Notre père qui est aux cieux disait mon arrière grand-père…
Le pater, le paterfamilias, le référent auquel tous les membres de la famille se réfèrent.
Le référent que la société patriarcale préfère parce qu’il confère un sens à sa mission sur terre.
Notre mère qui est sur terre disait mon arrière grand-mère…
Non pour signifier le primat ou la primauté de la femme sur terre comme sous le régime matriarcal, mais pour nous prévenir que le monde ne peut pas tourner sans bonne à tout faire… d’où sa prédilection pour les femmes au foyer, foyer aigu de lumière et sans lequel toute vie risque fort de devenir délétère. Une sorte de mater familias.
Pardonnez-lui sa vision ou sa révision terre à terre, mais mon arrière grand-mère n’a jamais vu d’hommes, ni de femmes, mais des pères et des mères en devenir… c'est-à-dire de futurs parents pour toute la nation. Non point parce qu’ils enfantent, les animaux aussi le font, mais parce qu’ils élèvent des enfants de la terre au ciel. Ce n’est pas leur seule vocation, mais c’est la plus essentielle : l’éducation… le contraire c’est l’abdication, le rejet du trône par le parent et de la couronne pour l’enfant.
Mon arrière grand-mère est peut être vieux jeu, mais je n’ai guère entendu mieux sur le lien de parenté que nous avons tous, croyants ou incroyants avec les cieux : notre désir d’élévation, notre prédilection pour l’absolu, notre prétention à la vérité, rien que la vérité mais toute la vérité… la vérité est femme disait Nietzsche, lui qui n’a jamais su ce que c’était qu’une femme. Mon arrière-grand-mère l’avait lu… et elle le connaissait par cœur… elle saluait paradoxalement sa misogynie et avait elle aussi, envie de prendre son fouet lorsqu’elle entendait parler les femmes de la femme… elle n’a jamais supporté les féministes qui n’ont jamais réussi à la dégoûter de l’homme. Parce que pour elle, le salut est ailleurs. Il est même d’ailleurs.
Ce sont nos enfants, pour elle c’est la seule raison de notre intrusion sur terre… non pas seulement de procréer mais surtout de créer un horizon que les temps ne puissent effacer grâce à l’éducation…
Elle disait : le père c’est le fondement mais il n’est rien sans fondation, incarné par la mère et à laquelle revient la charge de la prolongation, de la TRANSMISSION du fameux flambeau qui rend grand et beau.
Mon arrière grand-mère est anti-soixante-huitarde…
Elle voulait interdire ceux qui interdisent d’interdire…
Elle voulait surtout voir le monde grandir plutôt que jouir, apprendre à mûrir plutôt qu’apprendre à mourir.
Elle n’était pas contre l’émancipation des femmes, mais contre la dissipation des femmes qui sacrifient leur progéniture sur la place publique soit pour sauver leurs carrières, soit pour parer à leurs difficultés financières.
Elle disait qu’il faut salarier toutes les femmes au foyer pour qu’elles dispensent le ciment du futur et le béton du passé… en première instance, parce qu’après c’est trop tard, on risque de retrouver les enfants dans la rue pour vendre du crack ou encore en train de mettre la citée à sac !…
L’opinion a tendance aujourd’hui à déplorer l’absence des pères, alors que pour mon arrière grand-mère, ce sont les mères qui ne font plus le boulot et qui lui rappellent Gribouille qui se jette à l’eau pour éviter la pluie.
Les femmes ont fort à faire pourtant :
L’éducation physique, l’éducation psychologique, l’éducation morale, l’éducation sentimentale, l’éducation sociale, l’éducation civique, l’éducation religieuse de leurs enfants avant qu’ils ne mettent un pied devant l’autre dans le monde politique… dans l’arène du sexe, du pouvoir et de l’argent.
Je suis peut être du même avis, je dirai comme elle que les femmes sont libres de faire ce qu’elles veulent de leur vie... mais les mères ne le sont pas, car elles savent ce qu’elles doivent faire de leurs vies : un hors-d’œuvre, une œuvre, un chef d’œuvre pour l’avenir.
It’s not easy, plus le droit à la fantaisie, en Tunisie tous les canards boiteux n’ont plus le droit d’utiliser la canne à Ibliss pour se voir ou se mouvoir dans l’espace public.
La loi c’est la loi… plus de passe-droit.
Trois individus viennent d’être condamnés à 30 ans de réclusion pour avoir consommé du cannabis… c’est terrible comme décision de justice…
On a du mal à approuver, du mal à désapprouver parce qu’on ne sait pas, on ne sait plus si c’est la justice qui est aveugle ou ce sont les justiciables…
Erreur ou horreur de Justice ?
On ne doit pas discuter une décision de justice… mais alors de quoi va-t-on discuter ?
De l’indiscutable bien sûr, car il n’y a pas meilleur, ni pire sujet de discussion… n’est-ce pas ?
