QUE DIRA NASRALLAH ?
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Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Rédigé le 17/05/2024 à 16:08 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 05/01/2024 à 16:19 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
par Mustapha AGGOUN
Jeudi 4 janvier 2024
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5326560
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Rédigé le 04/01/2024 à 15:56 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour la première fois de son histoire en 2007, le Hezbollah autorise des caméras à lever le voile sur ses mystères politiques, financiers, militaires et humains. 👋 Les meilleurs documentaires sont ici 👉 https://bit.ly/3C4JNl3 🙏 Abonnez-vous Nous avons pu rencontrer des combattants, pénétrer dans les écoles et les hôpitaux créés par et pour les fidèles de l’organisation, obtenir des archives totalement inédites et l’autorisation de filmer au sein de la chaîne Al Manar. Autre exclusivité, une longue interview, jamais réalisée jusque-là pour une chaîne de télévision occidentale, du leader de ce parti Hassan Nasrallah. Un entretien effectué sous haute sécurité, sans concession, où toutes les questions « délicates » ont pu être posées.
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Rédigé le 03/01/2024 à 15:26 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Gabrielle Teissier K
Citoyenne, du monde, de gauche, athée, en résistance contre tous les racismes
ls sont plusieurs, ils sont jeunes, ils vont refuser de servir l’armée israélienne. Merci à eux.
« Sofia a 18 ans, l’âge d’entrer dans l’armée. La jeune femme, le regard bleu perçant, ne sourcille pas, et pourtant : « En février, je vais refuser de servir l’armée israélienne et j’irai en prison militaire pour ça. »
« La plupart des personnes dans ce pays ont cet esprit militaire qui soutient l’armée quoi qu’il arrive, et cela inclut bien sûr des proches. Parfois, ils m’appellent la traître ou la Juive pleine de haine. C’est vraiment difficile », confie-t-elle. »
« La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un cœur généreux,
une main tendue,
une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie : la vie à se partager. »
Paul Eluard
Israël-Hamas: «Je vais refuser
de servir l’armée», ces jeunes Israéliens qui
choisissent de ne pas s’engager
La guerre à Gaza va se poursuivre tout au long de l'année 2024, a assuré Israël, qui continue de bombarder l'enclave palestinienne, trois mois après l'attaque du 7 octobre. L'armée annonce que ses réservistes vont bientôt faire une pause dans la guerre, afin de se préparer au prolongement des combats. Ils sont 360 000 au total, en plus de l'armée régulière. Mais, dans ce contexte, certains refusent de s'engager.
Des soldats israéliens se tiennent debout sur des tanks, dans une zone de rassemblement près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, le 1er janvier 2024. © VIOLETA SANTOS MOURA / Reuters
Cette guerre de longue haleine entre Israël et le Hamas nécessite la rotation des troupes armées, et en particulier des réservistes israéliens. Pourtant, certains de ces jeunes appelés à s’engager le refusent. C'est notamment le cas de Sofia Orr, l'une des voix de cette jeunesse israélienne qui dit stop au conflit. Elle vit à Pardes Hanna-Karkur, au nord de Tel-Aviv.
Sofia a 18 ans, l’âge d’entrer dans l’armée. La jeune femme, le regard bleu perçant, ne sourcille pas, et pourtant : « En février, je vais refuser de servir l’armée israélienne et j’irai en prison militaire pour ça. », assène-t-elle au micro de de Sandrine Mallon et Willy Moreau, envoyé spécial de France Info pour RFI.
La jeune femme est l’une des figures du mouvement « Mesarvote », un groupe antimilitaire qui revendique aujourd’hui plusieurs dizaines de membres : « La plupart des personnes dans ce pays ont cet esprit militaire, qui soutient l’armée quoi qu’il arrive, et cela inclut bien sûr des proches. Parfois, ils m’appellent la traitre ou la Juive pleine de haine. C’est vraiment difficile », confie-t-elle.
« On doit faire la paix »
Son visage est devenu public, comme celui de son ami Tal Mitnick, le premier à avoir refusé de faire son service militaire depuis le 7 octobre. Il a été condamné la semaine dernière à une première peine d’un mois de détention.
« Tu peux avoir une exemption, le faire calmement et ne pas être humilié publiquement pour ça. Mais ce n’est pas une option pour moi. Je sens que je dois en parler publiquement et essayer d’avoir le plus d’impact possible », assure Sofia Orr.
Depuis, elle répète inlassablement : « La violence extrémiste du Hamas ne peut être combattue par davantage de violences. Je veux faire partie de la solution et pas du problème. On doit faire la paix, il n’y a pas d’autres options », conclut la jeune femme.
Entrée « dans une nouvelle phase »
de la guerre
Cinq brigades israéliennes vont être prochainement retirées ou redéployées. Les réservistes vont également faire une pause afin de se préparer à des « combats prolongés », a rapporté l’armée israélienne. Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques, et rédacteur en chef de la revue « Orient Stratégique », interrogé par Daniel Vallot du service international, cette annonce de l’armée indique que la guerre entre « dans une nouvelle phase ».
