Et après ?
Une fois le principe de l’autodétermination admis, la voie était ouverte pour un référendum favorable à l’indépendance algérienne. Malgré les aides financières et alimentaires, le retour à la situation antérieure était au-dessus des capacités des populations concernées. La volonté de la nouvelle administration qui s’est mise en place progressivement à partir du mois de juillet 1962 n’y a rien changé. La reprise en mains de leurs moyens de production par les regroupés nécessitait des conditions matérielles et psychologiques qui à l’époque, ne semblaient pas être à leur portée. Tous les témoignages de regroupés, sans exception, font état de directives leur enjoignant de retourner sur leur lieu de résidence antérieure par les responsables locaux du FLN et des moudjahidin. Une aide alimentaire (distribution des aides américaines et cubaines) et parfois financière a été octroyée, pendant plusieurs mois, dans la perspective d’une probable récolte agricole qui assurerait l’autonomie relative de cette population de petits exploitants agricoles.
2Cependant, ces regroupements ont profondément bouleversé leur façon de concevoir la vie et l’avenir. La scolarisation des enfants, l’accès aux soins médicaux même rudimentaires, la proximité des voies de communication, parfois pour certains la possibilité d’occuper les logements plus confortables (disposant d’électricité et d’eau courante) abandonnés par leurs anciens occupants rapatriés/expatriés vers la France, ont vite fait de convaincre la majorité des regroupés de retourner dans les camps ou agglomérations proches de ces camps (Novi, Cherchell, Villebourg).
3Les plus déterminés à se réapproprier leur ancienne vie ont, devant les énormes difficultés, finalement progressivement abandonné les habitations des montagnes, parfois même après les avoir restaurées. Certains ont maintenu un lien avec la production agricole sur leur terroir en retournant quotidiennement, régulièrement ou sporadiquement sur la propriété familiale.
I. L’après-guerre, espoirs et désillusions
1. La signature des accords d’Évian
La guerre a été l’unique raison qui a poussé au déplacement des populations rurales et à leur regroupement dans des camps sous contrôle des autorités militaires de la région. La question de l’éventualité du retour des personnes regroupées dans les CRP sur leurs parcelles et leur habitation initiale est abordée par les militaires français dès que les perspectives de la fin de la guerre se dessinent. Les craintes que le cessez-le-feu ne produise une « dislocation » des CRP et un retour anarchique s’estompent très vite1.
5La guerre entre la République française et les groupes armés luttant pour l’indépendance de l’Algérie (« Les forces combattantes du FLN ») prend fin au cours du premier trimestre de l’année 1962. Les pourparlers engagés à Évian avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) aboutissent à un accord de cessez-le-feu pour le 19 mars 1962 à 12 h 00 et à l’organisation d’un référendum d’autodétermination dont le seul choix sera indépendance associée à la France ou sécession. Il fait suite à celui du 8 janvier 1961 organisé en métropole qui reconnaît le droit aux Algériens de « choisir, par voie d’une consultation au suffrage direct universel, leur destin politique par rapport à la République française ».
6Les accords d’Évian2 mettent fin aux opérations militaires et définissent dans le moindre détail les processus qui doivent mener à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie et les conditions concrètes de la mise en œuvre des dispositions retenues par les « belligérants ». Ils mentionnent dans leur chapitre premier alinéa (L) que « les personnes regroupées pourront rejoindre leur lieu de résidence habituel. L’Exécutif provisoire prendra les premières mesures sociales, économiques et autres destinées à assurer le retour de ces populations à une vie normale ».
7L’information sur les accords de cessez-le-feu parvient aux regroupés à partir de différentes sources. Les uns par le biais de l’armée française :
Le 19 mars, un avion militaire lâchait des tracts informant du cessez-le-feu (A. D.).
8D’autres par les combattants algériens :
Un beau jour, alors que j’étais au bistrot du camp, les moudjahidin étaient venus sans se dissimuler. Les femmes avaient commencé alors à pousser des youyous. C’était le jour du cessez-le-feu. Ils nous avaient rassemblés. L’armée française était encore présente. Les maquisards qui nous avaient réunis sont : L. H., un nommé A., […] Ils sont décédés […]. Ils nous avaient dit : « N’ayez plus de crainte, c’est le cessez-le-feu. Nous sommes avec vous ». C’était chaleureux. Nous nous embrassions, nous étions complètement désintéressés, nous étions unis. Les positions étaient bien claires, ceux qui avaient pris le parti des moudjahidin et ceux qui avaient pris le parti des Français (M. A.).
2. Un retour impossible ?
9Les populations rurales sont progressivement prises en charge par les responsables locaux du FLN, sortis de la clandestinité à la faveur du cessez-le-feu. Les différents témoignages sont unanimes sur les injonctions de quitter les camps et de rejoindre les zones montagneuses d’origine. Elles émanent des membres de l’ALN soit fraîchement descendus des montagnes soit sortis de la clandestinité, pour les membres du FLN qui étaient actifs dans les camps et centres urbains.
