Un pays nommé Palestine
où nous aurions pu nous aimer en rêve
un pays d'une beauté légendaire
où coulait le miel du poème
un pays qui chantait le jasmin
et la fleur du citronnier
un pays de bergers et de bédoins
en pèlerinage vers la Jérusalem céleste
Palestine terre féconde de l'olivier
La destruction de Gaza
et l'extermination des palestiniens
signe la mort des "démocraties occidentales"
celle de la France surtout
Pays des Droits Humains
Symbole planétaire des luttes
contre la féodalité et toutes les formes
d'exploitation de l'homme par l'homme
Un mur de la Honte a été construit
Mur de séparation nous explique-t-on
par euphémisme pour ne pas nous effrayer
mais le champs lexical est assez vaste
pour justifier les génocides commis
depuis la Nuit des Temps
Qui pourrait nous interdire alors
de chanter l'hymne à la Paix ?
Que diraient John Lennon
Martin Luther King
Nelson Mandela
et tant d'autres amants
de la vraie humanité
s'ils revenaient parmi nous ?
"Imagine j'ai fait un rêve
un rêve d'amour en terre de Palestine
mais maintenant je vois l'enfer
l'enfer de Gaza l'enfer de Jéricho"
Des blindés comme des titans de métal
écrasant vergers et maisons sur leur passage
des nuées d'avion aux ailes assassines
larguant le feu d'une divinité colérique
sur les villes et les villages sans défense
armements d'une technologie barbare
pour mener une guerre spectaculaires
holocauste - il faut dire les mots -
se déroulant en direct
comme une coupe du monde
de la solution finale
avec ses hooligans et ses robocops programmés
Nul besoin de boulets au pied
les chaînes d'information se chargent
de conduire les esclaves dans les cales
de la pensée unique de l'universelle épopée
c'est comme au supermarché
vous payez quatre cent cadavres
pour le prix d'un seul
Combien de tonnes de bombes larguées sur Gaza
qui a été transformé en une tombe à ciel ouvert?
Entendez-vous les cris les pleurs de damnation
d'un des peuples les plus démuni de la planète?
Excusez-nous Messieurs les Présidents du Monde
si nous pensons encore à la Vie
si nous murmurons le doux nom de Varsovie
Israël à beau jeu de répéter
c'est de la faute aux victimes
qui n'avaient pas à se trouver là
Que n'ont-elles fuit auparavant !
Un pays nommé Israël
Judée Samarie Canaan
Galilée où un jeune rabbi vagabond
du nom de Jésus Christ
guérissait les aveugles
en établissant la lumière parmi les ténèbres
Maintenant nous vous saluons
femmes et hommes de bonne volonté
nous vous saluons dans le sang et les larmes
nous vous saluons dans la poussière des ruines
Shalom sur toutes vos terres
Halav hashalom sur tous les martyrs palestiniens
"Et de Jérusalem l’herbe cache les murs !
Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
Voit de son temple saint les pierres dispersées,
Et du Dieu d’Israël les fêtes sont cessées !" (Jean Racine)
Shaima la miraculée
n'a pas survécu plus de 6 jours
après être sortie du ventre déjà froid
de sa mère morte sous les décombres
après un bombardement meurtrier
qualifié cyniquement de "frappe ciblée"
par les experts des assassinats de masse
Mais Israël a tué un prophète
Shalom sur toi Gaza
Maintenant nous vous maudissons
fous furieux qui usurpez la force
Vous le peuple élu à qui nous les Gentils Vertueux
"demandons compte de toutes vos fautes"
envers les innocents sacrifiés
à votre frénétique identité
de gens à la veste pourpre.
Souvenez-vous de l'Alliance
et du voyage d'exil dans l'obscurité.
Souvenez-vous des ghettos Yiddish
et des galettes de pain au zaatar
partagé avec les poètes palestiniens.
Shalom Salaam sur la Rose des Vents,
de Babi-Yar à Odessa
de Guernica à Deir Yassim
de Saïgon à Phnom Penh
de Chabra à Chatila
de Wounded Knee jusqu'à aujourd'hui.
