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«La
Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.»
Article
1er de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791.
Elles
s’appèlent Nefertiti, Cléopâtre, Meriem, Khadija, Fatima, Tin Hinan,
Kahina, Elisabeth, Victoria, N’Soumer, Marie Curie, Indira Gandhi,
Bandaranaike, Benazir Bhutto, Corazon Aquino, Angela Merkel, Hillary
Clinton, Royal, Louisa Hanoune ou tout simplement Ratiba ou Souad.
Elles
ont dirigé, dirigent ou vont diriger leurs pays respectifs ou rêvent de
devenir ministres, ambassadeurs, juges, pilotes, professeurs ou
championnes du monde, à l’instar de Hassiba Boulmerka et tant d’autres
femmes, qui ont influé positivement sur le destin de leurs pays
respectifs.
«-Eduquez bien vos filles et laissez les faire-»
dit un vieil adage de chez nous car aucune laisse, aucune ceinture de
chasteté et aucun corset ne peuvent empêcher une femme de faire ce
qu’elle a envie de faire, quand le Diable habite son esprit ou son
corps.
Ce sont souvent les éducations rigoureuses, humainement
insupportables, qui ont été à l’origine des scandales qui ont défrayé
les chroniques sociales et donné lieu aux monstruosités les plus
incroyables.
Des textes comme notre statut de la famille,
malgré le léger toilettage qu’il a récemment subi, inhibent
considérablement nos filles et nos femmes et privent le pays d’un
potentiel formidable que la réussite incontestable de certaines de nos
soeurs ne saurait éclipser.
Jadis, parents pauvres des
législations internes, les femmes sont aujourd’hui, au même titre que
les enfants d’ailleurs, bien protégées par des conventions
internationales qui énumèrent et garantissent leurs droits fondamentaux
et les mettent à l’abri de fléaux comme la drogue et la prostitution,
qui minent notre société profondément marquée par les méfaits du
terrorisme dont elles gardent encore les séquelles physiques et
psychologiques et de toute exploitation avilissante de leurs corps, qui
continuent à être utilisés comme appâts par les agences publicitaires,
touristiques et de loisirs. La «-question-» de la femme n’est donc pas
seulement une affaire de «-genre-» ou de «-discrimination positive-»
mais une affaire de culture et de développement, dans tous ses aspects.
L’éducation
et la justice, sociale et économique, permettent aux pays, qui en ont
fait la clé de voûte de leurs institutions et des axes majeurs de leur
développement, d’enregistrer des avancées indéniables dans tous les
domaines et de bâtir une cohésion sociale et une stabilité politique
durables qui réduisent sensiblement leur vulnérabilité face aux aléas
de la vie.
Au plus fort de la crise, qui a failli emporter
l’Etat algérien, dans les années 1990, ce sont justement ces valeurs
ancestrales, bien gardées par nos grand-mères, mères, épouses, soeurs
ou filles, qui ont permis à notre société de transcender la tragédie
qui a frappé le pays à cause des négligences coupables des uns, qui ont
engendré la folie destructrice et nihiliste des autres, qui a
considérablement fait reculer le pays dans tous les domaines.
Ce
sont, précisément ces «-négligences-» qui ont permis à Khalifa, un
blanc bec trentenaire, de se jouer de toutes les institutions
politiques, administratives et financières du pays, en corrompant les
uns, en amadouant les autres et en achetant le silence de certains
avec, ironie du sort, des sacs à ordures pleins de billets de mille
dinars. Quelle dépravation des moeurs politiques et sociales!
Hasard
ou nécessité, c’est à une femme, dont les qualités morales et
professionnelles font l’unanimité, qu’incombe, aujourd’hui, la lourde
tâche de démêler ce méli-mélo indescriptible. Elle se dit résolue
d’aller jusqu’au bout en dévoilant le maximum de l’iceberg Khalifa. Y
parviendra-t-elle ? Seul l’avenir nous le dira. En tous les cas, en
acceptant de juger cette affaire scabreuse, elle mérite, d’ores et déjà
toute notre gratitude et notre soutien moral.
Certes, les
crises cycliques, les manifestations et émeutes, souvent violentes, qui
éclatent, de temps à autre, dans les différentes wilayas du pays et les
grèves sectorielles répétées compliquent la tâche à ceux qui oeuvrent à
instaurer une visibilité concernant l’évolution politique, économique
et sociale de notre pays, à moyen et long terme;mais ces phénomènes,
somme toute, naturels dans une société en pleine mutation, ne doivent
pas nous préoccuper outre mesure.
Un
système, qui a commencé son long règne, au lendemain de l’indépendance,
par le détournement, en 1962, du «-Fonds de Solidarité», constitué des
bijoux de nos mères et des maigres économies de nos pères, ne pouvait
que terminer par des affaires comme celle de Khalifa, qui constitue une
autre main basse organisée sur les dépôts de centaines de milliers de
petits épargnants et de dizaines d’organismes publics.
Sans aucun doute, nos partenaires étrangers vont nous juger sur notre manière de «-régler-» ces affaires.