« Selon les énoncés de Tsahal, il s’agit d’un redéploiement avec le but de leur permettre de reprendre leur travail, donc il y a une logique économique et, je cite (Tsahal) : "Nous planifions la gestion des forces opérant sur le terrain en examinant le système de la réserve, de l’économie, le renouvellement des forces, et la poursuite des processus d'entraînement au combat au sein de Tsahal." Donc, il y a un système de rotation qui est aujourd’hui à l’œuvre, qui montre qu’on entre dans une nouvelle phase, puisque ça a été évoqué à plusieurs reprises. »
« La première phase étant celle des bombardements massifs, la deuxième de l’opération terrestre et une troisième phase qui serait de moindre intensité, notamment dans le nord de Gaza. Cela correspondrait aux demandes américaines, notamment de Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité américain de Joe Biden, qui souhaitait à partir de janvier qu’il y ait effectivement des opérations de moindre intensité. Mais ça ne signifie pas un changement de stratégie, ça s’inscrit plutôt dans une planification à long terme », analyse le chercheur.
Impact économique et budgétaire pour Israël
Comme le souligne David Rigoulet-Roze, les motifs de ce retrait des réservistes israéliens peuvent être d'ordre stratégiques mais aussi économique. « Il y a eu 360 000 mobilisés, donc c’est entre 10 et 15 % de la main d’œuvre israélienne, notamment dans les petites et moyennes entreprises. C’est l’essentiel de la structure économique. Il y a donc un impact économique évident. Il y a aussi un impact budgétaire, avec un déficit qui sera de l’ordre de 8 %. Mais au-delà, on peut aussi s’interroger sur les modalités du redéploiement. Certains évoquent la possibilité que des unités soient redéployées au nord du pays, avec l’ouverture potentielle d’un front, au niveau de la frontière libanaise », détaille-t-il.
r micheldandelot1 dans Accueil le 3 Janvier 2024 à 07:48
http://www.micheldandelot1.com/
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Rédigé le 03/01/2024 à 08:48 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Ziad Medoukh,
2024
Ziad Medoukh est un poète et un écrivain palestinien arabo-francophone reconnu en France et en Europe, qui a reçu des Prix de poésie au Concours Euro-poésie 2014 et le Premier Prix de la Francophonie. Il est Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques de la République française, depuis 2011.
Titulaire d’une maîtrise en Didactique du français et Docteur ès Sciences du Langage de l’université de Paris VIII Saint Denis où il a également enseigné comme Professeur invité en 2007, Ziad Medoukh est depuis 2006 le directeur du département de français de l’université Al-Aqsa — considéré comme l’un des meilleurs départements universitaires de français à l’étranger, — et coordinateur du Centre de la paix de cette université, à Gaza.
Il est l’auteur de maintes publications sur l’enseignement du français en Palestine et à l’Université Al Aqsa, ainsi que sur l’importance de l’Education comme forme de résistance en Palestine.
Il forme les futurs professeurs de français dans la Bande de Gaza et participe activement à la promotion de la Francophonie dans son pays.
Il a initié et créé des Jumelages entre son université et plusieurs universités françaises.
Il est l’auteur de deux recueils de poèmes : J’enseigne la paix à Gaza, ("L’Autre Édition, Montpellier, France, 2009), et Gaza : paix attendue (Editions Du Terroir, Montréal, Canada, 2011).
Il est également l’auteur de maintes publications sur l’enseignement du français en Palestine et à l’Université Al Aqsa, ainsi que sur l’importance de l’Éducation comme forme de résistance en Palestine.
Pour Ziad Medoukh — comme on peut le lire dans le titre d’un de ses poèmes — le français restera toujours langue de paix et d’espoir. Pour lui, citoyen de Gaza, pour lui, l’enfermé, le prisonnier, l’occupé, le français restera toujours langue de résistance !
http://emmila.canalblog.com/
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Rédigé le 01/01/2024 à 16:11 dans Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
« La première femme à avoir détourné un avion » est une jeune Palestienne de 25 ans qui avait choisi la lutte armée. Son portrait a fait le tour du monde et « l’Obs » revient sur son parcours à l’occasion d’un dossier spécial sur l’histoire d’Israël et de la Palestine.
Keffieh drapé autour des cheveux, visage penché comme pour se détourner de l’objectif. Sur la photo, Leïla Khaled tient un fusil-mitrailleur AK-47. Sa bague a été fabriquée à partir de la première grenade qu’elle a dégoupillée. Le portrait, devenu emblématique, est celui d’une Palestinienne de 25 ans devenue mondialement célèbre à l’été 1969. Le 29 août, avec un complice, elle prend le contrôle du vol 840 de la TWA à destination de Tel-Aviv. Les deux membres du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP) – une organisation nationaliste d’extrême gauche – détournent l’appareil jusqu’à Damas où ils dynamitent le cockpit, une fois les 116 passagers débarqués sur le tarmac. Celui qu’ils voulaient prendre en otage – Yitzhak Rabin, alors ambassadeur d’Israël à Washington – ne se trouve pas à bord.
L’objectif du commando « Che Guevara » est manqué. Mais c’est un succès médiatique. Les journalistes s’intéressent à la cause palestinienne et à celle qui, par les armes, la rend visible. Née à Haïfa, que le pilote de la TWA a été forcé de survoler, « la première femme à avoir détourné un avion » fait partie de la « génération des camps » : elle et sa famille se sont réfugiées au Liban lors de l’exode palestinien de 1948. A 15 ans, elle a rejoint le Mouvement nationaliste arabe (MNA) aux côtés de ses frères, et a choisi la lutte armée.