30 ans de prison pour avoir fumé un joint : ça ne se discute pas… ça percute et ça se répercute un peu partout dans les pays des droits de l’homme qui n’ont pas envie de voir ce pays s’appauvrir en décourageant tous les touristes et en encourageant tous les fumistes, à brûler les frontières pour demander l’asile à une justice moins avide de Justice...
Justice pour tous même si c’est dur pour une drogue si douce… c’est le diable qui a le bon Dieu aux trousses… dictature sanitaire ou justice salutaire ?
C’est en tout état de cause une arme de dissuasion persuasive comme un petit avant goût de la sanction suprême : on prend le maximum pour un écart minimum.
Un coup de frein pour ceux qui ne font rien d‘autre qu’enfreindre la loi, qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi… la loi c’est la loi… un parfum de charia pour vous dissuader d’emprunter des chemins de travers, la voie, c’est la voie… 30 ans de réclusion pour tous ceux qui sont tenté de chanter : cassez la voix !
Sidi Bou est vent debout, il n’a plus le droit de siroter son thé à la menthe en grillant du chanvre dans sa chicha. Carthage préfère la dèche à la prêche d’Amsterdam ou de Marrakech.
C’est désormais interdit de pêcher.
Interdiction de la pêche… Kifech ? Comment ?
Pas la peine de multiplier là-dessus vos dépêches, la Tunisie n’a aucune réponse à la question : Allech ? Pourquoi ?
Le Jasmin on sait pourquoi il fleurit parce que c’est la fleur du bien, aucun lien avec les Fleurs du mal.
C’est stupéfiant comme jugement mais ça ne va sans doute pas s’arrêter aux stupéfiants :
Ça peut aller plus loin, beaucoup plus loin :
30 ans de prison pour un verre de vin. Sakara en tunisien
30 ans de prison pour un pot de vin. Rachoua en tunisien.
30 ans de prison pour avoir écrit que « tout est vain ». Nakra en tunisien.
À l’heure où l’on fait semblant de traiter de l’intraitable séparatisme islamique en visant les uns pour atteindre les autres… on m’a soumis cette question : Quelle différence faites-vous entre : L’utopie islamique et l’utopie écologique ?
Qu’est-ce qu’une utopie ? C’est du grec, pour désigner ce qui est sans lieu… autrement dit tout projet qui ne tient pas compte de la réalité, tout projet irréalisable… On se souvient de la cité utopique de Thomas More qui comme toute chimère, nous laisse un petit arrière-goût amer. Il paraît que l’utopie est fondamentalement politique. Elle a toujours mis en rapport le réel avec l’idéal.
L’utopie dite écologique voudrait nous rendre la vie viable. Et l’utopie dite islamique voudrait nous rendre l’âme fiable. On a beau se dire que dans les deux cas de figures, cela relève du rêve, on ne peut s’empêcher de vouloir les réaliser. Cela nous motive ou nous sert de motif, nous mobilise ou nous sert de mobile. Que vive l’utopie pour que les hommes vivent mieux et dans le meilleur des mondes possibles. Et pourtant, nous sommes très divisés sur le sujet qui est, le moins qu’on puisse dire, de plus en plus controversé. En premier parce que nous disposons de deux visions de l’écologie qui justifient quelque part nos divisions : - Petit a : Nous avons une vision vitaliste de l’écologie qui estime qu’aucune valeur n’est supérieure à la vie donc pour l’homme tout n’est pas permis puisqu’il n’est qu’un vivant parmi d’autres : morpions ou scorpions. - Petit b : Nous avons une vision humaniste de l’écologie qui estime qu’aucune valeur n’est supérieure à l’homme et pour son bonheur sur terre tout est désormais permis comme éliminer un morpion ou exterminer un scorpion. Question : qu’y a-t-il d’utopique dans ces deux visions apparemment divergentes ? C’est précisément parce qu’elles ne sont divergentes qu’en apparence, que l’écologie demeure utopique et ses fins irréalisables… parce qu’on n’a pas encore réalisé que ce n’est pas l’homme, le sens de la terre mais que sans l’homme, la terre n’a plus de sens… Pour être plus clair, les deux visions se surestiment et tantôt c’est l’une qui prend l’ascendant et tantôt c’est l’autre… mais aucune des deux visions n’est transcendante… ou n’atteint quelque transcendance.
Cela nous conduit directement au cœur de l’utopie islamique qui a aussi deux sens : - Petit a : Un sens éthique de l’islam qui stipule qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et quand on y croit, on le retrouve en tout lieu. Point d’utopie mais un répit pour l’âme purifiée ou aspirant à la pureté. - Petit b : Un sens politique de l’islam qui stipule qu’aucune loi ne peut être supérieure à la Foi. Ce n’est pas la parole de l’homme mais la parole de Dieu qui fait Foi… nous dit celui que l’on stigmatise avec le sobriquet d’«islamiste»… et qui ne se contente pas de purifier son âme mais aspire à purifier toutes les âmes.
Deux utopies donc qui ne sont au fond guère utopiques ! Mais plutôt thérapeutiques : les deux cherchent à nous ôter toute envie de dominer en nous donnant envie de dominer notre envie.
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