Par
ailleurs, Madame Louisa Hanoune, communément appelée «-la Pasionaria
algérienne-», en raison de son opposition farouche au libéralisme
économique et social débridé du Gouvernement et de son fameux «-no
pasaran-» aux réformes de Khellil et de Temmar, fait pratiquement
office de Chef du «-Gouvernement fantôme-», ailleurs constitué par
l’opposition officielle et dont notre pays a tant besoin pour briser
cet unanimisme de façade qui lui fait beaucoup de mal.
Paradoxalement,
la femme algérienne qui a commencé à jouir de ses droits politiques
bien avant ses congénères des pays arabes et de certains pays d’Europe,
les a vus, à cause d’une conjonction de facteurs sociaux et
bureaucratiques négatifs, se rétrécir comme une peau de chagrin parce
qu’ils n’ont pas été consolidés par d’autres acquis. Qui n’avance pas
recule.
S’ils ont permis de «-secouer le palmier-», les combats
solitaires menés par des organisations ou des personnalités nationales
pour accroître ces droits n’ont pas encore donné les résultats
escomptés.
En tout état de cause, pour pouvoir accompagner
efficacement le processus de renaissance du pays, les Organisations Non
Gouvernementales (ONG) et médias nationaux doivent être encouragés et
renforcés et non pas entravés et divisés.
Les champs politique et médiatique doivent leur être ouverts et accessibles.
Sinon,
ce sont leurs consoeurs et confrères étrangers, d’obédience diverse,
qui ne cachent pas leur hostilité à notre pays et qui se nourrissent de
nos contradictions internes et de nos faux problèmes, qui exploiteront
ces défaillances pour exercer sur nous toutes sortes de pressions et
nous obliger à accorder des concessions importantes de notre
souveraineté et de nos ressources naturelles non renouvelables aux
organisations internationales et aux multinationales majoritairement
contrôlées par les pays occidentaux, qui financent également la plupart
des ONG internationales.
A l’heure de la mondialisation, ce que
les ONG et médias nationaux ne pourront pas dire ou faire, sera dit et
fait, de manière amplifiée et avec tous les risques de manipulation
possibles, par les ONG et médias internationaux, qui terrorisent les
gouvernements qui ont «-de la paille dans leur ventre-».
En
effet, la ruse, la malice et les fourberies utilisées pour tromper et
priver leurs propres peuples des libertés fondamentales prévues par la
Déclaration Universelle des droits de l’homme frisent parfois le
ridicule et prouvent que ces dirigeants se trompent dramatiquement
d’ennemi.
L’Etat a la responsabilité et le devoir de créer
l’environnement juridique, économique et social le mieux à même de
favoriser l’émergence d’une société civile saine qui assumera les
charges dont il s’encombre inutilement.
En jouant pleinement
son rôle de contre-pouvoir crédible, la société civile ne pourra que
susciter l’intérêt et l’adhésion des citoyens déçus par les partis
politiques, qui se sont avérés n’être, à une ou deux exceptions près,
en fait, que des clans organisés autour de leurs indétrônables
«-zouama-».
Un Etat fort, qui assure la sécurité des personnes
et de leurs biens, l’éducation et la justice sociale à ses citoyens et
respecte les principes de base de la démocratie, c’est-à-dire
l’alternance au pouvoir, a besoin d’une société civile forte qui assume
sa part de bonne gouvernance politique, économique et sociale du pays.
Si
nous ne mettons pas de l’ordre dans notre maison commune, d’autres, qui
convoitent nos territoires et les formidables ressources naturelles
qu’ils renferment, se chargeront, sous un prétexte ou un autre, de le
faire à notre place et nous imposeront leur ordre cruel, comme ils
l’ont fait en Irak, ruiné par l’esprit tribaliste de ses dirigeants
successifs et le feront encore ailleurs, notamment dans les pays arabes
et musulmans du Maghreb, du Moyen et de l’Extrême Orient pour empêcher
l’Islam que l’Occident judéo-chrétien a érigé en «- ennemi public n°
1-» de continuer son expansion naturelle, à travers le monde et
s’accaparer de leurs richesses naturelles, notamment ces produits
stratégiques que sont le pétrole et le gaz.
Notre pays,est
immense et a besoin pour sa défense et sa bonne gouvernance durable
d’hommes et de femmes aux qualités morales, physiques et
intellectuelles élevées.
Ce sont les défis majeurs auxquels il fait face qui l’exigent.
A
cause du terrorisme, de la pauvreté et de préjugés sociaux absurdes
beaucoup de nos filles en âge d’être scolarisées ou de travailler, ne
vont pas à l’école et trouvent d’énormes difficultés à se procurer un
emploi conforme à leur profil alors que la Constitution leur reconnaît
le droit d’étudier et de travailler pour vivre décemment.
Tant
qu’il y aura des femmes de la trempe de celles qui ont été citées
précédemment, notre pays réussira toujours à sortir des abysses dans
lesquelles la mentalité cupide et obstinée de ses hommes politiques l’a
plongé, à maintes reprises.