Après le cessez-le-feu, ils [les moudjahidin] nous avaient forcés à revenir au bled (M. M.).
10Cependant, la plupart des témoins affirment avoir rejoint leur douar d’origine au lendemain de l’indépendance :
Juste avec l’avènement de l’indépendance, les moudjahidin nous avaient dit de retourner à nos hameaux respectifs. Nous avions porté de nouveau tous nos moyens et nous étions revenus à Koob Oudjaâout (H. K.).
Après l’indépendance, les moudjahidin nous avaient demandé de retourner au Douar […] nous étions revenus (F. H.).
Juste après le cessez-le-feu, ma famille s’était déplacée à Fouka […] avec l’indépendance, ma famille était revenue directement au douar (M. M.).
11Parmi les témoins, certains ne prévoyant plus l’éventualité du retour sur leur parcelle dans la montagne, avaient déjà réorganisé leur vie et sont heurtés à des mesures autoritaires :
Moi, j’avais mon poste de travail, et j’étais obligé de revenir au douar. J’avais dit au chef des moudjahidin : « Vous m’obligez à revenir au douar. Et mon poste de travail, je risque d’être renvoyé ». Il m’avait rétorqué : « Qu’est-ce que c’est ce travail ? C’est nous qui dirigeons le pays. ». Il m’avait induit en erreur. J’ai vécu une grande misère (lors de ce retour au bled). Une pierre pleure de mes malheurs (de cette époque de retour) (A. D.).
12En effet, certaines de ces directives ne tenaient pas compte des conditions concrètes résultant des années de guerre et des changements profonds qui s’étaient opérés, comme le rapportent certains témoins. Il leur a parfois été demandé de renoncer à l’habitat dispersé et en leur imposant une localisation dans une installation différente de celle d’origine.
Après l’indépendance, notre famille était revenue au bled. Nous y étions restés trois mois. Mon père n’avait pas voulu revenir au douar, il était dans l’incapacité de bouger. Mon père avait visité le hameau lors de notre retour, puis il était aussitôt revenu à Messelmoun. Hormis mon père, toute ma petite famille était revenue au douar à cette époque. Le lieu où nous étions installés se nomme El Hamoulte, il fait partie des terres des Amrouche et Abidat. Mais ce n’est pas le lieu où nous habitions auparavant. C’est les moudjahidin qui nous avaient ordonné d’y habiter, nous étions regroupés avec d’autres familles. D’autres ont été regroupés à Taghzout, d’autres à Loudha-Edjellid (café de Hayouna) et d’autres au café de Mesker et un petit nombre était regroupé à Sidi Ahmed Aklouche. Il nous était possible de retourner sur nos terres et d’y effectuer tout genre de travaux que nous voulions. Mais pour la construction de nos habitations, nous devions nous conformer aux injonctions des moudjahidin (A. M.).
13Une certaine résignation régnait et les témoignages n’expriment aucun enthousiasme à la perspective du retour :
À l’indépendance, après quelques hésitations, ma petite famille avait décidé de revenir au bled. Nous étions installés au lieu-dit El Kolla, pas trop loin de oued Sebt. Ce n’était pas notre ancien lieu de résidence. Nous étions regroupés avec des Mokhtari, des Seddaoui, des Klouchis […] d’autres familles étaient regroupées à Timâarthine, près de Klaoucha. Des familles étaient revenues à leurs anciens lieux de résidence. Nos terres de Bouhaya se situaient près de Amarcha et nous nous sommes retrouvés à El Kolla, une distance importante les sépare (8 à 10 kilomètres). (M. M.).
14Il ne semble pas qu’il n’y ait eu que l’usage de mesures autoritaires, des mesures incitatives semblent avoir été prises, peut-être localement, comme suggéré par certains témoignages :
Une fois l’indépendance acquise, les moudjahidin étaient venus au camp nous demandant de revenir au Douar […] ils nous donnaient 500 francs par ménage […] on s’était installé au niveau d’une crête nommée Roudh Al Djellid en face de Hayouna (D. M.).
15Et en orientant parfois les regroupés (futurs dégroupés/regroupés) vers de nouveaux sites résidentiels différents des douars d’origine :
À l’aube de l’indépendance, les officiers de l’ALN nous avaient indiqué que nous devrions rejoindre nos anciennes demeures au Douar […] pour chaque ménage retournant, ils donnaient 500 francs [...] des familles s’étaient installées à Timâarthine et l’ALN leur avait dit de construire leurs gîtes […] c’étaient des terres privées […] c’était l’ALN qui avait donné l’ordre de quitter le camp […] (M. M.).