Au tournant des années 1970, le recours au terrorisme par des nationalistes palestiniens a deux objectifs : livrer des attaques dans les Territoires occupés, attirer l’attention par des actions spectaculaires. Prises d’otages et détournements d’avion émaillent ainsi la décennie. Le nez et le menton refaits, pour ne pas être reconnue, Leïla Khaled se prêtera d’ailleurs à un autre acte de piraterie. Le 6 septembre 1970, des commandos tentent de détourner quatre avions. Le complice de Leïla Khaled est abattu en vol. Remise aux autorités britanniques, à Londres, où l’avion a atterri, elle est libérée vingt-huit jours plus tard à la faveur d’un échange d’otages.
Elle ne participe pas cependant à l’action la plus marquante de l’été 1976, où une poignée de terroristes détournent un vol Air France reliant Tel-Aviv à Paris, avec plus de 240 passagers, pour le forcer à se poser en Ouganda. Eux réclament la libération de 53 prisonniers palestiniens. Après des jours de négociations, Israël déclenche un raid, conduit par Yonatan Netanyahou (frère aîné de Benyamin), pour libérer la quasi-totalité des otages.
Comme l’écrit l’historien Gilles Ferragu, si le keffieh de Yasser Arafat et le sourire de Leïla Khaled ont pu médiatiser la cause palestinienne, une autre image la dessert, « celle d’un homme cagoulé qui se penche du balcon d’un bâtiment du village olympique ». En 1972, l’organisation Septembre noir, branche dissidente du Fatah, prend en otage et tue des athlètes israéliens pendant les Jeux de Munich. Sidération mondiale devant cette horreur. En représailles, l’armée israélienne bombarde des bases de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en Syrie et au Liban.
Avec les accords d’Oslo en 1993, l’organisation d’Arafat s’engagera à renoncer au terrorisme et à lutter contre lui. Mais le bilan, sur ce point, est ambigu. Leïla Khaled, qui n’a jamais revu Haïfa, a vécu au Liban, en Syrie et en Jordanie, où elle a élevé deux garçons. Elle s’est engagée auprès du Conseil national palestinien. Perçue ici comme une terroriste et là comme une héroïne, elle répète ne pas regretter ses choix
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Rédigé le 31/12/2023 à 20:33 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Afrique du Sud a déposé une requête auprès de la Cour internationale de Justice, l’organe de l’ONU censé juger les différends entre États. Pretoria entend ainsi dénoncer et prévenir le caractère « génocidaire » de l’invasion israélienne à Gaza.
avéPavé dans la mare, pour les défenseurs du peuple palestinien, ou pétard mouillé pour les inconditionnels de l’État d’Israël : l’Afrique du Sud a déposé une requête introductive d’instance, assortie d’une demande de mesures conservatoires (l’équivalent d’un référé), devant la Cour internationale de justice (CIJ). Cet organe de l’ONU siège à La Haye et ne doit pas être confondu avec la Cour pénale internationale (CPI), qui statue également dans la cité décisionnelle exécutive et législative des Pays-Bas.
La requête en question vise donc l’État d’Israël et ses possibles manquements à la prévention du crime de génocide, dont apparaissent victimes les Palestiniens coincés et pilonnés dans la bande de Gaza. La saisine de la CIJ est affaire délicate, les compétences de la cour s’avérant limitées du fait de la souveraineté des États, qui ne sont soumis à cette juridiction qu’à partir du moment où ils y ont donné leur consentement – afin, par exemple, de régler un tracé de frontière, terrestre ou maritime, comme entre le Niger et le Burkina Faso (2013), ou entre le Pérou et le Chili (2014).
La Cour peut également être saisie si les États concernés ont signé une clause facultative de juridiction obligatoire : un tiers seulement des pays siégeant à l’Onu l’ont fait. L’URSS, devenue la Russie, n’a jamais signé. Pas plus que la Chine. La France a retiré sa signature pour échapper aux condamnations liées à ses essais nucléaires dans le Pacifique. Les États-Unis se sont extraits sous la présidence de Ronald Reagan, lors du financement des « Contras » au Nicaragua.
Aujourd’hui l’Afrique du Sud, au sujet de la guerre menée par Israël contre le Hamas – devenue guerre contre le peuple palestinien –, a suivi une troisième voie : saisir la Cour à partir d’un traité international comportant une clause de juridiction.
C’est le cas de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, approuvée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948 – dans le sillage de la destruction des juifs d’Europe. Or le crime de génocide, individuel ou collectif, peut et doit être empêché ou réprimé à partir du moment où se révèle l’intentionnalité qui le définit. Le délit international est en effet constitué lorsque certains actes sont commis « dans l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Les interprétations contradictoires ne manquent pas concernant ce texte. En février 2022, le Kremlin a justifié son invasion de l’Ukraine en raison des prétendues menées génocidaires perpétrées dans le Donbass par le gouvernement de Kyiv. Celui-ci a retourné l’accusation contre son agresseur, ne cessant de documenter un procès qui devrait se tenir à la fin de l’année 2024 devant la CIJ.
En attendant, la paralysie du système international s’est une fois de plus manifestée au grand jour : la Cour, censée rendre des décisions juridiquement contraignantes sans avoir les moyens de les faire appliquer, a ordonné à la Russie de mettre fin à son offensive en Ukraine, dès le mois de mars 2022 ; avec le résultat que nous savons.
