Les Chenouis du berbère « Ichenwiyen » population berbère d'Algérie d'environ 30 000 personnes habitent le Mont Chenoua qui surplombe la ville de Tipaza à 70 km d'Alger. Le Mont Chénoua, point culminant du Sahel algérois, est la limite orientale d'une région berbérophone qui s'étale de Bou Ismaïl (40 km à l'ouest d'Alger) jusqu'à Ténès (200 km à l'ouest d'Alger).
On me dit fou de retourner là-bas Là-bas dans ma montagne bien aimée Ne comprendront-ils donc pas Que demeurer sourd me torture ?
Et pourtant je suis retourné Là-bas dans ma montagne bien aimée Immortelle dans sa force profonde Tranquille adorant les cieux Acceuillant des vents farouches Quii soufflent sur son front l'écho de quelques âmes volées
On me dit fou de retourner là-bas Là-bas dans ma montagne bien aimée Ne sauront-ils donc jamais Que dans son sein Je couve mon nid ?
Le soleil frappait fort, l'orsque qu'enfin l'échine grisâtre du Mont Chenoua apparut la pleine bleue était là, majestueuse berçant ses vagues qui se retiraient en signe de révérences saluant le bienvenu. J'eu l'impression de renaître par cette bouffée d'air marin que venait me présenter la reine des mers... Ma montagne tout lâ-haut m'attendait. Dans mon silence je vivais mon Chenoua brisé... Murmures dans la plainte noyée dans les débris du silence des temples C'est l'âme de l'infant martyre qui revient bercer le crépuscule Il revient frémissant, plus doux que jamais de son printemps envolé... Une grande obscursité couvrit la montagne.
Revenez oh ! souvenirs
Revenez à moi
Comme lorsque nous étions enfants
Comme lorsque pieds nus sur les galets
Nous cherchions les petits coquillages enfouis dans l'eau
Quand nous essayions de nos petites mains
d'attraper les petits poissons
Revenez oh ! souvenirs
Revenez à mloi
Réveiller ce bonheur de la nuit tombante
Quand nous chantions le soir
Les étoiles éparpillées sur nos têtes
Tels des papillons en fête...
Sur ma prairie bleue je reviendrai tu sais Je reviendrai un jour l'orsque mon âge aura blanchi mes cheveux Je reviendrai marcher tout le long de tes rives Comme au temps ou mes jambes me faisaient voler.
''Ô brise vois-tu qui monte vers nous ?
C'est l'ami qui reviens près de nous
Et sur sa colline aimée se courbent les oliviers
Il erre candide sur l'étendue des ruines
Il revient à chaque lune éblouir les Dieux''
La terre a bougé, basculant les entrailles des mers
La mer a grondé une nuit crachant sa solitude
La mer a pleuré sur le Mont chenoua
L'oubli de ceux qui ne sont pas revenus.
S'abreuver de ses coquilles et de son eau salée...
A l'occasion de la saison culturelle "Djazaïr, une Année de l'Algérie en France", Olivier BARROT présente le livre de l'écrivain et romancière algérienne Assia DJEBAR "La Femme sans sépulture". Ce roman est un hommage à Zoulikha, une héroïne de la guerre d'Algérie. Couverture du livre "La femme sans sépulture" avec photo couleur d'un tableau non identifiée.
Résultat d’une guerre civile qui dure depuis treize ans, la Syrie est un État morcelé et son président Bachar Al-Assad n’exerce son pouvoir que sur 70 % du pays. Parmi les provinces qui lui échappent, celle d’Idlib, située au nord-ouest. La région est en proie à l’instabilité et largement sous le contrôle de Hay’at Tahrir Al-Cham (HTC) et de son chef, Mohamed Al-Joulani.
Après la révolution tunisienne et la chute du régime Ben Ali, le pays tente de redresser son économie. L'ancien dictateur et son clan ont fui le pays, laissant derrière eux d'immenses richesses. En exclusivité, nos caméras ont pu pénétrer à l'intérieur du palais de Ben Ali, réquisitionné par les autorités. Plage et héliport privés, 332 pièces, piscines intérieure et extérieure, lits en argent : une véritable caverne d'Ali Baba pour un président à la folie des grandeurs. Nous sommes partis sur les traces de la famille Ben Ali, dont les membres vivent aujourd'hui aux quatre coins du monde. Un clan qui n'est pas parti les poches vides et qui dispose encore d'un train de vie plus que confortable.