16Certains ne jugèrent pas nécessaire de répondre positivement aux injonctions autoritaires ou incitatives de retour au douar d’origine :
À l’indépendance, il y avait des familles qui étaient revenues au douar, comme la nôtre. D’autres, plus malignes, sont restées sur les lieux à Fontaine-du-Génie avec les moudjahidin. Ils [les moudjahidin] nous avaient dupés. Nous avions emmené avec nous nos tuiles, nos bois [d’habitat] et tous nos moyens jusqu’au douar. Durant la guerre, les militaires français nous avaient déplacés vers le camp sur des camions GMC. À l’indépendance, nous avions emmené nos propres moyens sur nos dos, nous n’avions reçu aucune aide lors du retour. La distance entre le camp et le nouveau lieu d’installation est de 5 kilomètres (G. M.).
17D’autres regroupés optèrent pour la migration vers les agglomérations où les opportunités d’emplois existaient :
À l’indépendance, une bonne partie des familles était restée à Irouis. Las de leur précarité, elles étaient retournées à leurs hameaux, parvenant à survivre à la faveur des aides alimentaires qu’envoyaient des États [États-Unis] à l’Algérie nouvellement indépendante. Les gens avaient mis du temps avant de revenir. Des regroupés bien éclairés, s’étaient dirigés vers les villes. En ce qui me concerne, je me suis déplacé à Bou Ismaïl [l’ancienne Castiglione]. J’avais bénéficié d’une maison de grand standing. Je n’y étais demeuré que trois ans, puis je suis retourné au douar, à cause du chômage (M. A.).
18Ceux qui ont accepté de quitter les camps de regroupement et de retourner dans leur montagne ont reçu une aide financière et alimentaire pour assurer leur subsistance, notamment pour leur consommation quotidienne. L’aide alimentaire se résumait à la distribution des denrées fournies par les États-Unis et par Cuba dans le cadre de l’action humanitaire ou par solidarité avec le peuple algérien.
À l’indépendance, le camp s’était vidé […] des familles s’étaient déplacés vers l’est (Bou Ismail, Fouka…) pour y résider […] la grande majorité était retournée au bled […] nous, on était revenus à Hayouna […] nous y sommes restés presque 2 ans […] on ne vivait que grâce aux aides des autorités […] on n’a pas pu subsister […] il n’y avait pas d’école pour les enfants […] on n’était pas scolarisé (M. S.).
19Le témoignage de A. D. est plus complet sur ces questions, car il est âgé de 23 ans à l’époque :
Après l’indépendance, les responsables de l’ALN avaient affirmé que le ménage qui voulait revenir au bled aurait 500 francs. À l’époque, 500 francs c’était de l’argent. Ils avaient voulu que le bled ne soit pas dégarni de sa population. Si nous avions opté pour cette politique de retour au douar, nos hameaux ne se seraient pas vidés [de leur population]. Ceux qui voulaient y retourner s’inscrivaient auprès des moudjahidin et prenaient les 500 francs. Ma famille avait pris les 500 francs et était retournée à Mesker. Nous étions revenus au douar, nous avions installé des gourbis de diss. Nous nous sommes installés au bled. Au début, ils [les autorités responsables] nous apportaient des denrées, de l’aide cubaine, de la farine cubaine, du blé cubain, de la margarine cubaine, du sucre noir cubain. Ils nous assistaient. Ils nous avaient aidés durant une année. À notre retour au djebel, ils [les responsables de l’ALN] nous avaient dit de nous regrouper, de ne pas revenir à nos hameaux d’origine, ils nous avaient dit de ne pas nous disperser. […] Une année durant, ils [les autorités responsables] nous servaient des aides alimentaires. Mais, cette aide avait pris fin, en fin de compte. Aucun soutien de denrées ne nous parvenait alors. Sans cette aide, nous étions en pleine perdition. Nous n’avions plus de quoi manger. Notre situation était devenue lamentable. Nous n’avions pas d’argent et il n’y avait pas de travail. Chacun se débrouillait à sa manière. Celui-là, était la journée durant, à la recherche de ruches libres d’abeilles, afin d’en récolter le miel pour le vendre. Celui-ci, à l’époque du mûrissement des fruits, il en récoltait, pour les vendre aux marchés des villes. Nous étions déboussolés.
3. Déceptions et résignations
20Au sortir de la guerre, une dure réalité attendait les anciens regroupés. Les habitations avaient été en général détruites, il fallait rebâtir avec les moyens du bord, il n’y avait plus de cheptel d’appoint et les semences étaient inexistantes. Après quatre années d’absence, ils devaient à la fois reconstruire leurs habitations, récupérer le matériel agricole nécessaire à leur activité, acheter ou emprunter les semences nécessaires aux cultures, reconstituer leur cheptel. L’absence de ce dernier rendait difficile la soudure entre les périodes de récolte, d’autant plus que n’ayant pas travaillé leur parcelle depuis leur déplacement pour un grand nombre d’entre eux, il n’y avait pas de récolte à en attendre. Et les regroupés qui sont retournés sur leurs parcelles sont livrés à eux-mêmes. Les nouvelles autorités, notamment dans les premiers mois qui ont suivi l’indépendance du pays, n’ont pas de politique adaptée à leur situation (aide à l’habitat rural, désenclavement des régions montagneuses, dotation en moyens de production).
