné plutôt que d'être capturé. Israël a établi une doctrine visant à décourager les combattants de la résistance arabe (21) de capturer des soldats israéliens qui pourraient ensuite être échangés dans le cadre d'échanges négociés de prisonniers. En 2011, Israël a libéré 1 027 prisonniers palestiniens (21/a) en échange d'un seul soldat israélien capturé (21/b). La directive Hannibal a fait l'objet d'une surveillance mondiale accrue après qu'elle ait été utilisée pour tuer un soldat israélien lors de l'invasion de Gaza en 2014. En 2016, l'armée israélienne a déclaré que « l'ordre tel qu'il est compris aujourd'hui » serait annulé. « Cette décision ne constitue pas nécessairement un changement complet de politique mais une clarification », a rapporté (21c) le Times of Israel. Mais la doctrine semble désormais avoir été relancée. S'exprimant en hébreu sur un podcast de Haaretz, le colonel de réserve de l'armée de l'air NofErez a déclaré que (22) ce qui s'est passé près de la clôture était un « Hannibal de masse » et qu'ils avaient imaginé des scénarios similaires pendant 20 ans.
Asa Winstanley ; Djamel LabidiPublié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 12 - 2023
(*)Asa Winstanley L'Intifada électronique 23 novembre 2023 Avec des recherches supplémentaires réalisées par Ali Abunimah, Michael F. Brown, Tamara Nassar, Jon Elmer, Maureen Murphy et Refaat Alareer. Traduit de l'anglais: https://electronicintifada.net/content/evidence-israel-killed-its-own-citizens-7-october/41156 Asa Winstanley est un journaliste d'investigation vivant à Londres qui écrit sur la Palestine et le Moyen-Orient. Il visite la Palestine depuis 2004 et est originaire du sud du Pays de Galles. Il écrit pour le site d'information palestinien primé The Electronic Intifada, où il est rédacteur adjoint et chroniqueur hebdomadaire pour le Middle East Monitor
Les commentaires récents