Un américain, un français et un algérien se retrouvent en enfer et avec le temps ils ont fini par s’y faire. Seule ombre au tableau : ils n’ont plus aucune nouvelle des leurs et ça ne leur fait pas chaud au cœur. Ils ont fait appel à Lucifer pour les remettre en contact avec la terre. Lucifer acquiesce. Il leur précise que ça va leur coûter fort cher. Et il leur fournit aussitôt un portable. L’américain : hello mam, how do you do… looks like a paradise… nice…vice… what else… what do you expect ? … yes… yes the life by night… all right.
Israël vise un million de colons en Cisjordanie occupée d’ici dix ans et le monde regarde hypocritement, en premier les Américains, mais aussi les pays européens, y compris la France, sans réagir… en dehors des mots (sans valeur et impuissants)… en laissant se produire un génocide à Gaza.
Aux dernières nouvelles le bilan total est de 34183 morts Palestiniens, majoritairement des civils, et 77143 blessés (Source : le quotidien La Croix)
Un quart de million de Palestiniens ont quitté Rafah pour regagner le reste du territoire depuis le retrait partiel de Tsahal.
Au plus fort de l'opération militaire dans la bande de Gaza, 1,3 million de Palestiniens vivaient dans la grande ville du sud de Gaza.
Vue d'un camp de tentes de fortune pour les Palestiniens déplacés par l'offensive terrestre israélienne sur la bande de Gaza, à Rafah, dans la bande de Gaza, dimanche 18 février 2024.AP Photo/Mohammed Dahman
Depuis le retrait de la majorité des forces de Tsahal de la bande de Gaza, environ 250000 Palestiniens ont quitté la ville de Rafah, située au sud du territoire, pour s'installer dans des zones plus au nord, principalement entre Nuseirat et Khan Younès, au sud de la ligne de Wadi Gaza, a rapporté vendredi la chaîne Kan 11. Au plus fort de l'opération militaire dans la bande de Gaza, 1,3 million de Palestiniens vivaient à Rafah.
PHOTO AMMAR AWAD, ARCHIVES REUTERS
Des constructions israéliennes en Cisjordanie.
Ziad Majed, politologue et professeur d'études sur le Proche et Moyen-Orient à l'université américaine de Paris, était l'invité de France 24 ce dimanche 21 avril 2024. Il revient notamment sur la situation en Cisjordanie occupée.
Par micheldandelot1 dans Accueil le 24 Avril 2024 à 09:47
Comment tu as fait pour creuser en toute légalité Un abîme entre toi et moi? Comment est-ce que je ressens les choses ? Comme un acte de haute trahison ! Tu me diras qu'un traître est un être comme un autre Non... un traître ... est un acte, un mouvement, un geste qui dissout l'être. Nous en sommes là, à se dissoudre Pas d'autre solution... pas d'absolution ni pour les uns, ni pour les autres Et si nous en sommes toujours là c'est pour en découdre. Après toute une vie d'amour partagé, de bonheurs envisagés Du moins c'est ce que je croyais...
Avec son nouveau film Indivision, la cinéaste franco-marocaine Leila Kilani explore des thèmes complexes de notre époque comme la propriété, la crise écologique et la lutte de classes, dans une structure modernisée de conte traditionnel. Le film sort en France ce mercredi 24 avril. Il est ici commenté par sa réalisatrice.
L’univers magique du domaine de la Mansouria, proche du conte, incendié par les habitants défavorisés dans le nouveau film « Indivision » de Leila Kilani.
DKB Production
Voilà un conte simple que propose Leila Kilani : une histoire de famille, de forêt, d’héritage. Quelque chose d’assez classique qu’elle parvient cependant à tordre pour aboutir à une « transe narrative » lui permettant d’évoquer plusieurs questions politiques et socioéconomiques propres au Maroc, mais en lien avec le monde contemporain.
Les Bechtani se réunissent à la Mansouria, le vieux domaine familial en indivision, situé sur une colline de Tanger. L’opportunité de vendre cette gigantesque propriété foncière à un promoteur immobilier peut faire d’eux des millionnaires, pourtant la transaction s’avère plus compliquée que prévue. Anis (Mustafa Shimdat), l’un des personnages principaux, refuse de vendre.
CIGOGNA NERA
Anis est un esprit subversif qui vient bouleverser l’ordre social et qui introduit l’anarchie dans le récit, aidé par sa fille, Lina, une adolescente mutique de 13 ans, interprétée par Ifham Mathet, qui ne cesse de poster des stories1 sur les réseaux sociaux. La jeune influenceuse a perdu sa mère dans un accident de voiture qu’elle a provoqué en montrant des cigognes à son père. D’où son pseudonyme sur la toile : Cigogna nera (cigogne noire)2.