21Apparemment, il n’y a eu aucune trace de réparation des préjudices subis. Si réparation il y a eu, les documents disponibles n’en font pas état concrètement. Les paysans les plus déterminés à reprendre leurs activités agricoles ont dû au bout de quelques mois se rendre à l’évidence de leur incapacité à faire face aux exigences du monde rural, en l’absence d’une aide appropriée à leur situation concrète et non plus seulement réduite à une aide de subsistance.
22Les conditions économiques et sociales de la région ont en effet été profondément transformées par la guerre, de même que le niveau d’exigence des regroupés. En outre, le séjour dans les camps a ouvert des possibilités plus grandes de scolarisation des enfants, d’un accès aux soins médicaux et a assuré une proximité des axes de communication, favorisant une plus grande mobilité des individus et une recherche de possibilité d’emplois plus rémunérateurs que leur activité agricole dans les montagnes.
23Enfin et ce n’est pas la moindre des choses, la mentalité de ces paysans qui, à l’instar de leurs aïeux, ne comptaient que sur eux-mêmes pour vivre, s’était transformée. La dépendance créée par leur déplacement dans les camps a provoqué une attente vis-à-vis des autorités qui s’est prolongée au lendemain de la guerre. De nombreux officiers de l’armée française s’étaient plaints (de façon étonnante, puisque les paysans n’avaient pas demandé leur délocalisation) de l’esprit d’assistance qui s’instaurait dans la population3. Le nouvel État n’était pas à même de faire face aux multiples difficultés auxquelles il était confronté. Se posait également la question de la réparation des préjudices subis par les regroupés, ainsi que d’éventuelles indemnisations versées par le gouvernement français au gouvernement algérien et de son usage par les gouvernements algériens.
24Les matériaux que nous avons consultés ne nous ont pas permis de répondre à ces questions. Seuls les entretiens menés semblent indiquer que certaines réparations ont été attribuées, sans que le montant précis, ni l’origine ne soient vraiment connus. Cependant, parmi les témoins, certains déclarent avoir reçu 500 francs, voire 10 000 francs sans préciser s’il s’agissait d’anciens ou de nouveaux francs4. En revanche, il est difficile de juger de l’importance que représentent alors de telles sommes, et rien ne dit d’où elles proviennent : font-elles partie des réparations dont parlent les accords d’Évian ou s’agit-il d’une contribution du nouvel État fournie à partir des moyens financiers disponibles localement ?
II. La difficile réinsertion des regroupés
25En majorité, parfois sans grande conviction, les regroupés avaient d’abord suivi les consignes de quitter les centres de regroupement et de retourner dans leur douar en montagne. Puis progressivement, selon les témoignages que nous avons recueillis, ils ont quitté leur dechera de naissance pour retourner soit aux centres de regroupement, soit dans les agglomérations situées plus à l’est de la ville de Cherchell ; certains au bout de quelques semaines, d’autres après plusieurs mois.
Nous avions constaté que cette voie ne pouvait mener nulle part. Chacun se débrouillait à sa manière. Moi, je me suis débrouillé à ma manière. J’ai discuté avec un ami, se nommant Mohammed. Je lui avais dit : « Ce train de vie va nous mener droit au mur. Nous avons laissé nos habitations [au camp] et nous sommes venus ici où il n’y a aucune perspective, pas de travail et pas de moyens. Moi, je vais revenir [au camp] ». Après une année au bled, j’étais revenu au camp. Vers l’été 1963, j’étais revenu à Messelmoun et je demeure aujourd’hui à Messelmoun. Mon ami Mohammed n’a pas tardé à me rejoindre. D’autres familles avaient continué par la suite à affluer vers le camp de Messelmoun. Après quelque temps seulement, Iâarbayène s’était complètement vidé de sa population (D. A.).
26En effet, les dures réalités des conditions de leur réinsertion se sont vite imposées. Ce mouvement n’est pas propre à la région de Cherchell. En étudiant l’espace constitué par les plaines d’Alger, Georges Mutin arrive aux mêmes conclusions : « Après l’indépendance, la paix revenue, le mouvement de remontée n’a été que de faible ampleur et la montagne est maintenant beaucoup moins peuplée qu’autrefois […]. Autrefois, les montagnes du Tell étaient subordonnées à l’économie coloniale de la plaine. Elles constituaient notamment des réservoirs de main-d’œuvre pour les exploitations agricoles. L’économie coloniale ne pouvait s’expliquer sans l’exploitation de milliers de travailleurs […] Avec l’Indépendance, les mouvements ont perdu beaucoup de leur importance. Les mouvements migratoires et notamment la descente des montagnards vers la plaine ont contribué à fixer en plaine un grand nombre de travailleurs agricoles » (Mutin, 1977).