.
*"My Palestine is that of poets. I have broken bread at a table with Mahmoud Darwich before his exile. I played in the yard of Emile Habibi and was nourished by the love of Toufik Zaiad. I have touched the face of Samih al-Qasem and have recited poetry with the living poets of the Galilee in the Galilee.
These are poets of Palestine. They are some of the most important poets of Palestine. In a normal world they would also be the poets of Israel, for they too are as I am Israeli. But for now they are my poets, they are the poets of the refugees, they are my story, and they are Palestine’s story." Simone Daud
ANDRE CHENET
Oeuvre Léon COGNIET (Paris, 1794 - Paris, 1880)
Scène du massacre des Innocents
DOMINIQUE DE VILLEPIN - PROPOS SUR ISRAËL
Ayons le courage de dire une première vérité: il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. La sécurité telle que la recherche aujourd'hui Israël se fait contre la paix et contre le peuple palestinien. En lieu et place de la recherche de la paix, il n'y a plus que l'engrenage de la force qui conduit à la guerre perpétuelle à plus ou moins basse intensité. L'État israélien se condamne à des opérations régulières à Gaza ou en Cisjordanie, cette stratégie terrifiante parce qu'elle condamne les Palestiniens au sous-développement et à la souffrance, terrifiante parce qu'elle condamne Israël peu à peu à devenir un État ségrégationniste, militariste et autoritaire. C'est la spirale de l'Afrique du Sud de l'apartheid avant Frederik De Klerk et Nelson Mandela, faite de répression violente, d'iniquité et de bantoustans humiliants. C'est la spirale de l'Algérie française entre putsch des généraux et OAS face au camp de la paix incarné par de Gaulle.
Lettre ouverte à M. le Président de la République française Emannuel MACRON
L’historien israélien Shlomo Sand interpelle Emmanuel Macron sur son discours, tenu en présence de Benjamin Netanyahou, pour la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv : « L’ancien étudiant en philosophie, l’assistant de Paul Ricœur a-t-il si peu lu de livres d’histoire, au point d’ignorer que nombre de juifs, ou de descendants de filiation juive se sont toujours opposés au sionisme sans, pour autant, être antisémites ? »
En commençant à lire votre discours sur la commémoration de la rafle du Vel’d’hiv, j’ai éprouvé de la reconnaissance envers vous. En effet, au regard d’une longue tradition de dirigeants politiques, de droite, comme de gauche, qui, au passé et au présent, se sont défaussés quant à la participation et à la responsabilité de la France dans la déportation des personnes d’origine juive vers les camps de la mort, vous avez pris une position claire et dénuée d’ambiguïté : oui la France est responsable de la déportation, oui il y a bien eu un antisémitisme, en France, avant et après la seconde guerre mondiale. Oui, il faut continuer à combattre toutes les formes de racisme. J’ai vu ces positions comme étant en continuité avec votre courageuse déclaration faite en Algérie, selon laquelle le colonialisme constitue un crime contre l’humanité.
Pour être tout à fait franc, j’ai été plutôt agacé par le fait que vous ayez invité Benjamin Netanyahou, qui est incontestablement à ranger dans la catégorie des oppresseurs, et ne saurait donc s’afficher en représentant des victimes d’hier. Certes, je connais depuis longtemps l’impossibilité de séparer la mémoire de la politique. Peut-être déployez-vous une stratégie sophistiquée, encore non révélée, visant à contribuer à la réalisation d’un compromis équitable, au Proche-Orient ?