Elle a fait vœu de silence jusqu’à ce que son père sorte du coma, puis elle a poursuivi son mutisme alors qu’il est resté en vie. Depuis, tous les deux continuent à rouler en voiture dans la forêt pour observer les oiseaux. Quand cette affaire de vente apparaît, ils sont les seuls à s’y opposer, aux côtés des habitants défavorisés du domaine. Lina, décrite comme une fille étrange, « une possédée, une lunatique, une sorcière », décide de balancer sur les réseaux une sorte de journal intime filmé. Elle raconte les évènements qui déchirent la Mansouria, mettant à nu les jeux de pouvoir entre classes sociales, les paradoxes de tout un chacun, les sales petits secrets des uns et des autres, les manigances, en même temps que des questions d’actualité tel que le droit à la terre, la catastrophe écologique, la polarisation, le fascisme, l’obscénité de la spéculation immobilière… Le tout s’articule dans une ambiance particulière de fable.
UNE STRUCTURE EN SPIRALE
La narratrice du film est donc une figure romanesque. Elle fait office de Shéhérazade version 2.0, comme l’indique la cinéaste de 53 ans, très marquée par les histoires de sa grand-mère paternelle et de sa ville d’origine, Tanger.
Lina s’inscrit profondément dans son époque. En même temps, elle est formellement dans une structure très classique de conteuse orientale. Mon obsession dans le cinéma, c’est de mettre en scène l’oralité arabe et de réintroduire la structure en boucle des contes. D’ailleurs, il n’y a pas de construction linéaire dans mes films. Pour moi, le cinéma est un langage et une sémiologie qui n’est pas juste de la littérature filmée. Il ne repose pas sur un mode grammatical retraçant l’itinéraire d’un héros. Je tiens absolument à inventer des figures hybrides, qui se placent dans nos mémoires anciennes aussi bien que dans le monde d’aujourd’hui3.
Les histoires de grand-mère n’étaient jamais les mêmes. Il y avait souvent des ellipses, et il fallait composer pour combler le vide. Un peu à la manière de ce qui passe dans les cercles de conteurs traditionnels au Maroc (halqa) et sur les réseaux sociaux de nos jours. La réalisatrice explique :
Dans la halqa, le conteur est là, les gens participent à son cercle et les histoires ne sont jamais les mêmes, puisque le récit s’invente avec le public. Il en est de même sur les réseaux sociaux. Lina possède son cercle, son chœur collectif. Elle raconte une histoire qu’elle réinvente chaque jour.
Leila Kilani n’est pas sans ressembler à sa narratrice, cette fille rebelle au regard perçant qui a une porosité au monde et une grande capacité d’observation. Elle relativise :
Je n’écris pas pour m’identifier à mes personnages, mais je me reconnais plus dans le personnage du père, Anis, qui se pose tout le temps des questions sur le monde, et qui est décalé par rapport à sa famille. Pendant le tournage, c’était lui mon double. Il a cette folie, le côté sans limite, avec une recherche d’intensité poétique dans chacun de ses actes, une sorte de lyrisme incroyable.
L’INSURRECTION DES OISEAUX
À travers la construction de ses personnages, la cinéaste souhaite cultiver une zone grise, nourrir la complexité et ne pas tomber dans la dichotomie des bons et des méchants. Ainsi, Lina, la jeune narratrice déjantée et un peu autiste, mène la révolution tout en ayant un esprit de vengeance. La domestique Chinwiya, toujours présente aux côtés de la jeune fille paraît faible, pourtant elle se transforme en furie. La maréchale, la grand-mère autoritaire de Lina, figure de la matriarche, est un peu « une ogresse qui mange ses propres enfants. Elle peut être à la fois Médée, Richard III, ou n’importe quel dictateur arabe. C’est la gardienne de l’ordre dans un royaume où elle ne dispose pas de réel pouvoir. Selon la loi islamique, elle hérite du sixième. En incitant tout le monde à la vente, elle est quasiment contrainte à la violence ». À la fin, ce personnage joué par Bahia Bootia Al-Oumani est à terre. Elle demande pardon pour toute la brutalité qu’elle a provoquée et fait son mea culpa.
Le film s’achève sur une hadra, un rituel musical soufi. Le chant mystique résonne dans la grande maison familiale : « Qoumou qoumou yal ‘achiqine » (réveillez-vous, réveillez-vous, les amoureux).
Je voulais avoir une transformation fantastique, et non une mutation apocalyptique (…) La crise est là, mais on doit plus que jamais s’autoriser à rêver, à bricoler des solutions artistiques, pour ne pas sombrer dans un suicide collectif. Le dernier tiers du film, c’est la métamorphose. On va vers le jour libérateur.