27Malgré tout, certaines familles ont courageusement affronté les difficultés de la réintégration dans leur douar d’origine. Un responsable de l’ONM (organisation des anciens moudjahidin), Azibi Ali, résume la situation ainsi :
Contre vents et marrées, quelques familles étaient restées quand même au douar […] à Souahlia, leur nombre était significatif, 50 % s’y étaient établis. Les terres sont bonnes, les conditions de reprise d’activités agricoles étaient plus ou moins favorables [...] Messelmoun n’est distante de Souahlia que de 5 à 7 kilomètres […]. À Hayouna, c’était plus difficile […] pratiquement toutes les familles avaient quitté le douar vers Messelmoun, seulement trois familles étaient restées jusqu’à la décennie noire des années 1990 : M., A. et B. […] leurs enfants n’étaient pas scolarisés, car il n’y avait pas d’école à proximité […] à Mesker, même situation, quatre à cinq familles étaient restées sur place jusqu’à la décennie noire des années 19905.
28Parmi les enquêtés, certains sont retournés sur les parcelles familiales et ont conservé le travail agricole comme activité principale.. Ils ont reconstruit leur habitation, remis en activité leur outil de production, reconstitué leur cheptel, comme si ironie du sort, l’histoire les rattrapait. Une trentaine d’années plus tard, les groupes armés islamistes obligeront ces récalcitrants à un nouvel exode.
29Cet ouvrier agricole qui travaille dans les fermes relevant du secteur public et coopératif résume le plus fidèlement ce second drame vécu par les plus tenaces de la paysannerie algérienne :
Les terres du douar Bouhlal avaient commencé à connaître une certaine vivacité à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Mon frère aîné était resté au bled, continuant à pratiquer l’agriculture, jusqu’aux années noires de la décennie 1990. Il y avait aussi deux autres voisins qui s’activaient dans le même hameau. Dans d’autres mechtas du douar, des gens tenaient à cultiver leurs terres. Mais la propagation de l’insécurité allait réengendrer un exode rural général. Mon frère s’était installé chez son fils à Sidi Ghiles où il a décédé (A. A.).
30Un autre témoin, dont la famille avait repris, en 1967, l’activité agricole sur les parcelles qu’elles occupaient avant les CRP a connu un sort équivalent :
J’ai passé une année à Fouka, puis je suis revenu en 1996 à Bouzerou, quand l’État a repris l’initiative. Nous nous sommes engagés avec lui (B. B.).
31D’autres victimes de cette période d’insécurité (1990-2000) ne bénéficiant pas d’un soutien familial ont, selon B. A., reproduit ce qu’ils avaient vu enfant pendant la guerre d’Algérie :
Toute cette aire était jonchée de gourbis. C’est le même décor qui ressurgit aujourd’hui. C’est plein de huttes. C’est la même configuration que durant l’époque de la guerre. Ce sont des familles qui se sont sauvées des zones rurales pour protéger leur peau des dangers du terrorisme. Leur nombre peut bien atteindre 250. Ainsi entassées, cela ressemble aux années de la guerre. Ce sont des gens qui avaient quitté leur hameau en 1994. Ils sont issus de Sidi Semiane, Bouhessayène, Handla, Iâallallène.
32Certains ont travaillé leurs terres tout en continuant d’habiter dans l’ancien centre de regroupement de Messelmoun comme G. M. (né en 1928) qui a bénéficié de l’aide des autorités pour de nouvelles plantations d’arbres fruitiers et d’un crédit bancaire pour l’acquisition d’un tracteur :
Avec l’avènement de l’indépendance, il y avait ceux qui étaient revenus au douar. D’autres n’étaient pas revenus au douar. Moi, je n’étais pas retourné au douar. Juste après l’indépendance, j’avais construit un logis à Klaoucha. Je ne l’avais même pas habité. Des moudjahidin m’avaient dit de m’installer à Messelmoun. J’avais occupé une maison, de celles que nous avions construites pour les harkis. Juste après l’indépendance, nous sommes revenus au bled pour travailler la terre. Mais, nous revenions le soir même à Messelmoun où nous passions la nuit. De Halamounathir à Messelmoun, il y a 10 kilomètres. Bien après l’indépendance, nous avions bénéficié des pieds de vigne de la part des autorités publiques, que nous avions plantés. Nous avions acheté et planté des citronniers, des néfliers et des orangers. Nous prenions soin de nos arbres, mais nous habitions toujours à Messelmoun.
33Il en est de même de B. M. qui réside à Tazrout non loin de la mechta Bouâarbi où il vivait et qui a continué avec ses enfants à exploiter partiellement les terres agricoles qu’ils possédaient, mais le travail agricole sur les terres familiales n’était plus leur principale activité. B. M. est devenu maçon à partir de 1970 alors que ses enfants, ouvriers agricoles, étaient journaliers sur les terres d’autres propriétaires fonciers. B. B. a, quant à lui, combiné le commerce avec le travail agricole. B. A. est dans un cas similaire, combinant une activité principale dans le secteur public et une activité secondaire dans l’agriculture :
J’habite actuellement à Sidi Ghiles [ancien camp de Novi]. Mes enfants gardent un pied dans la mechta, s’occupant de nos poulaillers. Les terres de Handla ne sont pas laissées en friche. À partir de Sidi Ghiles, une ligne de transport dessert quotidiennement Handla, sur une longueur de 6 kilomètres. Les gens travaillent leurs parcelles durant la journée et retournent à Novi vers l’approche du crépuscule.