L’opinion publique mondiale se montre toutefois sensible à cette façon de dire le droit. Dans une telle optique, la requête du 29 décembre 2023 portée par l’Afrique du Sud affirme que « les actes et omissions d’Israël revêtent un caractère génocidaire dans la mesure où ils s’accompagnent de l’intention spécifique requise de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique plus large des Palestiniens ».
Le texte ajoute : « Du fait de son comportement – par le biais de ses organes, agents et d’autres personnes ou entités agissant selon ses instructions, sa direction, son contrôle ou son influence – à l’égard des Palestiniens de Gaza, Israël manque aux obligations qui lui incombent au titre de la Convention contre le génocide. »
Comment Israël réagira-t-il ? Une requête pour avis consultatif a déjà été déposée cette année à la CIJ sur les « conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est ».
Cette saisine des juges de La Haye découle d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, adoptée le 30 décembre 2022, par 87 États, avec 53 abstentions et 26 votes contre. Les plaidoiries sont prévues le 17 février prochain et la procédure pourrait conduire la Cour internationale de justice à statuer sur la légalité de la présence israélienne dans les territoires en question.
La représentation israélienne à l’ONU s’est opposée en vain à une telle résolution qui, selon elle, « diabolise Israël et exonère les Palestiniens de toute responsabilité dans la situation actuelle ». Le délégué israélien ajoutant que la saisine de l’institution « décimerait toute chance de réconciliation entre Israël et les Palestiniens ». Cet argument spécieux a été repris par Washington, Londres, ou Ottawa – mais non par Paris.
En 2004, la CIJ avait rendu un avis consultatif clair et net contre le « mur de séparation » voulu par Israël et qui constitue, selon l’institution onusienne, un élément d’opposition au droit du peuple palestinien à disposer de lui-même. L’avis recommandait de détruire le mur, de rembourser les dégâts et d’interdire aux entreprises de poursuivre la construction. L’avis n’a pas été suivi d’effet mais Israël avait mal supporté une telle mise en évidence de sa politique systématique.
Depuis, selon un observateur attentif de la Cour, celle-ci aurait perdu ses juges internationaux les plus sagaces et tranchants (ils sont au nombre de quinze élus pour neuf ans), remplacés en majorité par des diplomates au rencart – experts dans l’art de couper les cheveux en quatre et animés du désir de ne froisser personne.
Cette fois-ci, Israël pourrait ne pas s’en tirer par le simple mépris, en contestant la compétence de la CIJ, qui rendra publique la procédure une fois terminée. Pratiquer la politique de la chaise vide – et donc ne pas se défendre sur le terrain de la preuve face à une accusation de génocide –, serait une énorme bévue. Mais le gouvernement Nétanyahou n’en serait pas à sa première faute.
Il vient de rejeter « avec dégoût » les assertions de l’Afrique du Sud par la voix de Lior Haiat, porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères. Celui-ci a qualifié la requête devant le tribunal onusien de « diffamation sans fondement légal », tout en assurant que son pays « respecte le droit international dans sa guerre contre le Hamas à Gaza ».
Un long et tortueux chemin demeure, pour que la raison du plus fort n’ait plus le premier ni le dernier mot. Et pour que ceux qui nous gouvernent soient eux-mêmes gouvernés par des lois. Néanmoins, la requête portée par Pretoria auprès de la CIJ laissera des traces, qui ne pourront que contrarier ceux qui tablent sur leur effacement...
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Addendum du 31 décembre à 14h30
En réaction à l'accusation de génocide portée devant la CIJ par l'Afrique du Sud, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré lors d'une réunion de son gouvernement, ce dimanche 31 décembre : « Nous continuerons notre guerre défensive, dont la justice et la moralité sont sans équivalent. » L’armée « fait tout pour éviter de blesser des civils, alors que le Hamas fait tout pour leur nuire et les utilise comme boucliers humains », a ajouté le premier ministre. Selon lui, les forces de l’État d'Israël agissent « de la manière la plus morale possible » dans la bande de Gaza.
Antoine Perraud
31 décembre 2023 à 11h33
https://www.mediapart.fr/journal/international/311223/ce-qu-induit-la-saisine-de-la-justice-internationale-l-encontre-d-israel
Je crois en l’homme, cette ordure.
Je crois en l’homme, ce fumier,
Ce sable mouvant, cette eau morte.
Je crois en l’homme, ce tordu,
Cette vessie de vanité.
Je crois en l’homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent,
Ce boute feu, ce fouille-merde.
Je crois en l’homme, ce lèche-sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire
De mortel et d’irréparable.
Je crois en lui
Pour la sureté de sa main,
Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie
Pour son vertige devant l’étoile.
Je crois en lui
Pour le sel de son amitié,
Pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
Pour une main qui s’est tendue.
Pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
Pour le simple accueil d’un berger.
Lucien JACQUES
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Rédigé le 31/12/2023 à 13:27 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
D0UCE FRANCE :)
Depuis le début de l’offensive israélienne, des familles ayant des liens avec la France et vivant dans la bande de Gaza demandent leur évacuation au Quai d’Orsay. Certaines l’obtiennent, mais doivent abandonner une partie de leur famille.
neUne mère ou un père peuvent-ils accepter d’être évacués en laissant certains de leurs enfants, seuls, à Gaza ? La situation est difficilement concevable. Pourtant, c’est bien à ce cruel dispositif que le ministère des affaires étrangères a confronté plusieurs Palestiniens.