Un nouveau jour se lève sur une révolution cosmogonique. La nature s’insurge contre l’exploitation effrénée. Les oiseaux sont perchés sur les hauteurs de Tanger, la ville fétiche où se déroulent tous les films de Leila Kilani.
TANGER, CINÉMATOGRAPHIQUE ET FRONDEUSE
Malgré cette fidélité, la réalisatrice qui a horreur des titres refuse d’être désignée comme « la cinéaste de Tanger » ou la voix officielle d’une ville :
Indivision devait être filmé à Rabat, toutefois cela c’est avéré impossible, car Tanger possède une plasticité qui absorbe le monde. Je jure à chaque fois que c’est ma dernière œuvre là-bas. Cependant, il y a une construction de l’espace et une géographie qui font que tout est pictural. Toutes les tensions du monde y sont représentées : les collines sur l’Europe, le rapport de classe entre les riches et les pauvres… Il y a de la dramaturgie, de l’esthétique cinématographique, de l’architecture. On ne peut pas tourner le dos à tout cela. Il y a en outre un tournoiement insensé de sons, une présence incroyable du vent. On a l’impression d’être devant une nappe électro-acoustique, de baigner dans une expérience sonore (…) J’espère tout de même tourner mon prochain film en Sardaigne.
Est-ce un vœu pieux de la part de celle qui a grandi à Casablanca, et qui revient malgré tout sans cesse à Tanger, ville d’origine de sa famille et surtout de son imaginaire ?
Casa c’est la jungle, une sorte de modernité sauvage et bouillonnante, tandis que Tanger est longtemps restée une ville endormie. Elle ne s’est pas développée pendant 40 ans tant Hassan II la détestait et la considérait comme une ville frondeuse, car elle a manifesté contre lui au début de son règne.
Dans tous les films de Leila Kilani4, on retrouve une continuité d’interrogation, d’esthétique, d’approche et de pensée, qu’elle parvient à nous transmettre avec son équipe, « la joyeuse bande de saltimbanques » avec qui elle travaille constamment : Éric Devin, son mari et directeur de photographie, Angelo Zamparutti, chef décorateur et Tina Baz, monteuse. Tous les quatre sont traversés par les mêmes préoccupations politiques, et partagent le même humour.
Je me place tout le temps dans une sorte d’angoisse joyeuse. Un film, c’est surtout un moyen de poser des questions. Il y a une forme de transcendance dans le cinéma, une sorte de communion. On est collectivement unis en regardant les mêmes images, et en étant traversés par la même émotion. Cette unité, ce rapport collectif relève de la hadra. Ce que je cherche en termes de cinéma, ce n’est pas la maîtrise cérébrale. C’est plutôt une unité quasi-mystique entre l’image et le récit.
Récit HISTOIRES D’EXILS. Mai 1944. Sous le prétexte d’une collaboration d’une partie des Tatars de Crimée avec les nazis pendant l’occupation allemande de la Crimée, Joseph Staline décide de déporter la totalité de la population. Les Tatars appellent cette période : « Sürgünlik », l’exil. Parmi eux, Halide, 6 ans. Soixante plus tard, Vladimir Poutine annexe la Crimée, et c’est au tour de sa petite-fille Elnara de partir.
Par Marie Vaton
Publié le
Trois petites filles tatares, dans les années 1910. Au milieu, Menli Adjer Gazi, l’une des grand-tantes du côté paternel de Lia Gazi.
Le 8 février dernier, Elnara Gazi, 45 ans, et sa fille Lia, 22 ans, allument leur télévision pour regarder sur la chaîne du Kremlin l’interview de Vladimir Poutine par le journaliste américain Tucker Carlson – un proche de Donald Trump. Médusées, elles entendent le président russe dérouler son exposé du grand roman historique de la nation, des invasions de Gengis Khan aux conquêtes de Catherine la Grande, sa vision de l’Ukraine comme Etat artificiel et de la Crimée comme terre historique russe. Pas un mot pour son peuple, les Tatars de Crimée, déportés par Staline une première fois, envahis par Poutine soixante plus tard.Un bis repetita qui n’a pas ému grand monde, hormis les concernés.« Notre existence, nos souffrances sont à nouveau niées, comme si nous n’avions jamais existé », dit Lia, 22 ans, étudiante en histoire et qui milite pour la reconnaissance des droits des Tatars criméens.