Dignes héritières des héroïnes
légendaires qui ont marqué d’une manière indélébile l’histoire
contemporaine et ancienne de notre pays, nos femmes continueront à
illuminer le ciel de l’Algérie et à constituer le socle de sa pérennité.
Décidemment, on ne leur rendra jamais assez hommage.
Pour
honorer leur mémoire, le gouvernement algérien, qui représente, quelle
que soit sa couleur politique, en ces temps de multipartisme édulcoré,
un pays, dont la noble Révolution du 1er Novembre 1954, l’une des plus
importantes révolutions que le monde aie jamais connu, a permis à de
nombreux pays d’Afrique et d’Asie d’acquérir leur indépendance et a
soutenu diplomatiquement, financièrement et militairement toutes les
causes justes, à travers le monde, doit aider les associations et
organisations non gouvernementales nationales crédibles dans leur
combat pour une véritable émancipation de la femme algérienne. C’est le
moins qu’il puisse faire pour celles dont les énormes sacrifices ont
souvent été injustement ignorés ou niés.
L’avènement d’une
nouvelle République, débarrassée des tares et des pesanteurs de celle
qui l’a précédée, où le facteur féminin jouera un rôle déterminant dans
tous les secteurs d’activité et à tous les niveaux de responsabilité
devient impératif. Ce saut qualitatif est nécessaire et vital pour le
pays car
notre machisme borné a, en quelques décennies, transformé un
«-Paradis-» possible en un «- Enfer-» certain, pour tous.
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par Ahmed Amine
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Algerian Girl 1888, Frederick Arthur Bridgman
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Sur la terrasse
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En Tunisie :
Vient de
paraître : « L’égalité entre hommes et femmes en droit successoral » de
Ali Mezghani et Khalthoum Meziou-Douraî :
On ne s’attaque pas impunément à la sacralité du Texte, lors même que
l’on pense que ce Texte, le Coran en l’occurrence, a été révélé pour
être interprété littéralement, sans tenir compte des mutations
profondes qu’a connu le monde depuis. En Tunisie, déjà bien avant
l’Indépendance, Kheireddine et Tahar Haddad notamment, s’étaient
attirés les foudres de la majorité bien pensante, rétive à tout
changement qui puisse déranger ses habitudes. Des habitudes qui ont
beaucoup à voir avec des convictions obsolètes, qui avantagent bien
évidemment la gent masculine, au détriment d’une gent féminine qui
n’avait pas du tout voix au chapitre.
Manière de rappeler que tout changement, quelle que soit sa nature,
nécessite une certaine dose d’audace et beaucoup de persévérance, les
auteurs du livre « L’égalité entre hommes et femmes en droit
successoral », à savoir Ali Mezhani et Khalthoum Meziou-Douraî pour la
partie française, et Zahia Jouirou pour la partie arabe, remontent
l’histoire à la source, pour démontrer que le Coran est passible de
moult interprétations, pour être en adéquation avec toutes les époques.
Ce qui fonde sa force et sa continuité. Les auteurs rappellent ainsi
qu’à l’orée de l’Indépendance le leader Habib Bourguiba, avec
l’institution du Code du Statut Personnel, et toutes les réformes qui
s’en sont suivies, avait eu le courage de trancher dans le vif, voulant
ancrer son pays de plain-pied dans la modernité, dans le cortège des
nations évoluées, en instaurant l’égalité entre les sexes. En
éradiquant aussi bien la répudiation que la polygamie et tous leurs
corollaires, ainsi que toute mainmise sur l’intégrité physique et
morale de la femme, Bourguiba avait donné le « la ». Bien des choses
ont été réalisées depuis, et bien de l’eau a passé sous les ponts. Sauf
qu’il s’est avéré difficile, et qu’il s’avère difficile encore de
régler définitivement la question de l’égalité dans l’héritage.
Parce qu’il faut tenir compte des impératifs de l’époque, il importe de
repenser le texte de cette législation autrement. « Pour que l’anomalie
se corrige», préciseront les auteurs de ce livre en substance.
Et d’ajouter : « C’est parce que l’inégalité successorale est maintenue
que la modernisation de la société tunisienne reste inachevée et que la
Nation n’est pas pleinement citoyenne… Aussi, cinquante années après le
Code du Statut Personnel, le temps est-il venu de corriger cette
anomalie. Parce que l’œuvre de modernisation n’est jamais finie, la
Tunisie a mieux à faire que de s’accrocher aux archaïsmes, que
d’attendre les retardataires. La Tunisie, qui a été pionnière, a le
devoir moral de montrer, une nouvelle fois, la voie. »
Structuré en deux chapitres, l’ouvrage, sorti aux Editions du Sud,
prend en compte la « cohérence globale de l’ordre juridique », ainsi
que « La cohérence interne du droit de la famille », pour aboutir à une
conclusion : « Cette situation n’est le fait ni des parents, ni des
frères, c’est la loi qui perpétue l’injustice et le droit qui ne joue
pas au mieux son rôle de régulation des rapports sociaux. ». Le débat
est ouvert.
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S.G
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