Ainsi que le prévoit le dispositif mis en place depuis le début des bombardements, plusieurs familles de ressortissants français ou palestiniens travaillant pour l’Institut français de Gaza demandent leur évacuation. Le consulat général de Jérusalem dresse une liste des personnes devant rejoindre le territoire français, liste soumise également aux autorités israéliennes et égyptiennes.
Alors que le Quai d’Orsay vient de faire un communiqué pour annoncer l’accueil de deux enfants palestiniens blessés, le 28 décembre, il a en revanche refusé de répondre aux questions que nous lui avons posées sur les incohérences de la politique des évacuations et leurs conséquences.
Comme nous l’avions révélé, Ahmed Abu Shamla, agent du quai d’Orsay depuis plus de vingt ans, avait demandé à être rapatrié avec ses enfants, mais quatre de ses fils n’y avaient pas été autorisés par le Quai d’Orsay. Tandis que sa femme et ses autres enfants ont pu rejoindre la France en novembre, Ahmed a donc fait le choix de rester auprès de ses quatre fils et, malgré ses appels à l’aide, il n’a pu être évacué. Il est mort sous les bombardements, le 16 décembre.
Quinze jours après son décès et la publication de notre enquête, le 29 décembre, le Quai d’Orsay a annoncé, auprès de Mediapart, que ses fils viennent de quitter la bande de Gaza, finalement autorisés à rentrer en France. Une procédure tardive qui a coûté la vie à un agent.
Mais Ahmed n’est pas un cas isolé.
Depuis le début du conflit, Amine*, 49 ans, demande à être rapatrié en France, où il a vécu avec sa famille pendant plus de dix ans. Trois de ses six enfants ont la nationalité française. Installé depuis 2012 dans le nord de Gaza, après la destruction de son quartier, il se réfugie avec sa famille dans une école à Jabalia. Dès le 13 octobre, il sollicite la cellule de crise du consulat général à Jérusalem, afin d’être évacué et en attendant de pouvoir recevoir les médicaments pour sa fille diabétique.
Deux semaines plus tard, les services consulaires l’informent que sa famille figure sur la liste des personnes autorisées à quitter Gaza. Du moins, une partie. Car ses deux plus jeunes enfants, âgés de 8 et 3 ans, son fils de 21 ans de nationalité française et sa fille aînée n’y figurent pas.
Pensant à une erreur, il renouvelle sa demande et transmet l’ensemble des documents attestant de l’identité et du lien de filiation de chacun des membres de sa famille. Le 17 novembre, il appelle à l’aide le consulat, une proche parente venant d’être tuée par un obus tombé sur l’école. Espérant être évacuée, toute la famille part alors vers le sud de la bande de Gaza. Quelques jours plus tard, le consulat acte bien le renouvellement de sa demande pour l’ensemble de sa famille, tout en précisant qu’il n’est pas maître de la décision des autorités israéliennes.
Sans plus de nouvelle, Amine adresse le 3 décembre un courrier à la ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna. « Je ne me vois pas abandonner dans ce conflit la moitié de mes enfants », explique-t-il à la ministre.
Lui qui a vécu « plus de dix ans » en France y détaille son parcours. Après un master à l’Institut national polytechnique et à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble ainsi qu’un doctorat, il a fondé une société qu’il a gérée de 2008 à 2012, avant de retourner s’installer à Gaza « pour exercer le métier d’enseignant-chercheur en management supérieur ».
Il rappelle à la ministre que les services consulaires français lui ont proposé de « laisser [s]es deux jeunes enfants mineurs dont un en bas âge » ainsi que son fils français de 21 ans et sa fille de 23 ans, qui tous deux « ont vécu plus de la moitié de leur vie en France ». À ce jour, il n’a toujours pas reçu de réponse.
Le 13 décembre, c’est au tour d’avocats ayant formé un collectif pour venir en aide aux familles françaises et palestiniennes éligibles aux évacuations de soutenir la demande d’Amine et de solliciter le Quai d’Orsay, dont la réponse est quasi-automatique : « Les services compétents ne manqueront pas d’apporter avec diligence toute l’attention requise à votre démarche. »
Le 22 décembre, plus de deux mois après sa première demande, Amine reçoit à nouveau la proposition des services consulaires : ils l’invitent à quitter Gaza. Cette fois, ses enfants mineurs y sont également autorisés mais ni sa fille de 23 ans ni son fils de 21 ans, qui a la nationalité française, n’y figurent. À la suite de cette terrible nouvelle, Amine a fait part de son désespoir auprès d’un ami. Il lui explique avoir demandé aux autorités françaises de « rapatrier [sa] fille à [sa] place ». « Je reste avec mon fils, ici à Gaza. »
Autre situation kafkaïenne, celle de Hani*, 47 ans, qui travaille depuis treize ans à l’Institut français avec l’un de ses enfants, Youssef*, 24 ans, également employé depuis cinq ans. À la suite de sa demande d’évacuation faite pour son épouse, ses quatre enfants, dont le plus jeune a 11 ans, ainsi que ses deux petits-enfants, âgés de 5 et 3 ans (enfants de l’une de ses filles), il reçoit, le 20 novembre, une réponse des autorités, qui l’invitent à rejoindre la frontière. Mais seuls ses enfants sont autorisés à rejoindre la France. Ni lui, ni son épouse, ni ses petits-enfants ne le sont.
