Ce pourquoi la colonisation n’était pas positive

"Conseil amical" d'un ancien directeur d'école algérien à   ceux qui vont enseigner le rôle «positif» de la colonisation

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Enfin   grâce à l'article 4 de la loi du 23 02 05 où il est   écrit que les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle   positif de la présence française outre-mer ,notamment en Afrique   du Nord les enseignants de France pourront dire la vérité, toute   la vérité sur le soi disant rôle « positif »   de la présence française durant la période noire de   la colonisation en Algérie en passant par le 8 mai 1945 et la « pacification »   de 1954 à 1962.

Des milliers de pages ne suffiraient pas pour décrire les crimes, les génocides inqualifiables, l'humiliation et les souffrances de tout le peuple algérien quelle que fût sa classe sociale.

Ils   expliqueront comment les grandes villes d'Algérie ,berceaux de la civilisation   arabo-berbère furent dévastées;des palais et des mosquées   rasés; des archives historiques transformées en feu de camp pour   les troupes françaises

Ils   rappelleront, avec l'historien Michel Harbart que "les témoignages   sont formels : en 1830 tous les Algériens savaient lire, écrire   et compter"Tous les textes dans ce domaine sont unanimes

Ils   prouveront la richesse de l'Algérie avant 1830.L'ultra Genty de Bussy   affirme:"Mostaganem?pays couvert d'arbres fruitiers de toutes   espèces mais,ajoutera-t-il, depuis l'occupation le pays n'offre plus   que sécheresse et nudité". Le général de   Barillat reconnaît que "les plantations de la Mitidja font de   ce territoire un paradis terrestre". Le colonel suisse Saladin affirmera   qu'il n'a rien vu de comparable en Europe à la région   de Blida et ce après avoir été frappé de   la richesse des environs de Tlemcen"..

Et   pourtant ces enseignants feront-ils l'éloge du "père Bugeaud"   qui proclama la guerre continue jusqu'à extermination?"Je   brûlerai vos villages et vos moissons,je couperai vos arbres fruitiers   il faut les empêcher de semer, de récolter, de pâturer.."   "L'herbe ne doit plus pousser où l'armée française   a mis le pied!"(L.F de Montagnac en 1843.)

L'extermination et la razzia devenaient "la" doctrine de la conquête et les nouveaux "huns" français exécutèrent leurs menaces!

Aussi après plus de quarante ans de guerre d'occupation, les « colons » ont « trouvé » un pays, qui fut très prospère, complètement rasé, dévasté, "transformé en marécage"et prêt à les accueillir et déniant  jusqu'à  aujourd'hui toute mise en valeur de ce pays par les indigènes:

Mais   qu'y avait-il de" positif "chez ces nouveaux "arrivants"?   Qui étaient-ils ? Des pauvres fuyant une   terre de misère pour la plupart et venant vendre leur force de   travail:en 1845, vingt cinq mille Espagnols, près   de huit mille Italiens, autant de maltais.L'Etat ayant décidé   une colonisation de peuplement, la « bonne migration »faite   de Français de souche, arrive au gré d'événements   politiques, économiques. Avaient-ils les capacités à"civiliser"   un autre peuple dont la civilisation millénaire était reconnue   par les conquérants eux-mêmes?

● Comment les enseignants français vont-ils expliquer qu'en 1954 , 100%des Européens  étaient scolarisés et à peine 19 petits indigènes sur 100 pouvaient aller à l'école ?

● Comment enseigner qu'après 130 ans de « rôle positif » le peuple algérien tombait peu  à peu dans le néant car il avait perdu sa langue ( l'Arabe, langue étrangère dans son pays), sa pensée, sa culture, sa personnalité et subissait ainsi la destruction de sa société?

● Comment justifier et cautionner le « rôle positif » de la colonisation dans la politique    d'extermination et de razzia, dans la torture, les "enfumades" et les déportations, dans l'expropriation des Algériens de leurs terres ancestrales et des ressources de leur pays, dans l'idéologie colonialiste raciste qui considère les indigènes comme des êtres inférieurs mais bons pour servir de chair à canon ?

● Comment   commenter ce fameux code de l'indigénat et l'aliénation politique   qui criminalisaient l'existence entière de millions d'êtres humains   considérés comme indignes d'avoir des droits et d'être des   citoyens à part entière?

● Comment expliquer  la construction d'un pays exclusivement réservée au conquérant européen ? (ET ils l'ont réussie!) Pratiquement pas un civil européen n'a mis les pieds dans un" village indigène" où il n'y avait ni électricité ni au courante et dont il n'en connaissait même  pas l'existence…les routes goudronnées ne desservaient que les villes, villages de la colonisation!!

● Comment expliquer que France coloniale a choisi la guerre à outrance faisant des milliers de morts, de veuves et d'orphelins plutôt que de rechercher une solution pacifique avec les Algérien?

● Comment  aborder la politique de la terre brûlée de l'OAS qui n'a  laissé derrière elle  que chaos et  désolation et qui a provoqué ainsi, , le "départ direct ou indirect" des  Européens d'Algérie?

« En 1962 sur une population indigène de 10millions d'habitants, 2,6 millions étaient au chômage. On comptait 4 millions de personnes regroupées par l'armée française pour couper l'ALN de sa population, 400000 détenus, 300 000 réfugiés, auxquels s'ajoutent près de 80000 villages et hameaux détruits ou incendiés… » .

 

La colonisation a fini comme elle a commencé : dans la violence !!   

 

« L'œuvre   civilisatrice »  française ne fut qu'une succession horrible   de crimes contre l'humanité.

Et l'Algérie  ne demande que la reconnaissance officielle de ces crimes commis  sur son territoire contre son peuple et de ne pas oublier le fait qu'elle ait été transformée en zone d'essais nucléaires , essais qui ont permis à la France d'avoir aujourd'hui une telle position stratégique dans le monde.

Le traité d'amitié entre nos deux pays et notre avenir commun, méritent que l'on doive agir dans le respect mutuel de nos deux histoires , de nos deux passés aussi douloureux furent-ils.

Le devoir de mémoire n'implique pas seulement de reconnaître le « rôle positif » de la colonisation mais de rétablir l'histoire dans ses faits réels  principalement dans les manuels scolaires.».

Aucune loi ne peut être conçue pour falsifier l'histoire.

Enseignants   français, cette loi vous est imposée : en attendant son abrogation,   cherchez dans les archives de la colonisation et vous découvrirez en   plus de ces données ce que l'on ne vous a jamais enseigné:l'horreur.   Et alors vous pourrez transmettre l'Histoire avec un grand H : ce sera tout   en votre HONNEUR.

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Mohammed   YACINE, directeur d'école à la retraite, ancien responsable national   de la FTEC(fédération des travailleurs de l'éducation et   de la culture en Algérie)