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La population des nouveaux centres était d’origine française, sauf les Suisses d’Ameur-el-Aïn. Il fallut plusieurs années pour voir arriver des régions pauvres de la Méditerranée des étrangers, ouvriers agricoles et petits commerçants surtout. La proportion d’étrangers par rapport au peuplement d’origine française ne cessa de s’accroître. Les Espagnols, venus d’abord en saisonniers comme ouvriers agricoles, charbonniers, s’établirent peu à peu avec leur famille. Certains reprenaient en fermage ou à leur compte les concessions. Les Maltais étaient plus volontiers commerçants de céréales ou maquignons ; les Italiens s’établirent comme pécheurs sur la côte, ou comme maçons, surtout à partir de 1924, avènement de Mussolini en Italie.
Cet afflux d’étrangers tendait à contrebalancer le peuplement français dans l’ensemble de l’Algérie en 1886. Il fut beaucoup moins sensible dans la région de Ha djout. Deux lois sur les naturalisations en 1884 et 1889, rendant quasi-automatique la naturalisation devaient amalgamer de plus en plus étroitement étrangers naturalisés et Français d’origine. Les prénoms se francisèrent, les mariages mixtes devenaient courants dans la population européenne et ne se remarquaient même plus. Ils restaient rarissimes entre Européens et Indigènes.
Au cours des deux guerres, notamment de la deuxième, Français d’origine ou naturalisés se retrouvèrent côte à côte sur les terrains d’opérations, et payèrent un lourd tribut aux débarquements (Italie, Corse, Normandie, côte méditerranéenne) et aux campagnes qui suivirent.
Ainsi se créa un "peuple algérien" qui fera souvent bloc contre la métropole et agitera parfois l’épouvantail du séparatisme.
Nous avons vu précédemment le nombre effrayant de décès pendant les premières année de l’existence du centre de Marengo. Des remplaçants vinrent combler les vides, et la population ne se maintint que grâce à l’immigration. La mortalité resta longtemps préoccupante. Le nombre des naissances qui, pour l’ensemble de l’Algérie est excédentaire, resta encore longtemps, inférieur à celui des décès à Marengo (et dans la région).
En 1867 ; année marquée par une épidémie de choléra, il n’atteindra que 124 pour 237 décès. En 1868, année de typhus, 249 décès pour 74 naissances.
Et les "naissances furent longtemps déficitaires,
Au total, en 9 ans de 1879 à 1887 , 537 naissances pour 734 décès, soit un excédent de décès de 197, 22 en moyenne par an ;
Il faut tenir compte de 1a mortalité infantile, élevée à cette époque, et des épidémies fréquentes, mais cette situation reste en grande partie le fait du paludisme, malgré la découverte de Laveran en 1880. Le lac Halloula reste le principal objectif de la lutte antipaludéenne,
"Le pourtour a été asséché au moyen de canaux insuffisants ; les bords sont immergés après les pluies d’hiver ; quand elles ont été abondantes, l’ancien lac Halloula est reformé et se transforme en été en un vaste foyer malarigène". (Dr Grellet) Entre 1911 et 1921, la population européenne de la plaine a diminué, Elle a perdu 235 habitants à Bourkika, 64 à Marengo. Cette diminution s’explique en partie par les pertes dues à la guerre (94 à Marengo), par l’exode de riches propriétaires, de commerçants ou d’artisans vers Alger, par le remplacement de métayers et d’ouvriers européens par des indigènes (conséquence de la concentration agricole), mais aussi et surtout par la diminution du nombre des naissances.
Entre 1900 et 1941, un tableau des naissances des Européens et des indigènes se traduit par une courbe descendante très prononcée pour les premiers, une courbe ascendante à très forte pente pour les seconds. J’ai effectué ce dénombrement en mars 1941. Je n’en ai malheureusement plus les chiffres. Pourtant, je me souviens fort bien qu’à Desaix, les naissances annuelles européennes qui se chiffraient de 6 â 12 avant la guerre 14-l8 étaient tombée pour les années 1930 à 40 à zéro, sur plusieurs années. Il en était de même pour Montébello ainsi que pour Marengo.
En 1926, ce dernier centre comptait 5217 habitants, dont 1200 Français d’origine. La population augmentait ensuite rapidement du fait des naissances d’Indigènes, de l’attraction du centre, puis lors des événements, de l’afflux tant européen qu’Indigène vers un lieu plus sûr.
Au recensement de 1954, le dernier valable, Marengo comptait 13.400 habitants dont 2456 Français, 122 étrangers et 10.822 Indigènes.
En 1960, d’après les chiffres communiqués par M. Frachon, environ 19.500 habitants 3.500 Européens et 16,000 Musulmans (Une cité de regroupement indigène avait été créée au Nord du village).
En 1954, année de référence, la population se décomposait comme suit : SUPERFICIE- FRANÇAIS - ÉTRANGERS - MUSULMAN- POP.TOT
MARENGO-VIL - 158 ha - 2.026 - 57 - 6.092 = 8.175
BANLIEUE-FER 6.596 ha - 167 - — - 1.864 = 2.031
DESSAIX (ann 2.943 ha - 107 - 4 - 487 = 598
MONTEBELLO 1.136 ha - 156 - 4 - 2.436 = 2.596
POPULATION MUNICIPALE - 2.456 - 65 - 10.879 = 13.400
POP. COMPTEE A PART - 52 - 3 - 169 = 224
TOTAUX 10.833 ha - 2.508 - 68 - 11.048 = 13.624
Les Européens comptaient au total 812 familles (moyenne 3,10 par famille) ; les musulmans 2.444 familles (moyenne 4,52 par famille).
La densité de la population était de 125.76 habitants au kilomètre carré.
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