Sa fille refusant de quitter Gaza sans ses enfants, seul son fils Youssef part. Depuis, il demande que sa famille puisse être évacuée. Le 21 décembre, la dernière réponse du Quai d’Orsay lui assure, comme pour Amine, que le ministère va « apporter toute l’attention requise à [s]a démarche ».
Également réfugié aux côtés d’Ahmed Abu Shamla dans la maison qui a été bombardée, le cinéaste Iyad Alasttal, qui avait témoigné en octobre auprès de Mediapart. Auteur de plusieurs documentaires sur le quotidien des Gazaoui·es, il vivait dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès avant de rejoindre Rafah, au sud de la bande de Gaza.
Travaillant depuis trois ans pour l’Institut français et détenteur d’un visa valable jusqu’en 2025, le documentariste a demandé son évacuation avec sa femme et ses trois enfants. Là encore, la famille a dû se séparer, Iyad n’étant pas sur la liste des rapatriés.
Il n’y a aucune obligation absolue pour le ministère des affaires étrangères de rapatrier des Palestiniens qui travaillent pour l’Institut français, mais en revanche le devoir de protéger ceux qui ont servi l’État français. Raison pour laquelle, avec les ressortissants français, ils font partie des personnes éligibles aux évacuations.
Alors qu’il travaille depuis près de dix-huit ans pour l’Institut français, Sharif*, 35 ans, a demandé à être évacué avec ses deux enfants, son épouse et sa mère, Nour*, âgée de 73 ans. À son grand étonnement, ni sa mère ni lui n’y ont été autorisés. Le 23 novembre, il a donc laissé partir son épouse et ses enfants en France, restant quant à lui avec sa mère dans le sud de Gaza.
Le 4 décembre, par l’intermédiaire de son avocat, la famille renouvelle sa demande auprès de la cellule de crise du consulat général de Jérusalem. Le défenseur évoque sa crainte que la famille soit « la cible d’un bombardement ».
Quelques jours plus tard, le 13 décembre, la mère de Sharif perd la vie. La maison dans laquelle ils s’étaient réfugiés avec plusieurs autres agents administratifs de l’Institut français, parmi lesquels Ahmed Abu Shamla, a été prise pour cible par l’armée israélienne. Comme Ahmed, Nour n’a pas survécu à ses blessures.
Le ministère de l’intérieur n’a pas accepté de répondre à nos questions. Quant au Quai d’Orsay, il précise que « depuis le 1er novembre, 168 personnes ont été évacuées de la bande de Gaza » et déclare : « Nous nous réjouissons de la sortie le 28 décembre des quatre fils de notre collègue décédé [Ahmed Abu Shamla]. »
En revanche, le ministère des affaires étrangères a refusé d’expliquer les raisons pour lesquelles ceux-ci n’avaient pas été évacués avec l’ensemble de leur famille, obligeant leur père à rester auprès d’eux à Gaza.
Concernant les autres situations problématiques, là encore, le Quai d’Orsay n’a pas voulu répondre.
« Il y a bien sûr des échanges avec le ministère de l’intérieur sur les demandes faites de rapatriement, assure une source à la Place Beauvau. Mais aucune précision ne sera donnée sur ce sujet et c’est le quai d’Orsay qui gère ces évacuations. »
Un ancien fonctionnaire du Quai d’Orsay explique, auprès de Mediapart, que « plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Il peut y avoir des suspicions à l’égard de certains Palestiniens proches du Hamas et il faut prendre en compte l’intervention des autorités israéliennes. Mais le Quai d’Orsay ne peut pas se décharger en sous-entendant que les autorisations dépendent uniquement des autorités israéliennes ».
Outre une « certaine désorganisation » au sein du ministère, ce spécialiste du Proche et Moyen-Orient y voit surtout « un caractère politique ». « Ça en dit long sur le regard que l’on porte sur les Palestiniens. » Il y a « une certaine réticence ou une certaine mauvaise volonté », ironise-t-il, avant d’ajouter : « Est-il nécessaire de rappeler que la loi sur l’immigration vient d’être votée en France ? »
À ce jour, selon le Quai d’Orsay, encore une « cinquantaine de personnes » éligibles à une évacuation sont encore bloquées dans la bande de Gaza. Un chiffre en deçà des demandes qui sont faites auprès du collectif des avocats, selon lequel encore « une quinzaine » de familles sont encore en attente, soit un peu moins de cent personnes, précise l’avocate Amel Delimi, membre du collectif.
Ce n’est pas la première fois que la France faillit au devoir de protection de celles et ceux qui ont travaillé pour elle. En 2012, lorsque les militaires français s’étaient retirés d’Afghanistan, la France avait abandonné à leur sort les interprètes afghans qui avaient travaillé pour l’armée. Comme Mediapart l’avait raconté, la France avait alors fait preuve d’une mauvaise volonté
Pascale Pascariello
29 décembre 2023 à 18h51
https://www.mediapart.fr/journal/france/291223/la-france-veut-bien-accueillir-des-palestiniens-de-gaza-mais-sans-leurs-enfants
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Rédigé le 29/12/2023 à 18:26 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
D0UCE FRANCE :)
Depuis le début de l’offensive israélienne, des familles ayant des liens avec la France et vivant dans la bande de Gaza demandent leur évacuation au Quai d’Orsay. Certaines l’obtiennent, mais doivent abandonner une partie de leur famille.
neUne mère ou un père peuvent-ils accepter d’être évacués en laissant certains de leurs enfants, seuls, à Gaza ? La situation est difficilement concevable. Pourtant, c’est bien à ce cruel dispositif que le ministère des affaires étrangères a confronté plusieurs Palestiniens.