Quelles traces les guerres laissent-elles ? Quels sillons creusent-elles, pour toujours, dans les mémoires ? Que reste-t-il aujourd’hui de la culture tatare dans la Crimée annexée par Poutine en 2014 ? Des espoirs avortés et du cœur brisé d’Halide, la grand-mère d’Elnara, déportée avec toute sa famille en 1944 alors qu’elle n’avait que 6 ans.Celle qui avait réussi à retourner dans son pays natal, à 51 ans, n’a pas vécu l’angoisse de l’annexion de la Crimée en 2014. Elle est morte de maladie en 2007, à 71 ans, heureuse d’avoir autour d’elle ses enfants et petits-enfants. C’est à eux qu’elle a confié tous ses souvenirs. Peu de dates, mais des images, du bruit, des sensations qu’elle avait enfoui dans son corps de petite fille de 6 ans.
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La peur, d’abord, lorsque de grands coups sont frappés à la porte de sa maison, ce matin du 18 mai 1944. Les vêtements qu’on enfile à la hâte, la sidération dans les yeux de ses parents, le départ dans la précipitation. Puis le « voyage de la mort » dans des wagons à bestiaux, sans rien à manger ni à boire. Un train aux fenêtres condamnées qui ne s’arrête jamais, sauf pour se débarrasser des cadavres en décomposition que des gardes laissent sur les voies. Les cris de sa mère, Zaide, qui accouche de jumeaux, dont un seul survivra. Et tout au bout, cette forêt immense, déserte, où le train finit par jeter ses passagers, après trois semaines d’enfer. Loin, très loin du port de Kertch sur la mer d’Azov où vivait la famille d’Halide. C’est là, dans la péninsule deCrimée reliée à l’Ukraine par une mince bande de terre, qu’étaient installés depuis le XVIIIe siècle les Tatars criméens, une minorité turcophone musulmane de confessionsunnite, avant d’en être bannis par ordre de Staline.
Le destin d’Halide épouse celui de leur exil forcé. Staline tente d’étendre son influence en Asie mineure, en Crimée, maisles prétentions nationalistes et territoriales des « comités musulmans », qui organisent la communauté tatare, l’inquiètent et lui font craindre un rattachement de la péninsule à la Turquie. Au mois d’avril 1944, lorsque l’Armée rouge reprend aux Allemands le territoire qu’ils ont occupé pendant trois ans, Staline donne l’ordre de « nettoyer » la région de tous ses éléments « hostiles » : espions, traîtres ou complotistes antisoviétiques. Les soldats tatars sont d’abord accusés de désertion. Puis de trahison. Bientôt, c’est toute la population tatare qui est visée. Le 11 mai, leur bannissement vers l’Asie centrale est ratifié par une ordonnance signée de la main de Staline, qui entérine les accusations de collaboration. Dans la nuit du 18 mai 1944, des milliers de soldats se déploient dans la presqu’île à la recherche des familles tatares qui, une fois regroupées, sont acheminées par camions dans les principales gares de Crimée. En trois jours à peine, 238 500 personnes sont déportées dans les kolkhozes du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan en Asie centrale. Mal préparée par l’administration russe, cette expulsion massive se solde par un lourd bilan : la moitié d’entre eux périssentde faim et de maladie.
Halide et sa famille survivent. Ils sont acheminés vers une région montagneuse de l’Oural et réquisitionnés pour travailler dans une usine de construction. Dans le camp de travail, qui dépend du Goulag, le père, Seifulla, débite du bois à la chaîne, comme les autres internés. La mère, Zaide, récupère les épluchures de pommes de terre dans la cantine et en fait de la soupe pour nourrir la famille. Halide est de corvée de linge, elle doit le laver dans la rivière, où elle a peur de se noyer. L’année suivante, la République socialiste soviétique autonome de Crimée fondée en 1921 est transformée en un simple oblast (unité administrative) de Crimée au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR). Les statues tatares sont déboulonnées, les mosquées détruites, le nom des rues et des localités « russifiés » : l’URSS veut imposer un nouveau narratif où leur statut de peuple indigène de la péninsule est remis en cause et son influence dans la région gommée ou marginalisée. Les propriétés des Tatars sont occupées par des colons slaves, que l’administration russe encourage à venir s’installer en masse.
Pour les déportés, il n’y a plus d’espoir de retour. La vie dans les « colonies de peuplement » s’organise, dans la faim et les épidémies. La moitié d’entre eux périssent dans les cinq premières années de leur exil forcé. En 1956, Halide a 18 ans et vit toujours dans le camp avec ses parents lorsque, après la publication du rapport secret de Nikita Khrouchtchev, dénonçant les crimes du stalinisme, un décret annule la restriction des droits liée au régime de « peuplement spécial » des minorités déportées. Les Tatars recouvrent leurs droits individuels, mais leur statut de victime n’est pas reconnu et leur retour en Crimée est toujours prohibé. Les parents d’Halide décident alors de quitter le camp et de rejoindre Samarcande, en Ouzbékistan, où leurs frères et sœurs ont été déportés.