J’ai cessé de vous comprendre lorsqu’au cours de votre discours, vous avez déclaré que :
« L’antisionisme… est la forme réinventée de l’antisémitisme ». Cette déclaration avait-elle pour but de complaire à votre invité, ou bien est-ce purement et simplement une marque d’inculture politique ? L’ancien étudiant en philosophie, l’assistant de Paul Ricœur a-t-il si peu lu de livres d’histoire, au point d’ignorer que nombre de juifs, ou de descendants de filiation juive se sont toujours opposés au sionisme sans, pour autant, être antisémites ? Je fais ici référence à presque tous les anciens grands rabbins, mais aussi, aux prises de position d’une partie du judaïsme orthodoxe contemporain. J’ai également en mémoire des personnalités telles Marek Edelman, l’un des dirigeants rescapé de l’insurrection du ghetto de Varsovie, ou encore les communistes d’origine juive, résistants du groupe Manouchian, qui ont péri. Je pense aussi à mon ami et professeur : Pierre Vidal-Naquet, et à d’autres grands historiens ou sociologues comme Eric Hobsbawm et Maxime Rodinson dont les écrits et le souvenir me sont chers, ou encore à Edgar Morin.
Enfin, je me demande si, sincèrement, vous attendez des Palestiniens qu’ils ne soient pas antisionistes !
Je suppose, toutefois, que vous n’appréciez pas particulièrement les gens de gauche, ni, peut-être, les Palestiniens ; aussi, sachant que vous avez travaillé à la banque Rothschild, je livre ici une citation de Nathan Rothschild, président de l’union des synagogues en Grande-Bretagne, et premier juif à avoir été nommé Lord au Royaume Uni, dont il devint également la gouverneur de la banque. Dans une lettre adressée, en 1903, à Théodore Herzl, le talentueux banquier écrit : « Je vous le dis en toute franchise : je tremble à l’idée de la fondation d’une colonie juive au plein sens du terme. Une telle colonie deviendrait un ghetto, avec tous les préjugés d’un ghetto. Un petit, tout petit, Etat juif, dévot et non libéral, qui rejettera le Chrétien et l’étranger. » Rothschild s’est, peut-être, trompé dans sa prophétie, mais une chose est sûre, cependant : il n’était pas antisémite !
Il y a eu, et il y a, bien sûr, des antisionistes qui sont aussi des antisémites, mais je suis également certain que l’on trouve des antisémites parmi les thuriféraires du sionisme. Je puis aussi vous assurer que nombre de sionistes sont des racistes dont la structure mentale ne diffère pas de celle de parfaits judéophobes : ils recherchent sans relâche un ADN juif (ce, jusqu’à l’université où j’enseigne).
Pour clarifier ce qu’est un point de vue antisioniste, il importe, cependant, de commencer par convenir de la définition, ou, à tout le moins, d’une série de caractéristiques du concept : « sionisme » ; ce à quoi, je vais m’employer le plus brièvement possible.
Tout d’abord, le sionisme n’est pas le judaïsme, contre lequel il constitue même une révolte radicale. Tout au long des siècles, les juifs pieux ont nourri une profonde ferveur envers leur terre sainte, plus particulièrement pour Jérusalem, mais ils s’en sont tenus au précepte talmudique qui leur intimait de ne pas y émigrer collectivement, avant la venue du Messie. En effet, la terre n’appartient pas aux juifs mais à Dieu. Dieu a donné et Dieu a repris, et lorsqu’il le voudra, il enverra le Messie pour restituer. Quand le sionisme est apparu, il a enlevé de son siège le « Tout Puissant », pour lui substituer le sujet humain actif.
Chacun de nous peut se prononcer sur le point de savoir si le projet de créer un Etat juif exclusif sur un morceau de territoire ultra-majoritairement peuplé d’Arabes, est une idée morale. En 1917, la Palestine comptait 700.000 musulmans et chrétiens arabes et environ 60.000 juifs dont la moitié étaient opposés au sionisme. Jusqu’alors, les masses du peuple yiddish, voulant fuir les pogroms de l’empire Russe, avaient préféré émigrer vers le continent américain, que deux millions atteignirent effectivement, échappant ainsi aux persécutions nazies (et à celles du régime de Vichy).