Ainsi que le prévoit le dispositif mis en place depuis le début des bombardements, plusieurs familles de ressortissants français ou palestiniens travaillant pour l’Institut français de Gaza demandent leur évacuation. Le consulat général de Jérusalem dresse une liste des personnes devant rejoindre le territoire français, liste soumise également aux autorités israéliennes et égyptiennes.
Alors que le Quai d’Orsay vient de faire un communiqué pour annoncer l’accueil de deux enfants palestiniens blessés, le 28 décembre, il a en revanche refusé de répondre aux questions que nous lui avons posées sur les incohérences de la politique des évacuations et leurs conséquences.
Comme nous l’avions révélé, Ahmed Abu Shamla, agent du quai d’Orsay depuis plus de vingt ans, avait demandé à être rapatrié avec ses enfants, mais quatre de ses fils n’y avaient pas été autorisés par le Quai d’Orsay. Tandis que sa femme et ses autres enfants ont pu rejoindre la France en novembre, Ahmed a donc fait le choix de rester auprès de ses quatre fils et, malgré ses appels à l’aide, il n’a pu être évacué. Il est mort sous les bombardements, le 16 décembre.
Quinze jours après son décès et la publication de notre enquête, le 29 décembre, le Quai d’Orsay a annoncé, auprès de Mediapart, que ses fils viennent de quitter la bande de Gaza, finalement autorisés à rentrer en France. Une procédure tardive qui a coûté la vie à un agent.
Mais Ahmed n’est pas un cas isolé.
Depuis le début du conflit, Amine*, 49 ans, demande à être rapatrié en France, où il a vécu avec sa famille pendant plus de dix ans. Trois de ses six enfants ont la nationalité française. Installé depuis 2012 dans le nord de Gaza, après la destruction de son quartier, il se réfugie avec sa famille dans une école à Jabalia. Dès le 13 octobre, il sollicite la cellule de crise du consulat général à Jérusalem, afin d’être évacué et en attendant de pouvoir recevoir les médicaments pour sa fille diabétique.
Deux semaines plus tard, les services consulaires l’informent que sa famille figure sur la liste des personnes autorisées à quitter Gaza. Du moins, une partie. Car ses deux plus jeunes enfants, âgés de 8 et 3 ans, son fils de 21 ans de nationalité française et sa fille aînée n’y figurent pas.
Pensant à une erreur, il renouvelle sa demande et transmet l’ensemble des documents attestant de l’identité et du lien de filiation de chacun des membres de sa famille. Le 17 novembre, il appelle à l’aide le consulat, une proche parente venant d’être tuée par un obus tombé sur l’école. Espérant être évacuée, toute la famille part alors vers le sud de la bande de Gaza. Quelques jours plus tard, le consulat acte bien le renouvellement de sa demande pour l’ensemble de sa famille, tout en précisant qu’il n’est pas maître de la décision des autorités israéliennes.
Sans plus de nouvelle, Amine adresse le 3 décembre un courrier à la ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna. « Je ne me vois pas abandonner dans ce conflit la moitié de mes enfants », explique-t-il à la ministre.
Lui qui a vécu « plus de dix ans » en France y détaille son parcours. Après un master à l’Institut national polytechnique et à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble ainsi qu’un doctorat, il a fondé une société qu’il a gérée de 2008 à 2012, avant de retourner s’installer à Gaza « pour exercer le métier d’enseignant-chercheur en management supérieur ».
Il rappelle à la ministre que les services consulaires français lui ont proposé de « laisser [s]es deux jeunes enfants mineurs dont un en bas âge » ainsi que son fils français de 21 ans et sa fille de 23 ans, qui tous deux « ont vécu plus de la moitié de leur vie en France ». À ce jour, il n’a toujours pas reçu de réponse.
Le 13 décembre, c’est au tour d’avocats ayant formé un collectif pour venir en aide aux familles françaises et palestiniennes éligibles aux évacuations de soutenir la demande d’Amine et de solliciter le Quai d’Orsay, dont la réponse est quasi-automatique : « Les services compétents ne manqueront pas d’apporter avec diligence toute l’attention requise à votre démarche. »
Le 22 décembre, plus de deux mois après sa première demande, Amine reçoit à nouveau la proposition des services consulaires : ils l’invitent à quitter Gaza. Cette fois, ses enfants mineurs y sont également autorisés mais ni sa fille de 23 ans ni son fils de 21 ans, qui a la nationalité française, n’y figurent. À la suite de cette terrible nouvelle, Amine a fait part de son désespoir auprès d’un ami. Il lui explique avoir demandé aux autorités françaises de « rapatrier [sa] fille à [sa] place ». « Je reste avec mon fils, ici à Gaza. »
Autre situation kafkaïenne, celle de Hani*, 47 ans, qui travaille depuis treize ans à l’Institut français avec l’un de ses enfants, Youssef*, 24 ans, également employé depuis cinq ans. À la suite de sa demande d’évacuation faite pour son épouse, ses quatre enfants, dont le plus jeune a 11 ans, ainsi que ses deux petits-enfants, âgés de 5 et 3 ans (enfants de l’une de ses filles), il reçoit, le 20 novembre, une réponse des autorités, qui l’invitent à rejoindre la frontière. Mais seuls ses enfants sont autorisés à rejoindre la France. Ni lui, ni son épouse, ni ses petits-enfants ne le sont.