Une nouvelle vie commence, un peu plus légère. Halide se marie avec Seidinan, un Tatar déporté comme elle. Elle devient couturière, puis coiffeuse. Son fils Rustem (pour des raisons de sécurité liées à la situation en Crimée, les prénoms ont été changés) naît en Ouzbékistan et fréquente l’école russe. Mais le soir, on ne parle que le tatar à la maison. La langue, le chant, les vêtements sont de maigres remparts contre l’entreprise de russification que Staline a imposée à toutes les minorités de l’Union soviétique. Quand Rustem grandit, sa mère Halide lui répète : « Il faut que tu te maries dans notre communauté. » Sans quoi, il ne restera plus rien de la culture tatare et «Staline aura gagné ».
Alors Rustemobéit. Et transmet à son tour à sa fille Elnara la mémoire tatare, les persécutions de Staline, et l’ordre revendiqué par ce dernier d’une « Crimée sans Tatars ». Elnara a une dizaine d’années lorsque Mikhaïl Gorbatchev, en pleine « perestroïka » (période de réformes économiques et sociales à la fin des années 1980)reconnaît « les actions criminelles du régime stalinien » et autorise enfin les Tatars de Crimée à rentrer chez eux. Pour tous, l’espoir de retour se concrétise enfin. En 1989, Halide décide de rentrer, seule, dans sa région natale. Comme elle, environ 200 000 Tatars exilés prennent la route du retour.
La maison de famille est toujours là, mais elle a été transformée par le régime soviétique en « kommounalka » (appartement communautaire) que se partagent quatre familles soviétiques. Halide part s’installer à Krasnoperekopsk (Yani Qapi, en tatar) sur les bords du lac Stare, où les tensions avec les russophones opposés au retour des Tatars sont moins vives. Avec ses économies, elle achète une maison et un petit terrain où son fils Rustem, qui l’a rejointe, cultive des roses qu’il vend sur les marchés.
Elnara a 13 ans quand elle quitte l’Ouzbékistan avec sa mère, pour rejoindre son père en Crimée. Vingt quand elle tombe amoureuse d’Eduard, un Ukrainien avec qui elle aura deux enfants. Sa fille Lia apprend à parler le tatar à l’école. Pas longtemps. En 2014, la révolution de Maïdan sonne le glas de l’autonomie de la Crimée. Les jours suivant la fuite du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovytch, des véhicules blindés russes sont déployésprès des frontières ukrainiennes. Le 26 février, à Simferopol, capitale de la Crimée, une manifestation de soutien à l’Ukraine sur la place centrale est attaquée par des centaines d’activistes prorusses. Bilan : un mort et des dizaines de blessés. Le lendemain, le siège du Parlement est pris d’assaut, le drapeau russe hissé et un nouveau premier ministre prorusse élu, contre l’avis de la majorité des députés.
« J’ai compris qu’il n’y avait plus d’issue et qu’il fallait trouver un moyen pour fuir vers l’Ukraine », raconte Elnara. En quelques jours, tous les ponts et les accès à la frontière ukrainienne sont bloqués par des blocs de béton et des soldats russes. Les protestations, pourtant, continuent de plus belle : « Pendant trois mois, les Tatars de Crimée ont manifesté contre le référendum, avec de grands drapeaux ukrainiens, devant toutes les administrations russes », se souvient Elnara. Mais la répression est féroce. « Certains des activistes anti-russes les plus virulents ont été arrêtés ou enlevés. On retrouvait leur cadavre dans les champs, avec des traces de torture », poursuit Elnara. Et puis, les tanks russes sont arrivés dans leur petite ville. « Les Russes ont installé leur administration dans le centre agricole et, en quelques jours, tous les drapeaux ukrainiens ont été remplacés par des drapeaux russes. »
Elnara et son mari refusent de prendre la nationalité russe et s’enfuient à Kherson, en Ukraine, comme environ 50 000 Tatars, selon certaines estimations. Les parents d’Elnara restent, et sont forcés de prendre la nationalité russe, comme tous les Tatars de Crimée.A la rentrée 2014, Lia est entrée au collège en Ukraine. Eduard a retrouvé du travail comme exploitant agricole. Une paix, relative, s’est installée. Avant que le bruit des tanks ne se rapproche à nouveau dans le Donbass. « En 2018, on a compris que Poutine ne se contenterait pas de la Crimée et du Donbass. Qu’il irait plus loin et viserait cette fois Kherson, ou même Kyiv. »
« Histoires d’exil »
Avec cette série, nous avons donné la parole à ceux qui ont hérité, parfois malgré eux, de l’identité d’exilé. Ils nous racontent la petite histoire dans la grande. Les ombres de leur mémoire, leur géographie ordinaire, leur langue :
Eduard et Elnara rêvaient d’un endroit ensoleillé, au bord de la mer, qui ressemblerait au paradis perdu de la Crimée. C’est en Espagne qu’ils ont obtenuen 2021 un statut de réfugiés avec une protection internationale, en tant que Tatars de Crimée. Une identité sur papier, mais une identité retrouvée, enfin.