En 1948, il y avait en Palestine : 650 000 juifs et 1,3 million de musulmans et chrétiens arabes dont 700.000 devinrent des réfugiés : c’est sur ces bases démographiques qu’est né l’Etat d’Israël. Malgré cela, et dans le contexte de l’extermination des juifs d’Europe, nombre d’antisionistes sont parvenus à la conclusion que si l’on ne veut pas créer de nouvelles tragédies, il convient de considérer l’Etat d’Israël comme un fait accompli irréversible. Un enfant né d’un viol a bien le droit de vivre, mais que se passe-t-il si cet enfant marche sur les traces de son père ?
Et vint l’année 1967 : depuis lors Israël règne sur 5,5 millions de Palestiniens, privés de droits civiques, politiques et sociaux. Ils sont assujettis par Israël à un contrôle militaire : pour une partie d’entre eux, dans une sorte de « réserve d’Indiens » en Cisjordanie, tandis que d’autres sont enfermés dans un « réserve de barbelés » à Gaza (70% de ceux-ci sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés). Israël, qui ne cesse de proclamer son désir de paix, considère les territoires conquis en 1967 comme faisant intégralement partie de « la terre d’Israël », et s’y comporte selon son bon vouloir : jusqu’à présent, 600 000 colons israéliens juifs y ont été installés….et cela n’est pas terminé !
Est-ce la le sionisme d’aujourd’hui ? Non ! Répondront mes amis de la gauche sioniste qui ne cesse de se rétrécir, et ils diront qu’il faut mettre fin à la dynamique de la colonisation sioniste, qu’un petit Etat palestinien étroit doit être constitué à côté de l’Etat d’Israël, que l’objectif du sionisme était de fonder un Etat où les juifs exerceront la souveraineté sur eux-mêmes, et non pas de conquérir dans sa totalité « l’antique patrie ». Et le plus dangereux dans tout cela, à leurs yeux : l’annexion des territoires occupé constitue une menace pour Israël en tant qu’Etat juif.
Voici précisément le moment de vous expliquer pourquoi je vous écris, et pourquoi, je me définis comme non-sioniste, ou antisioniste, sans pour autant devenir antijuif. Votre parti politique inscrit, dans son intitulé : « La République », c’est pourquoi je présume que vous êtes un fervent républicain. Et dussé-je vous étonner : c’est aussi mon cas. Donc, étant démocrate et républicain, je ne puis, comme le font sans exception tous les sionistes, de droite comme de gauche, soutenir un Etat juif. Le Ministère de l’Intérieur israélien recense 75% de ses citoyens comme juifs, 21% comme musulmans et chrétiens arabes et 4% comme « autres » (sic). Or, selon l’esprit de ses lois, Israël n’appartient pas à l’ensemble des Israéliens, mais aux juifs du monde entier qui n’ont pas l’intention de venir y vivre.
Ainsi, par exemple, Israël appartient beaucoup plus à Bernard Henry-Lévy et à Alain Finkielkraut qu’à mes étudiants palestino-israéliens qui s’expriment en hébreu, parfois mieux que moi-même ! Israël espère aussi qu’un jour viendra où tous les gens du CRIF, et leurs « supporters » y émigreront ! Je connais même des français antisémites que cette perspective enchante ! En revanche, on a pu entendre deux ministres israéliens, proches de Benjamin Nétanyahou, émettre l’idée selon laquelle il faut encourager le « transfert » des Israéliens arabes, sans que personne n’ait émis la demande qu’ils démissionnent de leurs fonctions.
Voilà pourquoi, Monsieur le Président, je ne peux pas être sioniste. Je suis un citoyen désireux que l’Etat dans lequel il vit soit une République israélienne, et non pas un Etat communautaire juif. Descendant de juifs qui ont tant souffert de discriminations, je ne veux pas vivre dans un Etat, qui, par son autodéfinition, fait de moi un citoyen doté de privilèges. A votre avis, Monsieur le Président : cela fait-il de moi un antisémite ?
SHLOMO SAND
historien israélien
(Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)
Les commentaires récents