34D’autres ont travaillé dans l’agriculture comme ouvriers agricoles sur les anciennes terres appartenant aux colons. M. M. (né en 1936) a par exemple connu, en tant qu’ouvrier agricole, les différentes formes de gestion des fermes nationalisées au lendemain de l’indépendance, de l’autogestion du président Ben Bella à la coopérative de production (CAPRA) du président Houari Boumediene6. A. M. a travaillé dans les domaines autogérés jusqu’en 1967, puis il s’est engagé dans l’armée. Aujourd’hui retraité, il s’est remis avec son frère au travail agricole sur les terres familiales. D. D. a été ouvrier agricole dans le domaine autogéré de Messelmoun (ancienne ferme Sitges) ; après des expériences infructueuses dans le commerce informel, il a finalement ouvert un salon de coiffure en 1972, activité qu’il a pratiquée jusqu’à sa retraite en 2001. M. M. a été ouvrier agricole jusqu’en 1976 dans un domaine autogéré puis a changé de secteur d’activité.
35Aucune des personnes ayant participé à l’enquête n’a cité dans son entretien le grand bouleversement des campagnes provoqué par la révolution agraire (1971-1978). Les nationalisations, les coopératives agricoles, les nouveaux villages (appelés socialistes), la présence des étudiants et des jeunes dans les campagnes ne semblent pas faire partie ni de la mémoire individuelle ni de la mémoire collective de cette région montagneuse. Ils semblent avoir été à l’écart de ce mouvement de transformation des conditions de vie et de travail dans les campagnes. C’est probablement l’échec de cette tentative qui a créé chez eux une certaine amnésie.
III. Une rupture définitive avec le monde d’avant
1. La volonté de tourner la page
36Dès l’indépendance, un certain nombre de regroupés ont considéré que leur survie et celle de leurs familles ne relevaient plus de l’activité agricole telle qu’elle était pratiquée avant les CRP. Analphabètes ou n’ayant connu que l’école coranique, sans formation professionnelle autre que celle acquise sur le tas dans l’exploitation familiale, ils se sont dirigés spontanément vers les emplois agricoles dans les exploitations mieux loties des plaines littorales puis, rapidement, ont accédé aux emplois offerts par les chantiers de construction. Omar Bessaoud affirme que les « assises paysannes de la société rurale algérienne ont été ruinées » par le processus de modernisation agricole initié en Algérie durant la période coloniale (Bessaoud, 2013). Les CRP ont ruiné les îlots de résistance de la paysannerie à ce type de modernisation qui ne tenait aucunement compte des intérêts fondamentaux des légitimes propriétaires du terroir agricole.
37La trajectoire d’un des témoins est celle qui caractérise le mieux cette fraction de population :
Je commençais alors à travailler en tant qu’ouvrier agricole dans un domaine autogéré. En 1976, j’avais quitté l’agriculture pour travailler dans la construction, au sein de la DNC, entreprise nationale de construction. Après la mise en faillite de cette dernière et durant deux à trois ans, j’ai été embauché en tant qu’ouvrier agricole. En 1994, j’ai été recruté par l’APC de Messelmoun comme gardien d’édifices publics de la commune (M. M.).
38D’autres témoins (K. A. et A. D.) ont suivi une trajectoire à peu près semblable après un bref passage dans les domaines autogérés (Teillac, 1965 ; Isnard, 1968) : exploitations agricoles du secteur public édifiées sur les propriétés d’anciens colons européens (environ 2 millions d’hectares sur les 8 millions de surface agricole utile) sont devenus maçons et ont travaillé dans le bâtiment. Le passage d’ouvriers agricoles du secteur public à celui de travailleurs hors agriculture a d’ailleurs été bien décrit par Georges Mutin dans son article sur les changements qui se sont opérés dans la plaine algéroise au lendemain de l’indépendance : « Depuis quelques années, les travailleurs permanents des domaines autogérés abandonnent de plus en plus nombreux le travail de la terre. Le phénomène a pris naissance à partir des années 1968-69. Le passage de la terre à l’usine ne s’effectue d’ailleurs pas de façon directe. Assez souvent, il est précédé par une étape intermédiaire : celle du chantier de construction » (Mutin, 1977, p. 22).