La prestigieuse université new-yorkaise est l’épicentre des crispations agitant les campus américains dans le sillage de la guerre à Gaza. Des arrestations ont déclenché des mouvements de solidarité dans tout le pays, où les tiraillements sont vifs entre les manifestants propalestiniens et leurs adversaires, qui pointent des dérives antisémites.
Quelques mois après l’apparition des premières tensions sur les campus dans le sillage de la guerre à Gaza, les universités sont à nouveau gagnées par des crispations aux États-Unis. L’épicentre des divisions se trouve ces jours-ci à New York, sur le campus de Columbia, théâtre de manifestations propalestiniennes quotidiennes. À tel point que la direction a annoncé lundi 22 avril que les cours se feraient à distance, le temps que le calme revienne.
Crispations à Columbia, et effet tache d’huile
L’arrestation, jeudi, de plus d’une centaine de manifestants protestant contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza n’a pas contribué à apaiser les esprits. Pour les uns, ces arrestations constituent une atteinte à la liberté d’expression, bienvenue sur les campus ; pour les autres, il s’agit de lutter contre l’essor de l’antisémitisme, des étudiants juifs dénonçant des actes d’intimidation. La mobilisation n’a toutefois pas faibli, des manifestants installant des dizaines de tentes sur l’esplanade centrale de Columbia. Parmi leurs revendications figure le boycott de toute activité de l’université en lien avec Israël, à commencer par un programme d’échanges avec Tel-Aviv.
Ces arrestations ont par ailleurs déclenché des mouvements de solidarité dans le pays. Lundi, plus de 130 personnes ont été interpellées à l’université Yale, au nord de New York, et à la New York University, à Manhattan. Le parc du campus de Harvard, dans les environs de Boston, est fermé au public toute la semaine. Un groupe propalestinien a annoncé sa suspension par l’université.
Des auditions au Congrès sur l’antisémitisme sur les campus
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les universités américaines sont le théâtre de tensions et des voix s’élèvent pour dénoncer une montée de l’antisémitisme. Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, se sont emparés du sujet, sous la houlette de l’élue trumpiste de l’État de New York, Elise Stefanik. Après une audition houleuse, la présidente de l’université de Pennsylvanie Elizabeth Magill, puis son homologue de Harvard Claudine Gay avaient fini par démissionner, en décembre et en janvier.
Auditionnée à son tour par le Congrès le 17 avril, la présidente de Columbia a été plus ferme que ces dernières. Nemat Shafik a assuré que l’« antisémitisme (n’avait) rien à faire sur notre campus». Ce qui n’a pas empêché les appels à sa démission d’élus républicains, qui dénoncent l’« anarchie » sur le campus new-yorkais.
La controverse est telle que, lundi, le locataire de la Maison-Blanche est intervenu dans le débat. Joe Biden a condamné les « manifestations antisémites » tout en dénonçant « ceux qui ne comprennent pas ce que vivent les Palestiniens ». Pour le président américain, la tâche est délicate : il s’agit d’être ferme contre toute flambée d’intolérance, sans écarter les militants propalestiniens, qui gagnent du terrain au sein de la gauche américaine et de la jeunesse.