Sa fille refusant de quitter Gaza sans ses enfants, seul son fils Youssef part. Depuis, il demande que sa famille puisse être évacuée. Le 21 décembre, la dernière réponse du Quai d’Orsay lui assure, comme pour Amine, que le ministère va « apporter toute l’attention requise à [s]a démarche ».
Également réfugié aux côtés d’Ahmed Abu Shamla dans la maison qui a été bombardée, le cinéaste Iyad Alasttal, qui avait témoigné en octobre auprès de Mediapart. Auteur de plusieurs documentaires sur le quotidien des Gazaoui·es, il vivait dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès avant de rejoindre Rafah, au sud de la bande de Gaza.
Travaillant depuis trois ans pour l’Institut français et détenteur d’un visa valable jusqu’en 2025, le documentariste a demandé son évacuation avec sa femme et ses trois enfants. Là encore, la famille a dû se séparer, Iyad n’étant pas sur la liste des rapatriés.
Il n’y a aucune obligation absolue pour le ministère des affaires étrangères de rapatrier des Palestiniens qui travaillent pour l’Institut français, mais en revanche le devoir de protéger ceux qui ont servi l’État français. Raison pour laquelle, avec les ressortissants français, ils font partie des personnes éligibles aux évacuations.
Alors qu’il travaille depuis près de dix-huit ans pour l’Institut français, Sharif*, 35 ans, a demandé à être évacué avec ses deux enfants, son épouse et sa mère, Nour*, âgée de 73 ans. À son grand étonnement, ni sa mère ni lui n’y ont été autorisés. Le 23 novembre, il a donc laissé partir son épouse et ses enfants en France, restant quant à lui avec sa mère dans le sud de Gaza.
Le 4 décembre, par l’intermédiaire de son avocat, la famille renouvelle sa demande auprès de la cellule de crise du consulat général de Jérusalem. Le défenseur évoque sa crainte que la famille soit « la cible d’un bombardement ».
Quelques jours plus tard, le 13 décembre, la mère de Sharif perd la vie. La maison dans laquelle ils s’étaient réfugiés avec plusieurs autres agents administratifs de l’Institut français, parmi lesquels Ahmed Abu Shamla, a été prise pour cible par l’armée israélienne. Comme Ahmed, Nour n’a pas survécu à ses blessures.
Le ministère de l’intérieur n’a pas accepté de répondre à nos questions. Quant au Quai d’Orsay, il précise que « depuis le 1er novembre, 168 personnes ont été évacuées de la bande de Gaza » et déclare : « Nous nous réjouissons de la sortie le 28 décembre des quatre fils de notre collègue décédé [Ahmed Abu Shamla]. »
En revanche, le ministère des affaires étrangères a refusé d’expliquer les raisons pour lesquelles ceux-ci n’avaient pas été évacués avec l’ensemble de leur famille, obligeant leur père à rester auprès d’eux à Gaza.
Concernant les autres situations problématiques, là encore, le Quai d’Orsay n’a pas voulu répondre.
« Il y a bien sûr des échanges avec le ministère de l’intérieur sur les demandes faites de rapatriement, assure une source à la Place Beauvau. Mais aucune précision ne sera donnée sur ce sujet et c’est le quai d’Orsay qui gère ces évacuations. »
Un ancien fonctionnaire du Quai d’Orsay explique, auprès de Mediapart, que « plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Il peut y avoir des suspicions à l’égard de certains Palestiniens proches du Hamas et il faut prendre en compte l’intervention des autorités israéliennes. Mais le Quai d’Orsay ne peut pas se décharger en sous-entendant que les autorisations dépendent uniquement des autorités israéliennes ».
Outre une « certaine désorganisation » au sein du ministère, ce spécialiste du Proche et Moyen-Orient y voit surtout « un caractère politique ». « Ça en dit long sur le regard que l’on porte sur les Palestiniens. » Il y a « une certaine réticence ou une certaine mauvaise volonté », ironise-t-il, avant d’ajouter : « Est-il nécessaire de rappeler que la loi sur l’immigration vient d’être votée en France ? »
À ce jour, selon le Quai d’Orsay, encore une « cinquantaine de personnes » éligibles à une évacuation sont encore bloquées dans la bande de Gaza. Un chiffre en deçà des demandes qui sont faites auprès du collectif des avocats, selon lequel encore « une quinzaine » de familles sont encore en attente, soit un peu moins de cent personnes, précise l’avocate Amel Delimi, membre du collectif.
Ce n’est pas la première fois que la France faillit au devoir de protection de celles et ceux qui ont travaillé pour elle. En 2012, lorsque les militaires français s’étaient retirés d’Afghanistan, la France avait abandonné à leur sort les interprètes afghans qui avaient travaillé pour l’armée. Comme Mediapart l’avait raconté, la France avait alors fait preuve d’une mauvaise volonté
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Pascale Pascariello
29 décembre 2023 à 18h51
https://www.mediapart.fr/journal/france/291223/la-france-veut-bien-accueillir-des-palestiniens-de-gaza-mais-sans-leurs-enfants
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Rédigé le 29/12/2023 à 18:25 dans Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
par Saadeddine Kouidri
Jeudi 28 decembre 2023
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5326397
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Rédigé le 28/12/2023 à 14:39 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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