39La trajectoire professionnelle qui consiste à passer d’un travail saisonnier dans des exploitations domestiques vers un travail salarié se solde, en bout de course pour certains, par l’ouverture d’un commerce, parfois relativement tôt,comme pour D. A. (registre du commerce, 1967), après avoir été employé par les services des forêts pour des actions de restauration des sols ou plus tardivement dans le cas de M. A., B. B. et B. M. D’autres ont été recrutés dans les services de la protection civile (K. H.) ou dans l’organisation des anciens combattants (ONM) comme A. A. Parmi les enquêtés ayant résidé dans un CRP, un seul a émigré en France. En revanche, un certain nombre d’entre eux signalent parmi leurs proches (frère ou sœur) des migrations vers la France.
2. La mise à profit des opportunités offertes par les CRP et l’indépendance
40Les centres de regroupement de population gérés par les services d’action spécialisés (SAS) ont, au bout de quelques mois, bénéficié de services auxquels ne pouvaient accéder les populations demeurant précédemment en habitat dispersé dans les régions montagneuses. L’ouverture de classes (tableau 8) a permis la scolarisation d’un certain nombre d’enfants en âge scolaire. Ces enfants dont les parents se sont établis à Messelmoun ou dans les centres proches des agglomérations littorales ont pu, au lendemain de l’indépendance du pays, poursuivre leur scolarité avec plus ou moins de succès selon les individus.
Tableau 8. Bilan de l’enseignement dans la région de Cherchell 1961 par les SAS
41Les enfants dont les parents ont regagné leurs habitations dans les zones montagneuses n’ont pas eu cette opportunité du fait de l’absence d’infrastructure scolaire :
Au bled, il n’y avait pas d’écoles. Ceux qui avaient à cœur de scolariser leurs enfants, devaient les placer chez des proches résidants dans les villes (A. A.).
42Parmi les personnes qui ont consenti à fournir un témoignage, neuf d’entre eux étaient en âge d’être scolarisés selon la loi française de l’époque (instruction obligatoire de 6 à 13 ans). Certains n’ont pas bénéficié de l’opportunité offerte : ni A. M. (né en 1948), CRP de Messelmoun, ni F. K. (née en 1954), CRP de Fontaine-du-Génie n’ont pas été scolarisés pendant leur séjour dans les CRP. D’autres ont été scolarisés mais cette scolarisation a été interrompue. C’est le cas de ce témoin et de ses frères dans le camp de Bouzerou :
L’école a été ouverte vers 1960 dans une bâtisse préfabriquée métallique […] L’école était constituée de deux classes mixtes, regroupant quelques deux cents élèves. L’enseignement était assuré par deux instituteurs français […] Mes deux autres frères avaient aussi suivi les cours de l’école du camp. Nous n’avions pas terminé notre cursus scolaire après l’indépendance (B. B.).
43Il en est de même pour M. M, du. CRP de Messelmoun, né en 1951, dont le cursus scolaire est original dans la mesure où il fut précocement scolarisé à l’école française par un père qui croyait aux vertus de l’instruction, mais qui, à cause de la guerre, dû interrompre cette première opportunité. Il s’est ensuite inscrit à l’école coranique mise en place par les indépendantistes dans des conditions rendues précaires par la guerre. Il fut une nouvelle fois scolarisé dans l’école créée au centre de Messelmoun, mais l’indépendance et le retour familial au douar et à l’activité agricole ont interrompu sa scolarisation. Il est devenu ouvrier du bâtiment puis a été recruté comme gardien d’un édifice public par les services de la commune. Il décrit ainsi son cursus scolaire et ses résultats :
L’école française de Bouâabdelli était fermée avant la fin du premier semestre 1956. J’avais suivi les cours de cette école jusqu’à sa fermeture […] En 1957, j’avais rejoint l’école coranique ouverte par l’ALN. J’avais appris quelques versets du saint Coran, mais je ne sais pas écrire l’arabe. À l’école du camp, j’avais appris beaucoup de choses. Mon problème est qu’après l’indépendance, je n’avais pas pu continuer les études à cause de notre déplacement au douar et pour des considérations familiales […]. En français, je me débrouille mieux, je sais écrire quelques lettres et mots.
44Dans une trajectoire semblable aux précédentes, école coranique puis scolarisation en français dans le centre de Ghardous situé dans les montagnes, K. A. se distingue pour avoir fréquenté, au lendemain de l’indépendance, un centre de formation professionnelle où il a appris le métier de maçon.
45Parmi les personnes qui ont témoigné, quelques-unes ont mis à profit les possibilités, largement ouvertes par l’indépendance, d’accès aux études supérieures, comme S. M. (né en 1952), cadre à la direction de la jeunesse et des sports de la wilaya de Tipaza ou B. M., qui a poursuivi des études d’ingénieur dans l’ex-URSS, et qui a fait carrière dans les services de l’hydraulique. G. M. a, quant à lui, suivi une formation d’instituteur, poste qu’il a occupé jusqu’à l’âge de la retraite.