Les événements publics de Joe Biden, en campagne pour sa réélection, sont régulièrement perturbés par des militants opposés au soutien américain à Israël. Et les médias évoquent déjà le spectre de l’élection présidentielle de 1968, perturbée, notamment lors de la convention démocrate de Chicago, par les militants opposés à la guerre au Vietnam
Je m’en vais changer de pays A la recherche de lumière Je m’en vais fuir la mort En quête de temps nouveaux J’irai plus loin que les nues Où les femmes ont droit de rire
Je m’en vais vous laisser mon pays Où désormais aimer est péché Je m’en vais laisser le printemps Où les fleurs sont atrophiées Je m’en vais laisser le coutelas Qui dans l’obscurité nous égorge
Je m’en vais vous laisser le pays Qu’agite un vent de folie Je m’en vais vous laisser l’oubli Qui assoupit l’opinion Je m’en vais laisser le domino Le domino que dissimule le joueur
Je m’en vais vous laisser le pays Qui exile ses propres enfants Je m’en vais vous laisser la plaine Qui dans mon coeur attise le feu Je m’en vais vous laisser l’outre Qui en nous amplifie les bruits
Je m’en vais vous laisser le pays Qui écarte les savants Je m’en vais vous laisser «Tipaza» Voici que lui poussent des cornes Je m’en vais laisser la porte Qui se claque au nez des gens
Je m’en vais vous laisser le pays Qui ne moissonne ni ne trie le grain Je m’en vais vous laisser le plat Qui ne trouve pas de farine dans sa jarre Je m’en vais vous laisser le vieux burnous Sur l’épaule du pauvre hère
Je m’en vais vous laisser le pays Le pays qui élève des crabes Je m’en vais vous laisser le tourbillon Qui rassemble les rancuniers Je m’en vais vous laisser cette boule Coincée derrière les gencives
Je m’en vais vous laisser le pays Hanté par les moribonds Je m’en vais vous laisser la galette Dont ils se disputent l’héritage Je m’en vais vous laisser la cruche Qui lave les matières des panses
Je m’en vais vous laisser le pays Qui du plat a fait une côte raide Je m’en vais vous laisser le pays Où les bouches sont décousues Je vous ai laissé le pays Où les frères sont des ennemis
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Tolérance Amar Azzouz - 1934
Toi mon frère toi ma soeur Ne condamnez pas facilement Celui qui porte le malheur Pour lui soyez cléments Nul ne connaît vraiment De son péché les raisons
Ne condamnez pas pour rien Vous qui n’avez point connu L’affreuse douleur de la faim La pureté terrifiée fuit Mais l’horreur la poursuit La souille pour un morceau de pain
Ne condamnez pas facilement vous qui n’avez point senti Le glaive sur votre gorge nue Consciemment ou peut-être non Il s’acharne mû par Satan Sur l’Ange fait de vertu
Ne condamnez pas facilement Vous qui n’êtes pas conscient De ce que l’on peut faire par ignorance Faible face aux tentations On entre dans les desseins de Satan Sans se soucier des conséquences
Ne condamnez pas facilement Nous sommes cause solidaire du mal Car l’homme naît naturellement bon La violence l’ignorance la faim L’oppression en général Dans ce monde mettons-y fin
. Rêves de ma jeunesse Abou el kacem Chebbi
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N’ont-ils pas, de naissance, Une santé chétive et faible Les rêves des jeunes hommes Brisés comme des branches Par les malheurs incessants Qui tombent ainsi que la grêle ? J’ai demandé aux ténèbres Où avaient disparu Les rêves de ma jeunesse Elles m’ont répondu : Les vents obliques les ont chassés Les dispersant en tous sens. Et lorsque j’ai demandé aux vents où donc ils les Avaient emportés, ils répliquèrent : Le torrent du destin les ont engloutis A tout jamais Dans les flots noirs du malheur. Ils sont devenus poussière, fumée, néant Tel le grain broyé dessous la meule, Envolés sur le srivages de fièvre, Proie des flots noirs Où la vague affreuse, crie.
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L'Homme du Mont Chenoua
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Il semblait géant pour moi, cet inconnu coiffé d'un large chapeau de paille vêtu d'une longue blanche djellaba à rayures bleus de ciel ses longs blonds cheveux couvrant ses épaules sa soyeuse barbe l'enveloppant comme une écharpe
Il marchait seul, en sandales, de ville en ville de bourgs en quartiers, sans ambage ni bagage moi, enfant de sept ans, ne voyant son visage qu'une fois par année parfois, à Tipaza
Ma mère disait qu'il ne savait qu'un dialecte berbère des monts du Chenoua en Algérie et peu d'ici à Alger ne le comprenait Visages s'oublient parfois, mais pas ce regard gris-bleu-vert d'où émanait tant de bonté et d'amour
Lui, posant sa paume sur mes cheveux un instant me parlait pour me donner courage d'une langue morte qui ressuscitait mon âme et la faisait bondir au firmament des cieux
Au revoir Moussa, dis-je, il me sourit et partit Au-delà de la longue avenue,des Musulmans s'approchèrent de lui avec respect, s'agenouillèrent, baisant sa main le suivèrent, le protégeant des soldats.
"Tes papiers, étranger !" Entendis-je au soudain, au loin des mots se mêlèrent tout haut, des disputes tirs de mitraillettes, les deux hommes qui
protégeaient Moussa, soudain s'affalèrent sans vie
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