- «Un cadeau», c’est ainsi que Manuel Rabaté, directeur du Louvre Abu Dhabi, décrit l’arrivée des 150 oeuvres d’art toutes inscrites dans le courant impressionniste
- De Manet à Degas, en passant par Cézanne, Monet, Renoir, Sisley, Caillebotte, Morisot… des trésors sortis de la collection du musée parisien d’Orsay, partenaire de l’exposition aux cotés de France Museums
ABU DHABI: A la veille de son cinquième anniversaire en novembre, le Louvre Abu Dhabi offre aux amoureux de peinture une exposition unique « Impressionnisme : la modernité en mouvements ». Une première dans la région.
«Un cadeau», c’est ainsi que Manuel Rabaté, directeur du Louvre Abu Dhabi, décrit l’arrivée des 150 oeuvres d’art toutes inscrites dans le courant impressionniste.
Pour arriver à ce résultat, il a fallu « une relation forte avec le Musée d’Orsay », confie Manuel Rabaté, dans un entretien accordé à Arab News en français.
« Femmes au jardin » de Claude Monet, « Le Balcon » d'Edouard Manet, « Les Raboteurs » de Caillebotte, ou encore « Les jeunes filles au piano" de Renoir sont des œuvres reproduites dans tous les livres d’histoire de la peinture occidentale du XIXe siècle. « Les plus belles œuvres impressionnistes qui n’ont jamais voyagé», affirme pour sa part Christophe Leribault, président du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie. « Jamais on n’a prêté autant de chefs-d’œuvre en même temps », confie à Arab News en français l’homme qui détient les clés de l’une des plus importantes collections impressionnistes au monde. Elles dialoguent jusqu’au 5 février 2023 avec celles du musée abu dhabien, dont une récente acquisition: « La Tasse de chocolat » de Pierre-Auguste Renoir, qui est dévoilée pour la première fois aux yeux des visiteurs.
Allant du milieu des années 1850 jusqu’à la fin du 19e siècle, le mouvement impressionniste accompagne et met en lumière l’émergence d’un nouveau monde et les bouleversements sociaux-économiques et technologiques dont il est le témoin. « Il était important pour nous avec les commissaires, de montrer comment les artistes ont introduit cette grande modernité dans la peinture et de proposer un regard renouvelé sur les impressionnistes, en montrant aussi quelques œuvres d’artistes qui les ont précédés, comme Courbet, et qui forment une sorte de contrepoint», ajoute Christophe Leribault.
« Les impressionnistes ont changé drastiquement notre approche à la nature, à la ville. Ils ont vu l’industrialisation et le développement des métropoles, les transformations du marché de l’art », explique Sylvie Patry, conservatrice générale du musée parisien.
Un big-bang conceptuel
Inauguré il y a cinq ans par le président français Emmanuel Macron, le Louvre Abu Dhabi est né d'un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre la France et les Emirats. Cet accord a été d’ailleurs prolongé de dix ans (jusqu'à 2047), lors de la visite du président français en décembre 2021 aux Emirats.
Imaginé comme une sorte de laboratoire pour la matière muséale, c’est aussi le premier musée universel dans la région. « Nous avons mis en orbite un musée exceptionnel et nous avons inventé une nouvelle manière de raconter le musée universel au cœur du monde arabe, au carrefour de l’Asie et de l’Ouest, nous avons reconnecté l’histoire. C’était très fort et je pense qu’il y a eu une sorte de big-bang conceptuel », affirme Manuel Rabaté.
Cette nouvelle façon de raconter l’Histoire partagée de l’humanité à travers l’histoire de l’art se traduit par le partage des œuvres à travers les collaborations avec les établissements étrangers et locaux à l’instar de ceux de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, d’Oman ou encore des autres émirats. Et un besoin de construire une collection qui reflète le caractère unique du musée. Le Louvre Abou Dhabi possède aujourd’hui environ mille objets dans sa collection propre.
Bien que l’accord franco-émirati prévoit les prêts des musées français, ils vont décroître aux fur et à mesure des années. Dans huit ans, « le Louvre Abou Dhabi doit être capable de voler de ses propres ailes », affirme Hervé Barbaret.
En cinq ans d’existence, le musée a enregistré 3 millions de visiteurs, malgré les trois années de Covid. Pour Manuel Rabaté, le premier bilan est positif, même s’il est écorné par la pandémie.
« Nous avons réussi à être résilients. On a fermé le musée pendant cent jours seulement et nous avons réussi à maintenir notre exigence de qualité pour les expositions et les galeries permanentes, et dans les programmations pour le public », se félicite le directeur. « Nous avons joué notre rôle dans les stratégies touristiques et éducatives, nous avons participé au côté « vivre ensemble » des communautés. Maintenant nous sommes en train de reconquérir notre jeune public, celui des écoles. Cela nous manquait et c’était très frustrant car nous avons une mission de transmission. »
Recherche sur la matérialité des œuvres
La Covid-19 a mis en pause plusieurs projets du musée, dont celui de l’Académie Louvre Abu Dhabi avec une offre des formations en histoire de l’art a destination du grand public. Maintenant que la pandémie s’estampe, « nous souhaitons labelliser le fait que l’on est un lieu de formation et d’excellence », affirme le directeur. Ainsi, sous les pieds du visiteur, se sont construits un laboratoire de recherche et un centre de documentation. « Nous menons des projets de recherche sur la matérialité des œuvres et sur les histoires inter-connectées », ajoute Manuel Rabaté. « Nous avons signé plusieurs accords avec les universités pour justement s’interfacer avec le système académique ». Enfin, dans le cadre du transfert des compétences, des jeunes Emiraties et Emiratis sont formés aux métiers de musée tels que conservateur, collection manager ou en médiation.
https://www.arabnews.fr/node/301761/culture
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