46Un certain nombre de témoignages citent la réussite scolaire de frères ou d’enfants scolarisés dans le CRP. M. D. confie :
Mes deux enfants L. (né en 1952) et D. (né en 1954) avaient été inscrits à l’école du camp […] deux autres enfants plus âgés, n’avaient pas eu cette possibilité.
47Leur frère loue leur réussite :
Mon frère L. est devenu cardiologue, D. professeur de physique au lycée et A., celui qui était né dans la zone interdite en 1959, est aujourd’hui ingénieur, il est directeur du secteur des travaux publics de la wilaya de Blida.
48Les filles ont rarement bénéficié des mêmes opportunités, les parents ou les frères ont été les principales entraves à la poursuite des études ou à leur scolarisation. Ainsi F. D., dont l’un des fils, né en 1950, a été scolarisé puis est devenu infirmier à l’hôpital de Cherchell, déclare n’avoir pas offert cette possibilité à sa fille née en 1948 :
Je n’avais pas permis la scolarisation de ma fille.
49A. M. a interrompu la scolarisation de ses sœurs après l’indépendance :
Mes sœurs avaient suivi les cours de l’école du camp. À l’indépendance, j’ai décidé d’arrêter leur scolarité.
50Il y eut cependant quelques exceptions montrant que des premiers signes d’évolution des mentalités, en matière de scolarisation des filles (Kateb, 2014), avaient gagné les populations rurales :
Ma sœur A. avait fait l’école du camp et avait continué son cursus après l’indépendance. Elle est mariée et habite avec son époux en France (G. M.).
51La sœur de G. M., née dans le centre de regroupement de Fontaine-du-Génie a été scolarisée puis a effectué un stage de secrétaire de direction, elle occupe le poste de secrétaire de direction au CFPA de Sidi Ghiles (anciennement Novi).
52La loi française sur la scolarisation obligatoire devait s’appliquer dans tous les départements français, notamment dans les trois départements d’outre-méditerranée. Il est évident que tous ces enfants des régions montagneuses n’auraient pas connu un sort différent de celui de leurs parents sans la guerre et ses conséquences. B. M. (né en 1953) résume parfaitement la division du travail selon le cycle de vie pour les personnes de sexe masculin de ces régions montagneuses :
De par mon âge, juste avant l’arrivée des moudjahidin dans la région, je n’étais pas chargé par mes parents de mener le troupeau au champ. Les enfants un peu plus grands que moi s’occupaient des chèvres, ceux qui approchaient les 10 ans ou les dépassaient, s’occupaient des vaches. Les enfants atteignant l’adolescence étaient chargés des labours et des travaux du champ.
53Le déplacement des populations puis l’indépendance ont complètement modifié cette situation. Destinés dans un premier temps à conduire au pâturage les quelques bêtes du cheptel familial puis à prendre la relève de leurs aînés en tant qu’agriculteurs et journaliers dans les fermes des plaines littorales, ces regroupés ont mis à profit la scolarisation offerte dans les CRP pour s’ouvrir des horizons et des trajectoires professionnelles que leurs parents n’osaient même pas espérer.
NOTES
1 1H2032/1, note 04858/IGRP/REG, du 14 avril 1961 destinée aux préfets, aux généraux commandants de zone. M. le délégué général avait dès le 22 mars 1961 demandé à MM. les préfets d’étudier les mesures à prendre pour prévenir des perturbations qui pourraient résulter de la dislocation anarchique de certains regroupements à l’annonce du cessez-le-feu. Ce premier examen de la question ferait ressortir qu’un grand nombre de personnes seraient susceptibles de regagner les lieux de leur ancienne résidence où l’habitat a généralement été détruit en tout ou en partie.
2 Les accords d’Évian sont signés le 18 mars 1962. Le texte est disponible en ligne dans son intégralité :
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/algerie-accords_d'Evian.htm
3 1H2574, 386/IGRP, Alger le 30/11/1960, le général Parlange à M. le délégué général du gouvernement en Algérie : « Sur le plan économique [… ] c’est la ruine totale et les déracinés s’installent avec fatalisme dans la misère mais, nous rendant responsable de leur situation, attendent que nous les fassions vivre totalement ».
4 Les nouveaux francs sont entrés en circulation le 1er janvier 1960.
5 Les Algériens nomment la décennie 1990-2000, la « décennie noire », en relation avec la lutte armée engagée par les membres du Groupe islamique armé (GIA) qui s’en sont pris à la population pour pouvoir contrôler les zones rurales où plusieurs massacres furent perpétrés.
6 Après l’indépendance, les terres abandonnées par les colons furent nationalisées et leur gestion confiée aux travailleurs par le biais de comités de gestion. Au début des années 1970, le gouvernement algérien mit en place une réforme agraire avec pour objectif de regrouper les petits paysans en Coopératives agricoles de production de la révolution (les CAPRA). Mais cette expérience de collectivisation s’est avérée peu concluante et à partir des années 1980, une politique de libéralisation du marché et de privatisation des terres a été engagée.
https://books.openedition.org/ined/17865
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